Alban de Villeneuve-Bargemon
Le vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont, né le à Saint-Auban et mort le à Paris, est un économiste et homme politique français. Noble catholique, il dénonce le premier avec Armand de Melun l'exploitation manufacturiÚre et fait voter les premiÚres lois sociales.
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(Ă 65 ans) Paris |
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Archives nationales (241AP)[1] |
Il est membre de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), et fait commandeur de la Légion d'honneur.
Biographie
Famille
Issu d'une des plus anciennes familles nobles de Provence, Alban de Villeneuve-Bargemon est le huitiĂšme des quatorze enfants de Joseph de Villeneuve, seigneur de Bargemon, procureur Ă Aix, et de Sophie de Bausset de Roquefort. Il a pour frĂšres, Christophe de Villeneuve-Bargemon, Emmanuel Ferdinand de Villeneuve-Bargemon et Joseph de Villeneuve-Bargemon, tous trois prĂ©fets, Jean-Baptiste de Villeneuve-Bargemon, dĂ©putĂ©, Louis-François de Villeneuve-Bargemon, historien, Il est le neveu de Mgr Pierre-Ferdinand de Bausset-Roquefort, archevĂȘque d'Aix sous la Restauration, le petit-neveu de BarthĂ©lemy Joseph de Villeneuve Bargenon, prĂȘtre, dĂ©putĂ© du clergĂ© de Marseille aux Ătats gĂ©nĂ©raux de 1789 et aussi celui de Louis Jean Baptiste Le Clerc de Lassigny de JuignĂ©, dĂ©putĂ© de la Noblesse de Draguignan aux mĂȘmes Ătats-gĂ©nĂ©raux [2] .
Administrateur
Auditeur au Conseil d'Ătat (1810), sous-prĂ©fet de ZierickzĂ©e (Bouches-de-l'Escaut) (1811), prĂ©fet des Bouches-de-l'Ăbre (1812), et de Sambre-et-Meuse (1814). Il abandonne ce dernier poste au moment de l'arrivĂ©e des alliĂ©s et revient en France saluer le retour des Bourbons. PrĂ©fet de Tarn-et-Garonne (1814), il perd cet emploi aux Cent-Jours, et rentre dans l'administration Ă la Seconde Restauration comme prĂ©fet de la Charente (1817), de la Creuse, de la Meurthe (1820), de la Loire-InfĂ©rieure (1824), du Nord (1828). NommĂ© maĂźtre des requĂȘtes en service extraordinaire le , et conseiller d'Ătat le , il refuse le serment au gouvernement de Louis-Philippe, et est mis Ă la retraite, comme prĂ©fet, le , avec une pension de 6,000 francs.
Parlementaire
Il avait Ă©tĂ© Ă©lu, le , dĂ©putĂ© du grand collĂšge du Var, par 71 voix (100 votants, 175 inscrits) : il vote avec les lĂ©gitimistes, et ne se reprĂ©sente pas en 1831. L'annĂ©e suivante, il accepte de la duchesse de Berry, qui se proposait de dĂ©barquer en Provence, le brevet de commissaire royal dans le Var; il accompagne la princesse pendant quelque temps, puis revient Ă Paris oĂč il s'adonne Ă l'Ă©tude de l'Ă©conomie politique. Candidat Ă la dĂ©putation le , dans le 12e collĂšge du Nord (Hazebrouck), il Ă©choue avec 227 voix contre 250 Ă l'Ă©lu, Warein. Le , il est Ă©lu dĂ©putĂ© du 3e collĂšge du mĂȘme dĂ©partement (Lille) par 540 voix (830 votants), en remplacement de Hennequin, dĂ©cĂ©dĂ©, puis rĂ©Ă©lu, le , par 536 voix (793 votants, 1,192 inscrits), contre 241 Ă LefĂšvre, et le , par 529 voix (1,031 votants 1,246 inscrits), contre 491 Ă Auguste Mimerel.
à la Chambre, il siÚge parmi les légitimistes, et vote contre l'indemnité Pritchard et pour la proposition Rémusat.
La révolution de février 1848 le rend à la vie privée.
Membre de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques le , en remplacement de Lakanal, Villeneuve-Bargemont a publiĂ© un certain nombre d'ouvrages, inspirĂ©s par le catholicisme social, parmi lesquels on peut citer: Ăconomie politique chrĂ©tienne, ou recherches sur la nature et les causes du paupĂ©risme en France et Ă l'Ă©tranger et sur les moyens de le soulager et de le prĂ©venir[3]; Histoire de l'Ăconomie politique (parue dans l'L'UniversitĂ© catholique de 1835-36-37) ; Le livre des affligĂ©s, ou douleurs et consolations (1841, 2 volumes); Notice sur l'Ă©tat actuel de l'Ă©conomie politique en Espagne et sur les travaux de Rancon de la Sagra (1844); il a en outre collaborĂ© au Journal des Ăconomies et au Plutarque français.
« DÚs 1841, c'est le vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont qui fait voter la loi réglementant le travail des enfants, réclamée aussi par le comte de Montalembert, autre membre de la vieille noblesse catholique. C'est Villeneuve-Bargemont qui pose le premier, devant la Chambre française, le problÚme ouvrier dans toute son ampleur (). Alors que l'idée de lutte des classes n'est lancée qu'en 1843 par Flora Tristan, dans sa Lutte ouvriÚre[4]. »
Il dĂ©nonce « l'Ă©tat de dĂ©pendance et d'abandon dans lequel la sociĂ©tĂ© livre les ouvriers aux chefs et entrepreneurs de manufactures... la facilitĂ© illimitĂ©e laissĂ©e Ă des capitalistes spĂ©culateurs de rĂ©unir autour d'eux des populations entiĂšres pour en employer les bras suivant leur intĂ©rĂȘt, pour en disposer, en quelque sorte, Ă discrĂ©tion, sans qu'aucune garantie d'existence, d'avenir, d'amĂ©lioration morale ou physique soit donnĂ©e de leur part, ni Ă la population, ni Ă la sociĂ©tĂ© qui doit les protĂ©ger. »
« Il n'est pas sans intĂ©rĂȘt de noter qu'avant l'utilisation de la question sociale par Karl Marx, c'est la droite lĂ©gitimiste et traditionaliste qui la premiĂšre, prend la dĂ©fense des travailleurs[5]. »
Alban de Villeneuve-Bargemon a plusieurs fois fait référence à Jean de Sismondi parmi ses sources, mais lui a reproché de blùmer le clergé pour l'augmentation de la population dans les pays de confession catholique[6].
Mariages et descendance
Alban de Villeneuve se maria deux fois :
- le 22 avril 1815 avec Mathilde Dubreil de Frégose, morte en 1822, fille de Marie Anne Jean Alexandre Dubreil, baron de Frégose, général, chevalier de Saint Louis et de la Légion d'Honneur. Dont trois enfants.
- le 7 mai 1825 avec Emma de Carbonnel de Canisy, décédée en 1881, fille de Louis Emmanuel de Carbonnel, comte de Canisy, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, et de Adrienne Hervé Louise de Carbonnel de Canisy, sa cousine, cette derniÚre remariée avec Armand de Caulaincourt, 1er duc de Vicence. Dont deux autres enfants.
Dont :
- Adalasie de Villeneuve (1816-1838), mariée en 1836 avec Jean César Louis Philibert Bourguignon, comte de Saint-Martin ;
- Romée de Villeneuve (1817-1837), sans alliance ;
- Blanche de Villeneuve (1819-1892), mariée en 1837 avec Auguste Henri PalamÚde, marquis de Suffren ;
- Adrienne de Villeneuve (1826-1870)[7] dame du palais de l'impératrice Eugénie, mariée en 1847 avec Gustave Olivier Lannes, comte de Montebello, général, aide de camp de l'Empereur Napoléon III, sénateur du second Empire, dont postérité ;
- Elzéar de Villeneuve (1828-1878), colonel de dragons, chevalier de la Légion d'honneur, marié en 1857 avec Marguerite de La Myre (1833-1892) [8]. Tous deux sont les grands-parents d'Augustin de Villeneuve-Bargemon.
Publications
- Ăconomie politique chrĂ©tienne, ou, Recherches sur la nature et les causes du paupĂ©risme, en France et en Europe, et sur les moyens de le soulager et de le prĂ©venir, 1837
- Histoire de l'Ă©conomie politique, ou, Ătudes historiques, philosophiques et religieuses sur l'Ă©conomie politique des peuples anciens et modernes
- Discours prononcé... dans la discussion du projet de loi sur le travail des enfants dans les manufactures (), 1840
- Le Livre des affligés, ou Douleurs et consolations, 1841
- Sully, Maximilien de Béthune, duc de, né le , mort le
- Notice sur l'Ă©tat actuel de l'Ă©conomie politique en Espagne et sur les travaux de Don Ramon de La Sagra, 1844
- De l'influence des passions sur l'ordre économique des sociétés', 1846
Sources
- Les papiers personnels d'Alban de Villeneuve-Bargemont ainsi que ceux de sa famille sont conservés aux Archives nationales sous la cote 241AP[9].
Notes et références
- « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-1il3jo5vp--u7b7k3xrwtlq »
- E. de Juigné de Lassigny, Histoire de la Maison de Villeneuve, en Provence - tome 1, Lyon, Imprimerie d'Alexandre Rey, , p. 144-157
- Paris, 1834, 3 volumes Texte en ligne 1 2 3
- Jean Dumont, L'Ăglise au risque de l'histoire, prĂ©face de Pierre Chaunu de l'Institut, Ăditions de Paris, Ulis, 2002, p. 115, note 2.
- Jacques Ploncard d'Assac, Les jeunes ont droit à la vérité, Société de philosophie politique, Lisbonne, 1970, p. 107-108.
- (en) Margaret Gladys Sheldrick, The life and economic contributions of Simonde de Sismondi (lire en ligne)
- « Adrienne de Villeneuve BargĂ©mont, comtesse de Montebello, Ă©tait la premiĂšre sur la liste des Dames du Palais ; elle Ă©tait toute jeune femme lors de sa nomination, fort jolie, trĂšs Ă©lĂ©gante ; un deuil cruel, la perte dâune petite fille vint soudainement la frapper. Elle fut bien longtemps Ă se remettre de ce coup douloureux. Elle y perdit Ă jamais son insouciante gaitĂ©, mais elle conserva ce charme et cette bonne grace qui lui avaient acquis de nombreuses et sĂ©rieuses amitiĂ©s. Elle passa plusieurs annĂ©es Ă Rome quand son mari, le gĂ©nĂ©ral de Montebello y commandait en chef le corps dâoccupation ; elle sut, Ă Romme comme Ă Paris, se crĂ©er dâaffectueuses relations. Elle revenait tous les ans en France et faisait alors son service auprĂšs de lâImpĂ©ratrice. Elle mourut en 1870âŠ. »
â Charles Adrien de Conegliano, La maison de l'empereur
« Parmi les gentilles personnes qui sont ici, je dois nommer Mme de Montebello nĂ©e Adrienne de Villeneuve, petite fille de la duchesse de Vicence. Cette jeune femme est gracieuse et bonne ; câest la dame du palais de lâImpĂ©ratrice qui sâhabille le mieux, mĂ©rite qui, du reste, est fort apprĂ©ciĂ©e par le temps qui court et qui, il faut lâavouer contribue beaucoup Ă embellir une femme. »â MĂ©moires de la princesse Julie Bonaparte (1830-1860) « de Roccagiovine »
- E. de Juigné de Lassigny, Histoire de la Maison de Villeneuve, en Provence, tome 1, Lyon, Imprimerie d'Alexandre Rey, , p. 157-160
- Archives nationales
Pour approfondir
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Ressource relative aux militaires :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
Bibliographie
- André Tiano, Alban de Villeneuve-Bargemont (1784-1850): le précurseur de l'état social, ou, un grand notable bien ordinaire?, 1993
- « Alban de Villeneuve-Bargemon », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de lâĂ©dition] [texte sur Sycomore]