Al-Jathiya
Al-Jathiya (arabe : ŰłÙ۱۩ ۧÙۏۧ۫ÙŰ©, français : LâAgenouillĂ©e) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 45e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 37 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
45e sourate du Coran LâAgenouillĂ©e | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | ŰłÙ۱۩ ۧÙۏۧ۫ÙŰ©, Al-Jathiya |
Titre français | LâAgenouillĂ©e |
Ordre traditionnel | 45e sourate |
Ordre chronologique | 65e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 37 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă cette sourate LâAgenouillĂ©e[2], en rĂ©fĂ©rence au verset 28 : « Et tu verras chaque communautĂ© agenouillĂ©e. Chaque communautĂ© sera appelĂ©e vers son livre. On vous rĂ©tribuera aujourdâhui selon ce que vous Ćuvriez[3]. »
Le titre provient du verset 28. Cette sourate est parfois appelée al-sharia « la loi, la voie » ou al-Dahr « le temps qui passe »[4].
Historique
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[5] - [6], cette sourate occupe la 65e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[7]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[8], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[9] - [10], pour qui cette sourate est la 72e.
La composition de cette sourate semble uniforme. La forme de cette sourate illustre une composition Ă©crite soigneuse. Les versets 28-29 semblent ĂȘtre un ajout postĂ©rieur. NĂ©anmoins, le contexte rĂ©el de cette sourate ne peut pas ĂȘtre celle rapportĂ©e par la tradition et suivie par certains chercheurs comme Nöldeke[Note 1], dâune sourate composĂ©e Ă La Mecque entre 610 et 622. Elle est, en effet, fortement marquĂ©e par la culture biblique. Certains auteurs refusent ces classifications chronologiques[4].
Interprétations
Versets 28-29 : les autres communautés religieuses lors du Jugement
Ces versets Ă©voquent le sujet, rarement traitĂ©, des communautĂ©s religieuses face au Jugement dernier. Ils semblent un ajout postĂ©rieur et correspondent Ă une interrogation de contemporains. Lâapproche coranique est communautaire, chacun Ă©tant appelĂ© au Jugement selon sa communautĂ©[4].
Ces communautĂ©s seront jugĂ©es selon un « Ă©crit ». Plusieurs interprĂ©tations sont proposĂ©es. Il pourrait sâagir dâun Ă©crit oĂč sont inscrites les actions des hommes, idĂ©e prĂ©sente dans le Coran mais aussi dans la Bible, le Nouveau Testament, le Talmud... Lâargument principal contre cette interprĂ©tation est quâil sâagit dans ces cas-lĂ de registres personnels et non communautaires. Il pourrait aussi sâagir dâun livre (prĂ©sent dans des traditions juives et chrĂ©tiennes) oĂč sont notĂ©s Ă lâavance les Ă©vĂ©nements terrestres et la destinĂ©e des hommes. Mais le mĂȘme argument est opposable[4].
La troisiĂšme hypothĂšse est que chaque communautĂ© est jugĂ©e selon lâĂcriture quâelle a reçu, conformĂ©ment au sens coranique de kitab[4]. Lâinterpolation tardive de ces versets a pu crĂ©er une confusion sur le sens prĂ©cis du livre Ă©voquĂ©, ce qui nâest pas obligatoirement involontaire. Augustin dâHippone Ă©voque la prĂ©sence de plusieurs livres au Jugement[4].
La tradition islamique y voit plutĂŽt une rĂ©fĂ©rence aux dogmes de ces communautĂ©s, nâacceptant alors que le monothĂ©isme absolu de la communautĂ© de Mahomet. Il sâagit dâune interprĂ©tation a posteriori valorisante pour lâislam[4].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- A.S. Boisliveau "Sourate 45", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1455 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].
Liens externes
Notes et références
Notes
- Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă lâ« Ă©cole allemande » qui, Ă la suite de Nöldeke, sâappuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă lâautre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
- Le Coran (trad. Muhammad Hamidullah), « L'agenouillĂ©e (Al-Jathya) », XLV, 28, (ar) ۧÙۏۧ۫ÙŰ©
- A.S. Boisliveau "Sourate 45", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1455 et suiv.
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.