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Ĺ’uvre

Une œuvre (du latin opera : « travail ») est l'objet physique ou virtuel résultant d'un travail anthropique, c'est-à-dire réalisé par l'Homme, ou plus généralement d'interactions naturelles. Plus prosaïquement, c'est aussi un synonyme d'ouvrage, c'est-à-dire le travail et son résultat, produit par l'ouvrier, par extension, celui de l'artisan ou de l'artiste.

On peut ainsi distinguer :

  • l'Ĺ“uvre, synonyme d'ouvrage ;
  • les Ĺ“uvres de l'esprit : conçues par un ĂŞtre vivant douĂ© d'intelligence, elles sont la manifestation tangible d'une pensĂ©e, mĂŞme infime par la rĂ©alisation d'un objet, d'une action fonctionnelle ou non. En particulier, un chef-d'Ĺ“uvre Ă©tait anciennement la preuve de l'excellence que devait prĂ©senter le compagnon pour ĂŞtre promu Ă  la maĂ®trise dans sa corporation ;
  • les Ĺ“uvres caritatives ;
  • les Ĺ“uvres de la nature : objets casuels rĂ©sultant uniquement de l'interaction de forces de la nature.

Ouvrage

Corps de bâtiment classique :
  1. dans œuvre en façade
  2. engagé
  3. demi hors Ĺ“uvre
  4. hors Ĺ“uvre
  5. en encoignure

À la fin XVIIIe siècle, l'œuvre désigne le travail d'un artisan : il est synonyme d'ouvrage. Le mot a différentes significations dans l'art de bâtir :

  • « hors-Ĺ“uvre » lorsqu'on prend les mesures de quelque partie de dehors en dehors, comme d'un pavillon ;
  • « dans-Ĺ“uvre » lorsqu'on prend les mesures de quelque partie eu dedans, comme d'une chambre ;
  • « sous-Ĺ“uvre » se dit d'un bâtiment qu'on soutient par des chevalements et dont on reconstruit les fondements ; c'est le reprendre en sous-Ĺ“uvre ;
  • « mettre en Ĺ“uvre », employer quelque matière, lui donner une forme, et la mettre en place ;
  • « gros Ĺ“uvre », ensemble des ouvrages de l'Ă©difice qui concourent Ă  la reprise des efforts subis en permanence par la construction ;
  • « second Ĺ“uvre » ou « Ĺ“uvre lĂ©ger », ce qui n'est pas du gros Ĺ“uvre[1].
Ouvrage d'art et Ĺ“uvre d'art
Alfred Stieglitz, photographie[2] de la Fontaine de Marcel Duchamp, 1917.

Le XIXe siècle n'établit pas de distinction véritable entre « ouvrage » et « œuvre ». L'ouvrage renseigne éventuellement sur l'objet final, et l'œuvre, sur la mise en œuvre, la manière d'y parvenir, son exécution (distinction que l'on retrouve en construction dans les termes maître d’œuvre, qui désigne les parties chargées de la réalisation, les entreprises et le maître d’ouvrage qui désigne le propriétaire de l'ouvrage). Il en est de même pour les termes « ouvrage d'art » et « œuvre d'art ». On emploie l'un ou l'autre de manière indifférente, pour désigner une réalisation artisanale ou artistique.

L'avènement de la machine comme instrument de production va nécessiter une étude approfondie des procédés de fabrication. L'ingénieur est une réponse de l'industrie aux nouveaux défis lancés par la révolution industrielle[3]. Les réalisations de l'ingénieur sont désignées couramment par le terme d'« ouvrage d'art ». La distinction entre ouvrage d'art et œuvre d'art tend donc à se renforcer et peut devenir l'objet de débats qui engagent notamment les critiques d'art.

Ainsi pour un critique d'art au XIXe siècle, le terme « ouvrage d'art » pourra correspondre à une sorte de syntagme figé renvoyant à une catégorie bien prévisible issus du génie civil. L'œuvre d'art engage à plus que sa matérialité mise au service de sa fonctionnalité immédiate. Un ouvrage d'art est envisagé comme œuvre d'art lorsqu'il participe à l'activité critique habituellement dévolue à l'œuvre d'art[4]. L'ouvrage d'art a une utilité que n'a pas l'œuvre d'art.

La démarche d'un Marcel Duchamp est symptomatique des questionnements sur l'art au XXe siècle. Duchamp est l'un des premiers à qualifier « œuvre d'art » n'importe quel objet[5], en accolant son nom à celui-ci. L'attitude du ready-made consiste, initialement, à simplement choisir un objet manufacturé et le désigner comme œuvre d'art. Initiée par Duchamp, cette démarche a donné naissance à une grande partie des pratiques artistiques actuelles, qu'elles s'en réclament ou s'en défendent[6].

Ĺ’uvres de l'esprit

Ĺ’uvre d'art

Quand une œuvre sert la création d'un art, elle devient un moyen de communiquer en se rapprochant de valeurs esthétiques, car l’œuvre d'art possède un statut autotélique, c’est-à-dire qu’elle n’existe que par elle-même. Dans cette échelle de valeurs, l'esthétique ne s'entend que comme une philosophie de l'art, une réflexion sur les procédés techniques élaborés par l'homme, et sur les conditions sociales qui font tenir pour artistique un certain type d'action.

Chef-d'Ĺ“uvre

Un chef-d'Ĺ“uvre est une Ĺ“uvre accomplie en son genre.

Grand Ĺ“uvre

Le grand œuvre est, en alchimie, la réalisation de la pierre philosophale, de la pierre philosophale en poudre, dite « poudre de projection », ou de l'élixir philosophal, teinture active aux mêmes propriétés que la pierre. Cette pierre ou cet agent est susceptible de transmuter les métaux, de guérison infaillible (panacée), et d'apporter l'immortalité[7].

Par extension, le grand Ĺ“uvre d'un Ă©crivain, d'un penseur ou d'un artiste est son Ĺ“uvre principale.

Ĺ’uvres caritatives

Une œuvre est dans ce cas de l'ordre de l'action, menée par :

  • une Église ou une congrĂ©gation, en faveur des plus faibles ;
  • une entitĂ© laĂŻque, ou liĂ©es Ă  un engagement de personnes croyantes mais laĂŻques.

Cette dernière catégorie d'œuvres relève souvent du bénévolat ou de la philanthropie ; on la retrouve notamment dans le cas des associations caritatives.

En France, l'UNIOPSS[8], est une union nationale qui regroupe la plupart de ces œuvres laïques ou cléricales pour les accompagner dans leur dialogue avec l'État en matière d'action sanitaire et sociale.

Notes et références

  1. J.M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment, Carilian, 1814 (Maçonnerie)
  2. Image publiée dans The Blind Man, 2, New York, mai 1917, p. 4. Voir une reproduction d'un tirage au gélatino-bromure d’argent original ici.
  3. L'avènement de la machine comme instrument de production, va nécessiter une étude approfondie des procédés de fabrication. En réponse à cette exigence, l'industrie va donner naissance à un nouveau type d'intellectuel : l'ingénieur; « c'est à lui que seront dévolues la recherche et l'innovation technologique. Spécialiste en science appliquée, l'ingénieur est aussi un cadre technique qui organise le processus de production. Les ingénieurs s'inscrivent dans la division moderne du travail ». Dans René Vittone. Bâtir : Manuel de construction. Presses polytechniques et universitaire romandes. 2010.
  4. Dominique Rouillard. Mobilité et esthétique: Deux dimensions des infrastructures territoriales. Editions L'Harmattan, 2000
  5. « Bonnes feuilles : jean-luc chalumeau publie ces jours-ci un nouveau livre,… », sur visuelimage.com (consulté le ).
  6. Source: article ready-made
  7. (fr) Le grand Ĺ“uvre alchimique
  8. L'UNIOPSS (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) est une association loi de 1901 reconnue d'utilité publique. http://www.uniopss.asso.fr/section/unio_unio_cont_html_qusn_hist.html

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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