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Abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut

L'abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut ou de Lieu-Saint-Bernard est un établissement monastique fondé en 1243 par des moines venus de l'abbaye de Villers-la-Ville et supprimé en 1797 à la suite de l'invasion française de 1794.

Ancienne abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut
Image illustrative de l’article Abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut
Vue aérienne de l'abbaye d'Hemiksem
Présentation
Nom local Sint-Bernardusabdij
Culte Catholicisme
Type Abbaye de moines
Rattachement Ordre cistercien
DĂ©but de la construction 1243
Autres campagnes de travaux XVIIe siècle
Style dominant renaissance
Protection .
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
RĂ©gion Drapeau de la RĂ©gion flamande RĂ©gion flamande
Province Drapeau de la province d'Anvers Province d'Anvers
Ville Hemiksem
CoordonnĂ©es 51° 07′ 52″ nord, 4° 19′ 48″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Ancienne abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut
GĂ©olocalisation sur la carte : province d'Anvers
(Voir situation sur carte : province d'Anvers)
Ancienne abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut

L'emplacement choisi pour y implanter cette abbaye cistercienne est un site en bordure de l'Escaut, à l'embouchure de la petite rivière Vliet, sur le territoire de l'actuelle commune de Hemiksem, dans la province d'Anvers. Son nom fait référence à Bernard de Clairvaux.

Les moines furent les premiers à exploiter l'argile présent sur les rives de la rivière Rupel proche, commençant ainsi, dès le XIIIe siècle, l'activité briquetière qui restera indissociable de la région jusque dans les années 1960.

La disparition officielle de l'abbaye en 1797 s’accompagna par la vente de ses biens comme biens nationaux, tandis que les moines dispersés allaient effectuer du service pastoral dans les Pays-Bas. En 1833, dans l'impossibilité de revenir à Hemiksem, les religieux acquirent en lieu et place les bâtiments de l'abbaye Saint-Bernard de Bornem, pour y rétablir une vie monastique.

À Hemiksem, les bâtiments du monastère, utilisés pendant un temps comme domaine militaire, furent classés au titre des monuments historiques en 1973, avant de devenir la propriété de la commune en 1988. Ils hébergeront ensuite un service administratif, des appartements pour personnes âgées, un musée d'histoire locale et un musée consacré à la céramique et à la poterie.

Histoire

Moine de l'Abbaye de St. Bernard.
Vue rapprochée de la tour de la façade occidentale.

Fondation

L'abbaye de Saint-Bernard-sur-l'Escaut ou de Lieu-Saint-Bernard, abbaye cistercienne, à laquelle le village de Hemiksem est redevable de son existence, fut nommée d’après Bernard de Clairvaux et doit son origine principalement aux libéralités de Henri Ier de Brabant (1190-1235) et de Henri II de Brabant (1235-1248).

Des moines sont venus de l'abbaye de Villers-en-Brabant pour constituer un essaim à Vremde en 1237[1], puis se sont établis, en 1146, près de Lierre[note 1]. Ils choisirent, en 1246, l'emplacement définitif de leur abbaye à Hemiksem (anciennement écrit Hemixem), à km au sud d'Anvers, sur la rive droite de l'Escaut, l'ancienne implantation à Vremde étant peu commode du fait de la proximité des marais et du manque d'eau potable[2].

L'abbaye joue un rĂ´le important dans le dĂ©frichement et met en culture plus de 2 000 ha de bruyères Ă  la fin du XIIIe siècle[2]. L’abbaye a Ă©tĂ© consacrĂ©e par le pape Urbain IV. Un document de 1330 fait Ă©tat de la prĂ©sence de 39 moines-prĂŞtres et de 40 frères convers. En 1559, Ă  la crĂ©ation de l'Ă©vĂŞchĂ© d'Anvers, les revenus de l'abbaye furent attribuĂ©s au nouveau diocèse[2] - [note 2].

Les moines, soumis de fait à l'autorité de l'évêché, élurent tout de même un abbé (abbé Van Thielt) qui dut s'enfuir à Delft, trois ans après, pour mourir misérable. En 1636, le droit d'élire leur abbé fut rendu aux religieux, contre le versement de la moitié de leurs revenus à la mense épiscopale. En 1649, l'abbaye retrouva son autonomie et dès lors l'évêque cessait d’être l'abbé du monastère.

L’aile sud.

Expansion et industrie de la brique

Le vaste domaine appartenant à l’abbaye s’étendait autour du confluent de la petite rivière Vliet et de l’Escaut. Entre cette rivière et l’abbaye, les moines aménagèrent un bassin pour le chargement de marchandises. Il y a lieu de penser que les moines furent les premiers à exploiter en vue de la fabrication de briques l’argile présent sur les rives de la rivière Rupel proche, et d’être ainsi, dès le XIIIe siècle, à l’origine de l’activité briquetière qui restera indissociable de la région jusque dans les années 1960. Le terme local de papesteen, désignant un type de briques, porte témoignage du rôle de l’abbaye dans la naissance de cette industrie. C’est du reste avec des briques qu’ils avaient fabriquées eux-mêmes que les moines érigèrent leur abbaye.

Les événements de la deuxième moitié du XVIe siècle, période troublée pour le clergé catholique, qui vit en particulier l’installation d’un régime calviniste dans la région, contraignirent en 1578 les moines à abandonner temporairement l’abbaye, qui fut ravagée par un incendie (sans doute criminel) en 1582, avant de la reconstruire en 1612. Un nouvel incendie survint en 1672. Rebâtie vers 1726, l'abbaye connut une nouvelle ère de prospérité jusqu'à sa fermeture à la Révolution française[2].

Révolution française

Selon Émile Poumon, les bâtiments de l'abbaye d'Hemiksem furent vendus le pour 100 000 francs au gĂ©nĂ©ral français commandant Anvers ; ces bâtiments furent alors cĂ©dĂ©s au gouvernement local.

La suppression des maisons religieuses dites 'inutiles' à la suite de la Révolution française entraîna la disparition officielle de l’abbaye (1797) et la vente de ses biens comme biens nationaux. Les moines dispersés firent du service pastoral dans les Pays-Bas. L’église abbatiale fut démolie au début du XIXe siècle. Le mobilier et les œuvres d'art furent dispersés: les confessionnaux, de 1713, œuvres de Willem Kerrickx et de Michel Van der Voort, se trouvent aujourd'hui dans la cathédrale Notre-Dame d'Anvers.

Dans l’impossibilité de revenir à Hemiksem, les religieux acquirent les bâtiments de l’abbaye Saint-Bernard de Bornem (qui existe toujours) et y rétablirent la vie monastique en 1833.

XIXe et XXe siècles

Ă€ partir de 1811, les bâtiments de l'abbaye servirent d’abord d'hĂ´pital pour matelots, puis, Ă  l’époque du Royaume uni des Pays-Bas, de dĂ©pĂ´t de cĂ©rĂ©ales. En 1821, l’architecte anversois Pierre Bruno Bourla (en) entreprit de les convertir en prison correctionnelle, en y amĂ©nageant de grandes salles de dĂ©tention ; on y comptait, Ă  un certain moment, jusqu’à 1 554 hommes et 457 femmes, en plus de nombreux enfants. Ă€ partir de 1867, après que les salles de dĂ©tention communes eurent Ă©tĂ© jugĂ©es inadĂ©quates et remplacĂ©es par des cellules individuelles, le complexe fit office de dĂ©pĂ´t militaire[2].

Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, l’abbaye fut utilisée comme camp d’internement pour collaborateurs. Entre 1948 et 1977, le bâtiment fut de nouveau mis à la disposition de l’armée, puis se trouva vacant à partir de 1977.

Au XXIe siècle

Façade occidentale : base de la tour.

Le complexe de bâtiments actuel n’est pas l’abbaye originelle Ă©rigĂ©e par les Cisterciens au XIIIe siècle, dont ne subsistent, de fait, que fort peu de choses. Dans le dĂ©tail, sont encore visibles, la porte d'entrĂ©e, la cour intĂ©rieure, entourĂ©e de constructions, et la façade de 80 mètres de long faisant face Ă  l'Escaut, et dont le milieu est occupĂ© par une tour de 42 mètres de hauteur.

DĂ©jĂ  reconstruite en 1614, l’abbaye, devenue en 1672 la proie des flammes et en grande partie dĂ©truite, y compris sa bibliothèque et les nombreux objets d’art qu’elle possĂ©dait, dut ĂŞtre reconstruite une nouvelle fois en 1726; par consĂ©quent, les bâtiments existants ne remontent pas au-delĂ  des XVIIe et XVIIIe siècles. La chapelle qui occupait l'extrĂ©mitĂ© droite de la façade a Ă©tĂ© dĂ©molie[2]. L’aile ouest, impressionnante par sa façade baroque construite en briques et en grès, date du dĂ©but du XVIIIe siècle et porte en son milieu une tour nĂ©oclassique haute de 42 m, couronnĂ©e d’une rotonde Ă  colonnade avec coupole.

Classé comme 'monument historique' en 1973, l’édifice fut acquis par la commune de Hemiksem en 1988. Il héberge à présent, après restauration des ailes ouest et est, un centre administratif et des appartements pour personnes âgées. L’aile nord abrite le Heemkundig Museum Heymissen, soit musée d’histoire locale, où se conservent trouvailles archéologiques, intérieurs anciens et maquettes de l’abbaye. L’aile centrale héberge le Roelantsmuseum, musée consacré à la céramique et à la poterie, où sont exposés les panneaux céramiques, moules et machines de la ci-devant fabrique Gilliot. Les objets produits dans cette fabrique valurent au céramiste Joseph Roelants (1881-1962), en l’honneur de qui le musée a été nommé, une grande renommée tant en Belgique qu’à l’étranger.

Liste des abbés

Armes de l'abbé Rubens.
L'abbé Corneille Neefs (†1790).
  • Hugues, †1243.
  • Gosuin Dryeman, †1248.
  • Baudouin, †1254.
  • Guillaume, †1259.
  • Arnulf de Ghistelles, semble avoir Ă©tĂ© abbĂ© jusque 1267, puis prieur de 1267-1268 Ă  1270. Cette dernière annĂ©e il devint abbĂ© de Villers.
  • Guillaume de Diepenbeek, †1276 (?).
  • Henri de Melsbroeck, †1296.
  • Jacques de Walhem, abbĂ© jusqu'en 1303, †1308.-
  • Raduard de Malines, abbĂ© de 1303-1308, puis abbĂ© de Villers.
  • Henri de Pulle, †1311.
  • Raduard de Malines (pour la seconde fois), †1311.
  • Jean de Maire, 1311-1315, abbĂ© de Villers, †1317
  • Guillaume Speliaert, abbĂ© en 1319.
  • Jean de Steenberghe (?).
  • Henri Banaert, abbĂ© en 1331.
  • Gosuin Rym, doit abdiquer avant sa mort, qui se situe en 1353.
  • Guillaume de Mortere doit abdiquer en 1355 ou 1360, †1376.
  • Jean de Wesele, citĂ© en 1369 et †1397.
  • Jordan d'Aerschot, †1390.
  • Jean de Turnhout, †1397.
  • Pierre de Santvliet, citĂ© en 1415, doit abdiquer, †1426.
  • Pierre de Gorichem, †1431.
  • Pierre de BrĂ©da, †1453.
  • GĂ©rard de Donck ou Dunis abdique 1468, †1473.
  • Martin Blyleven, †1498.
  • Rombaut d'Eppeghem, †1504.
  • Jean Gros ou Guillaume, †1506 (?).
  • Pierre Cops ou Coels, †1518.
  • Marc Cruyt, ou Pierre (?), †1536.
  • Jacques van der Meeren, †1559.
  • Thomas van Thielt, abbĂ© non reconnu par le pape, apostasie, †1568.
  • François Sonnius, Ă©vĂŞque d'Anvers et premier abbĂ© commendataire de Lieu-Saint-Bernard, fit prendre possession de l'abbaye en son nom en 1570, †1576.
  • Jean van der Noot, Ă©lu en 1578 pendant la vacance du siège d'Anvers et la suppression de l'Ă©vĂŞchĂ© par les États gĂ©nĂ©raux. Ă€ partir de 1585, il ne garde que le temporel; le spirituel fut confiĂ© Ă  Ambroise van den Driesche.
  • Laevinus Torrentius (LiĂ©vin van der Beken) (Ă©vĂŞque d'Anvers) (1586 - 1595)
  • Guillaume de Berghes (Ă©vĂŞque d'Anvers) (1597 - 1601)
  • Jean Miraeus (Le Mire) (Ă©vĂŞque d'Anvers) (1603 - 1611)
  • Malderus (Jean van Malderen) (Ă©vĂŞque d'Anvers) (1611 - 1633)
  • Nemius (Gaspard du Bois), (Ă©vĂŞque d'Anvers) (1634 - 1651). Ă€ partir de 1649, l'abbaye est sĂ©parĂ©e de l'Ă©vĂŞchĂ©.
  • Jean van Heymissen, †1678.
  • Antoine van Spanoghe, †1716.
  • Corneille Adriaenssens, †1721.
  • GĂ©rard Rubens, †1736.
  • Jean Bruyndonckx, †1780.
  • Corneille Neefs, †1790.
  • RaphaĂ«l Seghers, †1810.

Notes et références

Notes

  1. L'abbaye de Villers-en-Brabant est une abbaye fondée un siècle auparavant par Saint Bernard lui-même.
  2. Selon Émile Poumon, l'abbaye ne fut incorporée à la mense épiscopale d'Anvers que le .

Références

  1. Edouard Michel, Abbayes et monastères de Belgique : leur importance et leur rôle dans le développement du pays, Bruxelles et Paris, G. Van Oest & Cie, , 269 p., p. 61-62.
  2. Michel 1923.

Bibliographie

  • (nl) Walter Maes, De abdij van Hemiksem: liefde in hart en ziel, Zoetermeer, Free Musketeers, , 123 p. (ISBN 978-9048428267)

Liens externes

Voir aussi

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