Alexander Burgener
Alexander Burgener, né le à Eisten dans la vallée de Saas-Fee en Valais et mort le à la Jungfrau dans les Alpes bernoises, est un guide de haute montagne suisse, auteur d'une quarantaine de premières ascensions dans les Alpes.
Disciplines | alpinisme |
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Compagnons de cordée | Clinton Thomas Dent, Albert Frederick Mummery |
Profession | guide de haute montagne |
Biographie
Dès ses dix-huit ans[1], Alexander Burgener se forge une solide réputation de chasseur de chamois. Son expérience de la montagne et sa puissante carrure, le font engager comme guide par des touristes anglais férus de conquêtes alpines. Avec ses clients, il s'exprime relativement bien en anglais mais recourt également à l'allemand. C'est un catholique fervent mais, étant superstitieux, il croit aussi aux bons ou mauvais esprits.
Il rencontre Clinton Thomas Dent en 1868 et les deux hommes envisagent rapidement de grandes entreprises alpines. Il réalise ensuite des ascensions qui marquent, après la conquête des grands sommets des Alpes de 1855 à 1877, le début de la conquête des sommets secondaires difficiles. Pour atteindre le sommet du Grand Dru, pas moins de dix-huit tentatives sont nécessaires, échelonnées entre 1873 et 1878. En 1881, l'ascension de l'aiguille du Grépon concrétise le passage de l'alpinisme-exploration à l'« alpinisme acrobatique ».
Il devient le guide attitré d'Albert F. Mummery. Pour nombre de ses ascensions, il est aussi accompagné par son ouvrier agricole, Benedikt Venetz, grimpeur d'une grande agilité. Mary Mummery raconte qu'Alexander Burgener avait de nombreuses « croyances étranges », en particulier sur l'existence des fantômes et le fait que les femmes pouvaient grimper[2]. Il la convainquit de participer à la première ascension de l'arête du Diable au Täschhorn, au cours de laquelle il encouragea cette dernière (qu'il assurait à la main selon la technique de l'époque) dans un passage difficile : « Allez-y, d'où je suis je pourrais tenir une vache »[3].
Par la suite, Albert F. Mummery, s'étant tourné vers l'alpinisme sans guide, il se rend en Amérique du Sud en compagnie du grimpeur allemand Paul Güssfeldt et, en 1884, dans le Caucase avec l'explorateur hongrois Maurice de Déchy[4].
En septembre 1907, il est victime d'un accident à l'arête du Diable (Teufelsgrat) au Täschhorn. Il est trahi par une prise qui se détache, fait une chute et se retrouve suspendu par la corde tendue par son client. Il en est quitte avec une fracture du bras et de graves contusions à la jambe. Une caravane de secours est alors organisée pour le ramener à Zermatt[5].
En 1910, il est enseveli à 64 ans par une avalanche près de la Berglihütte dans les Alpes bernoises.
Premières ascensions
- 1870 - Sudlenspitze avec Clinton Thomas Dent
- 1870 - Lenzspitze avec Clinton Thomas Dent et Franz Burgener, en août
- 1871 - Portjengrat
- 1873 - Arête sud-est du Zinalrothorn avec Clinton Thomas Dent
- 1878 - Grand Dru avec Clinton Thomas Dent, James Walker Hartley et Kaspar Maurer, le 12 septembre
- 1879 - Sonnighorn avec Albert F. Mummery
- 1879 - Dürrenhorn avec Albert F. Mummery, William Penhall et Ferdinand Imseng, le 7 septembre[6]
- 1879 - Arête de Zmutt au Cervin avec Albert F. Mummery, Johann Petrus et Augustin Gentinetta, le 3 septembre[7]
- 1880 - Traversée du col du Lion de Zermatt à Breuil-Cervinia avec Albert F. Mummery, le 6 juillet
- 1880 - Arête de Furggen au Cervin avec Albert F. Mummery
- 1881 - Versant Charpoua de l'Aiguille Verte par le couloir en Y avec Albert F. Mummery, le 30 juillet
- 1881 - Aiguille du Grépon par l'arête nord avec Albert F. Mummery et Benedikt Venetz, le 5 août
- 1881 - Première de la Barre des Écrins par le glacier Noir avec Paul Güssfeldt
- 1887 - Arête Küffner au mont Maudit avec Joseph Furrer et Moriz von Küffner, le 4 juillet
- 1887 - Arête du Diable (Teufelsgrat) au Täschhorn, longue course difficile avec Albert F. Mummery et Franz Andermatten, le 16 juillet
Autres ascensions
- 1880 - Aiguille des Grands Charmoz avec Albert F. Mummery et Benedikt Venetz. En fait ils s'arrêtèrent avant le sommet, à la pointe 3 435 m, le 15 juillet[8]
Notes et références
- C.D.Cunningham et Captain W.D.Abbey, The pioneers of the Alps, London, Sampson Low, Marston, Searle and Rivingston Ltd, , 103 p.
- « Alexander Burgener, however, holds many strange opinions; he believes in ghosts, he believes also that women can climb. » David Mazel, Mountaineering women: stories by early climbers, Texas A&M University Press, 1994, p. 61
- « You must go on, I could a cow hold here. » David Mazel, Mountaineering women: stories by early climbers, Texas A&M University Press, 1994, p. 66
- Ed Douglas, Mountaineers, London, Penguin Random House, , 169 p., p. 166-167
- A.F.Mummery, Le roi du rocher, Paris, Hoëbeke, , 254 p., p. 58
- (de) Helmut Dumler et Willi P. Burkhardt, Viertausender der Alpen., Munich, Bergverlag Rother, (ISBN 3-7633-7427-2)
- Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Arthaud
- La première ascension a été réalisée le par H. Dunod et P. Vignon avec les guides J. Desailloux, F. Folliguet, F. et G. Simond, par le couloir Charmoz-Grépon
Bibliographie
- Albert Frederick Mummery, Mes escalades dans les Alpes et le Caucase, réédition Slatkine, 1980
- Albert Frederick Mummery, Le Roi du rocher, Éditions Hoëbeke, Paris, 1995
- Carl Egger, Pioniere der Alpen : 30 Lebensbilder der grossen Schweizer Bergführer von Melchior Anderegg bis Franz Lochmatter 1827-1933, Amstutz, Herdeg & Co.,
- Dominique Roulin, « Grandes figures de l'alpinisme d'autrefois : Alexander Burgener (1845-1910) », Les Alpes no 5,
- Adolf Fux, Alexander Burgener, König der Bergführer, Rotten-Verlag,
Liens externes
- Bernard Truffer, « Alexander Burgener » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .