Akromiya
Akromiya (en ouzbek : Akromiylar et en russe : ĐĐșŃĐ°ĐŒĐžŃ/Akramia, Ă©galement rĂ©fĂ©rĂ© en tant que Akramiya en anglais d'aprĂšs la transcription anglaise depuis le russe) est un groupe islamique ouzbek fondĂ© par Akrom YoÊ»ldoshev au dĂ©but des annĂ©es 1990 Ă Andijan. Le groupe est interdit par le gouvernement ouzbek qui le considĂšre comme terroriste[1].
Akromiya (uz) Akromiylar Iymonchilar Khalifatchilar Akramia Akramiya | |
Idéologie | Islamisme Djihadisme (disputé) |
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Fondation | |
Date de formation | 1991, 1992 ou 1996 |
Pays d'origine | Ouzbékistan |
FondĂ© par | Akrom YoÊ»ldoshev |
Scission de | Hizb ut-Tahrir |
RĂ©pression | |
Considéré comme terroriste par | Ouzbékistan |
Histoire
AprĂšs avoir membre de Hizb ut-Tahrir, Akrom YoÊ»ldoshev, un enseignant en mathĂ©matiques[2], crĂ©e Akromiya durant les annĂ©es 1990. La date exacte de crĂ©ation est dĂ©battue alors que certains rapportent leur crĂ©ation en 1991[3] et d'autres en 1992[4] ou 1996[1]. Le groupe est alors aussi connu sous les noms de Iymonchilar (les croyants) et Khalifatchilar (les Califes)[1].
YoÊ»ldoshev rĂ©dige dans un guide constituĂ© de commentaires sur le Coran dont il fait part Ă ses proches. Le document est ensuite repris dans les mosquĂ©es proches d'Akromiya[1]. Parmi les descriptions faites du groupe, il est souvent dĂ©crit comme proche du pouvoir local durant les annĂ©es 1990. Le groupe serait basĂ© sur la classe marchande d'Andijan et ayant des affiliations formelles en plus d'Ćuvrer dans des Ćuvres caritatives locales[4]. L'une des raisons pour lesquelles Akromiya comprend une aussi large part de marchands Ă son origine est que le groupe est organisĂ© autour de diffĂ©rentes cellules basĂ©s sur la profession de ses membres[5].
Durant ses premiĂšres annĂ©es d'opĂ©ration, le groupe tente de recevoir une reconnaissance officielle par le gouvernement dans le but de pratiquer ses activitĂ©s lĂ©galement[5]. Le groupe est formellement interdit par le pouvoir central vers la fin des annĂ©es 1990. YoÊ»ldoshev est alors arrĂȘtĂ© une premiĂšre fois le puis une seconde fois le . Il est condamnĂ© Ă 17 ans de prison[4] - [2].
Le , des supporteurs d'Akromiya prennent dâassaut un poste de police d'Andijan oĂč 23 hommes d'affaires sont emprisonnĂ©s. Les protestataires libĂšrent ces derniers et prennent en otage plusieurs policiers. Sharipjon Shakirov, l'un des manifestants, fait la demande que tous les prisonniers arrĂȘtĂ©s pour leur liens avec Akromiya soient libĂ©rĂ©s, y compris le fondateur YoÊ»ldoshev. AprĂšs de courtes nĂ©gociations, le gouvernement ouvre le feu sur la foule[6].
Ă la suite des manifestations ayant eu lieu Ă Andijan, les autoritĂ©s dĂ©clarent que les Ă©crits de YoÊ»ldoshev ont Ă©tĂ© trouvĂ©s sur au moins dix personnes ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es[1]. Ceci les mĂšnent Ă dĂ©clarer que le groupe est le principal organisateur de la manifestation et que leurs intentions sont de renverser le gouvernement et d'y installer un rĂ©gime islamique Ă sa place. Parmi les principaux dĂ©fenseurs de cette thĂšse est le directeur de l'Institut des Ă©tudes orientales de Tachkent Baxtiyor Bobojonov[1].
Ă la suite des Ă©vĂ©nements, plusieurs des hommes d'affaires accusĂ©s d'ĂȘtre membres d'Akromiya fuirent au Kirghizistan oĂč l'extradition vers l'OuzbĂ©kistan a Ă©tĂ© refusĂ©e. Ils ont par la suite prit refuge en Europe et aux Ătats-Unis. Cependant, la majoritĂ© d'entre aux furent arrĂȘtĂ©s par les autoritĂ©s ouzbĂškes avant de pouvoir quitter le pays[4]. De plus, quatre membres supposĂ©s d'Akromiya sont arrĂȘtĂ©s en 2006 Ă Och au Kirghizistan pour falsification de passeports. Parmi les accusĂ©s se trouve Gulmira Maqsutova, la fille d'Akrom YoÊ»ldoshev[7]. Kobul Papiyev, un des leaders des Ă©vĂ©nements d'Andijan, fait plus tard un appel au renversement du rĂ©gime de Karimov depuis son exil. Il dĂ©clare que ce renversement peut ĂȘtre fait soit par intervention Ă©trangĂšre ou par le dĂ©clenchement d'une guerre civile[8].
Idéologie
L'idĂ©ologie d'Akromiya est dĂ©crite dans le texte Iymonga yu'l (« le chemin vers la vraie foi ») Ă©crit par Akrom YoÊ»ldoshev en 1992. Cette idĂ©ologie, dĂ©crite comme hĂ©tĂ©rodoxe[2], est basĂ©e sur un commentaire sur la 61e sourate coranique : As-Saff. Celle-ci est gĂ©nĂ©ralement associĂ©e djihad spirituel plus que combattant. Cependant, la version proposĂ©e par YoÊ»ldoshev remplace le mot « combat » par « djihad » dans celle-ci. Il est suggĂ©rĂ© que ce changement soit dĂ» Ă l'utilisation de la traduction ouzbĂške du Coran par Alouddin Mansur qui, lui aussi, mentionne le djihad dans cette sourate[1].
Akromiya prĂȘche que le Coran et les hadĂźth auraient la rĂ©ponse Ă tous les problĂšmes sociaux et Ă©conomiques de la rĂ©gion. Le groupe prĂŽne notamment la crĂ©ation de petites entreprises pour permettre un emploi et des revenus garnatis Ă ses adhĂ©rents[2].
Iymonga yu'l ne mentionne pas la lutte armĂ©e contre l'Ătat comme une nĂ©cessitĂ©. Il indique Ă sa place que la guerre sainte ne serait nĂ©cessaire que si l'Ătat ne sâeffondre pas de lui-mĂȘme. Selon Martha Brill Olcott et Marina Barnett, YoÊ»ldoshev n'envisage pas un tel effondrement, suggĂ©rant ainsi la nĂ©cessitĂ© de la guerre sainte[1]. Le document suggĂ©rerait que la nĂ©cessitĂ© de l'usage de la violence vient des diffĂ©rences entre les Ătats arabes et ceux d'Asie centrale[5].
Parmi les demandes du groupe est la libĂ©ration des prisonniers arrĂȘtĂ©s pour cause de leur foi en OuzbĂ©kistan ainsi que le retour progressif de la religion comme base de l'Ătat dans cette rĂ©publique post-soviĂ©tique[1].
Débat sur la véracité du discours djihadiste d'Akromiya
Les bases idéologiques d'Akromiya sont sujettes à débat. Baxtiyor Bobojonov et d'autres sources argumentent la légitimité du discours gouvernemental. Selon cette version, Akromiya soutient la lutte armée sur les bases du djihad dans le but de reverser le gouvernement ouzbek. L'image généralement plus modérée et pacifique dirigée par des hommes d'affaires entretenue par le groupe ne serait qu'une façade dans le but d'éviter des sanctions internationales[1]. Igor Rotar, de la Fondation Jamestown, supporte aussi le discours gouvernemental à la suite des déclarations de Papiyev appelant au conflit armé[8]. D'autres universitaires soutiennent également cette thÚse incluant Zeyno Baran, Shirin Akiner et S. Frederick Starr[9].
Cette version est opposĂ©e Ă celle promue par, entre autres, Sarah Kendzior qui doute de l'implication d'Akromiya dans les Ă©vĂ©nements d'Andijan ou toutes autres activitĂ©s violentes[10]. Cette version est soutenue par plusieurs organismes luttant pour les droits de l'homme[4]. Kendzior dĂ©clare que le « mythe » entourant Akromiya est largement plus puissant que l'organisation n'a jamais Ă©tĂ©[11]. Elle dĂ©clare que le texte Iymonga yu'l « est moins un manifeste terroriste qu'un guide de bien-ĂȘtre »[12]. Dans son texte, elle retrace l'image publique d'Akromiya Ă un livre Ă©crit par Zuhriddin Husniddinov, membre du MXX et un texte de Baxtiyor Bobojonov dont il aurait lui-mĂȘme avouĂ© l'inexactitude[13].
De plus, certain mĂ©dias supportent la thĂšse qu'Akromiya n'a jamais existĂ© en tant que groupe et qu'il s'agirait plutĂŽt d'une invention du gouvernement ouzbek[4]. Ceci rappelle le cas de l'Union du Djihad islamique, un autre groupe terroriste dont lâexistence est disputĂ©e[14].
Voir aussi
Notes
- (en) Martha Brill Olcott et Marina Barnett, « The Andijan Uprising, Akramiya and Akram Yuldashev », sur Carnegie Endowment for international peace, (consulté le ).
- (en) Paul Tumelty, « Analysis: Uzbekistan's 'Islamists' », sur BBC, (consulté le ).
- (en) « Akramiya / Terrorist Group », sur Tracking Terrorism (consulté le ).
- (en) « Five Years After Andijon Events, Key Questions Remain Unanswered », sur Eurasianet, (consulté le ).
- (en) Alisher Khamidov, « HIZB-UT-TAHRIR FACES INTERNAL SPLIT IN CENTRAL ASIA », sur Eurasia Insight, (version du 7 avril 2007 sur Internet Archive).
- (en) « Uzbek Security Forces Fire On Crowd In Andijon », sur Eurasianet, (consulté le ).
- (en) « Alleged Akramiya Members Face Trial In Kyrgyzstan », sur Radio Free Europe, (consulté le ).
- (en) Igor Rotar, « Andigan Leader Threatens âCampaign of Terrorâ Against Karimov Regime », sur The Jamestown Foundation, (consultĂ© le ).
- Kendzior 2006, p. 545-546.
- Kendzior 2006.
- Kendzior 2006, p. 546.
- Kendzior 2006, p. 549.
- Kendzior 2006, p. 554-556.
- (en) « Regional Security - Central Asia », Business Monitor International, vol. 4,â , p. 23-33.
Bibliographie
- (en) Sarah Kendzior, « Inventing Akromiya: The Role of Uzbek Propagandists in the Andijon Massacre », Demokratizatsiya,â , p. 545-562.