Albert-FĂ©lix de Lapparent
LâabbĂ© Albert-FĂ©lix Cochon de Lapparent plus connu sous le nom Albert-FĂ©lix de Lapparent, nĂ© au Mont-Dieu, dans le dĂ©partement des Ardennes, le et mort le , est un prĂȘtre, palĂ©ontologue et gĂ©ologue français.
Président de la Société géologique de France | |
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GĂ©rard Waterlot (d) Raymond Furon (d) | |
Directeur Catéchisme Séminaire Saint-Sulpice | |
Directeur de recherche au CNRS |
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 69 ans) 6e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Marie FĂ©lix Albert Cochon de Lapparent |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
PrĂȘtre (Ă partir de ), gĂ©ologue, palĂ©ontologue |
ParentĂšle |
Albert de Lapparent (grand-pĂšre) |
Ordre religieux |
Compagnie des prĂȘtres de Saint-Sulpice (Ă partir de ) |
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Membre de | |
Directeur de thĂšse | |
Distinction |
Biographie
Ă l'issue de ses Ă©tudes secondaires, Albert-FĂ©lix de Lapparent entre au sĂ©minaire. Il est ordonnĂ© prĂȘtre en 1929 et entre dans la Compagnie des prĂȘtres de Saint-Sulpice l'annĂ©e suivante. Il souhaitait alors devenir curĂ© de campagne, mais ses supĂ©rieurs cependant l'orientĂšrent autrement. Le cardinal Verdier, pressentant en lui un atavisme de gĂ©ologue, lui demanda de prendre la succession de son grand-pĂšre â Albert-Auguste Cochon de Lapparent (1839-1908), gĂ©ologue, membre de l'Institut â au laboratoire de l'Institut catholique. Il prĂ©para donc sa licence, puis son patron, Charles Jacob, lui confia comme sujet de thĂšse l'Ă©tude des rapports gĂ©ologiques entre les Alpes et la Provence »[1].
AprÚs que le laboratoire de la « Catho », un temps dirigé par le pÚre Teilhard de Chardin, eut été scindé en deux unités (géologie et minéralogie), l'abbé de Lapparent prit la direction de l'unité géologique.
Le paléontologue
Il a conduit plusieurs explorations à la recherche de fossile dans le désert du Sahara. En 1986, José Bonaparte (1928-) lui dédie le genre Lapparentosaurus. Parmi les dinosaures décrits par Lapparent, il faut citer les nouveaux genres Inosaurus teredftensis en 1960 et, avec Georges Zbyszewski (1909-1998), Lusitanosaurus liassicus en 1957.
Il est aussi le découvreur de nouvelles espÚces dans des genres existants, par exemple :
- avec Zbyszewski en 1957 : Apatosaurus alenquerensis, Astrodon pusillus, Camarasaurus alenquerensis et Megalosaurus pombali ;
- seul en 1960 : Brachiosaurus nougaredi, Cetiosaurus mogrebiensis, Elaphrosaurus gautieri, Elaphrosaurus iguidiensis et Rebbachisaurus tamesnensis.
L'abbĂ© de Lapparent a aussi dĂ©couvert en 1947 quelques restes d'un crocodile gĂ©ant qu'il baptisa « crocodile dâAoulef » et qui correspond au Sarcosuchus[2].
Le géologue
Directeur de recherches au CNRS, il a été le créateur de la mission géologique française en Afghanistan. Il a notamment identifié, en 1961, un important gisement de minerai de fer dans l'Hadjigak (Afghanistan central) dont il estimait les réserves à deux milliards de tonnes avec une teneur en minerai considérable (de l'ordre de 60 %), découverte qu'il signala aussitÎt aux autorités afghanes[3]. Ce gisement, situé à 3500 mÚtres d'altitude, est difficilement exploitable, d'autant que les voies d'accÚs sont souvent impraticables. Des experts chinois s'y sont récemment intéressé.
DÚs lors, l'abbé de Lapparent conduira chaque année une mission du CNRS composée de plusieurs chercheurs de haut niveau - géologues, botanistes, naturalistes - dans les montagnes afghanes. Il parviendra en 1973 à installer à Kaboul une antenne permanente de cette mission, mais celle-ci disparaßtra avec l'arrivée au pouvoir des communistes en 1979[3].
Quelques mois avant sa mort, en 1975, il Ă©crivait le texte suivant, montrant son attachement pour l'Afghanistan et les populations qu'il avait si longtemps cĂŽtoyĂ©es et dont il apprĂ©ciait l'hospitalitĂ© : « Une synthĂšse s'est faite peu Ă peu entre la vie du gĂ©ologue et celle du prĂȘtre (...) J'ai conscience de poursuivre en Afghanistan une forme de ministĂšre sacerdotal telle que je la vis en France dans les milieux scientifiques, une prĂ©sence, une priĂšre de louange Ă Dieu pour les beautĂ©s de la Nature mieux connues, des contacts amicaux et parfois profonds avec une population trĂšs pauvre, ouverte et accueillante"[4]... »
Science et religion : sur les traces de Teilhard de Chardin
A cĂŽtĂ© de ses tĂąches de recherche et d'enseignement supĂ©rieur, l'abbĂ© Albert-FĂ©lix s'est Ă©galement consacrĂ© Ă des activitĂ©s plus sacerdotales. Il Ă©tait ainsi, vers la fin des annĂ©es 1930, directeur des catĂ©chismes au sĂ©minaire Saint-Sulpice. Dans cette fonction il eut Ă rĂ©pondre Ă des interrogations portant notamment sur le sens rĂ©el Ă accorder aux versets de la Bible, et spĂ©cialement Ă ceux de la GenĂšse. C'est ainsi qu'en 1944, il publia un opuscule, Nos origines[5], destinĂ© Ă fournir aux catĂ©chistes et aux catĂ©chumĂšnes les rĂ©ponses qui lui paraissaient adĂ©quates, compte tenu Ă la fois de son engagement religieux profond et de ses connaissances non moins profondes en gĂ©ologie et en palĂ©ontologie. En totale orthodoxie, il affirme que les versets de la GenĂšse ont Ă©tĂ© inspirĂ©s par un Dieu unique, crĂ©ateur du Ciel et de la Terre. Il prend cependant de la distance par rapport Ă leur sens littĂ©ral, prĂ©fĂ©rant faire apparaĂźtre les cĂŽtĂ©s allĂ©goriques et symboliques. RĂ©futant l'Ăąge de la Terre tirĂ© de l'exĂ©gĂšse des textes bibliques, il s'oppose au « concordisme » qui cherche Ă faire coĂŻncider les sept « jours » de la crĂ©ation du monde et les grandes Ă©poques gĂ©ologiques. En ce qui concerne la crĂ©ation de l'homme (Adam et Ăve), l'abbĂ© se montre assez catĂ©gorique : mais nous ignorons comment et oĂč l'homme est apparu sur la terre, « la foi n'impose pas de reprĂ©sentation catholique des origines humaines ». Pour tenir compte des enseignements de la PrĂ©histoire, et des diverses espĂšces dĂ©jĂ reconnues du genre Homo, l'abbĂ© avance une hypothĂšse thĂ©ologiquement audacieuse : l'Ăąme humaine aurait pu ĂȘtre infusĂ©e par le crĂ©ateur « dans un organisme possĂ©dant un cerveau et un systĂšme nerveux dĂ©sormais suffisamment complexes ». Enfin, sur la question du DĂ©luge, il s'en tient Ă une vision rĂ©aliste : « ce fut trĂšs probablement une grande inondation qui a dĂ©truit une civilisation en MĂ©sopotamie » ; pas d'atterrissage sur le mont Ararat, impossible aux yeux du gĂ©ologue. La premiĂšre et seule Ă©dition de son texte a Ă©tĂ© Ă©puisĂ©e en une annĂ©e. Le manuscrit de la seconde Ă©dition n'a pas reçu l'imprimatur de la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique, qui n'a pas motivĂ© sa dĂ©cision[6].
Publications
- Sur le synclinal de Rians (Var), dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, Paris, 1933, vol.197, p. 1441-1443.
- Ătudes de palĂ©ontologie stratigraphique sur les faunes continentales de Provence, MĂ©moire de la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique de France, 1938, vol.15, fasc.4, mĂ©m. n°35, 34 p., 11 fig., 1 pl.
- Ătudes gĂ©ologiques dans les rĂ©gions provençales et alpines entre le Var et la Durance, Paris : C. BĂ©ranger , 1938
- Fragilité scientifique du racisme, dans Racisme et christianisme, Paris : Flammarion, 1939
- Les terrains tertiaires aux environs de Paris, dans les Excursions géologiques dans le Bassin de Paris, Hermann, 1942, vol.1, 214 p.
- Les dinosaures de France, dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© GĂ©ologique de France, 1943, vol.47, pp. 5â20.
- Les Dinosauriens jurassiques de Damparis, Jura, dans les Mémoires de la Société géologique de France, 1943, vol.21, fasc. 3-4, n°47, p. 1-21
- Nos origines : les donnĂ©es de la Bible et de la science. Pour les catĂ©chistes, Ăditions Saint-Paul, , 39 p.
- Excursions géologiques dans le bassin de Paris: 2e série. Ile-de-France tertiaire, auréoles crétacées et jurassiques, Jouve, 1946, 167 p.
- Les dinosauriens du crétacé supérieur du Midi de la France, dans les Mémoires de la Société Géologique de France, 1947, nouvelle série vol.26-4, n°56
- La Montagne d'Alaric (Aude) et ses entours : Ătude gĂ©ologique, dans le Bulletin des Services de la carte gĂ©ologique de la France et des topographies souterraines, Paris & LiĂšge : Ch. BĂ©ranger, 1949, vol.47, n°224
- Ătude palĂ©ontologique des vertĂ©brĂ©s du jurassique dâEl Mers (Moyen Atlas), dans les Notes et mĂ©moires du Service GĂ©ologique du Maroc, 1955, vol.124, 36 p.
- Les dinosauriens du Portugal, avec Georges Zbyszewski, dans les MĂ©moires des Services GĂ©ologiques du Portugal, Lisbonne, 1957, nouvelle sĂ©rie vol.2, pp. 1â63 [7].
- Les Dinosauriens du Continental intercalaire du Sahara central, dans les MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© GĂ©ologique de France, 1960, nouvelle sĂ©rie n°39, pp. 1â56
- Les empreintes de pas de reptiles de lâinfralias du Veillon (VendĂ©e), avec Christian Montenat, dans les MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique de France, 1967, nouv. sĂ©r., vol.46, n°107, pp. 1â44
- Contributions à la géologie et à la paléontologie de l'Afghanistan central, avec Guy Mennessier & Marie Legrand-Blain, Paris : Muséum national d'histoire naturelle, 1968, 262 p.
- Esquisse géologique de l'Afghanistan, avec le dessinateur Henri Hubert, dans la Revue de géographie physique et de géologie dynamique, Paris, 1972
- Cartes géologiques
- Il participa Ă la Carte gĂ©ologique dĂ©taillĂ©e de la France au 1:80,000, sur la feuille de Reims (n°34), Ă©dition de 1946 â il en rĂ©alisa les explorations et tracĂ©s gĂ©ologiques de 1940 Ă 1942.
- Il participa à la Carte géologique des montagnes de l'Afghanistan central, dont il exécuta les levers, avec C. Heddebault & J. Blaise, dans le cadre de la mission permanente en Afghanistan du Centre national de la recherche scientifique (coordination des contours par P. Bordet et dessin exécuté par Mme Lucas)
Source
- Un article de Pierre Bordet
- Albert Felix de Lapparent (1905-1975) dans P. Taquet, French geological travellers in the Sahara, dans Four Centuries of Geological Travel: The Search for Knowledge on Foot, Bicycle, Sledge and Camel, Geological Society, 2007, p. 187
Voir aussi
Bibliographie
- Livre à la mémoire de Albert F. de Lapparent, 1905-1975: consacré aux recherches géologiques dans les chaßnes alpines de l'Asie du Sud-Ouest, Société géologique de France, 1977, 353 p.
- Christian Montenat, Une famille de géologues, les Lapparent : un siÚcle d'histoire & d'aventures de la géologie, Vuibert, , 214 p.
Notes et références
- Pierre Bordet, « Un siÚcle de géologie au laboratoire de l'Institut catholique de Paris », Humanisme et foi chrétienne, Mélanges scientifiques du centenaire de l'Institut catholique de Paris, publ. par Charles Kannengiesser et Yves Marchasson, Beauchesne, 1976.
- Christiane Galus, « Il y a 110 millions d'annĂ©es, le crocodile gĂ©ant du Niger se nourrissait de poissons et de dinosaures », Le Monde,â (lire en ligne).
- Les cartes oubliées des richesses afghanes dans Le Figaro du 8 décembre 2011.
- Pierre Bordet, ibid..
- A.-F. de Lapparent, 1944 (section « Publications »).
- Ch. Montenat, 2008 (section « Bibliographie »).
- Il reçut une traduction en langue anglaise.