Alain Goraguer
Alain Yves Réginald Goraguer[1] est un compositeur et arrangeur français né le à Rosny-sous-Bois (Seine) et mort le à Paris.
Nom de naissance | Alain Yves RĂ©ginald Goraguer |
---|---|
Naissance |
Rosny-sous-Bois (Seine), France |
Décès |
(Ă 91 ans) Paris 15e, France |
Nationalité | France Française |
Activité principale | Compositeur, arrangeur musical |
Genre musical | Jazz, pop, chanson française, musique de film |
Instruments | Piano |
Années actives | 1955-2023 |
Il a signé une partie de son œuvre sous les pseudonymes de Paul Vernon[2] et Milton Lewis.
Pianiste de jazz, il est connu pour ses talents d'arrangeur musical. Il a également composé de nombreuses musiques de films. Son nom est associé aux grands noms de la chanson française, dont Serge Reggiani, Boris Vian, Boby Lapointe, Jean Ferrat et Serge Gainsbourg[3].
Biographie
Sa famille s'installe au bord de la Méditerranée, à Nice, où le jeune Alain Goraguer fait ses études de piano. Il abandonne sans remords le violon, passe peu après ses bacs et fait à vingt ans une rencontre décisive : celle du pianiste Jack Diéval, de passage à Nice, qui lui conseille fermement de tout lâcher pour le piano. Dans le même temps, il étudie l'harmonie et le contrepoint avec Julien Falk, se classant bientôt second à un tournoi de jazz amateur[3].
Il revient ensuite à Paris où il complète son jeu et se passionne pour le jazz. À Saint-Germain-des-Prés, où il accompagne la chanteuse Simone Alma, il rencontre Boris Vian. Ils écrivent ensemble Je bois, La Java des bombes atomiques, Fais-moi mal Johnny (créé par Magali Noël) et Ne vous mariez pas les filles. Goraguer écrit la musique du film J'irai cracher sur vos tombes (1959) et collabore encore avec Boris Vian à l'élaboration du disque d'un certain Henry Cording, qui n'est autre qu'Henri Salvador, et qui réalise alors ses premières parodies[3].
Pendant près de dix ans, il est le principal arrangeur des chansons de Boby Lapointe, notamment de quelques-uns de ses plus grands succès, d'Aragon et Castille (1960) jusqu'à La Maman des poissons (1969)[3].
Il réalise également les orchestrations pour un jeune artiste, Serge Gainsbourg, dont il arrange tous les albums jusqu'à Gainsbourg Percussions (1964). Avec Gainsbourg, Goraguer signe plusieurs musiques de film, parmi lesquels L'Eau à la bouche (1960)[3].
Avec l'avènement des yéyés, la toute jeune génération d'interprètes suscite un nouveau style d'accompagnement musical. Denis Bourgeois, premier producteur de Serge Gainsbourg chez Philips, devient celui de la jeune France Gall qui débute en 1963, et il demande à Alain Goraguer de réaliser les arrangements de ses chansons, ce que celui-ci effectuera (ainsi que plusieurs compositions) jusqu'en 1968. Certaines de ses orchestrations pour la « Lolita de la chanson » sont devenues des classiques du genre pop : Christiansen, Le cœur qui jazze, Laisse tomber les filles, Baby Pop, Les Sucettes, Dady da da. Celle de Poupée de cire poupée de son, très remarquée et primée (grand prix du Concours Eurovision de la chanson 1965), vaut à Goraguer de devenir « l'arrangeur » par excellence et il ouvre la voie à un renouvellement des orchestrations.
Jusque dans les années 1970, il sera l'orchestrateur des chansons de nombreux interprètes parmi lesquels Adamo, Brigitte Bardot (Bubble gum, 1965), Brigitte Fontaine (La Vache enragée, 1965), Juliette Gréco (Un petit poisson, un petit oiseau, 1966, Les Pingouins, 1970), Mélina Mercouri (Les Enfants du Pirée, Je suis Grecque, Zorba, 1972), Joe Dassin (La Première Femme de ma vie, J'ai craqué, Petit ballon - 1978 Album Les Femmes de ma Vie), Nana Mouskouri (Sérénade de Schubert, 1979), Georges Moustaki (Le Métèque, 1969), Régine (Les P'tits Papiers, 1965, La Grande Zoa, 1966), etc. [3].
Il atteint le sommet de son œuvre d’arrangeur-orchestrateur lorsque Jean Ferrat lui demande d’habiller musicalement son répertoire (Potemkine, La Montagne, Deux enfants au soleil, Raconte-moi la mer…). L'intégralité des arrangements de l’œuvre de Ferrat lui sera due[4]. Par ricochet, Ferrat étant très proche d'Isabelle Aubret, Goraguer compose et arrange quelques-unes de ses plus belles chansons[3].
Il compose de nombreuses musiques de film comme celles de La Planète Sauvage de René Laloux ou de L'Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert. Il signe pour ce dernier, cette fois du pseudonyme de Paul Vernon, la BO de nombreux films pornographiques[5]. Il est aussi l'auteur du célèbre générique de l'émission télévisée Gym Tonic animée par Véronique et Davina. Il enregistre quelques disques de « musique douce » sous le nom de Laura Fontaine[3].
En 2005, Bruno Maman fait appel à lui pour les arrangements et la réalisation de son album homonyme et, en 2008, pour les arrangements de son album Faire l'amour.
Toujours en 2008, Abd al Malik le sollicite pour les arrangements de son album Dante. Il lui rend un hommage en recourant à l’enregistrement en direct avec « cette idée de faire quelque chose de vivant »[6].
Mort
Il meurt le à Paris 15e[7] - [8], à l'âge de 91 ans. Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (62e division)[9].
Discographie
Sous son nom
- Go Go Goraguer, collection Jazz in Paris, no 74. Trio : Alain Goraguer, piano ; Paul Rovère, contrebasse ; Christian Garros, batterie[3]. Réédition du LP Philips 77 307 (plages 1 à 12) et EP 432 106 (plages 13 à 16). Son seul album en tant que pianiste de jazz.
- Jazz & cinéma Vol. 1, collection Jazz in Paris. Musique du film J'irai cracher sur vos tombes d'après l'œuvre de Boris Vian.
- Jazz & cinéma Vol. 4, collection Jazz in Paris.
- BO du film La Planète sauvage de René Laloux[3].
- — Premier LP 30 cm : Le Grand Orchestre d'Alain Goraguer, La Vie en rose (arrangements et direction musicale) — Direction artistique de Gérard Meys (Disque Temey 558 057) : 1. Faut ramasser les bananes (Alain Goraguer) 2. La Vie en rose (Louiguy) 3. At Seventeen (Janis Ian) 4. Begin the Beguine (Cole Porter) 5. C'est beau la vie (Jean Ferrat) 6. La Danse des marionnettes (Alain Goraguer) 7. Sweet Caravan (Alain Goraguer) 8. My Way (Claude François-Jacques Revaux) 9. La femme est l'avenir de l'homme (Jean Ferrat) 10. Yesterday (John Lennon-Paul McCartney) 11. Deux enfants au soleil (Jean Ferrat) 12. Rêver au soleil (Alain Goraguer)
Avec Serge Gainsbourg
Avec Jean Ferrat
- 1961 : Deux enfants au soleil
- 1962 : La FĂŞte aux copains
- 1963 : Nuit et Brouillard
- 1964 : La Montagne
- 1965 : Potemkine
- 1966 : Maria
- 1967 : À Santiago
- 1968 : 10 Grandes Chansons de Jean Ferrat
- 1969 : Ma France
- 1970 : Camarade
- 1971 : Aimer Ă perdre la raison
- 1971 : Ferrat chante Aragon
- 1972 : À moi l'Afrique
- 1975 : La femme est l’avenir de l’homme
- 1979 : Les Instants volés (ou Enregistrement 1979)
- 1980 : Ferrat 80
- 1985 : Je ne suis qu’un cri
- 1991 : Dans la jungle ou dans le zoo (ou Ferrat 91)
- 1994 : Ferrat 95 16 nouveaux poèmes d’Aragon
Musiques de film
- 1957 : Le Corbusier, l'architecte du bonheur de Pierre Kast (court-métrage)
- 1957 : Un amour de poche de Pierre Kast
- 1958 : Le Piège de Charles Brabant
- 1959 : J'irai cracher sur vos tombes de Michel Gast
- 1960 : Le Bel Ă‚ge de Pierre Kast
- 1960 : Les Loups dans la bergerie d'Hervé Bromberger
- 1960 : Les HĂ©ritiers de Jean Laviron
- 1961 : Le Sahara brûle de Michel Gast
- 1962 : Un jour à Paris de Serge Korber (court-métrage)
- 1963 : La Rentrée de Serge Korber (court-métrage)
- 1963 : Strip-tease de Jacques Poitrenaud
- 1963 : Blague dans le coin de Maurice Labro
- 1964 : Les Temps morts de René Laloux (court-métrage)
- 1964 : Agent spécial à Venise d'André Versini
- 1964 : La Mégère apprivoisée de Pierre Badel (TV)
- 1965 : Paris-secret d'Édouard Logereau (documentaire)
- 1965 : Nick Carter et le trèfle rouge de Jean-Paul Savignac
- 1965 : Les Escargots de René Laloux (court-métrage)
- 1965 : La Demoiselle de Saint-Florentin de Serge Korber
- 1966 : Le Dix-septième ciel de Serge Korber
- 1966 : Un choix d'assassins de Philippe Fourastié
- 1966 : L'Homme de Marrakech de Jacques Deray
- 1970 : La Servante de Jacques Bertrand
- 1971 : Sur un arbre perché de Serge Korber
- 1971 : Shéhérazade de Pierre Badel (TV)
- 1972 : Les Portes de feu de Claude Bernard-Aubert
- 1972 : Michel, l'enfant-roi de Jean Boisvert, Jean-Paul Carrère, André Téchiné et Jean-Claude de Nesle (série télévisée)
- 1973 : Le Silencieux de Claude Pinoteau
- 1973 : L'Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert
- 1973 : La Planète sauvage de René Laloux
- 1974 : Les Noces de porcelaine de Roger Coggio
- 1974 : Le Rallye des joyeuses de Serge Korber
- 1975 : La Porte du large de Pierre Badel (TV)
- 1975 : Hard Love ou La Vie sentimentale de Walter Petit de Serge Korber
- 1975 : Africa fuckdreams de Mike Hunter
- 1975 : Au-delà de la peur de Yannick Andréi
- 1975 : La villa ou Le Feu au ventre d'Alain Nauroy
- 1976 : Safari porno d'Alain Nauroy
- 1976 : P... comme pénétration d'Alain Nauroy
- 1976 : La Fessée ou les Mémoires de monsieur Léon maître-fesseur[10] de Claude Bernard-Aubert
- 1976 : L'Essayeuse de Serge Korber
- 1976 : Du côté des tennis de Madeleine Hartmann-Clausset
- 1977 : Cailles sur canapé de Serge Korber
- 1977 : Stella d'Alain Nauroy
- 1977 : Sarabande porno (ou Esclaves sexuelles sur catalogue) de Claude Bernard-Aubert
- 1977 : L'Aigle et la colombe de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : Les Grandes Jouisseuses (ou Fièvres nocturnes ou Nuits brûlantes) de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : La Rabatteuse de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : Cuisses infernales de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : Veuves en chaleur de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : La Grande Levrette de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : Excès pornographiques de Claude Bernard-Aubert
- 1978 : Les Filles du régiment de Claude Bernard-Aubert
- 1979 : La Grande lèche de Claude Bernard-Aubert
- 1979 : Auto-stoppeuses en chaleur de Claude Bernard-Aubert
- 1979 : Soumission (ou La Maison des phantasmes ou Clarisse) de Claude Bernard-Aubert
- 1979 : La Grande Mouille (ou Parties de chasse en Sologne) de Claude Bernard-Aubert
- 1979 : Les Suceuses ou Infirmières à tout faire[10] de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Secrétariat privé de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Le Droit de cuissage de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Le retour des veuves de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Croisières pour couples en chaleur de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Histoires Ă©tranges de Pierre Badel (feuilleton TV)
- 1980 : Adieu téléfilm de Pierre Badel
- 1980 : Charlie Bravo de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Les Nymphomanes de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : Les Bas de soie noire de Claude Bernard-Aubert
- 1980 : La Petite Étrangère[10] de Claude Bernard-Aubert
- 1981 : Garçonnières très spéciales (ou Le Pied-à -terre) de Claude Bernard-Aubert
- 1982 : Les Femmes mariées (Dames de compagnie)[10] de Claude Bernard-Aubert
- 1983 : Chambres d'amis très particulières de Claude Bernard-Aubert
- 1983 : Initiation d'une femme mariée de Claude Bernard-Aubert
- 1983 : Jakob und Adele d'Hans-Jürgen Tögel (série télévisée)
- 1983 : Merci Sylvestre de Serge Korber (série télévisée)
- 1983 : Ich heirate eine Familie de Peter Weck (série télévisée)
- 1987 : Comment Wang-Fô fut sauvé de René Laloux
- 1987 : Florence ou La vie de château de Serge Korber (série télévisée)
- 1988 : À notre regrettable époux de Serge Korber
- 1988 : Adieu je t'aime de Claude Bernard-Aubert
- 1989 : Panique aux Caraïbes de Jean-Claude Charnay et Serge Korber (série télévisée)
- 1991 : Bébé express de François Dupont-Midy (TV)
- 1991 : Quiproquos! de Claude Vital (TV)
- 1992 : Le réveillon, c'est à quel étage ? de Serge Korber (TV)
- 1993 : L'Ĺ’il Ă©carlate de Dominique Roulet
- 1994 : Au beau rivage de Serge Korber (TV)
- 1994 : Le Raisin d'or de Joël Séria (TV)
- 1995 : Jeux de plage de Laurent Cantet
- 1996 : Le Galopin de Serge Korber (TV)
Notes et références
- Son nom de famille vient du breton gwareger et signifie « L'Archer ». Les registres de Quimper et de Pont-Croix contiennent les plus anciennes mentions de ce nom (XVe siècle).
- Voir sur lefigaro.fr.
- Bruno Lesprit. Alain Goraguer. Orchestrateur et compositeur. Le Monde, 17 février 2023, p. 19.
- Pour des problèmes de contrat, il signe sa participation aux disques de Ferrat chez Decca sous le pseudo de Milton Lewis.
- Cf. IMDb.
- Extrait de son interview du par Laurent Le Pape pour Sortiraparis.com.
Il ajoute : « le fait de travailler avec ces grands aînés, le fait de travailler avec Juliette Gréco, Gérard Jouannest et Alain Goraguer, c’est dire qu’en France on a un patrimoine artistique et culturel merveilleux. L’idée, c’est de pouvoir préserver le patrimoine et cultiver la modernité. Il y a vraiment cette idée-là . Tous ces grands artistes ne doivent pas finir dans un musée. On doit être capable de se nourrir de l’énergie, de leur dynamique, et pouvoir amener quelque chose d’aujourd’hui, et presque de demain. Si on veut faire quelque chose de pertinent et de riche, on ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé, comme si on arrivait tout à coup. C’est ça qui est intéressant. » - Louis-Valentin Lopez, « Alain Goraguer, compositeur et grand arrangeur de la chanson française, est mort », sur France Musique, (consulté le ).
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
- Philippe Landru, « Goraguer Alain (1931-2023) », sur Cimetières de France et d'ailleurs, (consulté le ).
- Crédité comme Paul Vernon.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
- (en) AllMusic
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- (en) Rate Your Music
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :