ڤ
Ve ou pe (ڤ) est une lettre additionnelle de l’alphabet arabe utilisée dans l’écriture du comorien, du javanais, du kurde sorani et du wakhi. Elle est parfois utilisée pour l’écriture de mots d’emprunt en arabe. Elle est composée d’un fāʾ ‹ ف › avec trois points suscrits à la place du point suscrit. Elle n’est pas à confondre avec la lettre qaf trois point suscrit ‹ ڨ › utilisée dans d’autres langues ou d’autres régions, avec laquelle elle partage ses formes initiale et médiane : ‹ ڨـ ـڨـ ›.
Cette lettre n'a pas de valeur numérique particulière.
Position | ||||
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Isolée | Initiale | Médiane | Finale | |
ڤ | ڤـ | ـڤـ | ـڤ |
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Isolée | Initiale | Médiane | Finale | |
Utilisation
En arabe (excepté en Algérie et en Tunisie), ‹ ڤ › peut être utilisé pour représenter une consonne fricative labio-dentale voisée [v] dans les mots d’emprunt ou les noms étrangers, par exemple : ‹ جيڤنشي › « Givenchy », ‹ ڤودافون › « Vodafone » ou ‹ ڤولڤو › « Volvo », ‹ لاند روڤر › « Land Rover ». En arabe maghrébin (algérien et tunisien), la variante avec les trois points souscrits ‹ ڥ › est utilisée, évitant la confusion avec le qāf trois points suscrits ‹ ڨ › des dialectes algérien et tunisien.
En comorien, kurde et wakhi écrit avec l’alphabet arabe, ‹ ڤ › représente une consonne fricative labio-dentale voisée [v].
Dans le jawi utilisé pour écrire le malaisien, l’aceh, le banjar, le minangkabau, et d’autres langues, et dans le pegon utilisé pour écrire le javanais, le madurais et le soudanais, ‹ ڤ › représente une consonne occlusive bilabiale sourde [p].
En sindhi, ‹ ڤ ›, ou sa variante avec trois points suscrits pointant vers le bas, a été utilisé pour représenter une consonne occlusive bilabiale sourde aspirée /pʰ/ aujourd’hui écrite avec le digramme peh heh ‹ پھ › de l’orthographe sindhi de 1852[1].
Dans les langues turciques, ‹ ڤ › a été utilisé depuis l’époque des Qarakhanides et est notamment décrite par Mahmoud de Kachgar au XIe siècle comme représentant une consonne entre le ba et la fa, possiblement une consonne spirante labio-vélaire voisée [w] ou une consonne fricative labio-dentale voisée [v][2].
En persan, ‹ ڤ › a été utilisé dans les plus anciens manuscrits écrits avec l’écriture perso-arabe et représentait une consonne fricative bilabiale voisée [β][3]. Il est notamment utilisé comme tel dans une copie de 1056 du Livre des remèdes (کتاب الابنیه عن حقائق الادویه, Kitāb al-Abnyiat ʿan ḥaqāʾiq al-adwiya) de Muvaffak[4].
Notes et références
- Trumpp 1872, p. 534–535.
- Şahi̇n 2017.
- Orsatti 2019, p. 42.
- Afshar 2008.
Bibliographie
- (en) I. Afshar, « Manuscripts in the domains of the Persian language », dans J.T.P. de Bruijn, General introduction to Persian literature: History of Persian, vol. 1, I. B. Tauris, (ISBN 978-1-84511-886-0, présentation en ligne)
- (en) Julie D. Allen (dir.) et Unicode Consortium, « Arabic, Range: 0600–06FF », dans The Unicode Standard, Version 8.0, (lire en ligne)
- (en + et) Eesti Keele Instituut / Institute of the Estonian Language, « Tšetšeeni / Chechen / Noxçiyꞑ mott », dans KNAB: Kohanimeandmebaas / Place Names Database, (lire en ligne)
- (en) Michael Everson, Extension of the Arabic alphabet coded character set for bibliographic information interchange (ISO 11822 : 1996), (lire en ligne)
- (en) Paola Orsatti, « Persian Language in Arabic Script: the Formation of the Orthographic Standard and the Different Graphic Traditions of Iran in the First Centuries of the Islamic Era », dans D. Bondarev, A. Gori, L. Souag, Creating Standards: Interactions with Arabic Script in 12 Manuscript Cultures, , 39–72 p. (DOI 10.1515/9783110639063-002, lire en ligne)
- (tr) Fatma Yelda Şahi̇n, « “Üç Noktalı fe” Harfi̇ni̇n ses Karşılığıo Ğuzların /w/ Karahanlıların /v/ Ünsüzü Kullanımı », Türk Dili Araştırmaları Yıllığı - Belleten, vol. 65, no 2, , p. 351–413 (présentation en ligne, lire en ligne)
- (en) George Stack, A grammar of the Sindhí language, Bombay, American Mission Press, (lire en ligne)
- (en) Ernest Trumpp, Grammar of the Sindhi language : Compared with the Sanskrit-Prakrit and the cognate Indian vernaculars, Londres, Trübner and Co., (lire en ligne)