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Alfred Fouillée

Alfred Fouillée, né le à La Pouëze (Maine-et-Loire) et mort le [1] à Lyon, est un philosophe français.

Alfred Fouillée
Biographie
Naissance
Décès
(à 73 ans)
Lyon
Nom de naissance
Alfred Jules Émile Fouillée
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Membre de
Société philologique hellénique de Constantinople (d) ()
Société de sociologie de Paris (d) ()
Académie des sciences morales et politiques
Mouvement
Maîtres
Ludwig Wihl (d), Charles Glachant
Distinctions
Tombe d'Alfred Fouillée au cimetière du Trabuquet à Menton (Alpes-Maritimes).

Il est l'auteur d'un adage de droit civil : « Qui dit contractuel, dit juste » et est à l'origine de la notion métaphysique d'« idée-force ».

Biographie

Alfred Fouillée est né à La Pouëze le , son père Julien Fouillée est alors âgé de 42 ans et est régisseur de la carrière de la Fiogée aux ardoisières de La Pouëze.

Il étudie à Laval. D'abord répétiteur, il prépare seul l’agrégation de philosophie. Reçu premier en 1864, il enseigne la philosophie successivement aux lycées de Douai, de Montpellier et de Bordeaux. Ses études sur Platon (1867) et Socrate (1868) sont couronnées par l’Académie des sciences morales et politiques. Nommé maître de conférences à l’École Normale Supérieure en 1872, il reçoit le titre de docteur en philosophie en considération de ses deux essais, Platonis Hippias Minor sive Socratica contra liberum arbitrium argumenta et La Liberté et le déterminisme.

Le travail assidu qu'il prodigue au cours des trois années suivantes pour composer son Histoire de la philosophie (1875) et L'Idée moderne du droit (1878) altère considérablement sa santé, particulièrement sa vue, le contraignant à démissionner de sa charge d'enseignant. Libéré des obligations liées aux cours, il poursuit ses travaux en philosophie, tentant de réconcilier l’idéalisme métaphysique avec les points de vue mécanistes et naturalistes par un éclectisme spéculatif. L'Histoire de la philosophie sera traduit entièrement au Japon entre 1885 et 1886 par le démocrate Nakae Chômin, devenant ainsi la première histoire de la philosophie publiée dans ce pays[2].

Après une longue liaison, il épouse Augustine Tuillerie, auteur (sous le pseudonyme de G. Bruno) du livre de lecture pour l'enseignement primaire Le Tour de la France par deux enfants. Le fils d'un premier mariage d'Augustine, Jean-Marie Guyau (1854-1888), devient aussi philosophe.

Philosophie des « idées-forces »

Au fil de trois essais : L’Évolutionnisme des idées-forces (1890), La Psychologie des idées-forces (1893), et La Morale des idées-forces (1907), Fouillée élabore le concept des « idées-forces », c’est-à-dire de l’esprit comme cause efficiente de la propension des idées à se réaliser par une action consciente. Les prolongements éthiques et sociologiques de cette théorie, notamment par la tentative de résoudre l'antinomie de la liberté, dépassent les seuls aspects physiques et psychologiques.

Le projet philosophique de Fouillée se présente au départ comme une tentative de conciliation entre positivisme et idéalisme. Du positivisme, il retient la conception de la science comme mode de connaissance privilégié. Mais les manifestations spirituelles de l'homme étant inaccessibles à l'abstraction scientifique, Fouillée reprend à l'idéalisme la position selon laquelle il existe un savoir spécifiquement philosophique, a priori et introspectif, qui constitue la seule voie d'accès aux phénomènes de l'esprit, dont la connaissance nous révèle directement une partie de la réalité même du monde.

La conscience est chez Fouillée identifiée à un ensemble d'« idées-forces ». Cette notion souligne la nature active de l'esprit, qui ne peut se réduire à ses manifestations biologiques, et qui ne peut non plus être conçu séparément de son environnement physique. Son souhait de dépasser le biologisme positiviste ne conduit pas Fouillée à une véritable adhésion à l'idéalisme : l'idée-force n'est pas chez lui un principe transcendant, ni même « transcendantal » (au sens kantien), mais un phénomène naturel dont les caractéristiques psychiques et physiques ne sont que des aspects (internes et externes). L'idée-force, en tant que principe psychologique, est interne au sujet, mais ses manifestations extérieures peuvent très bien faire l'objet d'un examen scientifique. Son étude en termes psychologiques nous donne en outre un aperçu de la nature profonde des phénomènes extérieurs.

Œuvres

- Prix Bordin de l’Académie française en 1871

Notes et références

  1. « Le Temps 18 07 1912 », sur https://gallica.bnf.fr/, Le Temps, (consulté le )
  2. Eddy Dufourmont, Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français (1874-1890), Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2018.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Fabien Spitz, préface La propriété sociale et la démocratie de Alfred Fouillée, Éditeur Le Bord de l'eau, 2008.
  • Augustin Guyau, La philosophie et la sociologie d'Alfred Fouillée, Paris, Félix Alcan, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 1913.
  • Pierre Janet, Notice sur la vie et les œuvres de M. Alfred Fouillée. Académie des Sciences Morales et Politiques, Séances et Travaux. Compte rendu séance du , 76e année, tome 86, (185e de la collection), 1916, II (p. 225-253 ; 392-416). Reproduit sous forme de brochure avec une photographie d'Alfred Fouillée. Paris, Firmin-Didot, 1916 (64 p.).
  • Guillaume Le Quintrec, La psychologie des peuples. Histoire des idées et sociologie de la science. Les enjeux d’une définition des caractères nationaux dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, thèse de doctorat soutenu à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1990 [sur Gustave Le Bon et Alfred Fouillée).
  • Eddy Dufourmont, Rousseau au Japon. Nakae Chômin et le républicanisme français (1874-1890), Presses Universitaires de Bordeaux, 2018.
  • Alain Supiot, La force d'une idée suivi de L'idée de justice sociale d'Alfred Fouillée. Les Liens qui Libèrent, 2019.

Articles connexes

Liens externes

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