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Élections législatives tchèques de 2013

Les élections législatives tchèques de 2013 (en tchèque : Volby do Poslanecké sněmovny Parlamentu České republiky 2013) se tiennent de manière anticipée les vendredi et samedi , afin d'élire les 200 députés de la 7e législature de la Chambre des députés pour un mandat de quatre ans.

Élections législatives tchèques de 2013
200 sièges de la Chambre des députés
(Majorité absolue : 101 sièges)
et
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 8 424 227
Votants 5 007 212
59,48% en diminution 3,1
Votes exprimés 4 969 984
Blancs et nuls 37 228
ČSSD Bohuslav Sobotka
Voix 1 016 829
20,45%
en diminution 1,6
Sièges obtenus 50 en diminution 6
ANO 2011 Andrej Babiš
Voix 927 240
18,65%
Sièges obtenus 47 en augmentation 47
KSČM Vojtěch Filip (en)
Voix 741 044
14,91%
en augmentation 3,6
Sièges obtenus 33 en augmentation 7
TOP 09 Karel Schwarzenberg
Voix 596 357
11,99%
en diminution 4,7
Sièges obtenus 26 en diminution 15
ODS Miroslava Němcová
Voix 384 174
7,72%
en diminution 12,5
Sièges obtenus 16 en diminution 35
Úsvit Tomio Okamura
Voix 342 339
6,88%
Sièges obtenus 14 en augmentation 14
KDU-ČSL Pavel Bělobrádek
Voix 336 970
6,78%
en augmentation 2,4
Sièges obtenus 14 en augmentation 14
Parti vainqueur par circonscription
Carte
  • ČSSD
  • ODS
  • TOP 09
Président du gouvernement
Sortant Élu
Jiří Rusnok
Ind.
Bohuslav Sobotka
ČSSD
volby.cz

Le scrutin se tient huit mois avant le terme naturel de la législature, en conséquence du refus des députés d'accorder leur confiance au technocrate Jiří Rusnok, choisi par le nouveau président de la République Miloš Zeman. Il voit la victoire de justesse du Parti social-démocrate sur le parti ANO 2011 de l'homme d'affaires Andrej Babiš. Tous deux s'associent ensuite avec l'Union chrétienne démocrate pour former un gouvernement de coalition.

Contexte

Majorité absolue de droite

Lors des élections législatives des 28 et 29 mai 2010, le pays est gouverné depuis un an par un gouvernement de technocrates présidé par le statisticien Jan Fischer et disposant du soutien du Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) et du Parti civique démocrate (ODS).

Le scrutin est marqué par le recul du ČSSD et de l'ODS, pourtant donnés favoris par les sondages. Les sociaux-démocrates doivent se contenter de 55 députés sur 200, les libéraux en remportant deux de moins. L'élection voit surtout la percée du parti démocrate-chrétien TOP 09 et de la formation centriste Affaires publiques (VV), qui s'adjugent respectivement 41 et 24 sièges. En tout, les forces du centre droit remportent un total de 118 députés, la plus nette majorité depuis 1992.

Environ un mois après le scrutin, le président de l'ODS et ancien ministre du Travail, Petr Nečas, est nommé président du gouvernement de la Tchéquie et forme une coalition entre son parti, TOP 09 et Affaires publiques. Le président de TOP 09, Karel Schwarzenberg, devient vice-président du gouvernement et retrouve ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, tandis que le président des VV, Radek John, est désigné vice-président du gouvernement et ministre de l'Intérieur. La nouvelle équipe, dont Miroslav Kalousek, vrai idéologue et fondateur de TOP 09, est le ministre des Finances, s'engage à restaurer les comptes publics par une politique d'austérité sévère, à lutter contre la corruption et réformer l'élection du président de la République.

Élection présidentielle et gouvernement intérimaire

Le , l'ancien président du gouvernement Miloš Zeman, figure de la gauche tchèque, est élu président de la République ; il s'agit du premier scrutin présidentiel à se tenir au suffrage direct, le chef de l'État étant auparavant élu par le Parlement.

Dès son investiture, le nouveau président de la République ne cache pas sa profonde antipathie pour le gouvernement[1]. Petr Nečas, mis en cause dans une affaire de corruption et impliqué dans un scandale de nature conjugale concernant sa maîtresse et directrice de cabinet, Jana Nagyová, se voit contraint de démissionner au milieu du mois de juin[2]. La coalition au pouvoir choisit alors de le remplacer par la présidente de la Chambre, Miroslava Němcová, mais le chef de l'État préfère désigner son conseiller économique Jiří Rusnok comme président du gouvernement.

Nommé par le président de la République, le gouvernement Rusnok doit cependant s'assurer de la confiance des parlementaires ; or, le 7 août, le cabinet n'obtient pas la confiance de la Chambre des députés, 100 députés s'opposant à son investiture, contre 93 la soutenant[3]. Jiří Rusnok, qui avait pourtant déclaré avoir l'intention de gouverner sans la confiance des députés, annonce dans la foulée la démission immédiate de son gouvernement[4]. Le 20 août suivant, 140 députés votent en faveur d'élections législatives anticipées, soit 20 de plus que la majorité requise[5].

Mode de scrutin

La Chambre des députés (en tchèque : Poslanecká sněmovna) est la chambre basse du Parlement tchèque.

Elle se compose de 200 députés élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel d'Hondt avec vote préférentiel dans 14 circonscriptions électorales qui correspondent aux 13 régions et à Prague[6].

Un seuil électoral est fixé à l'échelon national : 5 % des suffrages exprimés pour un parti, 10 % pour les coalitions de deux partis, 15 % pour les coalitions de trois partis et 20 % pour les coalitions de quatre partis et plus[6].

Lors du vote, en plus de celui pour la liste de parti de leur choix, les électeurs peuvent aussi indiquer leur préférence pour un maximum de quatre des candidats inscrits sur la liste. Les candidats recueillant plus de 5 % des suffrages préférentiels à l'échelon régional sont placés en haut de la liste de leur parti. Lorsque plusieurs candidats recueillent plus de 5 % des votes préférentiels, ils sont classés par ordre du nombre total de votes préférentiels qu'ils ont recueillis[6].

Le vote n'est pas obligatoire[6].

Campagne

Principales forces politiques

Résultats

Voix et sièges

Résultats des élections législatives tchèques de 2013[7]
Partis Voix % +/- Sièges +/-
Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) 1 016 829 20,45 en diminution 1,53 50 en diminution 6
ANO 2011 927 240 18,65 Nv 47 en augmentation 47
Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM) 741 044 14,91 en augmentation 3,64 33 en augmentation 7
TOP 09 596 357 11,99 en diminution 4,71 26 en diminution 15
Parti démocratique civique (ODS) 384 174 7,72 en diminution 12,50 16 en diminution 37
Aube de la démocratie directe (Úsvit) 342 339 6,88 Nv 14 en augmentation 14
Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL) 336 970 6,78 en augmentation 2,39 14 en augmentation 14
Parti vert (SZ) 159 025 3,19 en augmentation 0,75 0 en stagnation
Parti pirate tchèque (ČSP) 132 417 2,66 en augmentation 1,86 0 en stagnation
Parti des citoyens libres (Svobodní) 122 564 2,46 en augmentation 1,72 0 en stagnation
Parti des droits civiques (SPO) 75 113 1,51 en diminution 2,82 0 en stagnation
Parti ouvrier de la justice sociale (DSSS) 42 906 0,86 en diminution 0,28 0 en stagnation
Mouvement politique Changement (cs) (Změna) 28 592 0,57 Nv 0 en stagnation
Autres 64 414 1,24 - 0 en diminution 24[alpha 1]
Suffrages exprimés 4 969 984 99,26
Votes blancs et invalides 37 229 0,74
Total 5 007 212 100 - 200 en stagnation
Abstentions 3 417 015 40,52
Inscrits / participation 8 424 227 59,48

Analyse

Parti arrivé en tête par district.

Arrivé en tête avec 20 % des voix, le Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) échoue à atteindre son objectif de remporter un tiers des suffrages, voire d'atteindre les 25 % indiqués par les intentions de vote. Il est talonné par le parti ANO 2011 du milliardaire Andrej Babiš, auteur d'une campagne axée sur la lutte contre la corruption, et qui devance de manière inattendue le Parti communiste de Bohême et Moravie (KSČM), avec qui le ČSSD ambitionnait de gouverner[8] - [9].

Au pouvoir jusqu'en , le Parti démocratique civique (ODS) et TOP 09 sortent laminés du scrutin, tandis que le parti populiste Aube de la démocratie directe (Usvít) du sénateur Tomio Okamura, très populaire parmi l'électorat, parvient à faire son entrée à la Chambre des députés sur un programme en faveur de la création d'une initiative populaire sur le modèle suisse. À l'inverse, le Parti des droits civiques (SPO), soutien du président de la République Miloš Zeman et qui comptait plusieurs ministres du gouvernement Rusnok parmi ses candidats, échoue largement à franchir le seuil de représentativité des 5 % des exprimés[10].

Conséquences

La direction du Parti social-démocrate confie le un mandat à son président Bohuslav Sobotka pour négocier la formation d'une coalition gouvernementale avec ANO 2011 et l'Union chrétienne démocrate - Parti populaire tchécoslovaque (KDU-ČSL). Ensemble, ces trois partis totalisent 111 députés sur 200[11]. Les trois formations signent le leur accord de gouvernance commune, six mois après le déclenchement de la crise politique, qui prévoit l'accession de Sobotka à la direction de l'exécutif et celle d'Andrej Babiš au ministère des Finances[12].

Le , Bohuslav Sobotka est effectivement nommé président du gouvernement par le président de la République, ramenant la social-démocratie au pouvoir après sept ans d'opposition[13]. Le gouvernement Sobotka est nommé et assermenté le , trois mois après les élections et mettant un terme à 175 jours d'affaires courantes[14]. L'exécutif remporte le vote de confiance à la Chambre des députés le par 110 voix pour, 38 voix contre et 33 abstentions[15].

Notes et références

Notes

  1. Sièges obtenus en 2010 par le parti Affaires publiques (VV), absent du scrutin de 2013.

Références

  1. Martin Plichta, « Le président Milos Zeman exacerbe la crise politique tchèque », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  2. Arielle Thédrel, « Scandale politico-conjugal en République tchèque », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  3. Jacub Kajtman, « République tchèque : la crise politique n´est pas finie », Le Journal international, (lire en ligne, consulté le )
  4. « République Tchèque: chute du gouvernement de Jiri Rusnok », Euronews, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Crise tchèque: élections à l'automne », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  6. « REPUBLIQUE TCHEQUE (Poslanecka Snemovna), Système électoral », sur www.ipu.org (consulté le ).
  7. (en) « Office tchèque des statistiques », sur volby.cz (consulté le ).
  8. « Elections tchèques : Les sociaux-démocrates remportent une courte victoire », La Tribune, (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Élections tchèques: courte victoire des sociaux-démocrates », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Martin Plichta, « Elections tchèques : victoire étriquée des sociaux-démocrates », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) « Czech leftist party gives leader Sobotka mandate to form cabinet », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) « Czech politicians sign coalition deal following early elections », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Bohuslav Sobotka nommé Premier ministre », Radio Prague, (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Un nouveau gouvernement, oui, mais pour combien de temps ? », Radio Prague, (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Le gouvernement Sobotka obtient la confiance des députés », Radio Prague, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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