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Élections au Parlement de Catalogne de 2006

Les Ă©lections au Parlement de Catalogne de (en catalan : Eleccions al Parlament de Catalunya de 2006, en espagnol : Elecciones al Parlamento de Cataluña de 2006, en occitan : Eleccions ath Parlament de Catalonha de 2006) se tiennent le mercredi , afin d'Ă©lire les 135 dĂ©putĂ©s de la VIIIe lĂ©gislature du Parlement de Catalogne pour un mandat de quatre ans.

Élections au Parlement de Catalogne de 2006
135 siĂšges du Parlement de Catalogne
(majoritĂ© absolue : 68 dĂ©putĂ©s)
Type d’élection Élections lĂ©gislatives de communautĂ© autonome
Corps électoral et résultats
Population 6 995 206
Inscrits 5 321 274
Votants 2 982 108
 
56,04 % en diminution 6,5
Votes exprimĂ©s 2 968 534
Votes nuls 13 574
CDC – Artur Mas
Voix 935 756
31,52 %
 
en augmentation 0,6
Députés élus 48 en augmentation 2
PSC – JosĂ© Montilla
Voix 796 173
26,82 %
 
en diminution 4,3
Députés élus 37 en diminution 5
ERC – Josep-Lluís Carod-Rovira
Voix 416 355
14,03 %
 
en diminution 2,4
Députés élus 21 en diminution 2
PP – Josep PiquĂ©
Voix 316 222
10,65 %
 
en diminution 1,2
Députés élus 14 en diminution 1
ICV-EUiA – Joan Saura (ca)
Voix 282 693
9,52 %
 
en augmentation 2,2
Députés élus 12 en augmentation 3
Président de la Généralité
Sortant Élu
Pasqual Maragall
PSC
José Montilla
PSC

Anticipé d'un an sur le terme naturel de la législature, le scrutin est la conséquence de la rupture de la coalition de gauche formée en autour du socialiste Pasqual Maragall, causée par des désaccords sur l'adoption d'un nouveau statut d'autonomie. Les résultats montrent la victoire de Convergence et Union, qui redevient le premier parti en voix devant le Parti des socialistes de Catalogne, et une majorité absolue pour les partis ayant souscrit le pacte de coalition trois ans auparavant.

Le chef de file socialiste José Montilla conclut peu aprÚs le scrutin un accord de principe pour rééditer la majorité tripartite formée en entre le Parti socialiste, la Gauche républicaine de Catalogne et Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative. Le pacte de coalition est conclu à la veille de l'ouverture de la législature et permet l'investiture de José Montilla à la majorité absolue des députés, puis la formation d'un nouvel exécutif unissant les forces de gauche et centre gauche.

Contexte

Alternance historique en 2003

Au cours des Ă©lections parlementaires du 16 novembre 2003, Convergence et Union (CiU) d'Artur Mas, au pouvoir depuis sous l'autoritĂ© de Jordi Pujol, qui ne se reprĂ©sentait pas, arrive en tĂȘte avec 46 dĂ©putĂ©s sur 135, soit quatre de plus que le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) de Pasqual Maragall, arrivĂ© cependant premier en voix. Perdant chacun dix siĂšges, les deux grands partis sont en fort recul. À l'inverse, la Gauche rĂ©publicaine de Catalogne (ERC) enregistre une forte poussĂ©e et se transforme en arbitre de la gouvernance de la communautĂ© autonome, dans la mesure oĂč ses 23 dĂ©putĂ©s permettent de dĂ©cider s'il y aura un gouvernement nationaliste avec CiU ou un exĂ©cutif de gauche avec le PSC et Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche alternative (ICV-EA)[1].

Tant Pasqual Maragall qu'Artur Mas se disent prĂȘts Ă  occuper le poste de prĂ©sident de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne avec le soutien de la Gauche rĂ©publicaine, qui choisit au dĂ©part de ne pas clairement se positionner[2] - [3]. Finalement, les trois partis de gauche s'accordent pour nĂ©gocier puis signent le un pacte de coalition, l'« accord pour un gouvernement catalaniste de gauche » dans le salon du Tinnell du grand palais royal (es)[4]. Deux jours plus tard, Pasqual Maragall est effectivement investi prĂ©sident de la GĂ©nĂ©ralitĂ© au terme d'un dĂ©bat parlementaire par 74 voix pour et 61 contre, le Parti populaire ayant rejoint Convergence et Union dans l'opposition, ce qui marque la premiĂšre alternance depuis le rĂ©tablissement de l'autonomie en [5].

Nouveau statut d'autonomie

Le , le Parlement constitue un groupe de travail (Ponencia) chargĂ© de proposer un avant-projet de nouveau statut d'autonomie pour la Catalogne. Le Parti populaire indique qu'il n'y participera qu'aprĂšs l'organisation des Ă©lections lĂ©gislatives et sĂ©natoriales du 14 mars suivant[6]. Plus de 18 mois plus tard, le , les trois partis du gouvernement catalan et CiU parviennent Ă  sceller une entente sur le contenu dĂ©finitif du nouveau statut, aprĂšs s'ĂȘtre entendus sur les rĂšgles de financement du budget de la communautĂ© autonome[7]. Le lendemain, la proposition de loi organique de rĂ©forme du statut d'autonomie est donc approuvĂ©e en sĂ©ance plĂ©niĂšre du Parlement par 120 voix pour et 15 contre, seul le Parti populaire marquant son opposition au texte[8].

Le projet de rĂ©forme statutaire est examinĂ© en sĂ©ance plĂ©niĂšre du CongrĂšs des dĂ©putĂ©s le suivant, les dĂ©putĂ©s approuvant la prise en considĂ©ration du texte par 197 voix pour et 146 contre, lĂ  encore le PP Ă©tant la seule force politique Ă  faire part de son refus[9]. AprĂšs une longue rencontre entre Artur Mas et Josep Antoni Duran i Lleida, et le prĂ©sident du gouvernement espagnol JosĂ© Luis RodrĂ­guez Zapatero au palais de la Moncloa le , un accord global est conclu sur les Ă©lĂ©ments les plus polĂ©miques du futur statut, Ă  savoir la quantitĂ© de cession des impĂŽts au budget catalan, qui augmente de prĂšs de 50 %, et la reconnaissance de la Catalogne comme une nation, qui est transfĂ©rĂ©e d'un article au prĂ©ambule du texte[10]. En rĂ©action Ă  ce pacte entre socialistes et catalanistes de centre droit, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Gauche rĂ©publicaine Joan PuigcercĂłs (ca) affirme que son parti ne sera plus dans l'avenir « l'alliĂ© privilĂ©giĂ© » du gouvernement de l'État[11].

Le , le CongrĂšs des dĂ©putĂ©s approuve en sĂ©ance plĂ©niĂšre la proposition de loi organique de rĂ©forme du statut d'autonomie de la Catalogne avec 189 suffrages favorables, 154 oppositions et deux abstentions : au rejet du Parti populaire s'ajoute en effet celui de la Gauche rĂ©publicaine de Catalogne[12]. Au lendemain de l'adoption, la direction du PSOE indique publiquement Ă  ERC qu'il n'est pas envisageable que le texte souffre une quelconque modification lors de son examen Ă  venir par le SĂ©nat[13]. La chambre haute des Cortes Generales donne son feu vert au projet sans changement, entrainant donc son adoption dĂ©finitive, le , lors d'un vote au cours duquel seul le Parti populaire se positionne en opposant, puisque les quatre sĂ©nateurs de la Gauche rĂ©publicaine versent pour leur part dans l'abstention[14].

Rupture de la majorité en 2006

Le prĂ©sident de la GĂ©nĂ©ralitĂ© Pasqual Maragall annonce le qu'il convoque le rĂ©fĂ©rendum de ratification du nouveau statut pour le suivant. À cette occasion, il indique que l'opposition d'ERC au texte l'a amenĂ© Ă  expulser ses membres du gouvernement catalan. Assumant cette rupture de facto de la majoritĂ© parlementaire, il ajoute avoir l'intention de dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles Ă©lections avant la fin de l'annĂ©e[15]. Le scrutin rĂ©fĂ©rendaire voit les Catalans valider la rĂ©forme statutaire par 73,9 % des suffrages exprimĂ©s, mais le taux de participation est seulement de 49 % des inscrits, soit dix points de moins que le rĂ©fĂ©rendum relatif au statut de 1979[16].

Dans une dĂ©claration institutionnelle qu'il rĂ©alise trois jours aprĂšs, le , le chef du gouvernement indique qu'il ne sera pas candidat Ă  sa propre succession au cours des Ă©lections anticipĂ©es Ă  venir, renonçant Ă  mener de nouveau la candidature du Parti des socialistes de Catalogne en raison du fait qu'il avait rempli les objectifs qu'il s'Ă©tait fixĂ© en , lorsqu'il avait acceptĂ© d'ĂȘtre le chef de file Ă©lectoral de son parti aux Ă©lections de 1999[17]. La commission exĂ©cutive du PSC choisit le , Ă  l'unanimitĂ© de ses membres, de le remplacer par son premier secrĂ©taire et ministre de l'Industrie, JosĂ© Montilla[18].

Au cours de sa derniÚre séance de questions d'actualité au gouvernement le , Pasqual Maragall annonce dans une déclaration solennelle au Parlement que les élections seront convoquées le [19].

Mode de scrutin

Le Parlement de Catalogne (Parlament de Catalunya) est une assemblĂ©e parlementaire monocamĂ©rale constituĂ©e de 135 dĂ©putĂ©s (diputats) Ă©lu pour une lĂ©gislature de quatre ans au suffrage universel direct selon les rĂšgles du scrutin proportionnel d'Hondt par l'ensemble des personnes rĂ©sidant dans la communautĂ© autonome oĂč rĂ©sidant momentanĂ©ment Ă  l'extĂ©rieur de celle-ci, si elles en font la demande.

La communautĂ© autonome de Catalogne ne s'Ă©tant pas dotĂ©e d'une loi Ă©lectorale propre, la deuxiĂšme disposition transitoire du statut d'autonomie de 2006 maintient en vigueur la quatriĂšme disposition transitoire du statut d'autonomie de 1979, qui dispose que le Parlement est Ă©lu dans les mĂȘmes conditions que le CongrĂšs des dĂ©putĂ©s. Elle prĂ©cise par ailleurs que « Les circonscriptions Ă©lectorales seront les quatre provinces de Barcelone, GĂ©rone, LĂ©rida et Tarragone. Le Parlement de Catalogne sera composĂ© par 135 dĂ©putĂ©s, desquels la circonscription de Barcelone Ă©lira un dĂ©putĂ© pour 50 000 habitants, avec au plus 85 dĂ©putĂ©s. Les circonscriptions de GĂ©rone, LĂ©rida et Tarragone Ă©liront au moins six dĂ©putĂ©s, plus un par tranche de 40 000 habitants, obtenant respectivement 17, 15 et 18 dĂ©putĂ©s. »[20] - [21].

Les bulletins blancs sont considérés comme des suffrages valides[22], entrant ainsi en ligne de compte dans la détermination des listes ayant franchi le seuil électoral. En revanche, ils ne sont pas considérés comme des suffrages exprimés et ne sont donc pas pris en compte pour la répartition des siÚges.

Présentation des candidatures

Peuvent présenter des candidatures

  • les partis ou fĂ©dĂ©rations politiques enregistrĂ©es auprĂšs du registre des partis politiques du ministĂšre de l'IntĂ©rieur ;
  • les coalitions Ă©lectorales de ces mĂȘmes partis ou fĂ©dĂ©rations dĂ»ment constituĂ©es et inscrites auprĂšs de la commission Ă©lectorale au plus tard 10 jours aprĂšs la convocation du scrutin ;
  • et les regroupements d'Ă©lecteurs bĂ©nĂ©ficiant du parrainage d'au moins 1 % des inscrits de la circonscription.

RĂ©partition des siĂšges

Seules les listes ayant recueilli au moins 3 % des suffrages valides — incluant les bulletins blancs — peuvent participer Ă  la rĂ©partition des siĂšges Ă  pourvoir dans une circonscription, qui s'organise en suivant diffĂ©rentes Ă©tapes :

  • les listes sont classĂ©es en une colonne par ordre dĂ©croissant du nombre de suffrages obtenus ;
  • les suffrages de chaque liste sont divisĂ©s par 1, 2, 3... jusqu'au nombre de dĂ©putĂ©s Ă  Ă©lire afin de former un tableau ;
  • les mandats sont attribuĂ©s selon l'ordre dĂ©croissant des quotients ainsi obtenus[23].

Lorsque deux listes obtiennent un mĂȘme quotient, le siĂšge est attribuĂ© Ă  celle qui a le plus grand nombre total de voix ; lorsque deux candidatures ont exactement le mĂȘme nombre total de voix, l'Ă©galitĂ© est rĂ©solue par tirage au sort et les suivantes de maniĂšre alternative.

Campagne

Principales forces politiques

Force politique Chef de file Idéologie Résultats en 2003
Parti des socialistes de Catalogne-Citoyens pour le changement (ca)
Partit dels Socialistes de Catalunya-Ciutadans pel Canvi
PSC-CpC José Montilla Centre gauche
Social-démocratie, progressisme, catalanisme
31,2 % des voix
42 dĂ©putĂ©s
Convergence et Union
ConvergĂšncia i UniĂł
CiU Artur Mas Centre droit
Libéralisme, démocratie chrétienne, catalanisme
30,9 % des voix
46 dĂ©putĂ©s
Gauche républicaine de Catalogne
Esquerra Republicana de Catalunya
ERC Josep-LluĂ­s Carod-Rovira Gauche
Socialisme démocratique, républicanisme, indépendantisme
16,4 % des voix
23 dĂ©putĂ©s
Parti populaire
Partit Popular
PP Josep Piqué Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne, unionisme
11,9 % des voix
15 dĂ©putĂ©s
Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative
Iniciativa per Catalunya Verds - Esquerra Unida i Alternativa
ICV-EUiA Joan Saura (ca)
(Conseiller aux Relations institutionnelles)
Gauche
Écosocialisme, rĂ©publicanisme, catalanisme
7,3 % des voix
9 dĂ©putĂ©s
Ciutadans
Citoyens
Cs Albert Rivera Centre
Social-libéralisme, réformisme, unionisme
Inexistant

RĂ©sultats

Total régional

RĂ©sultats des Ă©lections au Parlement de Catalogne de 2006[24]
Représentation en hémicycle sur un axe gauche-droite du résultat.
Partis Voix % +/- SiĂšges +/-
Convergence et Union (CiU) 935 756 31,52 en augmentation 0,58 48 en augmentation 2
Parti des socialistes de Catalogne-Citoyens pour le changement (ca) (PSC-CpC) 796 173 26,82 en diminution 4,34 37 en diminution 5
Gauche rĂ©publicaine de Catalogne (ERC) 416 355 14,03 en diminution 2,41 21 en diminution 2
Parti populaire (PP) 316 222 10,65 en diminution 1,24 14 en diminution 1
Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative (ICV-EUiA) 282 693 9,52 en augmentation 2,24 12 en augmentation 3
Ciutadans (Cs) 89 840 3,03 Nv 3 en augmentation 3
Les Verts - Écologistes et Verts de Catalogne (EV-EVC) (ca) 17 900 0,60 Abs 0 en stagnation
Parti anti-corrida contre la maltraitance animale (PACMA) 13 730 0,46 Abs 0 en stagnation
Autres listes 39 621 1,33 – 0 en stagnation
Blanc 60 244 2,03 en augmentation 1,12
Votes valides 2 968 534 99,54
Votes nuls 13 574 0,46
Total 2 982 108 100 – 135 en stagnation
Abstentions 2 339 166 43,96
Inscrits / Participation 5 321 274 56,04

Par circonscription

Circonscription Barcelone GĂ©rone LĂ©rida Tarragone
SiĂšges 85 en stagnation 17 en stagnation 15 en stagnation 18 en stagnation
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %
Inscrits 3 991 904 100,00 483 543 100,00 311 037 100,00 534 790 100,00
Abstentions 1 759 032 44,06 207 311 42,87 127 511 41,00 245 312 45,87
Votants 2 232 872 55,94 276 232 57,13 183 526 59,00 289 478 54,13
Nuls 8 753 0,39 1 723 0,62 1 203 0,66 1 895 0,65
ExprimĂ©s 2 224 119 99,61 274 509 99,38 182 323 99,34 287 583 99,35
Partis Voix % Siùges +/− Voix % Siùges +/− Voix % Siùges +/− Voix % Siùges +/−
CiU 664 723 29,89 27 en augmentation 2 104 840 38,19 7 en stagnation 72 916 39,99 7 en stagnation 93 277 32,43 7 en stagnation
PSC-CpC 620 601 27,90 25 en diminution 4 60 755 22,13 4 en stagnation 40 097 21,99 3 en diminution 1 74 720 25,98 5 en stagnation
ERC 280 566 12,61 11 en diminution 2 52 799 19,23 4 en stagnation 32 304 17,72 3 en stagnation 50 686 17,62 3 en stagnation
PP 248 165 11,16 10 en diminution 1 19 808 7,22 1 en stagnation 16 605 9,11 1 en stagnation 31 644 11,00 2 en stagnation
ICV-EUiA 230 968 10,38 9 en augmentation 2 20 978 7,64 1 en stagnation 12 018 6,59 1 en augmentation 1 18 729 6,51 1 en stagnation
Cs 78 525 3,53 3 en augmentation 3 2 584 0,94 0 en stagnation 1 761 0,97 0 en stagnation 6 970 2,42 0 en stagnation
Autres 55 013 2,47 7 229 2,63 2 456 1,35 6 553 2,28
Blanc 45 558 2,05 5 516 2,01 4 166 2,28 5 004 1,74

Analyse

Avec l'un des plus faibles taux de participation depuis le rĂ©tablissement de l'autonomie territoriale en , le scrutin est marquĂ© par une nouvelle victoire de Convergence et Union, qui ne conquiert cependant pas la majoritĂ© nĂ©cessaire pour gouverner seule, la rendant dĂ©pendante d'Ă©ventuelles alliances post-Ă©lectorales[25]. Le Parti des socialistes de Catalogne reste la deuxiĂšme force parlementaire et recule de cinq siĂšges, mais la coalition gouvernementale qu'il forme avec Initiative pour la Catalogne Verts - Gauche unie et alternative totalise plus de siĂšges que la principale force de l'opposition parlementaire[26]. Dans le dĂ©tail, CiU vire en tĂȘte dans les quatre circonscriptions Ă©lectorales, surpassant ainsi le PSC dans la province ainsi que la ville de Barcelone, oĂč ce dernier Ă©tait arrivĂ© premier lors des scrutins de 1999 et 2003 ; au total les socialistes perdent 2,5 fois plus de suffrages que les catalanistes de centre droit[27].

La Gauche rĂ©publicaine de Catalogne confirme son statut de troisiĂšme groupe parlementaire, et ses 21 dĂ©putĂ©s lui permettent de nouveau d'ĂȘtre « faiseuse de rois » entre un gouvernement de gauche ou un exĂ©cutif nationaliste, une situation similaire Ă  celle issue des urnes lors des Ă©lections prĂ©cĂ©dentes[28]. ICV-EUiA enregistre pour sa part une nette progression et fait Ă©lire pour la premiĂšre fois un dĂ©putĂ© dans la circonscription de LĂ©rida[29], tandis que le Parti populaire rĂ©siste en ne perdant qu'un seul Ă©lu, aprĂšs avoir vĂ©cu une lĂ©gislature marquĂ©e par la perte du pouvoir au niveau national puis subit de fortes pressions en raison de son opposition au nouveau statut d'autonomie[30]. La principale surprise vient du jeune parti Ciutadans, qui parvient Ă  remporter trois siĂšges dans la circonscription de Barcelone en passant de justesse le seuil de reprĂ©sentativitĂ©, aprĂšs une campagne menĂ©e sur le thĂšme d'un rĂ©Ă©quilibrage de l'usage du castillan par rapport au catalan et la dĂ©nonciation des postures nationalistes dĂ©fendues par les partis de gauche[31].

Suites

Au lendemain du scrutin, le chef de file électoral du PSC José Montilla indique vouloir donner la priorité à la réédition de l'alliance tripartite (Tripartito) avec ERC et ICV-EUiA mais compte recevoir en premier le président de CiU Artur Mas, selon les déclarations du porte-parole du Parti socialiste Miquel Iceta[32]. Le lendemain, alors que la Gauche républicaine et Initiative pour la Catalogne lancent toutes deux un appel à un nouveau pacte à trois, le porte-parole socialiste reconnaßt qu'il existe à Madrid des secteurs du Parti socialiste ouvrier espagnol « qui se sentent plus à l'aise avec la "sociovergence"[alpha 1] qu'avec un gouvernement tripartite » mais estime que les électeurs ont donné « une seconde chance » à cette deuxiÚme option[33].

Le soir du , JosĂ© Montilla rencontre effectivement Artur Mas et l'informe que son souhait est bel et bien de reconstituer la coalition de gauche ayant soutenu Pasqual Maragall sous la lĂ©gislature prĂ©cĂ©dente. Il ajoute qu'en cas d'Ă©chec de cette tentative, le PSC passera dans l'opposition, fermant de facto la porte Ă  toute coopĂ©ration avec Convergence et Union[34]. Seulement 48 heures aprĂšs cette entrevue, le PSC, ERC et ICV-EUiA indiquent ĂȘtre parvenus Ă  un accord de principe en vue de partager de nouveau le gouvernement de Catalogne pour les quatre annĂ©es Ă  venir[35]. L'« accord national pour le progrĂšs » est dĂ©voilĂ© le lors d'une confĂ©rence de presse de JosĂ© Montilla, entourĂ© de tous les dĂ©putĂ©s de la future coalition, au palais du Parlement[36].

Lors de l'ouverture de la VIIIe lĂ©gislature le , le prĂ©sident sortant du Parlement et dĂ©putĂ© de la Gauche rĂ©publicaine de Catalogne Ernest Benach est rĂ©Ă©lu dĂšs le premier tour par 70 voix favorables face aux candidats de CiU NĂșria de Gispert, du Parti populaire Dolors Montserrat (ca) et de Ciutadans JosĂ© Domingo (ca)[37]. Trois jours aprĂšs, Ernest Benach fait savoir qu'il propose la candidature de JosĂ© Montilla Ă  la prĂ©sidence de la GĂ©nĂ©ralitĂ©, celui-ci disposant du soutien de 70 parlementaires et devant se soumettre Ă  un dĂ©bat puis un vote de confiance les et [38]. À l'issue des deux jours de discussion parlementaire, JosĂ© Montilla obtient effectivement l'investiture des dĂ©putĂ©s par 70 voix favorables, 65 voix dĂ©favorables issues de CiU, du PP et de Cs Ă©tant recensĂ©es[39].

Le prĂ©sident investi prĂȘte serment quatre jours plus tard devant son prĂ©dĂ©cesseur, le prĂ©sident du Parlement et 600 invitĂ©s au palais de la GĂ©nĂ©ralitĂ©[40]. Il prĂ©sente dans la foulĂ©e la composition de son gouvernement, qui compte notamment le chef de file d'ERC Josep-LluĂ­s Carod-Rovira au poste de vice-prĂ©sident, chargĂ© de la politique extĂ©rieure, de la politique linguistique, de la coopĂ©ration, des cultes et des sports, le dirigeant d'ICV Joan Saura (ca) aux fonctions de conseiller[alpha 2] aux Relations institutionnelles, Ă  la Participation et Ă  l'IntĂ©rieur, et le frĂšre du chef de l'exĂ©cutif sortant, Ernest Maragall, comme conseiller Ă  l'Éducation ; dans l'ensemble, le nouvel exĂ©cutif compte 14 dĂ©partements, soit deux de moins que sous la prĂ©cĂ©dente mandature, et deux membres indĂ©pendants des partis[41].

Notes et références

Notes

  1. Mot-valise formé de « socialiste » (socialiste) et « Convergence » (Convergencia).
  2. En Espagne, un conseiller (conseller) est un membre de gouvernement d'une communauté autonome.

Références

  1. (es) « CiU gana en Cataluña pero ERC tiene la llave del Gobierno », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (es) « Maragall asegura estar dispuesto a ser presidente de un gobierno de progreso », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. (es) « CiU ofrece diĂĄlogo a todos los partidos sin olvidar que la mayorĂ­a ha votado nacionalista », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. (es) Enric Company, « Maragall proclama que el programa pactado para el nuevo Gobierno "serĂĄ el de todos" », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (es) « Maragall, investido presidente de la Generalitat catalana », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. (es) « El Parlament se propone tener listo en julio el borrador del nuevo Estatut », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. (es) Francesc Valls, « El tripartito y CiU pactan el Estatuto », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. (es) « El Parlamento de Cataluña aprueba el nuevo Estatut », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. (es) « El Congreso aprueba la tramitaciĂłn del Estatuto catalĂĄn con el rechazo frontal del PP », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (es) Luis R. Aizpeola, « Zapatero cierra con Mas en La Moncloa un "acuerdo global" sobre el Estatuto », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. (es) « ERC dice que dejarĂĄ de ser 'aliado preferente' del Gobierno tras pactar Zapatero y CiU », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  12. (es) « El Congreso aprueba la reforma del Estatuto de Cataluña con la oposiciĂłn de ERC y PP », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. (es) « Zapatero y los barones del PSOE avisan a ERC de que no se modificarĂĄ el Estatut en el Senado », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. (es) « El Senado da la aprobaciĂłn definitiva al Estatuto catalĂĄn con la Ășnica oposiciĂłn del PP », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  15. (es) « Maragall rompe con ERC y anuncia elecciones para antes de fin de año », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. (es) « El Estatut sale adelante con el 74% del voto, pero la participaciĂłn no llega al 50% », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  17. (es) « Maragall disolverĂĄ el Parlament a finales de agosto y no volverĂĄ a ser candidato », El Mundo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  18. (es) « El PSC designa al ministro Montilla como candidato a la presidencia de la Generalitat », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  19. (es) « Maragall confirma el 1 de noviembre como fecha para las elecciones », Cadena SER,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  20. (es) Espagne, Catalogne. « Ley Orgånica 6/2006, de 19 de julio, de reforma del Estatuto de Autonomía de Cataluña. », BOE, art. Disposición Transitoria Segunda. (version en vigueur : 20 juillet 2006) [lire en ligne (page consultée le 22 décembre 2020)]
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