1923 en dadaïsme et surréalisme
Éphémérides
Janvier
- Parution du premier numéro de la revue Merz créée par Kurt Schwitters[1].
Affiche de la manifestation Dada à Haarlem.
Février
Antonin Artaud publie à compte d'auteur et sous le pseudonyme d'Eno Dailor le premier numéro de la revue Bilboquet, une feuille composée d'une introduction et de deux poèmes : « Toutes les revues sont les esclaves d'une manière de penser, et, par le fait, elles méprisent la pensée. [...] Nous paraîtrons quand nous aurons quelque chose à dire[2]. »
André Breton fait cesser les expériences de sommeil hypnotique[3].
Mars
- Artaud quitte le Théâtre de l'Atelier.
Avril
- 1er avril
Dans la NRF, Jacques Rivière fait l'éloge d'Aragon : « En lisant Aragon, je pense à Voltaire, mais encore plus au premier Barrès. » Aragon réplique : « L'imprudence que j'ai eue de publier un livre vous donne barre sur moi, le temps d'évoquer Voltaire que je tiens pour la dernière saloperie. »
Dans un entretien avec Roger Vitrac publié dans Le Journal du peuple, Breton fait part de son intention de ne plus écrire[4] : « Je considère la situation des choses que je défends comme désespérée. Je tiens même la partie pour absolument perdue. »
Mai
- Antonin Artaud, Tric-Trac du ciel[5]
- Artaud rejoint la compagnie de Georges et Ludmilla Pitoëff installée à la Comédie des Champs-Élysées.
Artaud rencontre Jacques Rivière à la suite du refus de ce dernier de publier deux poèmes. Début de la correspondance.
Juin
Parution dans la presse d'un Hommage à Pablo Picasso signé par le groupe surréaliste, probablement écrit par Breton[6].
Juillet
Portrait de Tristan Tzara par Robert Delaunay, 1923
Soirée Dada au théâtre Michel organisée par Tristan Tzara. L'affiche de la manifestation est conçue par Ilia Zdanevitch. Projection du film de Charles Scheeler Fumées de New York. Représentation du Cœur à gaz de Tzara dont les costumes sont de Sonia Delaunay. Violentes interruptions des surréalistes Desnos, Paul Eluard, Péret et Breton, qui de sa canne casse le bras de Pierre de Massot. Tzara en appelle à la police. Cette soirée[7] marque la rupture définitive entre dadaïstes et surréalistes[8].- Publication à Berlin du premier numéro de la revue G (réduction extrême du titre Material zur elementaren Gestaltung), créée par Hans Richter, et qui se veut l'expression de la rencontre du dadaïsme et du constructivisme. Le titre de la revue est du peintre El Lissitzky[9].
Août
André Breton, Tournesol[10]- Artaud subit une nouvelle série de piqûres et autres traitements antisyphilitiques : « Les engourdissements ont en partie disparu mais pour faire place à des céphalées encore plus violentes qui m'enlèvent plus que jamais la possession de ma pensée. »
Septembre
Breton rend visite au poète Saint-Pol-Roux, à Camaret (Finistère)[11].
Novembre
Breton se rend dans la nouvelle maison qu'occupent Eluard, Gala et Max Ernst à Eaubonne (Val d'Oise). Il y découvre la décoration de la maison réalisée par Ernst qui « dépasse en horreur tout ce qu'on peut imaginer. Penser que la banlieue, la campagne vous cache de telles machinations : je sais bien que si j'étais la foudre je n'attendrais même pas l'été. »
André Breton, Clair de terre, avec un portrait par Picasso[12]- Parution du deuxième numéro de Bilboquet intégralement écrit par Artaud. À propos du roman de Raymond Radiguet, Le Diable au corps : « J'ai rarement lu un roman aussi cyniquement niais que celui de Raymond Radiguet. Toute l'habile singerie de l'homme s'y trouve collectée. C'est comme une maturité en raccourci[13]. »
Décembre
- À l'occasion de l'acquittement de Germaine Berton, jugée pour avoir assassiné le , Marius Plateau[14], secrétaire des Camelots du roi, Aragon, Breton, Simone Breton et Max Morise lui offrent une corbeille de roses et d'œillets rouges, accompagnée de ces mots : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n'avons pas su faire. ». Cependant, Breton, dans une position équivoque, regrette que « l'acquittement retire au geste sa valeur de révolte[15] ».
Cette année-là
- André Masson rencontre les surréalistes.
- Parution du premier numéro de la revue Europe créée par Romain Rolland avec la collaboration d'Aragon et d'Eluard.
- Premiers croquis expressionnistes d'Yves Tanguy qui le font remarquer du peintre Maurice de Vlaminck[16].
- D'une plateforme d'autobus, Yves Tanguy aperçoit dans la vitrine du marchand d'art Paul Guillaume le tableau de Giorgio De Chirico Le Cerveau de l'enfant. Il saute du bus en marche pour le voir de plus près, reproduisant sans le savoir la même réaction qu'a eu Breton quelques années plus tôt[17].
Œuvres
- Louis Aragon
- Céline Arnauld
- Guêpiers de diamant, poèmes
- Antonin Artaud
- Tric-Trac du ciel
- André Breton
- Clair de terre, recueil de poèmes, avec un portrait par Pablo Picasso : « Les promesses des nuits étaient enfin tenues / Les pigeons voyageurs les baisers de secours / Se joignaient aux seins de la belle inconnue / Dardés sous le crêpe des significations parfaites / Une ferme prospérait en plein Paris / Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée / Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants. (Tournesol). »
- Paul Citroen
- Metropolis, deuxième version, collage[19]
- Robert Desnos
- Langage cuit, écriture automatique : « Dans l'escalier je la rencontrai. "Je mauve" me dit-elle et tandis que moi-même je cristal à pleine ciel-je à son regard qui fleuve vers moi. Or il serrure et, maîtresse ! Tu pichpin qu'a joli vase je me chaise si les chemins tombeaux. L'escalier, toujours l'exscalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche. »
- Marcel Duchamp
- Le Grand verre, la Mariée mise à nu par ses célibataires, même, huile sur verre, inachevé, commencé en 1915[20]. Breton : « Une œuvre dans laquelle il est impossible de ne pas voir le trophée d'une chasse fabuleuse sur des terrains vierges, aux confins de l'érotisme, de la spéculation philosophique, de l'esprit de compétition sportive des dernières données des sciences, du lyrisme et de l'humour. »
- Max Ernst
- Au premier mot limpide, peinture murale de la maison d'Eluard à Eaubonne (Val d'Oise)[21]
- Castor et pollution, huile sur toile[22]
- La Femme chancelante, huile sur toile[23]
- Histoire naturelle, peinture murale[24]
- Les Hommes n'en sauront rien, huile sur toile. Au dos de la toile figure la légende : « Le croissant (jaune et parachute) empêche que le petit sifflet tombe par terre. / Celui-ci, parce qu'on s'occupe de lui, s'imagine monter au soleil. / Le soleil est divisé en deux pour mieux tourner. / Le modèle est étendu dans une pose de rêve. La jambe droite est repliée (mouvement agréable et exact). / La main cache la terre. Par ce mouvement la terre prend l'importance d'un sexe. / La lune parcourt à toute vitesse ses phases et éclipses. / Le tableau est curieux par sa symétrie. Les deux sexes s'y font équilibre. / à André Breton / très amicalement / max ernst. »[25]
- Pietà ou la révolution la nuit, huile sur toile[26]
- Sainte Cécile, huile sur toile[27]
- Ubu imperator, huile sur toile[28]
- Vive l'amour (Pays charmant), huile sur toile[29]
- Raoul Hausmann
- ABCD (Portrait de l'artiste), collage[30]
- Henri Michaux
- Joan Miró
- La Lampe à carbure, huile sur toile[32]
- Francis Picabia
- Man Ray
- Indestructible objet ou Objet indestructible, objet : métronome mécanique avec la photographie d'un œil collé sur le contrepoids[35]
- Retour à la raison, film, musique de George Antheil[36]
- Hans Richter
- Rythme 23, huile sur rouleau de toile[37]
- Kurt Schwitters
- Philippe Soupault
- Le Bon apôtre, roman
- À la dérive, roman
- Tristan Tzara
- De nos oiseaux
- Theo Van Doesburg
- La Matière dénaturalisée. Destruction n°2, collage[40]
- Ilia Zdanevitch
- Ledentu le phare, poème en « zaoum »
Notes et références
- Serge Lemoine, Dada, éditions Hazan, Paris, 1991-2005, p. 62.
- Évelyne Grossman, Chronologie d'Antonin Artaud, in Artaud Œuvres, éditions Gallimard, collection Quarto, Paris, 2004, p. 43.
- Marguerite Bonnet, André Breton, Œuvres complètes, tome 1 : chronologie, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1988, p. XLVI.
- Bonnet, op. cit., p. XLVI.
- Grossman, op. cit., p. 19.
- Bonnet, op. cit., p. XLIX.
- dite du Cœur à barbe pour la postérité.
- Bonnet, op. cit., p. XLVI, Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 269 et Michel Sanouillet, Dada à Paris, éd CNRS, Paris, 1965-2005, p. 333.
- Le Bon, op. cit., p. 440.
- Henri Béhar, André Breton le grand indésirable, éditions Fayard, Paris, 2005, p. 312.
- Bonnet, op. cit., p. XLVII.
- Bonnet, op. cit., p. XLVII & p. LX.
- Grossman, op. cit., p. 48.
- Georges Sebbag, André Breton l'amour-folie, éditions Jean-Michel Place, Paris, 2004, p. 100.
- Lettre de Simone Breton à Denise Lévy, 24 décembre. Bonnet, op. cit., p. XLVIII.
- Agnès Angliviel de la Beaumelle, Yves Tanguy, Centre Pompidou, Paris, 1982, p. 173.
- Angliviel, op. cit., p. 173.
- Jean-Paul Clébert, Dictionnaire du Surréalisme, éditions du Seuil & A.T.P., Chamalières, 1996, p. 50.
- Reproduction dans Le Bon, op. cit., p. 338 et Lemoine, op. cit., p. 83.
- Reproduction dans André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 95.
- Puis monté sur toile, 232 × 167 cm. Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf. Reproduction dans Connaissance des arts n° 716, juin 2013, p. 40.
- Werner Spies, La Révolution surréaliste, p. 130.
- Spies, op. cit., p. 131.
- Spies, op. cit., p. 133.
- 80,5 × 64 cm. Collection privée, Tate Gallery, Londres. Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 331, janvier 2012, p. 85. Ce tableau a été créé avant le mois d'octobre : Breton en a présenté une reproduction à Nadja qui « s'est longuement expliquée sur le sens particulièrement difficile [du tableau] et cela tout à fait conformément à la légende détaillée qui figure au dos de la toile », André Breton, Nadja, Œuvres complètes, tome 1, op. cit., p. 727 & p. 1554 pour la citation de la légende du tableau.
- Œuvre probablement réalisée après mai 1923, car elle n'est pas mentionnée dans le texte d'Aragon de la même année Max Ernst peintre des illusions, Clébert, op. cit., p. 50 et Reproduction dans Breton, op. cit., p. 24.
- Reproduction dans Angliviel, op. cit., p. 189.
- 81 × 65 cm. Musée national d'art moderne de Paris. Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 90, mai 1991, p. 1.
- Reproduction dans Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 208.
- Reproduction dans Lemoine, op. cit., p. 37.
- Éditions Ça ira, Bruxelles. Canonne, op. cit., p. 18.
- Reproduction dans Breton, op. cit., p. 40.
- Reproduction dans Breton, op. cit., p. 20.
- 116 × 88,5 cm. Musée nationale d'art moderne de Paris. Reproduction dans Beaux Arts magazine n° 103, juillet-août 1992, p. 49.
- 22,2 x 12 x 11 cm. Paris, Centre Pompidou. Détails des fortunes et versions diverses qu'a connu cet objet et reproduction dans Didier Ottinger (sous la direction de), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Éditions Gallimard & Centre Pompidou, Paris, 2013, p. 150.
- Considéré comme représentant de la musique surréaliste selon Noëmi Blumenkranz dans Biro & Passeron, op. cit., p. 25.
- Reproduction dans Aurélie Verdier, L'ABCdaire de Dada, éditions Flammarion, 2005, p. 104.
- Reproduction dans Lemoine, op. cit., p. 59 & p. 61.
- Reproduction dans Crepaldi, op. cit., p. 205.
- Reproduction dans Le Bon, op. cit., p. 969 et Lemoine, op. cit., p. 86.
Article connexe
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.