As-Saff
As-Saff (arabe : الصفّ, français : Le Rang) est le nom traditionnellement donné à la 61e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 14 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.
61e sourate du Coran Le Rang | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | الصفّ, As-Saff |
Titre français | Le Rang |
Ordre traditionnel | 61e sourate |
Ordre chronologique | 109e sourate |
Période de proclamation | Période médinoise |
Nombre de versets (ayat) | 14 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Le Rang[2], en référence au contenu du verset 4 : « Voici, Allah aime ceux qui combattent sur son sentier, en rangs, comme s’ils étaient un édifice de plomb ».
Généralement appelée « Le rang », cette sourate porte parfois le nom de « les apôtres »[3].
Historique
Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4] - [5], cette sourate occupe la 109e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8] - [9], pour qui cette sourate est la 98e.
Pour Nöldeke[Note 1] et Schwally, cette sourate est composée de textes de périodes différentes. Pour Blachère, cette sourate est un « assemblage de brèves révélations, de datation flottante »[3].
Interprétations
Versets 5-6 : annonce de Moïse et de Jésus
Les versets 5-6, qui ne semblent pas avoir de lien avec ce qui précède, appartiennent à une controverse avec des juifs. Le premier est consacré à Moïse qui « exprime le rejet de son peuple face à sa mission divine »[3].
Le verset 6 est connu pour contenir une mention d’Ahmad, compris par les exégètes musulmans comme une annonce de la venue de Mahomet par Jésus. Ceux-ci se basent sur l’idée que Muhammad et Ahmad dérivent de la même racine trilitère[3].
Néanmoins, d’autres hypothèses restent possibles. En effet, il est possible que ce terme ne soit pas un nom propre, ce qui signifierait « dont le nom sera loué ». Certains chercheurs y ont vu y allusion au discours de Jésus dans Jean 14, 16 dans lequel Jésus annonce la venue du « consolateur », paracletos. Ce terme serait arrivé dans les sources arabes sous la forme erronée, periklutos, qui prend le sens de « célébré »[3].
Ce verset connait une variante de lecture dans le codex attribué au compagnon Ubayy b Ka’b. Dans celle-ci, le terme Ahmad est absent[10]. Gallez a proposé récemment de lire cette variante, qu’il considère comme l’original à la lumière du Livre de Daniel qui possède un passage avec un vocabulaire commun et où il évoque un « homme de prédilection » (hamudot)[3].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- P. Neuenkirchen, "Sourate 61", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1713 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].
Liens externes
- Texte de la sourate 61 en français, d'après la traduction de Claude-Étienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 978-2-221-06964-6, BNF 36204897)
- P. Neuenkirchen, "Sourate 61", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1713 et suiv.
- G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
- R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- (en) Arthur Jeffery, Materials for the history of the text of the Qur'an, Leyde, , p. 170