Abbaye Notre-Dame de Bellozanne
L'abbaye Notre-Dame de Bellozanne est un établissement prémontré, situé sur la commune de Brémontier-Merval, en Seine-Maritime.
Abbaye Notre-Dame de Bellozanne | |||
Présentation | |||
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Culte | Catholique romain | ||
Type | Abbaye | ||
Rattachement | Ordre des Prémontrés | ||
DĂ©but de la construction | 1198 | ||
GĂ©ographie | |||
Pays | France | ||
RĂ©gion | Normandie | ||
DĂ©partement | Seine-Maritime | ||
Ville | Brémontier-Merval | ||
Coordonnées | 49° 30′ 20″ nord, 1° 36′ 40″ est | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Seine-Maritime
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Histoire
Cette abbaye est fondée en 1198 par Hugues V de Gournay, et confiée à l'ordre des Prémontrés. Elle est la fille aînée de l'abbaye de l'Isle-Dieu. En 1198, l'église est consacrée et les religieux investissent l'abbaye. La charte de fondation fait mention de la présence de Robert, abbé de Beaubec, Geoffroy, abbé de l'Isle-Dieu et Robert, abbé d'Ardenne. Elle était située entre deux étangs, depuis asséchés : l'étang du Mont-Louvet et l'étang de Bray. Le , Richard Cœur de Lion confirme les donations faites à l'abbaye. Elles sont à nouveau confirmées par Jean sans Terre le , et par Philippe le Bel le , de Bellozanne même[1]. Le premier abbé est Raoul, venu de l'Isle-Dieu.
L'abbaye avait le patronage de 7 paroisses, toutes données sauf une en 1198 : Bellozanne, Brémontier et sa succursale Merval, Elbeuf-en-Bray[2], Saint-Lucien[3], Le Thil et sa succursale Riberpré. De plus, l'abbaye est la mère du prieuré du Val-Guyon, à Bonnières, aumôné à l'abbaye par Guy Mauvoisin, seigneur de Rosny, en .
En , l'abbaye accueille le roi Philippe le Bel. En , c'est au tour du roi Charles IV d'y venir.
L'établissement subit la commende dès 1521. L'un de ses abbés commendataires est le poète Pierre de Ronsard. Au XVIIe siècle, l'abbaye est ravagée par les guerres de la Ligue. Parmi les membres de la communauté, on peut citer François Placet, prieur en 1666, qui est un précurseur de la théorie de la dérive des continents[4]. L'abbaye est l'une des rares en Normandie avec celle de Blanchelande à ne pas adopter la réforme de l'Ordre des Prémontrés, et à conserver la Commune Observance.
À la Révolution, il reste sept religieux. L'abbaye se trouve pillée. L'église est vendue comme bien de la nation à Cartier, boucher de Pont-de-l’Arche, qui achète pour 16 500 livres l’enclos abbatial de Bellozanne, le dépèce et en revend les restes[5] le à Charles Certain pour 2 000 francs seulement[6], qui ordonna sa démolition. Toutes les pierres ont été réutilisées.
En 1827, un château est construit à l'emplacement des ruines de l'abbaye, qui ainsi disparaissent. Le domaine est passé par alliance à la famille D'avout d'Auerstaedt.
Architecture
Il ne reste aujourd'hui que des vestiges de l'abbaye : la porterie du XVIIIe siècle, plusieurs bâtiments de la ferme des religieux, les caves sous le château, et l'église Sainte-Marguerite, devenue chapelle du château.
Mobilier dispersé
Plusieurs églises voisines possèdent des statues, panneaux sculptés et tableaux provenant de l'ancienne abbaye. Leur dispersion est antérieure à l'inventaire de 1791 de Dom Gourdin.
La chapelle Sainte-Marguerite de Bellozanne, voisine de l'abbaye, renferme trois beaux reliefs dans son abside (le martyre de Sainte-Marguerite, l'adoration des mages et l'adoration des bergers) et plusieurs autres panneaux sculptés, ainsi qu'une grande statue de Moïse.
L'église de Brémontier est celle qui possède la plus grande part de ce mobilier : cinq panneaux de bois sculpté dans le chœur, un autel polychrome, les stalles de l'entrée du chœur, les retables des autels latéraux, la chaire et des statues.
A Argueil, l'église Saint-Maurice renferme deux grands panneaux de chêne sculpté.
La Collégiale Saint-Hildevert de Gournay-en-Bray possède deux autres grands panneaux de Bellozanne.
Un panneau du retable de l'église de Merval, et le retable du maître-autel de l'église d'Hodeng font également penser aux sculptures de l'abbaye, sans que leur origine soit certaine[7].
Liste des abbés
35 abbés réguliers sont recensés dans l'histoire de l'abbaye, selon le Gallia Christiana:
- Raoul (1198 -), venu de l'Isle-Dieu.
- Guillaume I (1212-)
- Hilaire (1232-)
- Hugues I ( -)[8]
- Guillaume II (1330 - 1348)
- Jean I Martin (1348 - 1350)
- Nicolas (1350 - 1388)
- André Hestrel (1388 - 1403)
- Jean II Brunet (1403 - 1423)
- Mathieu Lejeune (1423 - 1425)
- Hugues II Parent (1425 - 1442)
- Jean III Pinart (1442 - 1466)
- Geoffroy de L'Isle (1466 - 1475)
- Vacance (1475 - 1477)
- Jean IV Leclerc (1477 - 1499), prieur-curé du Thil.
- Jean V Boudet (1499 - 1518), prieur-curé de Saint-Lucien.
- Antoine d'Outreleau (1518 - 1521), prieur-curé de Brémontier.
- Robert Coppin, prieur claustral[9].
- Michel Lelong (1522 - 1539)[10], bénédictin de Fécamp, prieur d'Évecquemont.
- abbés Durand et Richard (leur existences est incertaine).
Abbés commendataires:
- Louis Héraut de Servise (1539 - 1543), maître de la chapelle de la reine.
- François Vatable (1543 - 1547), professeur d'hébreu à l'Université de Paris.
- Jacques Amyot (1547 - 1564)[11], élève de Vatable, traducteur de Plutarque, grand aumônier de France, évêque d'Auxerre.
- Pierre de Ronsard ( - )[12], poète.
- Jean de Maumont ( - 1576)[13], helléniste, principal du collège de Pompadour à Paris.
- Jean Touchard (1583 - 1597)[14], chanoine de Notre-Dame de Paris, ancien précepteur du cardinal de Vendôme, évêque de Meaux. Il reprend la commende à la mort de Brossin.
- Charles Brossin (1588 - 1591)[15], docteur en théologie, prédicateur ordinaire du duc de Mayenne.
- Antoine Regnard (1599 - 1626), neveu de Touchard, curé de Montjavoult.
- Jean Coignard (1626 - 1668)
- Jacques de Fieux (1668 - 1675)[16]
- Étienne de Fieux (1676 - 1694), frère du précédent, vicaire général et grand archidiacre de Rouen.
- Pierre de Hangest d'Argenlieu (1694 - 1701), prévôt de Saint-Gervais de Soissons.
- Denis LĂ©ger (1701 - 1729), docteur de la Sorbonne, grand archidiacre d'Angers, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris.
- Urbain Robinet (1729 - 1758)[17], chanoine de Paris, vicaire général de Rouen.
- Thomas Le Rat (1759 - 1790), chanoine de Rouen.
Armes de l'abbaye
d'azur Ă trois fleurs de lys d'or, 2 et 1[18].
Propriétaires et occupants du château de Bellozane
- Marguerite Certain de Bellozane, petite-fille de Charles-Jean Certain et dernière du nom[19]. Elle épousa le général Louis Eugène Léonce Pajol (1817-1885), fils du général d'Empire Pierre Claude Pajol (1772-1844).
- Le couple a une fille, Marie-Malvina-Françoise-Amandine Pajol qui épousa Henri Étignard de La Faulotte.
- Le couple a une fille, Hélène Étignard de Lafaulotte (1880-1946) qui épousa Louis Davout (1877-1958), 4e duc d’Auerstaedt et gendre des précédents.
- Le couple a une fille, Marie-Malvina-Françoise-Amandine Pajol qui épousa Henri Étignard de La Faulotte.
Notes et références
- N R. Potin de la Mairie, Recherches historiques sur la ville de Gournay, Éditions veuve Folloppe, Gournay, 1844, [lire en ligne]
- Le patronage avait été donné à l'abbaye du Bec par la famille de Gournay. Repris et échangé, il est donné à l'abbaye de Bellozanne.
- Ce patronage a été donné par Enguerrand de Saint-Lucien, et confirmé le 17 janvier 1200 par l'archevêque de Rouen.
- Bernard Ardura, Prémontrés, histoire et spiritualité, Publications de l'Université, Saint-Étienne, 1995, [lire en ligne]
- Bernard Bodinier, De la Révolution à la séparation de l’Église et de l’État : le sort des abbayes normandes, lire le pdf
- comte de Bellozanne, ancien conseiller de la Cour des Aides.
- Jean Fournée, Odile Le Bertre-Turban, L'abbaye de Bellozanne, CRDP Rouen, 1979
- Il reçoit la bénédiction abbatiale d'Eudes Rigaud, archevêque de Rouen.
- Il meurt l'année de son élection.
- Il est nommé par le roi pour la commende de l'abbaye, mais se comporte comme un abbé régulier.
- François-René de Chateaubriand, Génie du Christianisme, Volumes 3 à 4, Ledentu, Paris, 1830, [lire en ligne]
- Il renonce la même année à l'abbaye et reçoit en échange le prieuré de Saint-Cosme en l'Isle en mars 1565 et celui de Croixval en mars 1566. Paul Laumonier, Ronsard, poète lyrique: étude historique et littéraire, Genève et Paris, 1997, [lire en ligne]
- (en) Isidore Silver, Ronsard and the Hellenic Renaissance in France, vol. 1, Washington University, Saint Louis, 1961, [lire en ligne]
- Claude Fleury, Histoire Ecclésiastique, vol. 24, Libraires associés, Paris, 1781, [lire en ligne]
- Il est nommé par le duc de Mayenne. Il meurt lors du siège de Gournay et meurt sans avoir reçu son investiture canonique.
- Il devient en 1675 Ă©vĂŞque de Tulle.
- Michel Pierre Joseph Picot, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le dix-huitième siècle, tome 4, Imprimerie d'Adrien Le Clère, Paris, 1816, [lire en ligne]
- Alfred Canel, Armorial de la province des villes de Normandie, Rouen, A. PĂ©ron, 1849, [lire en ligne]
- Vicomte d’Avout (Jacques d’Avout), Les d’Avout : étude généalogique d’une famille d’ancienne chevalerie du duché de Bourgogne, Dijon, imprimerie Darantière, M CM LII (1952), 86 pages, 31 cm, page 71.
Sources et bibliographie
- Jean Benoît Désiré Cochet, « Notice historique sur l'ancienne abbaye de Bellosane », dans Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen, Rouen: Alfred Péron, 1847, p. 327-336
- Jean Benoît Désiré Cochet, Répertoire archéologique du département de la Seine-inférieure, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
- Jean Fournée, Odile Le Bertre-Turban, L'abbaye de Bellozanne, CRDP Rouen, 1979. Notice BnF
- Achille de Rochambeau, La famille de Ronsart: recherches généalogiques historiques et littéraires sur P. de Ronsard et sa famille], Paris, A. Franck, 1868, [lire en ligne]
- Dieudonné Dergny, Les cloches du Pays de Bray, Paris, Derache, 1863, [lire en ligne]
- Simon Barthélemy Joseph Noël, Premier essai sur le département de la Seine-Inférieure, Rouen: Imprimerie des arts, 1795, [lire en ligne]
- Abbaye de Bellozanne, archives départementales de la Seine-Maritime, 4H.