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Alban de Villeneuve-Bargemon

Le vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont, né le à Saint-Auban et mort le à Paris, est un économiste et homme politique français. Noble catholique, il dénonce le premier avec Armand de Melun l'exploitation manufacturiÚre et fait voter les premiÚres lois sociales.

Il est membre de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), et fait commandeur de la Légion d'honneur.

Biographie

Famille

Issu d'une des plus anciennes familles nobles de Provence, Alban de Villeneuve-Bargemon est le huitiĂšme des quatorze enfants de Joseph de Villeneuve, seigneur de Bargemon, procureur Ă  Aix, et de Sophie de Bausset de Roquefort. Il a pour frĂšres, Christophe de Villeneuve-Bargemon, Emmanuel Ferdinand de Villeneuve-Bargemon et Joseph de Villeneuve-Bargemon, tous trois prĂ©fets, Jean-Baptiste de Villeneuve-Bargemon, dĂ©putĂ©, Louis-François de Villeneuve-Bargemon, historien, Il est le neveu de Mgr Pierre-Ferdinand de Bausset-Roquefort, archevĂȘque d'Aix sous la Restauration, le petit-neveu de BarthĂ©lemy Joseph de Villeneuve Bargenon, prĂȘtre, dĂ©putĂ© du clergĂ© de Marseille aux États gĂ©nĂ©raux de 1789 et aussi celui de Louis Jean Baptiste Le Clerc de Lassigny de JuignĂ©, dĂ©putĂ© de la Noblesse de Draguignan aux mĂȘmes États-gĂ©nĂ©raux [2] .

Administrateur

Auditeur au Conseil d'État (1810), sous-prĂ©fet de ZierickzĂ©e (Bouches-de-l'Escaut) (1811), prĂ©fet des Bouches-de-l'Èbre (1812), et de Sambre-et-Meuse (1814). Il abandonne ce dernier poste au moment de l'arrivĂ©e des alliĂ©s et revient en France saluer le retour des Bourbons. PrĂ©fet de Tarn-et-Garonne (1814), il perd cet emploi aux Cent-Jours, et rentre dans l'administration Ă  la Seconde Restauration comme prĂ©fet de la Charente (1817), de la Creuse, de la Meurthe (1820), de la Loire-InfĂ©rieure (1824), du Nord (1828). NommĂ© maĂźtre des requĂȘtes en service extraordinaire le , et conseiller d'État le , il refuse le serment au gouvernement de Louis-Philippe, et est mis Ă  la retraite, comme prĂ©fet, le , avec une pension de 6,000 francs.

Parlementaire

Il avait Ă©tĂ© Ă©lu, le , dĂ©putĂ© du grand collĂšge du Var, par 71 voix (100 votants, 175 inscrits) : il vote avec les lĂ©gitimistes, et ne se reprĂ©sente pas en 1831. L'annĂ©e suivante, il accepte de la duchesse de Berry, qui se proposait de dĂ©barquer en Provence, le brevet de commissaire royal dans le Var; il accompagne la princesse pendant quelque temps, puis revient Ă  Paris oĂč il s'adonne Ă  l'Ă©tude de l'Ă©conomie politique. Candidat Ă  la dĂ©putation le , dans le 12e collĂšge du Nord (Hazebrouck), il Ă©choue avec 227 voix contre 250 Ă  l'Ă©lu, Warein. Le , il est Ă©lu dĂ©putĂ© du 3e collĂšge du mĂȘme dĂ©partement (Lille) par 540 voix (830 votants), en remplacement de Hennequin, dĂ©cĂ©dĂ©, puis rĂ©Ă©lu, le , par 536 voix (793 votants, 1,192 inscrits), contre 241 Ă  LefĂšvre, et le , par 529 voix (1,031 votants 1,246 inscrits), contre 491 Ă  Auguste Mimerel.

À la Chambre, il siĂšge parmi les lĂ©gitimistes, et vote contre l'indemnitĂ© Pritchard et pour la proposition RĂ©musat.

La révolution de février 1848 le rend à la vie privée.

Membre de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques le , en remplacement de Lakanal, Villeneuve-Bargemont a publiĂ© un certain nombre d'ouvrages, inspirĂ©s par le catholicisme social, parmi lesquels on peut citer: Économie politique chrĂ©tienne, ou recherches sur la nature et les causes du paupĂ©risme en France et Ă  l'Ă©tranger et sur les moyens de le soulager et de le prĂ©venir[3]; Histoire de l'Économie politique (parue dans l'L'UniversitĂ© catholique de 1835-36-37) ; Le livre des affligĂ©s, ou douleurs et consolations (1841, 2 volumes); Notice sur l'Ă©tat actuel de l'Ă©conomie politique en Espagne et sur les travaux de Rancon de la Sagra (1844); il a en outre collaborĂ© au Journal des Économies et au Plutarque français.

« DÚs 1841, c'est le vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont qui fait voter la loi réglementant le travail des enfants, réclamée aussi par le comte de Montalembert, autre membre de la vieille noblesse catholique. C'est Villeneuve-Bargemont qui pose le premier, devant la Chambre française, le problÚme ouvrier dans toute son ampleur (). Alors que l'idée de lutte des classes n'est lancée qu'en 1843 par Flora Tristan, dans sa Lutte ouvriÚre[4]. »

Il dĂ©nonce « l'Ă©tat de dĂ©pendance et d'abandon dans lequel la sociĂ©tĂ© livre les ouvriers aux chefs et entrepreneurs de manufactures... la facilitĂ© illimitĂ©e laissĂ©e Ă  des capitalistes spĂ©culateurs de rĂ©unir autour d'eux des populations entiĂšres pour en employer les bras suivant leur intĂ©rĂȘt, pour en disposer, en quelque sorte, Ă  discrĂ©tion, sans qu'aucune garantie d'existence, d'avenir, d'amĂ©lioration morale ou physique soit donnĂ©e de leur part, ni Ă  la population, ni Ă  la sociĂ©tĂ© qui doit les protĂ©ger. »

« Il n'est pas sans intĂ©rĂȘt de noter qu'avant l'utilisation de la question sociale par Karl Marx, c'est la droite lĂ©gitimiste et traditionaliste qui la premiĂšre, prend la dĂ©fense des travailleurs[5]. »

Adrienne de Villeneuve-Bargemon, comtesse de Montebello, par Winterhalter, extrait du tableau L'Impératrice Eugénie et ses dames d'honneur de Winterhalter, 1855.

Alban de Villeneuve-Bargemon a plusieurs fois fait référence à Jean de Sismondi parmi ses sources, mais lui a reproché de blùmer le clergé pour l'augmentation de la population dans les pays de confession catholique[6].

Mariages et descendance

Alban de Villeneuve se maria deux fois :

  1. le 22 avril 1815 avec Mathilde Dubreil de Frégose, morte en 1822, fille de Marie Anne Jean Alexandre Dubreil, baron de Frégose, général, chevalier de Saint Louis et de la Légion d'Honneur. Dont trois enfants.
  2. le 7 mai 1825 avec Emma de Carbonnel de Canisy, décédée en 1881, fille de Louis Emmanuel de Carbonnel, comte de Canisy, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, et de Adrienne Hervé Louise de Carbonnel de Canisy, sa cousine, cette derniÚre remariée avec Armand de Caulaincourt, 1er duc de Vicence. Dont deux autres enfants.

Dont :

  • Adalasie de Villeneuve (1816-1838), mariĂ©e en 1836 avec Jean CĂ©sar Louis Philibert Bourguignon, comte de Saint-Martin ;
  • RomĂ©e de Villeneuve (1817-1837), sans alliance ;
  • Blanche de Villeneuve (1819-1892), mariĂ©e en 1837 avec Auguste Henri PalamĂšde, marquis de Suffren ;
  • Adrienne de Villeneuve (1826-1870)[7] dame du palais de l'impĂ©ratrice EugĂ©nie, mariĂ©e en 1847 avec Gustave Olivier Lannes, comte de Montebello, gĂ©nĂ©ral, aide de camp de l'Empereur NapolĂ©on III, sĂ©nateur du second Empire, dont postĂ©ritĂ© ;
  • ElzĂ©ar de Villeneuve (1828-1878), colonel de dragons, chevalier de la LĂ©gion d'honneur, mariĂ© en 1857 avec Marguerite de La Myre (1833-1892) [8]. Tous deux sont les grands-parents d'Augustin de Villeneuve-Bargemon.

Publications

  • Économie politique chrĂ©tienne, ou, Recherches sur la nature et les causes du paupĂ©risme, en France et en Europe, et sur les moyens de le soulager et de le prĂ©venir, 1837
  • Histoire de l'Ă©conomie politique, ou, Études historiques, philosophiques et religieuses sur l'Ă©conomie politique des peuples anciens et modernes
  • Discours prononcĂ©... dans la discussion du projet de loi sur le travail des enfants dans les manufactures (), 1840
  • Le Livre des affligĂ©s, ou Douleurs et consolations, 1841
  • Sully, Maximilien de BĂ©thune, duc de, nĂ© le , mort le
  • Notice sur l'Ă©tat actuel de l'Ă©conomie politique en Espagne et sur les travaux de Don Ramon de La Sagra, 1844
  • De l'influence des passions sur l'ordre Ă©conomique des sociĂ©tĂ©s', 1846

Sources

  • Les papiers personnels d'Alban de Villeneuve-Bargemont ainsi que ceux de sa famille sont conservĂ©s aux Archives nationales sous la cote 241AP[9].

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-1il3jo5vp--u7b7k3xrwtlq »
  2. E. de Juigné de Lassigny, Histoire de la Maison de Villeneuve, en Provence - tome 1, Lyon, Imprimerie d'Alexandre Rey, , p. 144-157
  3. Paris, 1834, 3 volumes Texte en ligne 1 2 3
  4. Jean Dumont, L'Église au risque de l'histoire, prĂ©face de Pierre Chaunu de l'Institut, Éditions de Paris, Ulis, 2002, p. 115, note 2.
  5. Jacques Ploncard d'Assac, Les jeunes ont droit à la vérité, Société de philosophie politique, Lisbonne, 1970, p. 107-108.
  6. (en) Margaret Gladys Sheldrick, The life and economic contributions of Simonde de Sismondi (lire en ligne)
  7. « Adrienne de Villeneuve BargĂ©mont, comtesse de Montebello, Ă©tait la premiĂšre sur la liste des Dames du Palais ; elle Ă©tait toute jeune femme lors de sa nomination, fort jolie, trĂšs Ă©lĂ©gante ; un deuil cruel, la perte d’une petite fille vint soudainement la frapper. Elle fut bien longtemps Ă  se remettre de ce coup douloureux. Elle y perdit Ă  jamais son insouciante gaitĂ©, mais elle conserva ce charme et cette bonne grace qui lui avaient acquis de nombreuses et sĂ©rieuses amitiĂ©s. Elle passa plusieurs annĂ©es Ă  Rome quand son mari, le gĂ©nĂ©ral de Montebello y commandait en chef le corps d’occupation ; elle sut, Ă  Romme comme Ă  Paris, se crĂ©er d’affectueuses relations. Elle revenait tous les ans en France et faisait alors son service auprĂšs de l’ImpĂ©ratrice. Elle mourut en 1870
. »

    — Charles Adrien de Conegliano, La maison de l'empereur

    « Parmi les gentilles personnes qui sont ici, je dois nommer Mme de Montebello nĂ©e Adrienne de Villeneuve, petite fille de la duchesse de Vicence. Cette jeune femme est gracieuse et bonne ; c’est la dame du palais de l’ImpĂ©ratrice qui s’habille le mieux, mĂ©rite qui, du reste, est fort apprĂ©ciĂ©e par le temps qui court et qui, il faut l’avouer contribue beaucoup Ă  embellir une femme. »

    — MĂ©moires de la princesse Julie Bonaparte (1830-1860) « de Roccagiovine »

  8. E. de Juigné de Lassigny, Histoire de la Maison de Villeneuve, en Provence, tome 1, Lyon, Imprimerie d'Alexandre Rey, , p. 157-160
  9. Archives nationales

Pour approfondir

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • AndrĂ© Tiano, Alban de Villeneuve-Bargemont (1784-1850): le prĂ©curseur de l'Ă©tat social, ou, un grand notable bien ordinaire?, 1993
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