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Ad Silanum

Ad Silanum est une station routière mentionnée sur la table de Peutinger sur l'itinéraire de Anderitum (Javols) à Segodunum (Rodez).

Ad Silanum
Image illustrative de l’article Ad Silanum
Extrait de la Table de Peutinger oĂą figure Ad Silanum.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Gaule
Type Vicus
CoordonnĂ©es 44° 38′ 22″ nord, 3° 02′ 28″ est
Altitude 1 250 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Ad Silanum
Ad Silanum
Géolocalisation sur la carte : Lozère
(Voir situation sur carte : Lozère)
Ad Silanum
Ad Silanum
Histoire
Antiquité Empire romain

Un doute subsiste cependant au sujet de la localisation exacte de cette station même si Puech Crémat-Bas, à Nasbinals dans le département français de la Lozère (Aubrac), semble l'emplacement le plus vraisemblable pour ce site fréquenté du Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle apr. J.-C. et où quelques vestiges de bâtiments subsistent.

Ad Silanum et la table de Peutinger

Carte reproduisant les contours d'un territoire antique sur un fond moderne.
La civitas des Gabales (en rouge) et son réseau routier antique.

Ad Silanum ou Adsilanum est mentionnĂ© sur la table de Peutinger sur l'itinĂ©raire qui va d'Anderitum Ă  Segodunum[1]. La station est placĂ©e Ă  24 lieues gauloises (53,5 km) de Segodunum et Ă  18 lieues gauloises (40,0 km)[2] d'Anderitum, chefs-lieux respectifs des civitates des Rutènes et des Gabales sous le Haut-Empire romain. Cette voie est, mĂŞme sur des cartes modernes, abusivement dĂ©nommĂ©e « voie d'Agrippa Â» : elle ne fait pas partie du rĂ©seau de voies dessinĂ© par Marcus Vipsanius Agrippa[3].

Cet itinĂ©raire n'est qu'un tronçon de la voie reliant Lyon Ă  Cahors d'oĂą partent deux embranchements vers Bordeaux et Toulouse. Ad Silanum se trouve sans doute, compte tenu des distances indiquĂ©es sur la table, non loin de la « frontière Â» des peuples Gabales et Rutènes, en admettant que les limites des civitates se retrouvent dans celles des diocèses, puis des dĂ©partements[4].

Dans ce secteur, la voie est encore facilement repérable dans le paysage : des chemins ou des routes modernes reprennent par endroits son tracé ; à d'autres endroits, un talus large de plusieurs mètres ou un simple bombement signalent sa présence dans les pâturages[5]. Elle est le plus souvent constituée de bordures en pierre qui retiennent plusieurs couches de pierres et blocs basaltiques, la couche de roulement étant constituée de graviers. Des fossés latéraux complètent le dispositif[4].

Ad Silanum et Puech Crémat-Bas

Localisation et nature du site

Localisations d'Ad Silanum.
Saint-CĂ´me-d'Olt
Saint-Laurent-d'Olt
Trélans
Auxillac
Anglars
Castelnau-de-Mandailles
Le DĂ©roc
Aubrac
Puech Crémat-Bas

En rouge, Puech Crémat-Bas[6] - [7].

Historiens et géographes sont longtemps restés divisés sur la nature et la localisation exactes d'Ad Silanum et, au XXIe siècle, la question n'est pas totalement tranchée.

Depuis le XVIIIe siècle, l'interprĂ©tation des distances mentionnĂ©es sur la table de Peutinger ainsi que des avis divergents sur l'emplacement d'Anderitum donnent lieu Ă  des propositions variĂ©es sur l'emplacement d'Ad Silanum, soit en Lozère, Ă  la limite de ce dĂ©partement et de celui de l'Aveyron, soit en Aveyron, dans la vallĂ©e du Lot. La dĂ©couverte, en 1866, de vestiges antiques Ă  Puech CrĂ©mat-Bas, Ă  Nasbinals, sur le tracĂ© attestĂ© de la voie Javols-Rodez, permet de poser une hypothèse supplĂ©mentaire qui, selon les donnĂ©es les plus rĂ©centes, s'avère la plus crĂ©dible, mĂŞme si elle n'est pas formellement vĂ©rifiĂ©e[7]. En outre, le toponyme moderne du lieu-dit contient la racine « crĂ©mat Â» (qui a subi un incendie) et des traces d'incendie sont en effet observĂ©es sur les vestiges[8] - [9].

À trois kilomètres à l'est du site proposé, le lac de Saint-Andéol est bordé par un promontoire (mont Hélanus ou Hélarius) au sommet duquel un fanum antique a été identifié et fouillé[10]. Il est possible que ce site cultuel et celui d'Ad Silanum ne forment qu'un seul ensemble, dans lequel il semble prématuré de voir une agglomération secondaire ; à ce stade, le statut de relais d'étape (mutatio) ou de gîte d'étape (mansio) d'Ad Silanum n'est pas remis en cause[10]. Sa position à la limite de deux territoires en fait en outre une station-frontière[11].

Le site supposĂ© d'Ad Silanum se situe au niveau du passage du ruisseau des Fontanilles, sous-affluent de la Truyère, Ă  une altitude d'environ 1 250 m. Le puech Saint-Geniez, au nord, le domine d'environ 20 m alors qu'au sud, le plateau s'Ă©lève très progressivement.

Toponymie

Ad Silanum pourrait indiquer un lieu se situant près (ad) d'une eau jaillissante (silanum)[12], évocation possible de la cascade du Déroc, située non loin ; cette cascade est d'ailleurs alimentée par le lac des Salhiens (ou Saliens), toponyme peut-être lui-même dérivé de Silanus-um[13].

Description des vestiges

OpenStreetMap Vestiges antiques à Puech Crémat-Bas.

Les fouilles rĂ©alisĂ©e sur le site de 1866 Ă  1948 permettaient de restituer, selon les auteurs, trois ou quatre bâtiments rĂ©partis des deux cĂ´tĂ©s de la voie antique mais les descriptions en Ă©taient peu prĂ©cises et parfois mĂŞme contradictoires. Il s'avère que la voie, sur le site, a subi une modification de son tracĂ© Ă  l'Ă©poque moderne pour passer au milieu des vestiges alors qu'Ă  l'Ă©poque antique elle les longeait par l'est ; des murs attribuĂ©s Ă  plusieurs bâtiments « de part et d'autre de la voie Â» appartiennent en fait Ă  une seule et unique construction initiale[14].

Les données les plus récentes, issues du recoupement des sources précédentes et de reconnaissance sur le terrain faites en 1997-1999, permettent d'identifier deux bâtiments principaux dont l'orientation suit celle de la voie antique. Ces bâtiments sont en grande partie construits en petit appareil de moellons de basalte liés à la chaux, avec quelques éléments en granite ou en grès rouge[15]. Il est toutefois presque certains que d'autres bâtiments ont existé sur le site, sans doute à l'est de la voie, comme en témoigne la large zone où sont retrouvés des débris de tegulae et de moellons[14].

Sur la rive gauche du ruisseau des Fontanilles qui coule de l'ouest vers l'est, un mur longeant la voie au nord et présentant un retour en équerre semble être le mur d'une terrasse au flanc du puech Saint-Geniez[14].

Le mode de franchissement du ruisseau (gué ou pont), au milieu du site, n'est pas connu[11].

Sur la rive sud, Ă  l'ouest du tracĂ© antique de la voie, les vestiges sont circonscrits dans un quadrilatère maçonnĂ© de 36 Ă— 30 m. La partie nord constitue un bâtiment lui-mĂŞme cloisonnĂ© par des murs de refend et la partie mĂ©ridionale du quadrilatère maçonnĂ© dĂ©limite une cour. Une petite annexe est accolĂ©e au mur oriental de cet ensemble. Une poutre retrouvĂ©e carbonisĂ©e ainsi qu'une couche de cendres tĂ©moignent d'un incendie[15].

Historique du site

L'occupation du site de Puech Crémat-Bas est attestée depuis le Ier siècle av. J.-C. par la présence de tessons de céramique et d'une monnaie républicaine datée de . Des poteries et des monnaies avec un nombre significatif d'artéfacts des deux premiers siècles de notre ère, montrent que l'occupation se poursuit au moins jusqu'au milieu du IIIe siècle, la plus récente monnaie dont la datation soit incontestable appartenant au règne de Trajan Dèce.

Les raisons de l'abandon du site ne sont pas connues ; Ad Silanum est peut-être déserté après son incendie, mais ce dernier ne peut être attribué de manière formelle aux invasions barbares du IIIe siècle, comme l'indiquent des textes du XIXe et de la première moitié du XXe siècle[7]. Grégoire de Tours, toutefois, indique dans son Histoire des Francs la tenue, à la fin du VIe siècle, d'un synode « aux confins des territoires d'Auvergne, du Gévaudan et du Rouergue » ; Ad Silanum pourrait correspondre géographiquement à ce lieu[16].

Notes et références

  1. Auguste Bernard, « Mémoire sur les origines du Lyonnais - Des grandes routes qui traversaient le territoire des Ségusiaves, sous les Romains », Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, vol. XVIII,‎ , p. 419 (lire en ligne).
  2. Trintignac 2012, p. 73.
  3. Trintignac 2012, p. 414.
  4. Trintignac 2012, p. 371-372.
  5. Trintignac 2012, p. 371.
  6. Balmelle 1948, p. 278.
  7. Trintignac 2012, p. 374.
  8. Balmelle 1948, p. 279.
  9. Fabrié 1989, p. 102.
  10. Trintignac 2012, p. 372-373.
  11. Trintignac 2012, p. 373.
  12. Oursel 1961, p. 38.
  13. Dieulafait et Dieulafait 2006, p. 45.
  14. Trintignac 2012, p. 376.
  15. Trintignac 2012, p. 375.
  16. Trintignac 2012, p. 372.

Pour approfondir

Sources antiques

Sources modernes

  • Alexandre Albenque (prĂ©f. AndrĂ© Aymard), Les Rutènes : Ă©tudes d'histoire, d'archĂ©ologie et de toponymie gallo-romaines, Rodez, Carrère, , XII et 341 p., p. 139-144.
  • Marius Balmelle, « Ad Silanum, station gallo-romaine sur l'Aubrac », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des lettres, sciences et arts de la Lozère,‎ 3e-4e trimestre 1943, p. 428-435.
  • Marius Balmelle, « L'emplacement d' Ad Silanum », Bulletin de la SociĂ©tĂ© nationale des antiquaires de France,‎ , p. 278-283 (DOI 10.3406/bsnaf.1948.3853). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Florian Baret, Les agglomĂ©rations « secondaires Â» dans le Massif Central (citĂ©s des arvernes, vellaves, gabales, rutènes, cadurques et lĂ©movices) : Ier siècle av. J.-C. - Ve siècle apr. J.-C. : thèse pour obtenir le grade de docteur d'universitĂ© en archĂ©ologie, vol. 1, Clermont UniversitĂ©, , 498 p. (lire en ligne).
  • Christine Dieulafait et Francis Dieulafait, « La pĂ©riode romaine », dans Laurent Fau (dir.), Les monts d'Aubrac au Moyen Ă‚ge, genèse d'un monde agropastoral, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Documents d'archĂ©ologie française » (no 101), , 214 p. (ISBN 978-2-7351-1117-6), p. 44-45.
  • Dominique FabriĂ©, Carte archĂ©ologique de la Gaule - La Lozère. 48, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, , 144 p. (ISBN 2-8775-4007-3), p. 102. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Raymond Oursel, « La station romaine d'Ad Silanum, route de Lyon Ă  Rodez - essai de localisation », Revue du GĂ©vaudan, des Causses et des CĂ©vennes, no 7,‎ , p. 39-48.
  • Alain Trintignac (dir.), Carte archĂ©ologique de la Gaule - La Lozère. 48, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, Maison des Sciences de l'Homme, , 533 p. (ISBN 978-2-8775-4277-7), p. 371-378. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

Liens externes

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