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Abbaye de Gourdon

L’abbaye Sainte-Marie de Gourdon (appelée aussi abbaye de Léobard ou plus souvent abbaye nouvelle) est une ancienne abbaye cistercienne, fondée au XIIIe siècle par les moines de l'abbaye d'Aubazine, et qui était située sur le territoire de la commune de Léobard, dans le Lot.

Abbaye Sainte-Marie de Gourdon
image de l'abbaye
Vue des murs de l'ancienne abbatiale

Nom local Abbaye nouvelle
Abbaye de LĂ©obard
Diocèse Diocèse de Cahors
Patronage Sainte-Marie
Numéro d'ordre (selon Janauschek) DCLXV(665)[1]
Fondation 1242
DĂ©but construction 1261
Fin construction 1280
Dissolution 1650
Abbaye-mère Abbaye d'Aubazine
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
PĂ©riode ou style
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1991) [2]

CoordonnĂ©es 44° 42′ 32″ nord, 1° 18′ 28″ est
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Quercy
RĂ©gion Occitanie
DĂ©partement Lot
Commune LĂ©obard
Site http://www.abbaye-nouvelle.fr/
GĂ©olocalisation sur la carte : Lot
(Voir situation sur carte : Lot)
Abbaye Sainte-Marie de Gourdon
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
(Voir situation sur carte : Occitanie)
Abbaye Sainte-Marie de Gourdon
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Abbaye Sainte-Marie de Gourdon

Histoire

Fondation

Fragments de vitraux trouvés lors de la compagne de fouilles d'août 1989.

L'abbaye de Gourdon est une abbaye-fille de l'abbaye d'Aubazine, fondĂ©e un siècle plus tard que les autres abbayes-filles de celle-ci. Les diffĂ©rences apparaissent très nettement dans le choix du site : alors que la plupart des abbayes cisterciennes rĂ©pondent Ă  l'adage « Bernardus valles amabat » (« Bernard [de Clairvaux] aimait les vallĂ©es »), l'abbaye nouvelle est construite sur un piton rocheux de moins de 2 000 m2[2], Pech-Gisbert, dominant la vallĂ©e du CĂ©ou. Le nom « de Gourdon » s'explique par le repentir du seigneur qui permet cet Ă©tablissement : Guillaume de Gourdon, coseigneur de Gourdon, seigneur de Salviac et baron de la Bouriane, donne le ce lieu aux moines d'Aubazine pour Ă©viter un procès en catharisme[3].

L'abbaye est nommée « nouvelle » car une première tentative de fondation d'une abbaye dans cette région avait eu lieu, environ un siècle auparavant en 1150 par Saint-Étienne lui-même, dans la commune actuelle de Lavercantière. Cette abbaye fut déplacé dans le nord du bassin aquitain, à La Garde-Dieu. Il faut attendre un siècle pour avoir des conditions plus favorables à l'installation d'une abbaye cistercienne (F. Pécout, mémoire de maîtrise P. 20). deux facteurs importants à cette installation : une nouvelle ère économique prospère et l'apparition de l'hérésie albigeoise dans tout le Quercy. Les seigneurs de Gourdon, bertrand et son fils fortanier sont parmi les inculpés.

Moyen Ă‚ge

Le , Alphonse de Poitiers fait donations de pâturages à l'abbaye mais durant ces années des difficultés financières apparaissent à l'abbaye. Après ces donations nous trouvons trace de confirmation d'acquisitions (arch. nat.f69). Il semble que le frère du roi ait ordonné à son sénéchal de rechercher la valeur des bien acquis dans ses fiefs et arrière-fiefs par le monastère depuis sa fondation. Le des saisies de biens et de revenus de l'abbaye (arch. nat JJ 24c) sont faites par le sénéchal qui reçoit l'ordre de récréance[4] jusqu'au . En , un an avant sa mort, Alphonse de Poitiers confirme les acquisitions de l'abbaye nouvelle et établissait une charte d'amortissement pour un revenu de 66 livres de Cahors acquis par l'abbé d'Obazine au profit de l'abbaye nouvelle[5].

L'abbaye reste de taille modeste durant le Moyen Âge. Pour autant, elle croît et s'affermit. Ainsi, en 1273, une bulle de Grégoire X confirme les privilèges de l'abbaye. En 1287, les droits de l'abbaye sont reconnus durant l'assemblée des commissaires royaux à Villefranche-du-Périgord (Gallia Christiana T.I, col.188). On trouve cette même année mention du droit de basse justice de l'abbé sur le repaire de la Mothe et de Alboyses. On peut supposer aussi que l'église du monastère fut achevée à cette date[6]. Quelques documents nous font mention de l'abbé de l'abbaye parmi les "exemptés" de 1312 à 1317 (arch. dioc.F, 7vo).

Cette relative prospérité ne dure pas. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais ainsi que les grandes compagnies ravagent l'abbaye : en 1367, une grande compagnie ravage les environs de Gourdon, en 1377, première prise de l'abbaye par les Anglais (arch. Gourdon CC20, fXXVII vo, "de même le samedi où les ennemis prirent l'Abbaye, nous avons transmis le fils de Na Sabatiera à Milhac pour avertir Messire de Thémines de la prise de l'Abbaye et nous lui avons donné 12 deniers […] nous avons envoyé pour la garde de l'église des Menoretas Bertran Duran, Arnal de banast et Huc Delestanc et ils ont veillé ici pour le guet cette nuit-là et huit nuits après nous donnions à chacun 12 deniers, cela monte 24 sols"). L'abbaye est pillée de 1380 à 1392, elle est à peu près ruinée dès 1387. Il semble bien que ces multiples prises de l'abbaye par les Anglais, de son pillage à de nombreuses reprises obligent l'abbé de l'abbaye à ne pas payer la décime au Vatican : un texte daté du atteste de ce fait (Archivo Segreto Vaticano, Collect 96, p.193). L'abbaye nouvelle est vraisemblablement devenue inhabitable vers 1380 et a recommencé à tomber en ruine vers 1387.

Une tentative de réoccupation des bâtiments semble avoir eu lieu aux alentours de 1392 (reg. Vat., 308, F 137) sous l'abbé Géraud Porquier ; mais cette tentative semblait être vouée à l'échec car dès 1395 on constate deux dépositions, l'une d'un certain Dom Guillelmus de Sancto Claro et l'autre d'un certain Johannes Foresterii qui confirment la une nouvelle prise de l'abbaye par les Anglais[7].

Une rĂ©occupations paraĂ®t plus vraisemblable au dĂ©but du XVe siècle : rĂ©occupation renforcĂ©e par le fait que dès 1405 un document atteste d'un paiement d'une dĂ©cime au Vatican par l'abbĂ© de l'abbaye (Archivo Segreto Vaticano, collect 91, P;229). En 1453, alors que l'abbĂ© Bernard de Maranzac mène une active politique de refondation de l'abbaye, il y a une consolidation de l'Ă©glise avec le renforcement des contreforts septentrionaux, le renouvellement des baux en 1451, 1452 1458, 1460 et 1470[8]. Diverses donations courant 1462 permettent d'envisager que l'abbĂ© a pu consolider une partie des bâtiments (arch.du lot, fonds de Broca). L'abbaye ne compte pourtant qu'un seul moine[3] . C'est grâce Ă  une bulle d'Alexandre VI Borgia et datĂ©e du , que nous allons savoir dans quel Ă©tat l'abbaye se situe au tout dĂ©but du XVIe siècle. Le visiteur, Jean, abbĂ© de La Faise intime l'ordre Ă  l'abbĂ© de l'abbaye (Jean de Ventadour) de rĂ©parer ou reconstruire (« restaurare sen de novo construi facere) le cloĂ®tre, le rĂ©fectoire, le dortoir, l'Ă©glise et de rajouter dans son abbaye six religieux de plus (arch. du Vatican, registre de Latran, 1109, F6v). On retrouve dans diffĂ©rents documents mention du rĂ©duit du couvent de l'abbaye nouvelle le (arch. Dordogne 2E, 1802) "apud et infra reductum Conventus Abbatie nove Marie de Gordonio".

En 1552 les protestants ont pillé Gourdon et les campagnes environnantes. L'abbaye est de nouveau abîmée pendant les guerres de Religion[9].

En 1650, les derniers religieux présents quittent l'abbaye et l'abbatiale devient église paroissiale. C'est en 1658 lors de la visite de l'évêque de Cahors, Alain de Solminihac, que la décision de passage de l'église abbatiale en église paroissiale fut prise, certaines modifications sont entreprises de 1658 à 1669 : aménagement d'une rampe d'accès à l'église et d'une porte de style classique dans la façade occidentale[10].

L'abbaye après les moines

En 1777 seule l'Ă©glise est intacte. Cette mĂŞme annĂ©e on obligea l'abbĂ© Duval de Varaire de Montmillari Ă  rĂ©parer le couvent oĂą ne rĂ©sidait plus aucun moine[11]. L'enquĂŞte une nouvelle fois nous indique dans quel Ă©tat se situe l'abbaye en 1777 : « la principale partie de l'Ă©glise est encore en Ă©tat et sert Ă  la place de l'ancienne Ă©glise paroissiale, qui n'Ă©tait qu'une crypte obscure et malsaine. Le reste des bâtiments claustraux Ă©tait en ruines. Des arbres fruitiers poussaient parmi les dĂ©combres. Deux chambres encore Ă  peu près logeables servaient de presbytère Â». En 1788, les revenus sont Ă©tablis : celui de la cure est de 400 livres, celui de l'abbaye est entre 2 000 et 2 400 livres. Ă€ la RĂ©volution, l'abbaye est mise en vente, l'abbaye est vendue comme bien national Ă  la commune[11] - [12]. Le soumission est faite par la commune de l'abbaye nouvelle pour 22 995 livres et non 36 000 livres. Une restauration est faite en 1811, le portail d'entrĂ©e de la cour intĂ©rieur du monastère est rebâti[13] - [14].

Ce portail perce le mur oriental de la salle capitulaire et donne accès Ă  l'ancien cloĂ®tre transformĂ© en potager. D'autres restaurations sont faites en 1835. Dans un dossier concernant une volontĂ© des habitants de l'abbaye nouvelle d'ĂŞtre sĂ©parĂ©s de la commune de LĂ©obard datant du , on trouve un certain nombre de documents concernant le monastère (archives personnelles familles Couderc et pĂ©cout), le maire de l'abbaye, Mr Couderc, donne plusieurs justificatifs Ă  cette demande « la section de l'abbaye possède Ă  son chef-lieu, une vaste Ă©glise, cimetière, maison presbytère avec cour et vaste jardin… Â» En 1898, c'est une visite de l'Ă©vĂŞque de Cahors dans le diocèse et plus particulièrement Salviac et Gourdon qui nous fournit une description plus dĂ©taillĂ©e de l'abbaye nouvelle et son Ă©tat de destruction : « combien sont intĂ©ressants les ruines amoncelĂ©es sur cette Ă©minence curieuse l'Ă©glise qui se dresse sur un des cĂ´tĂ©s de l'immense carrĂ© ! En y entrant, on croit avoir devant les yeux tout un Ă©difice complet… la nef est spacieuse, les fenĂŞtres larges et hautes selon le style du XIVe siècle, sans les ornements et les rayonnements de ses dernières annĂ©es, au-dessus des fenĂŞtres de puissants formerets relient les travĂ©es en longueur… tandis que les murs extĂ©rieurs et les toitures de celle-ci sont assez bien conservĂ©s, tout le reste est Ă  l'abandon[15]…

Boyer d'Agen fait également le même descriptif en 1901 (Boyer d'Agen, Les parias de France, p.557). En 1908, la famille Grandsault de la Coste de léobard achète l'abbaye et tous les papiers sont perdus (correspondances de l'abbé Bagou - Pécout, f. Pécout, mémoire de maîtrise P.41). Mr chaine, architecte des monuments historiques dressent les plans de l'abbaye en 1915. Une citerne est percée par la famille Grandsault Lacoste. En 1938, une porcherie est construite dans les anciens bâtiment des moines et l'extrémité orientale de l'église (le chœur). Durant la seconde guerre (1942-44), l'abbaye servira de "cachette d'armes" pour le maquis (archives famille Pécout-Mouvement Libération).

La municipalité ayant besoin d'un potentiel de pierres pour la construction des murs des deux cimetières, ceux de Léobard et de l'Abbaye, c'est, cette fois, la façade occidentale du bâtiment des convers qui saute à la dynamique en 1954. Entre 1954 et 1986, ce sont les voisins et habitants de l'abbaye qui l'exploitent comme carrière de pierres, l'angle sud-est de l'enceinte et le mur du chauffoir sont détruits. L'abbé Barbier () nous signale l'état de l'abbaye (correspondance de l'abbé Barbier). Les protestations impuissantes de ce curé n'empêchent pas les destructions organisées. Une campagne de fouille archéologique est conduite en août 1989 et sous prescription du service archéologique de la DRAC Midi-Pyrénées (F. Pécout, responsable d'opération, université de Montpellier) afin de d'établir un plan d'ensemble et de réaliser un sondage dans l'église. Classement du bâtiment en 1995[2].

L'abbaye

L'abbaye a été construite sur un rocher calcaire (le Pech-Gisbert) de forme trapézoïdale dont on a artificiellement agrandi la superficie. Pour que l'église soit à la même hauteur que celle des bâtiments claustraux, sa construction s'appuie sur des salles basses. Celles-ci sont constituées d'une nef unique de 35,44 m de longueur sur 7,30 m de largeur pour les deuxième, troisième et quatrième travées ; la première travée a 7,26 m de largeur. Cette nef s'oriente de 30° vers le sud donnant à l'édifice une orientation d'ouest-nord-ouest à est-sud-est. des voûtes d'arêtes sans doubleaux divisent la nef en quatre travées ; ces voûtes sont constituées d'un appareillage en calcaire tendre soigné. La voûte de la première travée culmine à 5,46 m, 4,26 m pour la seconde, 5 m pour la troisième, 4,20 m pour la quatrième. La nef dans sa partie la plus importante c'est-à-dire 25 m de long, est éclairée sur deux côtés. La première travée est éclairée par une légère ouverture au-dessus de la porte et juste en dessous de la voûte. Les autres ouvertures sont dans les trois dernières travées, elles sont placées très hautes (4,40 m) et étroites (40 cm).

Filiation et dépendances

Gourdon est fille de l'abbaye d'Aubazine.

Notes et références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 348.
  2. Notice no PA00095134, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Gilles Séraphin & Maurice Scellès, « abbaye de cisterciens Sainte-Marie de Gourdon, dite L'Abbaye-Nouvelle », sur http://patrimoines.midipyrenees.fr, Patrimoine en Midi-Pyrénées, (consulté le ).
  4. Wiktionnaire : récréance
  5. arch. nat. JJ 24A2-c
  6. Frédéric Pécout 1989, p. 26.
  7. Frédéric Pécout 1989, p. 28.
  8. Frédéric Pécout 1989, p. 29.
  9. « L'Abbaye Nouvelle à Léobard (46) », sur http://www.petit-patrimoine.com, Petit Patrimoine (consulté le ).
  10. Frédéric Pécout 1989, p. 32.
  11. Frédéric Pécout 1989, p. 33.
  12. Archives Nationales Q2 92.
  13. Frédéric Pécout 1989, p. 36.
  14. R. Bulit
  15. Frédéric Pécout 1989, p. 37.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Gratien Leblanc 1961] Gratien Leblanc, « L'Abbaye-Nouvelle, près Gourdon (Lot) », MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique du Midi de la France, no 27,‎ , p. 49-75 (ISSN 0373-1901, lire en ligne) ;
  • [FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout 1989] FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout, MĂ©moire de maĂ®trise en Histoire de l'Art et ArchĂ©ologie, Montpellier, UniversitĂ© de Montpellier,
  • [FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout 1990-1] FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout, « L'Abbaye Nouvelle, commune de LĂ©obard : chroniques des fouilles », ArchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, CNRS Éditions, t. XX,‎ , p. 382-383 (ISSN 0153-9337)
  • [FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout 1990-2] FrĂ©dĂ©ric PĂ©cout, « L'Abbaye Nouvelle, commune de LĂ©obard », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Études du Lot, no 111,‎ , p. 145-158 (ISSN 0755-2483) ;
  • [Bernadette Barrière 1998] Bernadette Barrière, Moines en Limousin : L'aventure cistercienne, Limoges, Presses universitaires de Limoges, , 207 p. (ISBN 9782842871031, lire en ligne), p. 136-137.
  • Sous la direction de Nicolas Bru, Archives de pierre. Les Ă©glises du Moyen Ă‚ge dans le Lot, p. 227-228, SilvanaEditoriale, Milan, 2012 (ISBN 978-8-836621-04-0)

Articles connexes

Liens externes

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