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Élections législatives de 1885 dans les Ardennes

Les élections législatives de 1885 ont eu lieu les 4 et 18 octobre 1885.

Élections législatives de 1885 dans les Ardennes
Corps électoral et résultats
Inscrits 87 811
Votants 76 120
86,69% en augmentation 11,5
2d tour
86,75%
Liste radicale Théophile Armand Neveux
Voix au 1er tour 32 331
44,61%
en augmentation 34,7
Voix au 2e tour 41 872
55,14%
Sièges obtenus 5 en augmentation 3
Liste conservatrice Étienne de Ladoucette
Voix au 1er tour 27 792
38,35%
en augmentation 16,9
Voix au 2e tour 33 271
43,82%
Sièges obtenus 0 en diminution 1
Liste républicaine modéré Auguste Philippoteaux
Voix au 1er tour 8 763
12,09%
en diminution 12,3
Sièges obtenus 0 en diminution 2
Liste socialiste
Voix au 1er tour 2 297
3,17%
Sièges obtenus 0

Élus

Résultat départemental

Moyenne par liste

Listes Premier tour Deuxième tour Sièges
Voix % Voix %
Liste radicale 32 331 44,61 41 872 55,14 5
Liste conservatrice 27 792 38,35 33 271 43,82 0
Liste républicaine modéré 8 763 12,09 0
Liste socialiste 2 297 3,17 0
Inscrits 87 811 100,00 87 811 100,00 5
Votants 76 120 86,69 76 180 86,75
Abstention 11 691 13,31 11 631 13,25
Blancs et nuls 3 642 4,15 247 0,28
Exprimés 72 478 82,54 75 933 86,47

Par candidats

Candidat[6] Tendance[6] Premier tour[7] Deuxième tour[7]
Voix % Voix %
Théophile Armand Neveux Républicain radical 33 754 46,57 42 320 55,73
Émile Corneau Républicain radical 32 797 45,25 41 585 54,77
Eugène Alfred Jacquemart Républicain radical 31 468 43,42 41 741 54,97
Jean-Baptiste Fagot Républicain radical 31 791 43,86 41 758 54,99
Gustave Gobron Républicain radical 31 845 43,94 41 954 55,25
Adrien de Wignacourt Conservateur 28 511 39,34 33 360 43,93
Étienne de Ladoucette Bonapartiste 30 665 42,31 34 303 45,18
De Brincourt Conservateur 28 377 39,15 33 523 44,15
Thiébaud Conservateur 25 811 35,61 32 658 43,01
Barrachin Conservateur 25 596 35,32 32 513 42,82
Auguste Philippoteaux Républicain modéré 11 933 16,46
Étienne Drumel Républicain modéré 13 094 18,07
Lacaille Républicain modéré 7 356 10,15
Léon Robert Républicain modéré 5 716 7,89
Liès-Bodart Républicain modéré 5 716 7,89
Dumay Socialiste 2 480 3,42
Blondeau Socialiste 2 320 3,20
Rose Socialiste 2 461 3,40
Cosson Socialiste 2 154 2,97
Bichelberger Socialiste 2 069 2,85
Inscrits 87 811 100,00 87 811 100,00
Votants 76 120 86,69 76 180 86,75
Abstention 11 691 13,31 11 631 13,25
Blancs et nuls 3 642 4,15 247 0,28
Exprimés 72 478 82,54 75 933 86,47

Analyse des résultats

Ce scrutin législatif est par liste et la liste qui obtient les meilleurs résultats est la liste du parti radical, qui est alors considérée comme une force de gauche voire d'extrême gauche, bien implantée, et disposant d'une presse. Ceci correspond aussi aux évolutions en cours dans ce département. Plusieurs personnalités oscillent entre les deux tendances républicaines, modérée et radicale[8].

C'est un département qui a à la fois une tradition agricole et industrielle, mais la principale industrie jusqu'alors, l'industrie textile autour de Rethel et de Sedan est en décroissance, de même que l'industrie de la tannerie. Une nouvelle activité industrielle émerge avec force, l'industrie métallurgique, notamment dans la vallée de la Meuse, qui constitue durant les décennies 1860/1870/1880 un prolétariat favorable aux idées de gauche et en forte croissance démographique[9]. Durant les premières décennies, le patronat local parvient à contenir les idées de gauche et favoriser les idées conservatrices, développer les idées d'épargne, etc. Mais le parti radical s'est implanté solidement, à l'image d'un de ses candidats, Émile Corneau, maire de Charleville depuis 1879 et député des Ardennes depuis 1880. C'est un franc-maçon républicain, franc-maçon parrainé par un frère célèbre (Léon Gambetta), et il a créé une presse qui soutient ses idées. À la tête lui-même d'une entreprise de métallurgie, il n'effraie pas, malgré cette étiquette radicale, les électeurs conservateurs[2] - [10] - [11]. 1885 est aussi une année marquée par l'arrivée dans les Ardennes d'un syndicaliste parisien bien connu, Jean Baptiste Clément, envoyé sur place par la Fédération des travailleurs socialistes de France, qui va favoriser le déclenchement des premières grandes grèves au sein de l'industrie métallurgique, démontrant que la masse ouvrière de cette industrie s'organise. Jean Baptiste Clément crée aussi des cercles d'études socialistes, puis quelques années plus tard le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, de tendance allemaniste qui va progressivement prendre après les élections de 1885 la place prépondérante à gauche du parti radical, dans les Ardennes. Ce mouvement politique nouveau est encore en cours de structuration en 1885[9].

Le département des Ardennes a été aussi profondément marqué par la Guerre franco-allemande de 1870, et les forces conservatrices y ont perdu du crédit. Les républicains modérés, tel le maire de Sedan, Auguste Philippoteaux, sont en retrait au sein d'une opinion politique qui s'est radicalisée fortement dans cette période.

Notes et références

  1. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (lire en ligne), « Théophile Neveux »
  2. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (lire en ligne), « Emile, Joseph Corneau »
  3. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (lire en ligne), « Eugène, Alfred Jacquemart »
  4. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (lire en ligne), « Jean-Baptiste Fagot 1831 - 1894 »
  5. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (lire en ligne), « Gustave Gobron »
  6. « Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso », sur Gallica, (consulté le )
  7. « Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso », sur Gallica, (consulté le )
  8. Jean-Baptiste Duroselle, Clemenceau, Fayard 1988 pp. 236
  9. Henri Manceau, Des luttes ardennaises, Trois siècles d'histoire, Paris, Les Éditions sociales, , « III. Montée du prolétariat de la métallurgie, 1860-1885 », p. 45-62
  10. Olivier Sève, « Une famille industrielle de la métallurgie ardennaise : les Corneau-Deville de 1880 à 1914 », Revue historique ardennaise, no 23,
  11. Gérald Dardart, Histoire de la presse ardennaise (1764-1944), Charleville-Mezières, Arch'Libris Editions, , 76 p. (ISBN 978-2-9535689-0-5)
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