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Addition oxydante

L'addition oxydante et l'Ă©limination rĂ©ductrice sont deux rĂ©actions importantes de la chimie organomĂ©tallique[1] - [2] - [3] - [4]. L'addition oxydante est un processus qui augmente le degrĂ© d'oxydation et le nombre de coordination du centre mĂ©tallique du complexe qui rĂ©agit. Cette rĂ©action est gĂ©nĂ©ralement une Ă©tape d'un cycle catalytique ; il en est de mĂȘme de Ă©tape inverse : l'Ă©limination rĂ©ductrice[5]. Il est impossible d'avoir une de ces deux rĂ©actions dans un cycle sans que l'autre ne soit prĂ©sente, car il faut restaurer le degrĂ© d'oxydation ainsi que le nombre de coordination du centre mĂ©tallique.

RÎle dans la chimie des métaux de transitions

Pour les mĂ©taux de transitions, les rĂ©actions d'oxydation changent le nombre d'Ă©lectrons de la couche d, gĂ©nĂ©ralement par une perte d'Ă©lectrons : dn devient dn-2. Les additions oxydantes sont favorisĂ©es pour des mĂ©taux qui satisfont une des deux conditions : (1) ĂȘtre basique et (2) ĂȘtre facilement oxydable. Les mĂ©taux avec un degrĂ© d'oxydation relativement bas satisfont souvent au moins une de ces deux conditions, mais mĂȘme certains mĂ©taux avec un haut degrĂ© d'oxydation peuvent Ă©galement donner une addition oxydante. Un exemple illustrant cette rĂ©action est l'oxydation de Pt(II) avec le dichlore :

[PtCl4]2− + Cl2 → [PtCl6]2−

On considĂšre gĂ©nĂ©ralement en chimie organomĂ©tallique que le degrĂ© d'oxydation formel du centre mĂ©tallique et le nombre d'Ă©lectrons de valence du complexe augmentent tous les deux de deux unitĂ©s[6]. Cependant, des Ă©changes mono-Ă©lectroniques sont Ă©galement possibles et observables dans certaines additions oxydantes. Bien que les rĂ©actions d'addition oxydante puissent thĂ©oriquement insĂ©rer un mĂ©tal dans une liaison de n'importe quel ligand, dans la pratique, la plupart d'entre elles sont observĂ©es avec des ligands de type H–H, H–X, et C–X car ce sont les ligands les plus utilisĂ©s pour les applications commerciales de la chimie organomĂ©tallique.

Une addition oxydante ne peut se faire que si le complexe métallique a une site de coordination vacant. C'est pour cela que les additions oxydantes ne mettent en jeu que des métaux tétra- ou pentacoordonnés.

L'Ă©limination rĂ©ductrice est la rĂ©action inverse de l'addition oxydante[7]. Elle est favorisĂ©e quand la liaison X-Y qui se forme entre les ligands Ă©liminĂ©s est forte. Pour que l'on puisse observer une Ă©limination rĂ©ductrice, les deux groupes (X et Y) doivent ĂȘtre mutuellement adjacents sur la sphĂšre de coordination du mĂ©tal (on dit parfois que c'est une cis-Ă©limination). Les rĂ©actions d'Ă©limination rĂ©ductrice sont celles qui libĂšrent les produits dans beaucoup de cycles catalytiques qui forment des liaisons C-H et C-C[5].

MĂ©canisme de l'addition oxydante

Les réactions d'additions oxydantes sont régies selon différents mécanismes, qui dépendent du centre métallique et des ligands.

Mécanisme concerté

Les additions oxydantes de ligands non polaires tels que le dihydrogĂšne ou les hydrocarbures semblent mettre en jeu un mĂ©canisme concertĂ©. Il se crĂ©e une liaison σ Ă  trois centres (le mĂ©tal, X et Y) vont, de façon simultanĂ©e, Ă©changer des Ă©lectrons π, ce qui dissocie la liaison X-Y, et qui crĂ©e les deux nouvelles liaisons X-mĂ©tal et mĂ©tal-Y. Ce sont ces nouvelles liaisons σ qui forment le complexe oxydĂ©. On qualifie les nouvelles liaisons de cis[2] bien que l'isomĂ©risation reste possible une fois les liaisons formĂ©es. Les autres mĂ©canismes ne conduisent quant Ă  eux gĂ©nĂ©ralement pas Ă  un produit cis.

Ce mécanisme est observé lors de l'addition de molécule homonucléaire comme par exemple H2. Beaucoup de liaisons M-(C-H) sont également formées par un mécanisme concerté, selon une interaction agostique[2].

Un exemple assez reprĂ©sentatif est la rĂ©action de l'hydrogĂšne avec le complexe de Vaska, trans-IrCl(CO)[P(C6H5)3]2. Dans cet exemple, l'iridium change son degrĂ© d'oxydation initial de +1 Ă  +3. Ce produit est liĂ© Ă  trois anions : un ion chlorure et deux ions hydrures. Comme nous pouvons l'observer en dessous, le complexe initial a 16 Ă©lectrons et un nombre de coordination de quatre, et le produit a 18 Ă©lectrons et un nombre de coordination de six.

La formation d'un intermĂ©diaire avec le dihydrogĂšne Ă  gĂ©omĂ©trie molĂ©culaire bipyramidale trigonale est suivie par le clivage de la liaison H-H, causĂ© par un effet de rĂ©trodonation dans l'orbitale σ* de la molĂ©cule H-H. Ce systĂšme est Ă  l'Ă©quilibre chimique. La rĂ©action inverse, faite par une Ă©limination rĂ©ductrice, donne simultanĂ©ment une rĂ©duction de centre mĂ©tallique et l'Ă©limination de dihydrogĂšne gazeux[8].

La rĂ©trodonation dans l'orbitale σ* de la liaison H-H est favorisĂ©e par un mĂ©tal riche en Ă©lectrons[8].

MĂ©canisme de type SN2

Certaines additions oxydantes ont un procĂ©dĂ© analogue Ă  celui d'une substitution nuclĂ©ophile bimolĂ©culaire en chimie organique. Les attaques nuclĂ©ophiles du centre mĂ©tallique sur un atome moins Ă©lectronĂ©gatif du ligand conduit au clivage de la liaison R-X pour former une espĂšce de la forme [M–R]+. Cette Ă©tape est suivie par une coordination rapide de l'anion vers le centre cationique du mĂ©tal. Un tel mĂ©canisme est observĂ© par exemple lors de la rĂ©action entre un complexe plan carrĂ© et l'iodomĂ©thane :

Ce mécanisme est souvent observé dans l'addition de ligands polaires et électrophiles, tels que les halogÚnes et les halogénoalcanes[2].

MĂ©canisme ionique

Les mĂ©canismes ioniques de l'addition oxydante sont similaires au mĂ©canisme de la SN2, dans la mesure oĂč cela implique l'addition de deux fragments distincts du ligand, en deux Ă©tapes successives. La diffĂ©rence entre les deux mĂ©canismes rĂ©side dans le fait que le mĂ©canisme ionique implique que le ligand s'est dissociĂ© en deux fragments dans la solution, avant toute interaction avec le centre mĂ©tallique. L'addition de l'acide chlorhydrique se fait par exemple selon un mĂ©canisme ionique[2].

MĂ©canisme radicalaire

Les halogénoalcanes et d'autres ligands similaires peuvent s'additionner sur le centre métallique en passant par une forme radicalaire. Certains détails de ce mécanisme restent encore incertains[2], mais il a été accepté que certaines réactions passent par un centre radicalaire. Un exemple a été proposé par Lednor[9].

Initiation
[(CH3)2C(CN)N]2 → 2 (CH3)2(CN)C‱ + N2
(CH3)2(CN)C‱ + PhBr → (CH3)2(CN)CBr + Ph‱
Propagation
Ph‱ + [Pt(PPh3)2] → [Pt(PPh3)2Ph]‱
[Pt(PPh3)2Ph]‱ + PhBr → [Pt(PPh3)2PhBr] + Ph‱

Applications

Les additions oxydantes et les éliminations réductrices interviennent dans beaucoup de cycles catalytiques. On observe ces réactions dans les réactions avec une catalyse homogÚne (c'est-à-dire en solution) telles que la réaction de Monsanto, l'hydrogénation des alcÚnes utilisant le catalyseur de Wilkinson. On suppose également que ces réactions interviennent dans les cycles catalytiques utilisant une catalyse hétérogÚne tels que l'hydrogénation sur platine. Cependant, dans le cas des catalyses hétérogÚnes, les métaux son caractérisés par des structures de bandes, le degré d'oxydation n'a donc pas beaucoup de sens.

Les additions oxydantes interviennent aussi dans les additions nucléophiles, ainsi que dans beaucoup de réactions de couplages telles que la réaction de Suzuki, le couplage de Negishi ou le couplage de Sonogashira.

Notes et références

  1. Jay A. Labinger, Tutorial on Oxidative Addition, Organometallics, 2015, volume 34, pp 4784–4795. DOI 10.1021/acs.organomet.5b00565
  2. (en) Robert Crabtree, The Organometallic Chemistry of the Transition Metals, Wiley-Interscience, , 159–180 p. (ISBN 0-471-66256-9)
  3. (en) Gary L. Miessler et Donald A. Tarr, Inorganic Chemistry, 3rd
  4. (en) D. F. Shriver et P. W. Atkins, Inorganic Chemistry
  5. (en) J. F. Hartwig, Organotransition Metal Chemistry, from Bonding to Catalysis, New York, University Science Books, (ISBN 1-891389-53-X)
  6. (en) « oxidative addition », IUPAC, Compendium of Chemical Terminology [« Gold Book »], Oxford, Blackwell Scientific Publications, 1997, version corrigée en ligne : (2019-), 2e éd. (ISBN 0-9678550-9-8)
  7. (en) « reductive elimination », IUPAC, Compendium of Chemical Terminology [« Gold Book »], Oxford, Blackwell Scientific Publications, 1997, version corrigée en ligne : (2019-), 2e éd. (ISBN 0-9678550-9-8)
  8. (en) Curtis Johnson et Richard Eisenberg, « Stereoselective Oxidative Addition of Hydrogen to Iridium(I) Complexes. Kinetic Control Based on Ligand Electronic Effects », Journal of the American Chemical Society, vol. 107, no 11,‎ , p. 3148–3160 (DOI 10.1021/ja00297a021)
  9. (en) Thomas L. Hall, Michael F. Lappert et Peter W. Lednor, « Mechanistic studies of some oxidative-addition reactions: free-radical pathways in the Pt0-RX, Pt0-PhBr, and PtII-Râ€ČSO2X Reactions (R = alkyl, Râ€Č = aryl, X = halide) and in the related rhodium(I) or iridium(I) Systems », J. Chem. Soc., Dalton Trans., no 8,‎ , p. 1448–1456 (DOI 10.1039/DT9800001448)

Bibliographie

  • (en) Valentine P. Ananikov, Djamaladdin G. Musaev et Keiji Morokuma, « Theoretical Insight into the C−C Coupling Reactions of the Vinyl, Phenyl, Ethynyl, and Methyl Complexes of Palladium and Platinum », Organometallics, vol. 24, no 4,‎ , p. 715 (DOI 10.1021/om0490841)

Liens externes

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