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Ad-Dukhan

Ad-Dukhan (arabe : ŰłÙˆŰ±Ű© Ű§Ù„ŰŻŰźŰ§Ù†, français : La FumĂ©e) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 44e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 59 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.

44e sourate du Coran
La Fumée
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original ŰłÙˆŰ±Ű© Ű§Ù„ŰŻŰźŰ§Ù†, Ad-Dukhan
Titre français La Fumée
Ordre traditionnel 44e sourate
Ordre chronologique 64e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 59
Nombre de subdivisions (rukus) 3
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă  cette sourate La FumĂ©e[2], en rĂ©fĂ©rence au verset 10 : « Et bien, attends le jour oĂč le ciel apportera une fumĂ©e visible ».

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 64e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 53e.

Selon BlachĂšre, cette sourate est composĂ©e en deux parties, la premiĂšre Ă©tant probablement de la seconde pĂ©riode mecquoise tandis que la seconde serait de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Les versets 34 Ă  42 ne seraient pas originaux mais contemporain. Neuwirth[Note 1], Ă  l’inverse, divise la sourate en trois parties. Si la sourate semble avoir Ă©tĂ© composĂ©e comme un tout, il reste difficile d’en connaĂźtre le contexte exact. Aucune indication ne permet de savoir si elle provient du Hedjaz, de Syrie-Palestine ou du bas-Iraq[9].

Si certains Ă©lĂ©ments pointent une proximitĂ© avec le christianisme syriaque, d'autres montrent une influence du monde perse et du zoroastrisme. Si cette sourate semble bien avoir Ă©tĂ© composĂ©e pour intĂ©grer le corpus coranique, la prĂ©sence de terme rarement utilisĂ©s ailleurs semble supposer l’existence d’une main inhabituelle participant Ă  sa composition. Une autre solution serait que les ou l’auteurs aient dĂ©couvert ces termes par une lecture ou un voyage. Ces hypothĂšses impliquent une bonne connaissance des textes en circulation au Proche-Orient[9].

Interprétations

Versets 43–57 : Les Houris aux grands yeux

Ce discours est construit en deux parties, la premiĂšre consacrĂ©e au sort des pĂ©cheurs et la seconde Ă  celui des pieux. La description du paradis se rapproche de celle des Hymnes sur le paradis d’Éphrem tandis que celles de l’enfer trouve son origine dans la Bible et les Evangiles[10].

Le terme Houri pose question aux chercheurs puisque la comprehension classique « a quelque chose de saugrenu »[10]. Pour Dye, « La possibilitĂ© que les images d’Éphrem [...] aient Ă©tĂ© mal comprises [...]soit par le rĂ©dacteur du texte (les houris seraient alors bien dans le Coran), soit par la tradition musulmane postĂ©rieure, dans la mise en place des points diacritiques et des voyelles, et dans l’interprĂ©tation du texte, me paraĂźt une hypothĂšse plausible. »[10].

Sous le pseudonyme de Christoph Luxenberg, un spĂ©cialiste allemand du Coran publie en 2000 un livre intitulĂ© Lecture syro-aramĂ©enne du Coran : une contribution pour dĂ©coder la langue du Coran dans lequel une lecture syro-aramĂ©enne du Coran le conduit Ă  penser Ă  une utilisation erronĂ©e du mot houri. Le texte original ferait rĂ©fĂ©rence Ă  des « raisins blancs » plutĂŽt qu'Ă  des « vierges » en guise de rĂ©compenses cĂ©lestes. El Badawi trouve l’interprĂ©tation de Luxenberg problĂ©matique et pense que le terme Houri dĂ©signe bien des femmes[10] - [Note 2] - [Note 3]. Dye ne prend pas parti sur l’exactitude de la thĂšse de Luxenberg mais trouve celle de Van Reeth plus convaincante[10]. Pour ce dernier, ce verset Ă©voquerait le banquet eucharistique. L’auteur apporte plusieurs textes syriaques de comparaison[11].

Chez certains auteurs, les Houris font l'objet d'une interprétation symbolique ou allégorique[12].

  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • A.S. Boisliveau "Sourate 44", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1435 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 4].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. De nombreux auteurs, comme Griffith en 2017 (Griffith, S. H.. "St. Ephraem the Syrian, the Quran, and the Grapevines of Paradise: An Essay in Comparative Eschatology". In Roads to Paradise. Leiden, 2017.) ont donné leur avis sur l'interprétation des Houri comme étant des raisins blancs ou sur le travail de Luxenberg, voir l'article Luxenberg
  3. "Les travaux en cours de Luxenberg ont inspiré nombre d'autres chercheurs qui ont poussé ses idées plus loin". (Griffith 2017)
  4. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. (en) « Le Coran - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  2. (en) « Le Coran/Sourate 44 : La fumée (Ad-Dukhan) - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  3. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. A.S. Boisliveau "Sourate 44", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1435 et suiv.
  10. M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. passage QS 36 Q 44:43–57
  11. Jan M. F. Van Reeth, « Le vignoble du paradis et le chemin qui y mĂšne: la thĂšse de C. Luxenberg et les sources du Coran », Arabica, vol. 53, no 4,‎ , p. 511–524 (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. M. Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans: Rites, mystique et civilisation. Albin Michel, 1995, p. 206..
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