AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Alberta Hail Project

L’Alberta Hail Project est un programme de recherche qui s'est dĂ©roulĂ© de 1956 Ă  1985 pour Ă©tudier la physique des nuages et la dynamique de la production de la grĂȘle. Il fut parrainĂ© conjointement par l'Alberta Research Council et Environnement Canada afin de concevoir et de tester des moyens de suppression de la grĂȘle.

Alberta Hail Project
programme de recherche
Domaine d'activitĂ©physique des nuages, radar mĂ©tĂ©orologique, grĂȘle, ensemencement des nuages Modifier
PaysCanada Modifier
Localisation administrativeAlberta Modifier
Autorité exécutiveService météorologique du Canada, Alberta Research Council, Université de l'Alberta Modifier
Date de début1956 Modifier
Date de fin1985 Modifier

Le principal instrument de cette recherche Ă©tait un radar mĂ©tĂ©orologique polarisĂ© circulairement de bande S situĂ© Ă  l'aĂ©roport industriel de Red Deer, dans le centre de la province de l'Alberta, au Canada. Une grande quantitĂ© de donnĂ©es fut recueillie auprĂšs de plusieurs autres plateformes d'observation afin de mener des recherches sur les mĂ©canismes de formation des prĂ©cipitations, le dĂ©veloppement des orages, la suppression de la grĂȘle, l'hydrologie et la propagation des micro-ondes dans les hydromĂ©tĂ©ores.

De nombreux chercheurs ont utilisé l'ensemble de données et, entre 1990 et 1994, 23 articles furent publiées dans des revues et présentées lors de conférences, ainsi que 4 rapports scientifiques et 9 thÚse étudiantes[1]. Ces documents comprenaient la météorologie radar, la physique des nuages, l'hydrologie/hydrométéorologie, l'informatique, l'instrumentation, la météorologie synoptique et à méso-échelle, ainsi que sur la météorologie dynamique.

Histoire

Au dĂ©but des annĂ©es 1950, une sĂ©rie de tempĂȘtes de grĂȘle dĂ©vastatrices ont affectĂ© la rĂ©gion entre Red Deer et Calgary, poussant les fermiers Ă  demander au gouvernement albertain d'Ă©tudier la possibilitĂ© de recourir Ă  la toute nouvelle technique de l’ensemencement des nuages pour essayer de pallier ce problĂšme. La question fut transmise Ă  l'Alberta Research Council (ARC) oĂč le chimiste de recherche Mac Elofson et le directeur de la recherche, Nathaniel Grace, furent trĂšs intĂ©ressĂ©s par le problĂšme. En raison du manque d'Ă©tudes scientifiques concluantes sur la viabilitĂ© d'une telle modification du temps, il fut dĂ©cidĂ© de mettre sur pied un programme de recherche pour acquĂ©rir une meilleure comprĂ©hension avant toute tentative d'attĂ©nuation[2].

En , la Direction de la mĂ©tĂ©orologie canadienne, l'Alberta Research Conseil, le ministĂšre provincial de l'Agriculture de l'Alberta et l'UniversitĂ© de l'Alberta se rĂ©unirent pour discuter des questions scientifiques. Il fut dĂ©cidĂ© que les deux premiers mettraient sur pied un projet pilote d'Ă©tude au cours de l'Ă©tĂ© 1956. Elofson et Grace tirent cette premiĂšre campagne Ă  Didsbury dans le centre de l'Alberta. Dick Douglas du Stormy Weather Group de l'universitĂ© McGill se joignit Ă  ces derniers dont l'objectif Ă©tait de tester la faisabilitĂ© de mettre sur pied rĂ©seau volontaire d'observations des Ă©vĂ©nements de grĂȘle dans la rĂ©gion. Des questionnaires furent envoyĂ©s Ă  quelque 6 500 agriculteurs dans une zone couvrant 10 000 km2 autour de Red Deer et ils leur Ă©taient demandĂ© de rapporter avec une carte postale tout Ă©vĂ©nement de grĂȘle[2].

Plus de 500 rapports de bĂ©nĂ©voles furent reçus et ils dĂ©couvrirent que de la grĂȘle fut notĂ©es quelque part dans la rĂ©gion lors de 42 journĂ©es pendant cet Ă©tĂ©-lĂ , dĂ©passant largement la frĂ©quence notĂ©e par les stations mĂ©tĂ©orologiques climatologiques normales[2]. Ce projet pilote fut considĂ©rĂ© un succĂšs, nĂ©cessitant le dĂ©ploiement de plus d'instruments et l'utilisation d'un radar mĂ©tĂ©orologique pour suivre les orages. C'est le Stormy Weather Group de McGill qui fut choisi pour assumer la direction scientifique du projet pour 1957 et le financement vint de la Direction de la mĂ©tĂ©orologie[2].

Alberta Hail Studies, 1957 Ă  1973

Au printemps de 1957, un radar mĂ©tĂ©orologique de longueur d'onde de cm (bande X) fut installĂ© Ă  l'ancienne base des forces aĂ©riennes canadiennes de Penhold, dĂ©tenu par l'ARC, par le Stormy Weather group en collaboration avec le Conseil national de recherches Canada (CNRC) et l'ARC. Ce premier programme fut nommĂ© Alberta Hail Studies (ALHAS) utilisant trois outils principaux : le radar pour Ă©tudier la structure interne des orages, la photographie de nuages pour Ă©tudier leur morphologie visuelle et leur taux de croissance, et les rapports de volontaires sur l’occurrence de grĂȘle et ses caractĂ©ristiques[2].

L'aĂ©roport est redevenu le point focal des opĂ©rations sur le terrain les 30 annĂ©es suivantes. La recherche fut initialement concentrĂ©e dans une rĂ©gion quasi rectangulaire de 350 sur 150 km. Les rapports des volontaires, d'abord par cartes postales furent graduellement complĂ©tĂ©s par des appels tĂ©lĂ©phoniques afin d'avoir les informations le plus possible en temps rĂ©el. L'importance fut mise sur[2] : la climatologie de la grĂȘle dans le centre de l'Alberta, les caractĂ©ristiques radar des orages produisant de la grĂȘle, les propriĂ©tĂ©s des grĂȘlons et de la pluie et la comprĂ©hension de la situation mĂ©tĂ©orologique qui mĂšne Ă  la production de grĂȘle.

La Direction de la mĂ©tĂ©orologie continua son support du programme en engageant un mĂ©tĂ©orologue pour l'Ă©valuation du potentiel orageux et des tĂąches connexes de 1960 Ă  1975 et par son financement continu. Les scientifiques de McGill firent la plupart des analyses au cours de cette premiĂšre pĂ©riode, Ă©tablissant une premiĂšre climatologie et reconnaissant que les Ă©vĂ©nements de grĂȘle n'Ă©taient pas des Ă©vĂ©nements au hasard mais se formaient selon des paramĂštres mĂ©tĂ©orologiques bien spĂ©cifiques[2]. Le radar fut l'instrument crucial dans la thĂ©orisation de la structure de ce type d'orages en corrĂ©lant les Ă©chos avec les rapports de grĂȘle, les informations de tempĂ©ratures et d'humiditĂ©, ainsi que les radiosondages de l'atmosphĂšre. Un radar de longueur d'onde de 10 cm mais de faible rĂ©solution azimutale fut ajoutĂ© en 1963, il s'agissait d'un appareil plus moderne et moins sujet Ă  l'attĂ©nuation de son signal par les fortes prĂ©cipitations[2]. Ce dernier fut remplacĂ© en 1967 par un autre radar de 10 cm mais Ă  faisceau mince, permettant de mieux rĂ©soudre les diffĂ©rents orages dans son champ de vision[2].

En 1972, le gouvernement provincial crĂ©a un comitĂ© lĂ©gislatif spĂ©cial pour crĂ©er une assurance-rĂ©colte. AprĂšs une sĂ©rie d'audiences partout en province, un rapport fut Ă  l'AssemblĂ©e lĂ©gislative en . Les principales recommandations furent que la province devrait financer un programme de suppression de la grĂȘle durant 5 ans Ă  partir de 1974[2]. Cependant, comme la campagne d'ALHAS pour 1973 Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©vue, un programme d'ensemencement y fut adjoint avec l'aide de la province. Cette technique fut utilisĂ©e sur 15 journĂ©es par trois avions Cessna turbocompressĂ©[2]. Cet Ă©tĂ©-lĂ  vit passer de l'Ă©tude Ă  la pratique.

Alberta Hail Project, 1974 Ă  1985

L’Alberta Hail Project proprement dit dĂ©buta en 1974, alors que l'ARC et donne le mandat Ă  l’Alberta Weather Modification Board (AWMB), un organisme du gouvernement provincial financĂ© par le ministĂšre de l'agriculture, de poursuivre l'Ă©tude de la modification du temps. Deux programmes quinquennaux (1974-1978 et 1981-1985) se succĂ©dĂšrent, le second Ă©tudiant non seulement le contrĂŽle de la grĂȘle mais aussi l'ensemencement pour augmenter la pluie et la neige[2]. Les installations et instruments furent alors utilisĂ©s pour suivre les orages, alors que des avions les ensemencĂšrent et recueillirent in situ des Ă©chantillons de leur gouttelettes et cristaux de glace.

Les avions Ă©taient Ă©quipĂ©s de transpondeurs spĂ©ciaux permettant aux contrĂŽleurs d'identifier, de suivre et d'effectuer Ă  distance les lĂąchers d'iodure d'argent. Un radar de longueur d'onde de cm (bande C) fut ajoutĂ© pour remplacer le radar de bande S par grands vents (ce dernier n'ayant pas de radĂŽme pour le protĂ©ger[2]. Afin de comprendre les processus physiques dans l'orage et les effets de l'ensemencement des nuages ces expĂ©riences furent effectuĂ©es avec des concentrations de noyaux congelant et mĂ©tĂ©orologiques variĂ©es, Ă  divers endroits et mĂȘme parfois avec des placĂ©bos. Le mĂȘme processus fut utilisĂ© pour l'Ă©tude sur le rehaussement des pluies et de la neige durant le second quinquennat[2].

La fin du programme s'est produite aprĂšs la saison 1985 Ă  la suite d'une combinaison de facteurs dont des rĂ©sultats peu encourageants de l'ensemencement, d'un changement de prioritĂ©s du gouvernement et de conflits entre les buts des agriculteurs et des scientifiques[2]. Cependant, les orages violents n'ont pas cessĂ© et d'autres programmes d'Ă©tudes ont succĂ©dĂ© Ă  l’Alberta Hail Project durant les annĂ©es 1990.

Description

De 55 Ă  75 % des jours de l'Ă©tĂ©, le centre de l'Alberta subit des orages et 50 % de ces jours de la grĂȘle est rapportĂ©e, dont 15 % dĂ©passe le diamĂštre d'une noix[2]. La frĂ©quence est comparables Ă  celles des Grandes Plaines amĂ©ricaines en aval des Rocheuses alors que les orages se forment principalement sur les contreforts des montagnes et dĂ©ferlent vers les champs cultivĂ©s et causent des dommages importants aux cĂ©rĂ©aliĂšres comme le blĂ©, le canola, l'orge et l'avoine[2].

Le programme couvrait une zone de 33 700 km2, centrĂ©e sur le site radar de Penhold (52° 12â€Č N, 113° 54â€Č O), sur un terrain appartenant Ă  ce qui est devenu depuis l'aĂ©roport rĂ©gional de Red Deer. Il utilisait aussi diffĂ©rents instruments pour Ă©valuer les conditions atmosphĂ©riques propice Ă  la formation de grĂȘle et pour sa dĂ©tection.

Évaluation du potentiel

Des radiosondages Ă©taient effectuĂ©s de l'ancienne base de Penhold Ă  17 h 15 heure locale (23 h 15 UTC) quotidiennement durant la saison estivale. Les donnĂ©es furent utilisĂ©s pour Ă©valuer les conditions atmosphĂ©riques pour estimer la probabilitĂ© de grĂȘle dans les 3 heures entourant le sondage (soit entre 14 h 15 et 20 h 15 heure locale) et Ă  moins de 100 km du site[3]. Quelques-uns de ces sondages de proximitĂ© furent exclus en raison de donnĂ©es manquantes ou parce qu'ils Ă©taient modifiĂ©s soit par des prĂ©cipitations lors de la montĂ©e du ballon, soit par le front de rafales d'un orage. En plus des donnĂ©es de sondage en altitude, la tempĂ©rature de surface et le point de rosĂ©e (reprĂ©sentatif de l'environnement des orages) furent obtenus Ă  partir d'un mĂ©sonet de stations mĂ©tĂ©orologiques[3].

Télédétection

Le premier radar de bande X avait une rĂ©solution horizontale de 1 degrĂ© et verticale de 16,5 degrĂ©s, une puissance de 100 kW. Premier Ă  ĂȘtre utilisĂ© pour la dĂ©tection des prĂ©cipitations, il fut plus tard utilisĂ© comme radar secondaire pour le suivi des avions, interrogeant leur transpondeur qui rĂ©pondait avec des impulsions codĂ©es donnant sa position[4].

Le radar de bande C possĂ©dait une antenne Ă  rĂ©flecteur parabolique produisant une largeur de faisceau circulaire de 1,5 degrĂ©[4]. Un programme d'Ă©lĂ©vation d'antenne permettait un balayage sur des angles d'Ă©lĂ©vation allant de 0 Ă  9 degrĂ©s en 1,5 minute ou de 0 Ă  21 degrĂ©s en 3 minutes, choisi de telle sorte que les donnĂ©es couvraient toute l'extension verticale du nuage en fonction de la proximitĂ© des orages au radar[4]. Sa portĂ©e utile Ă©tait de 157 km et notait l'intensitĂ© des Ă©chos de prĂ©cipitations mais ils Ă©taient fortement attĂ©nuĂ©s dans la pluie forte[4]. C'est pourquoi, il devint second violon aprĂšs la construction du radar de bande S.

Celui-ci avait un faisceau de 1,15 degrĂ© de largeur[4]. Dans ce type de radar, l'attĂ©nuation est nĂ©gligeable et il fut utilisĂ© Ă  partir de 1967 pour dĂ©tecter non seulement l'intensitĂ© de la prĂ©cipitation par sa rĂ©flectivitĂ©, mais aussi le type d'hydromĂ©tĂ©ores grĂące aux donnĂ©es de polarisation circulaire[4]. Ces informations Ă©taient corrĂ©lĂ©es avec les observations de surface pour Ă©tudier la structure des orages conduisant Ă  la formation de grĂȘle[4].

Instruments in situ

À certains moments, des avions volĂšrent dans et autour des zones de convection pour recueillir de plus amples informations sur les conditions atmosphĂ©riques et Ă©chantillonner les nuages[3]. Des observations furent Ă©galement faites Ă  partir de stations mobiles montĂ©es sur des vĂ©hicules Ă©quipĂ©s de divers appareils d'instrumentation mĂ©tĂ©orologique et de capteurs de grĂȘle. Ils ont Ă©tĂ© dirigĂ©s vers des rĂ©gions susceptibles d'ĂȘtre sous un orage de grĂȘle par un contrĂŽleur au site radar. Le contrĂŽleur communiquait avec les conducteurs de vĂ©hicules par radio[5].

Collecte d'observations

Chaque printemps, environ 20 000 agriculteurs de la zone recevaient des cartes pour enregistrer tout Ă©vĂ©nement de grĂȘle, y compris sa taille. Lors des journĂ©es de grĂȘle, entre 10 % et 20 % de ces agriculteurs en ont signalĂ© pour une moyenne d'un observateur par 16 Ă  32 km2. Des sondages tĂ©lĂ©phoniques furent Ă©galement effectuĂ©s, ce qui a donnĂ© lieu Ă  des densitĂ©s d'observation allant jusqu'Ă  un rapport par 3 kilomĂštres carrĂ©s. En consĂ©quence, il est estimĂ© que seul un trĂšs faible pourcentage de la grĂȘle atteignant la surface n'a pas Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©[3] Le diamĂšwtre des grĂȘlons Ă©tait classĂ© en six catĂ©gories : diamĂštres infĂ©rieurs Ă  0,4 cm, de 0,4 Ă  1,2 cm, de 1,3 Ă  2 cm, de 2,1 Ă  3,2 cm, de 3,3 Ă  5,2 cm et plus grand que 5,2 cm[5].

Références

  1. (en) B. Kochtubajda, C. Humphrey et M. Johnson, « Data Rescue: experiences from the Alberta Hail Project », IASSIST Quaterly, International Association for Social Science Information Services and Technology, vol. 19, no 1,‎ (ISSN 0739-1137, DOI 10.29173/iq558, lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
  2. (fr + en) G. S. Strong, B. Kochtubajda, P. W. Summers, J. H. Renick, T. W. Krauss, R. G. Humphries et E. P. Lozowski, « 50th Anniversary of Hail Studies in Alberta : Accomplishments and Legacy », Bulletin du SCMO, SCMO, vol. 35, no SpĂ©cial,‎ , p. 1-32 (ISSN 1195-8898, lire en ligne [archive] [PDF], consultĂ© le ).
  3. (en) Julian C. Brimelow et Gerhard W. Reuter, « Modeling Maximum Hail Size in Alberta Thunderstorms », Weather and Forecasting, AMS, vol. 17, no 5,‎ , p. 1048–1062 (DOI 10.1175/1520-0434(2002)017<1048:MMHSIA>2.0.CO;2, Bibcode 2002WtFor..17.1048B, lire en ligne [PDF]).
  4. (en) « Alberta Hail Project Weather Radars », The Alberta Hail Project Meteorological and Barge-Humphries Radar Archive (consulté le ).
  5. B. L. Barge et G. A. Isaac, « The Shape of Alberta Hailstones », Journal de Recherches AtmosphĂ©riques, vol. 7, no 1,‎ , p. 11-20 (rĂ©sumĂ©, lire en ligne).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.