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Élection présidentielle portugaise de 1980

L’élection présidentielle portugaise de 1980 (en portugais : Eleições presidenciais portuguesas de 1980) s'est tenue le , afin d'élire le président de la République pour un mandat de cinq ans.

Élection présidentielle portugaise de 1980
le
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 6 920 869
Votants 5 840 332
84,39% en augmentation 8,9
Votes exprimés 5 780 424
Votes blancs 44 014
Votes nuls 16 076
António Ramalho EanesInd.
Voix 3 262 520
56,44%
en diminution 5,2
Soares CarneiroInd.
Voix 2 325 481
40,23%
Président de la République
Sortant Élu
António Ramalho Eanes
Ind.
António Ramalho Eanes
Ind.

Le scrutin a vu la nette victoire du général António Ramalho Eanes, président de la République sortant soutenu par les forces de gauche.

Contexte

Entre 1976 et 1979, le pays a connu une phase d'instabilité politique, provoquée au départ par la mésentente entre le président Eanes et le Premier ministre socialiste Mário Soares. Ces mauvaises relations amènent le chef de l'État à tenter de renforcer son pouvoir par la formation en d'un « gouvernement d'initiative présidentielle » qui sera rejeté par l'Assemblée de la République. Il réitère en et voit le nouveau cabinet rester huit mois en fonction.

Finalement, Eanes doit se résoudre à dissoudre le Parlement. Des élections législatives intercalaires sont convoquées le . Pour ce scrutin, le Parti social-démocrate (PPD/PSD), le Centre démocratique et social (CDS) et le Parti populaire monarchiste (PPM) s'associent pour former l'Alliance démocratique (AD), qui remporte le scrutin. Le président du PPD/PSD Francisco Sá Carneiro prend alors la direction du gouvernement. Les élections législatives régulières du 5 octobre 1980 confirment la majorité absolue de l'AD, quand bien même le Parti socialiste (PS) avait constitué le Front républicain et socialiste (FRS) avec deux petites formations.

Pour l'élection présidentielle, la majorité choisit d'avoir son propre candidat et désigne le général Soares Carneiro pour défier le président de la République António Ramalho Eanes. Celui-ci reçoit le soutien du PS, malgré les objections de son secrétaire général Mário Soares, et du Parti communiste portugais (PCP) qui retire la candidature de Carlos Brito.

Le , l'avion de Sá Carneiro s'écrase peu après avoir décollé de Lisbonne pour se rendre à Porto, à un meeting de soutien au candidat de l'AD. Le crash tue également le ministre de la Défense et fondateur du CDS Adelino Amaro da Costa. Le Vice-Premier ministre chrétien-démocrate Diogo Freitas do Amaral prend alors l'intérim de l'exécutif.

Mode de scrutin

Le président de la République (en portugais : Presidente da República Portuguesa) est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois consécutivement. Tout candidat doit justifier auprès du Tribunal constitutionnel d'au moins 7 500 et d'au plus 15 000 parrainages d'électeurs inscrits sur les listes électorales.

L'élection se déroule selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Si un candidat remporte au premier tour la majorité absolue des suffrages exprimés, il est proclamé élu. Si ce n'est pas le cas, les deux candidats ayant remporté, après désistements éventuels, le plus grand nombre de suffrages sont autorisés à se présenter à un second tour, au plus tard le vingt-et-unième jour suivant. Celui qui remporte le plus grand nombre de voix est alors élu. Ce cas de figure ne s'est présenté qu'une seule fois, lors de l'élection présidentielle de 1986.

Campagne

Candidats

Les candidats sont présentés dans l'ordre déterminé par tirage au sort[1].

Candidat Parti Remarque
António da Silva Osório Soares Carneiro Independente
Partido Popular Democrático (PPD)
Partido do Centro Democrático Social (CDS)
Partido Popular Monárquico (PPM)
Officier général de l'armée portugaise
António Elísio Capelo Pires Veloso Independente Officier général de l'armée portugaise
Dernier gouverneur de Sao Tomé-et-Principe
Otelo Nuno Romão Saraiva de Carvalho Força de Unidade Popular (FUP) Officier général de l'armée portugaise
Ancien membre du Conseil de la Révolution
António dos Santos Ramalho Eanes Independente
Partido Socialista (PS)
Partido Comunista Português (PCP)
Président de la République
Carlos Galvão de Melo Independente Officier supérieur de l'armée portugaise
Ancien membre de la Junte de salut national
António Jorge Oliveira Aires Rodrigues Partido Operário de Unidade Socialista (POUS)

Résultats

Voix

Élection présidentielle portugaise de 1980
Inscrits 6 920 869
Abstentions 1 080 537 15,61 %
Votants 5 840 332 84,39 %
Bulletins enregistrés 5 840 332
Bulletins blancs ou nuls 60 090 1,03 %
Suffrages exprimés 5 780 242 98,97 %
Candidat Parti Suffrages Pourcentage
António Ramalho Eanes Indépendant 3 262 520 56,44 %
Soares Carneiro Indépendant 2 325 481 40,23 %
Otelo Saraiva de Carvalho Force d'unité populaire 85 896 1,49 %
Carlos Galvão de Melo Indépendant 48 468 0,84 %
António Pires Veloso Indépendant 45 132 0,78 %
António Aires Rodrigues Parti ouvrier d'unité socialiste 12 745 0,22 %

Analyse

Du fait de la présence d'un candidat de la majorité et d'un de l'opposition, la participation connaît une nette hausse par rapport au scrutin de 1976. Ensemble, ils récoltent d'ailleurs plus de 96,5 % des suffrages exprimés, confirmant la bipolarité entre un bloc de droite formé autour des sociaux-démocrates et un bloc de gauche constitué autour des socialistes.

Bien qu'il ne dispose pas cette fois-ci du soutien des forces de centre-droit et que Mário Soares est contesté son investiture par le PS, le président Eanes est réélu sans aucune difficulté. Il progresse ainsi de 300 000 suffrages comparé à l'élection précédente. Il est en tête principalement dans le sud du pays, considéré comme un bastion de la gauche portugaise. Ainsi, alors qu'ils ont donné par deux fois une nette victoire aux partis de l'AD, les électeurs portugais choisissent de reconduire un chef de l'État dont l'engagement à gauche ne fait plus aucun doute.

Face à lui, le général Soares Carneiro n'est en effet pas en mesure de l'emporter, mais il obtient un important résultat avec un score supérieur à 2 320 000 de voix en sa faveur, principalement réparties dans le nord et à l'intérieur du pays, là où la droite réalise ses meilleurs résultats. Le candidat des partis au pouvoir ne parvient pas à profiter de la domination politique dont dispose à l'époque la majorité parlementaire et perd même une partie de son électorat au profit du chef de l'État sortant, au nom de la stabilité politique et institutionnelle.

En rassemblant moins de 200 000 bulletins de vote sur leurs noms, les quatre autres candidats sont relayés très loin derrière, aucun ne franchissant la barre des 2 % des suffrages exprimés.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

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