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Abbaye d'Étival-en-Charnie

L'abbaye Notre Dame d'Étival-en-Charnie, est un monastère de religieuses bénédictines, situé à Chemiré-en-Charnie dans la Sarthe, aux confins du département de la Mayenne, fut fondée en 1109 grâce à la rencontre de l'ermite saint Alleaume, disciple de Robert d'Arbrissel, et de Raoul VII de Beaumont, vicomte de Beaumont.

Abbaye d'Étival-en-Charnie
Image illustrative de l’article Abbaye d'Étival-en-Charnie
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattachement Ordre de Saint-Benoît
DĂ©but de la construction ~ 1109
Fin des travaux ~ XVIe siècle
Autres campagnes de travaux ... - 1902: Restauration
Style dominant roman
Protection 24 janvier 1979 ; Références : PM72000541 à 544
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Pays de la Loire
DĂ©partement Sarthe
Ville Chemiré-en-Charnie
CoordonnĂ©es 48° 03′ 15″ nord, 0° 13′ 35″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye d'Étival-en-Charnie
GĂ©olocalisation sur la carte : Sarthe
(Voir situation sur carte : Sarthe)
Abbaye d'Étival-en-Charnie
Armes des Beaumont
Les restes de l'abbaye

Raoul VII de Beaumont, fils d'Hubert II de Beaumont, possédait plusieurs places fortes de la région : Beaumont, Fresnay et Sainte-Suzanne. C'est à une vingtaine de kilomètres de ce dernier château (qui avait victorieusement résisté aux troupes anglo-normandes de Guillaume le Conquérant vingt-deux ans plus tôt), au cœur de la forêt de la Charnie, que Raoul pourvoit financièrement à l'édification de l'abbaye. Les pierres de calcaire de la Champagne mancelle et les roches granitiques très dures, un peu rougeâtres, des environs (grès roussard) fournissent le matériau nécessaire à la construction, lui donnant une teinte sombre qui ajoute à l'austérité du lieu. L'évêque du Mans, Hildebert de Lavardin, vient consacrer l'église et désire qu'y soit suivi l'ordre de Saint-Benoît, à l'égal de la Communauté du Pré, établie sur le tombeau de l'évêque saint Julien du Mans au Mans.

Abbesses

La plupart des abbesses d'Étival appartiennent aux premières familles nobles de la province du Maine (de Beaumont, de Brienne, de Sillé, de Bouillé, de Laval, du Bellay, de Cossé, de Courtalvert, etc.). Trente et une abbesses se succèdent à la tête de la maison des bénédictines, jusqu'en 1790. Parmi elles :

  • 11?? HĂ©remburge I de Neuvillette
  • 11?? Basilie de PoillĂ©
  • 1198 Julienne
  • 1218 HĂ©remburge II
  • 1218 Thibault VI, Comte de Blois et de Chartres, crĂ©e le prieurĂ© du Boulay, qu'il place sous l'autoritĂ© de l'abbesse d'Étival.
  • 12?? BĂ©atrice I
  • 1270 Agnès de Payenne
  • 1294 CrĂ©ation de l'Ă©tang de l'abbaye d'Étival. Peut-ĂŞtre dĂ» Ă  la gĂ©nĂ©rositĂ© de Robert de ChemirĂ©-en-Charnie.
  • 1302 HĂ©loĂŻse de ChemirĂ©, fille de Robert de ChemirĂ©-en-Charnie.
  • 1310 Jeanne I de Brienne, veuve de Guy VIII de Laval. Donne aux religieuses en exĂ©cution du testament de son mari la terre de Livet-en-Charnie, qui est Ă©rigĂ©e en paroisse par lettres datĂ©es de 1302
  • 1340 Catherine I de Laval
  • 1333 Vacance
  • 1340 Marie I de Beaumont
  • 1349 Nicole de Rabaud
  • 1371 Thiephaine de Châtenay
  • 1374 BĂ©atrice II de Broucin (ou Broussin)
  • 1381 Etiennette des Hayes
  • 1420 BĂ©atrice III de Montjean de SillĂ©[1]
  • 1434 Catherine II de TucĂ©
  • 1440 Jeanne II de La Motte du Vallon
  • 1460 Jeanne III de Baurette
  • 1461 Marguerite de BouillĂ©
  • 1477 Jeanne IV de Laval crĂ©atrice d'un nouvel Ă©tang près de l'abbaye
  • 1513 Antoinette de SouvrĂ©
  • 1533 Anne du Bellay de Langey
  • 1545 RenĂ©e d'Aunay
  • 1582 Catherine III de La Haye
  • 1586 AngĂ©lique de CossĂ©-Brissac
  • 1623 Henriette d’Espinay-Saint-Luc (†1671), fille lĂ©gitimĂ©e de TimolĂ©on d'Espinay, abbesse de Saint-Paul de Soissons rĂ©signe le en faveur de sa sĹ“ur Françoise Catherine, pour devenir abbesse des Feuillantines Ă  Paris, puis d'Étival.
  • 1627-1660 Claire NĂ©au de Lestang, rĂ©formatrice. De mĹ“urs austères, elle veut introduire la rĂ©forme en 1636 mais rencontre une vive rĂ©sistance auprès des religieuses ; l'accord se rĂ©alise sur un programme plus « raisonnable » en 1650. Elle fut moquĂ©e par Scarron dans Le Roman comique (1re partie, chap. III).
  • 1651 L'Abbesse d'Étival crĂ©e la forge du Lessivet
  • 1660 Marie II Françoise Elisabeth Rogier de Villeneuve de Kerveno (Coaducatrice de Claire Neau de 1653 Ă  1660)
  • 1675 Charlotte I d'Éstampes de Valençay († 1714)
  • 1714 Charlotte II Madeleine de PezĂ© de Courtalvert[2].
  • 1726 Marie-Anne I Charlotte de Rabodanges de Thun (DĂ©missionne en 1768; † mars 1776 Ă  Paris, chez les religieuses du PrĂ©cieux Sang, oĂą elle s'Ă©tait retirĂ©e)[2].
  • 1770 Justine de Vaulserre des Adrets
  • 1773 Madeleine de Bernart de Courmesnil, Ă©lève et amie de Madame de Rabodanges. PrĂ©sente en 1789; dernière abbesse d'Etival[2].
  • 1789 Marie-Anne II Madeleine-RenĂ©e de ScĂ©peaux de Moulinvieux (se rĂ©fugie au château de Moulinvieux Ă  Asnières-sur-Vègre).

NB : Les dates indiquent la présence de l'abbesse à Étival cette année-là.

Religieuses et personnalités

  • Catherine du Bouchet de Sources (vers. 1500-?), religieuse Ă  l'abbaye[Note 1]

L’abbaye

L'ancienne abbaye d'Étival-en-Charnie.
  • En 1215, l'abbaye d'Étival-en-Charnie dĂ©tient des droits d’usage dans la forĂŞt de Bouère, en particulier le droit de prendre le bois mort pour le chauffage et le bois vif pour leur travail[3].
  • L'abbaye, reconstruite après un incendie accidentel en 1511, est l'une des plus riches abbayes du Maine : d'une superficie de 1 200 hectares, dotĂ©e de deux Ă©tangs dont un de sept hectares, d'un moulin, d'un four Ă  chaux, de forges, c'est aussi une « entreprise » de 45 employĂ©s.
  • Cette abbaye devient au fil des ans un lieu de culte et de culture important (on y fait des traductions d'ouvrages en latin, traitĂ©s divers et ouvrages religieux), ainsi qu'un refuge pour les persĂ©cutĂ©s des Ă©poques troublĂ©es que sont l'Inquisition et la RĂ©volution française.
  • 1789 : quatorze moniales de chĹ“ur et six converses occupent encore l'abbaye lorsqu'elles en sont expulsĂ©es. L'abbaye est dĂ©truite en majeure partie par les rĂ©volutionnaires et les rĂ©fugiĂ©s pĂ©rissent, ainsi que les religieuses.
  • Après un inventaire très prĂ©cis du gouvernement rĂ©volutionnaire de 1790, qui estime sa valeur Ă  400 000 livres, l'abbaye est vendue 30 000 livres, puis sert de carrière de pierres Ă  partir de 1792. En quelques annĂ©es, il ne reste plus rien de la nef, ni du cloĂ®tre.
Vitrail aux armes des vicomtes de Beaumont, abbaye d'Étival-en-Charnie.
  • Seul subsiste de nos jours l'ancien croisillon nord du transept de l’église abbatiale des BĂ©nĂ©dictines du XIIe siècle, transformĂ© en chapelle, auquel sont attachĂ©s une absidiole (avec deux colonnes Ă  la base, comme les abbatiales de la Couture au Mans ou d'Avesnières Ă  Laval) et un chapiteau travaillĂ©s) et une sacristie. D'un emploi courant Ă  l'Ă©poque, des contreforts Ă©paulent les murs dans les angles. Une fenĂŞtre romane apparaĂ®t sur le haut du pignon avec de larges claveaux, la porte basse Ă©tant Ă  deux voussures en grès roussard. Ă€ l'intĂ©rieur on peut observer les modifications des ouvertures tout au long des six siècles de fonctionnement de l'abbaye (de 1109 Ă  1790). Une fresque murale reprĂ©sente une abbesse tenant dans sa main droite une crosse et dans sa main gauche un livre entrouvert. Pierre tombale du XVe siècle-XVIe siècle, (ISMH 1989) fragment de la dalle funĂ©raire de Jeanne de Laval (abbesse). Retable de 1780 composĂ© de doubles consoles et de chapiteaux sur pilastres unis. On peut apprĂ©cier les chapiteaux des colonnes extĂ©rieures de l'abside du XIIe siècle et le vitrail aux armes de Raoul de Beaumont. L'autel, rapportĂ© lors de la restauration de 1900, est signĂ© du sculpteur Lebrun (1779, ISMH 1989).
    Peintures murales chapelle d'Étival.

La restauration

Après quarante années d'abandon, faute de ressources, la chapelle est restaurée à l'aube du XXe siècle, à l'aide d'une subvention de la Commission des monuments historiques de la Sarthe et de plusieurs souscriptions particulières[4], sous la direction de Robert Triger, Président de la Société historique et archéologique du Maine, Inspecteur général de la Société française d'archéologie. L'abbé Sergent étant curé, et M. Leroy, Maire, de Chemiré-en-Charnie, la chapelle est rendue au culte le jeudi , fête de la translation des reliques de Sainte Scolastique.

  • En 1901 et 1902, des fouilles archĂ©ologiques permettent de retrouver le plan de l'abbaye, avec l'Ă©glise et la chapelle des vicomtes de Beaumont, le cloĂ®tre, le chapitre, l'appartement abbatial, les bâtiments conventuels, -cuisine, dortoirs, salle Ă  manger -, et les constructions agricoles. Elles attestent Ă©galement que le chĹ“ur roman a Ă©tĂ© remplacĂ© par un chĹ“ur gothique. Il est probable que le plan et les dimensions de l'abbatiale Ă©taient Ă  l'origine proches des Ă©glises du PrĂ© au Mans, de Saint-RĂ©my de SillĂ©-le-Guillaume, ou de Tennie.
  • La chapelle est classĂ©e Monument historique depuis un arrĂŞtĂ© du .

La statuaire

Les gisants d’Étival-en-Charnie

Plusieurs gisants de pierre, la plupart retrouvés en 1848 par M. Hucher, archéologue, dans l'ancienne abbaye d'Étival sous le sol de ce qu'était la sacristie, sont conservés au musée d'archéologie et d'histoire du Maine, le Carré Plantagenêt, au Mans :

  1. Statue du XIIe siècle ou du premier quart du XIIIe siècle, assez mutilée, représentant un vicomte de Beaumont, peut-être Raoul II, fondateur de l'abbaye d'Étival-en-Charnie en 1109, à moins qu'il ne s'agisse de Raoul V, mort en 1230.
  2. Statue de la première moitié du XIIIe siècle, d'un vicomte de Beaumont, peut-être Raoul III, à moins qu'il ne s'agisse de Raoul VI, mort vers 1238.
  3. Statue de la seconde moitié du XIIIe siècle ou du premier quart du XIVe siècle, représentant un vicomte de Beaumont, peut-être Richard III, fils de Raoul III, mort en 1249, à moins qu'il ne s'agisse de Guillaume, frère aîné de Richard III, ou de Jean Ier de Brienne, fils de Louis de Brienne et d'Agnès de Beaumont, mort vers 1320.
  4. Statue de la seconde moitié du XIIIe siècle ou du premier quart du XIVe siècle, d'une dame de Beaumont, peut-être Mathilde, épouse de Richard III, ou Agnès de Beaumont, fille de Raoul VI, épouse de Louis Ier de Brienne.

Date protection MH : ; Références : PM72000541 à 544.

La commune

  • Étival-en-Charnie, qui Ă©tait une paroisse Ă  part entière (le culte Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ© dans la chapelle) fut rattachĂ©e Ă  ChemirĂ©-en-Charnie en 1809 par dĂ©cret de NapolĂ©on Ier.
  • Étival fut connue aussi Ă  la fin du XIXe siècle et au dĂ©but du XXe siècle pour son Ă©levage de plus de 8000 oies (une grande partie de la production Ă©tait, via la gare de ChemirĂ©-en-Charnie, exportĂ©e en Angleterre).
  • Durant la Seconde Guerre mondiale, le village connait l'occupation ; des jeunes de la rĂ©gion s'engagent dans le maquis d'Étival, qui est tragiquement rĂ©primĂ© par 120 allemands et 80 miliciens le . Sont fusillĂ©s près de l'Ă©tang de l'abbaye :
    • Francisque Eugène Bec, anglais parachutĂ© ;
    • Claude Hilleret, jeune patriote français, tous deux membres des groupes mobiles franco-anglais de la Sarthe.

Notes et références

Notes

  1. Fille de Guillaume du Bouchet, seigneur, baron, puis marquis de Souches, et de son épouse Jeanne de Vassé, selon Racineshistoire,

Références

  1. Fille d'Anne de Sillé.
  2. cf.Vie de M. Marquis-Ducastel, doyen rural d'Évron et du Sonnois, curé de Sainte-Suzanne et de Marolles-lès-Brault, page 75, "Relations de M. Marquis-Ducastel avec les religieuses d'Étival-en-Charnie", par l'abbé F. Pichon, chanoine honoraire et secrétaire de l'évêché du Mans, Ed. Leguicheux-Gallienne, Le Mans 1873.
  3. A. Bertrand de Broussilon, La maison de Laval, I, 1895, no 327.
  4. Souscripteurs : le département de la Sarthe, la commission des monuments historiques, le Maire, le Conseil municipal et les habitants de Chemiré-en-Charnie, l'abbé Sergent, curé de Chemiré-en-Charnie, l'Abbaye Saint-Pierre et l'Abbaye Sainte-Cécile de Solesmes, M. et Mme Javary du Guesneau, la marquise de Beauchêne, Édouard de Lorière, le Duc des Cars (Conseiller général), Gaston Galpin (député de la Sarthe), Cernu (ancien Maire de Chemiré), l'abbé Hérissé, Robert Triger (Président de la Société historique et archéologique du Maine), le Marquis de Beauchêne (Vice-Président), Edouard de Lorière (Secrétaire), Louis Brière et Julien Chappée (membres du Bureau), Adolphe Singher (Membre d'honneur), le R.P. Dom Guillereau, bénédictin de Solesmes, Alexandre Celier, Marc-René de Montalembert (élève de l'école militaire de Saint-Cyr), André de Montalembert, Fernand Hucher, l'abbé Corbin, P. Triconnet (membres de la Société historique et archéologique du Maine).

Voir aussi

Sources et bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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