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MĂ©sonet

Un mésonet est un réseau de stations météorologiques, généralement automatiques, dont la densité sur le territoire est de l'ordre de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres pour permettre l'étude des phénomènes météorologiques à la méso-échelle dont les orages (position du front de point de rosée, la variation des vents et de la pression avec une ligne de grain, etc.) et le régime de brise. Ces stations vont également rapporter leurs observations à une plus grande fréquence (1 à 15 minutes) que les réseaux classiques d'échelle synoptique car les conditions météorologiques autour de ces phénomènes changent rapidement[1].

Exemple des données de vent d'un mésonet du National Weather Service couvrant seulement une partie du Kentucky

Les mésonets sont mis sur pied et sont opérés par des groupes de recherches universitaires, par les services météorologiques nationaux ou par des utilisateurs spécialisés comme les agriculteurs.

Description

Véhicules du NSSL spécialement équipés pour mesurer les paramètres météorologiques durant VORTEX

Un mésonet est formé d'une série de stations météorologiques qui comportent au minimum des capteurs pour la température ambiante, le point de rosée, les précipitations, la direction et la force du vent. D'autres instruments peuvent s'y ajouter comme un détecteur de foudre ou un transmissiomètre pour la visibilité. Ces stations sont stratégiquement positionnées pour donner une grande densité d'informations sur le territoire couvert et les variations avec le relief (par exemple, certains sites sont en vallée et d'autres en montagnes)[2].

Il existe deux types de mésonets : permanents et temporaires. Les réseaux temporaires sont déployés pour des campagnes de prise de données particulières par des universités ou des organismes gouvernementaux. Par exemple, les expériences VORTEX, pour étudier les orages dans les Grandes plaines américaines, utilisaient de nombreux instruments dont des stations météorologiques montés sur des automobiles qui se positionnaient tout autour de la zone de développement de la convection.

De tels réseaux peuvent être déployés pour une période plus ou moins longue. Par contre, dans les réseaux permanents, les sites sont occupés en tout temps pour des utilisateurs qui s'en servent pour la prévision quotidienne. Il existe ainsi plusieurs réseaux permanents aux États-Unis dans les régions sujettes aux orages violents ou comme aide pour l'agriculture[2]. Les mésonets sont moins courants ailleurs dans le monde.

Usages

L'espacement entre les stations dépend du phénomène à l'étude. Ce dense réseau permet au météorologue d'exploitation de suivre en temps réel la progression des phénomènes météorologiques et d'émettre des alertes météorologiques appropriées. Aux opérateurs de compagnies d'électricité ou de distribution de gaz et aux autorités civiles, le réseau permet de prévoir l'impact sur leurs installations. Ces réseaux complètent également les données obtenues par le radar météorologique et peuvent lui servir pour son étalonnage.

Ces données permettent aussi de mieux prévoir le début et l'intensité des orages, le temps de passage des fronts météorologiques, le type de précipitations (neige ou pluie) selon l'altitude en hiver quand elles sont incorporées dans des modèles de prévision numérique du temps à fine échelle. Ces données sont également archivées pour études ultérieures et pour la climatologie de l'endroit.

L'effet d'îlot de chaleur urbain est un problème de plus en plus important et plusieurs mésonets ont été installés pour le suivre. Par exemple, depuis 1012, le mésonet de la Birmingham Urban Climate Laboratory (BUCL), en fait le suivi à Birmingham, Grande-Bretagne, avec une station à chaque km2[3].

Histoire

Les instruments des premiers mésonets étaient purement mécaniques et indépendants les uns des autres. Leurs données étaient notées par un système électromécanique, comme le tracé de la pression sur le papier du barographe ci-contre, et devaient être relevées manuellement par un technicien. Les informations ne pouvaient donc être analysées qu’en différé.

L’un des premiers rĂ©seaux fut celui des campagnes d’études des orages en Floride en 1946 et en Ohio en 1947 (The Thunderstorm Project) par le Weather Bureau des États-Unis[4]. Cinquante stations Ă©taient placĂ©es Ă  1,6 km l’une de l’autre en Floride, alors qu’en Ohio les 58 stations Ă©taient espacĂ©es de 3,2 km. De nombreuses autres campagnes d’études ont Ă©tĂ© tenues depuis ce temps, chacune utilisant un mĂ©sonet, les plus connues sont sans nul doute les expĂ©riences VORTEX, elles ont portĂ© sur la convection, les ouragans, le couvert de neige, etc.

Le premier mĂ©sonet permanent est probablement celui de l’Oklahoma mis sur pied en 1991 par l’universitĂ© de l'Oklahoma (OU) et l’universitĂ© d'État de l'Oklahoma (OSU). Dès 1982, les scientifiques de la facultĂ© de l’agriculture Ă  OU et ceux de l’État ont commencĂ© Ă  remplacer leurs stations mĂ©tĂ©orologiques pour les besoins agricoles. Au mĂŞme moment, la communautĂ© mĂ©tĂ©orologique travaillait sur un système de contrĂ´le des inondations grâce Ă  un mĂ©sonet qui se rĂ©vĂ©la très utile dans la rĂ©gion de Tulsa. Tous les intervenants de OU et de OSU se sont donc joints pour planifier un rĂ©seau rĂ©pondant Ă  tous ces besoins. Ils ont obtenu millions $US du gouverneur de l’Oklahoma en , ces sommes provenant d’une poursuite comme les compagnies pĂ©trolières, en plus de fournir 350 000 $US chacune. Le système de tĂ©lĂ©communication des forces de police de l’Oklahoma leur a Ă©galement installĂ© gracieusement tous les liens de communications avec les stations. Les premières stations ont Ă©tĂ© mis en fonction Ă  la fin de 1991. Ă€ la fin de 1993, le mĂ©sonet en comportait 108[5].

Un certain nombre s’est ajoutĂ© avec les annĂ©es et en 2015, il comporte 120 stations, au moins une pour chacun des 77 comtĂ©s, pour la surveillance des conditions environnementales. Toutes les donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques proviennent de stations automatiques, ayant un mât de 10 mètres, toutes les 5 minutes, et cela 24 heures par jour. Les observations sont reçues et certifiĂ©es par le service climatologique de l’universitĂ© de l’Oklahoma puis distribuĂ©es aux clients en moins de 10 minutes. En 2009, le Conseil national de recherche des États-Unis a dĂ©clarĂ© que le mĂ©sonet de l’Oklahoma est l’« exemple idĂ©al » pour un rĂ©seau mĂ©tĂ©orologique et climatologique[5].

Avec le dĂ©veloppement des communications et le coĂ»t Ă  la baisse des stations mĂ©tĂ©orologiques automatiques. Ces rĂ©seaux se sont dĂ©veloppĂ©s un peu partout aux États-Unis et au Canada pour les besoins universitaires et gouvernementaux. En Europe, des rĂ©seaux comme NivĂ´se peuvent ĂŞtre assimilĂ©s Ă  des mĂ©sonets. MĂŞme s’il n’est pas nommĂ©ment un mĂ©sonet, le rĂ©seau de 1 300 stations mĂ©tĂ©orologiques de l'Agence mĂ©tĂ©orologique du Japon (JMA) est assez dense pour correspondre Ă  cette dĂ©finition avec une station Ă  chaque 17 km[6]. Plus rĂ©cemment, les amateurs de mĂ©tĂ©orologie ont pu mettre sur internet les donnĂ©es de leurs stations personnelles. Bien que ne rĂ©pondant pas nĂ©cessairement aux normes de positionnement de l'Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale, les donnĂ©es de ces stations sont ajoutĂ©s aux informations des stations officielles dans plusieurs pays et forment des mĂ©sonets informels.

Notes et références

  1. (en) Tetsuya Fujita, A Review of Researches on Analytical MesoMeteorology, vol. 8, Mesometeorology Project, Department of the Geophysical Sciences, University of Chicago, coll. « Research Paper », , 228 p. (présentation en ligne)
  2. (en) Bureau de Louisville, Kentucky, « What is a Mesonet », National Weather Service (consulté le )
  3. (en) L. Chapman, C.L. Muller, D.T. Young, E.L. Warren, C.S.B. Grimmond, X.-M. Cai et J.S. Ferranti, « The Birmingham Urban Climate Laboratory: An open meteorological testbed and challenges of the smart city », Bulletin of the American Meteorological Society, AMS,‎ (ISSN 1520-0477, DOI 10.1175/BAMS-D-13-00193.1, lire en ligne)
  4. (en) Southern Region Headquarters, « Overview of The Thunderstorm Project », National Weather Service (consulté le )
  5. (en) « About the Oklahoma Mesonet », sur http://www.mesonet.org/, Université de l’Oklahoma (consulté le )
  6. (en) « Observations », Agence météorologique du Japon (consulté le )
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