Église des Cordeliers de Nancy
L'église des Cordeliers, de son nom complet église Saint-François-des-Cordeliers, est une église de la Vieille-Ville de Nancy, située juste à côté du palais des ducs de Lorraine dont elle renferme les tombeaux. L'église et le couvent qui la jouxte font aujourd'hui partie intégrante du musée Lorrain[1]. Affectée au culte, l'église dépend de la paroisse Saint-Epvre.
Église des Cordeliers de Nancy | |
Vue sur la façade principale. | |
Présentation | |
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Nom local | Les Cordeliers Chapelle Ducale Chapelle ronde |
Culte | Catholique romain |
Type | Église-tombeau |
Rattachement | Musée Lorrain |
DĂ©but de la construction | 1477 |
Fin des travaux | 1487 |
Style dominant | Gothique et Renaissance |
Protection | Classé MH (1840, 1945, 2005) |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
RĂ©gion | Lorraine |
DĂ©partement | Meurthe-et-Moselle |
Ville | Nancy |
Coordonnées | 48° 41′ 52,08″ nord, 6° 10′ 46″ est |
La chapelle de l'ancien couvent des Cordeliers[2] qui contient les tombeaux des ducs de Lorraine fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[3]. Elle bénéficie de classements supplémentaires en 1945 et 2005.
Situation
Comprise au sein de la Vieille-Ville de Nancy, l'église des Cordeliers est située au 66 Grande-Rue (paroisse Saint-Epvre).
Histoire
Construite sous René II de Lorraine après la bataille de Nancy, elle est consacrée en 1487, jouxtant le palais Ducal reconstruit à la même époque. L'église devint ensuite la sépulture des ducs de Lorraine, précédemment inhumés en la collégiale Saint-Georges, aujourd'hui disparue.
L'église sert temporairement de lieu de culte paroissial à partir de 1857, lorsque la vieille église Saint-Epvre menace ruine et ce, jusqu'à ce que cette dernière soit reconstruite.
Architecture
L'édifice surprend par sa grande sobriété extérieure pour une longueur totale de 73 mètres et seulement 9 mètres de largeur. La grande nef unique, typique de l'architecture des églises des Cordeliers, était décorée de nombreux vitraux[4] (dont quelques fragments réputés de cette provenance sont visibles au musée Lorrain), ainsi que de fresques dont il reste une travée intacte au niveau du chœur.
Latéralement à la nef se trouvent des chapelles collatérales abritant les enfeus de certains ducs de Lorraine. Juste avant l'autel, sur le côté droit, se trouve l'impressionnant enfeu polychrome renaissance du duc René II de Lorraine. L'autel (rapporté) est décoré d'un retable polychrome de 1522, tandis que la grande rosace refaite à l'époque classique représente les armes de Lorraine. À gauche de l'autel se trouve la chapelle funéraire des Princes de Lorraine fermée par une imposante grille aux armes de la dynastie. Au sol, une trappe en bois cache l'accès au caveau.
Une partie du plafond est recouverte d'une fresque du XVIe siècle ; attribuée à Hugues de la Faye, elle représente les Anges tenant les instruments de la Passion. Une autre peinture à la détrempe est présente sur les deux premières travées de gauche, proche des gisants de Claude de Baudoche et René de Beauvau, elle est dédiée à Notre-Dame-de-Consolation.
Au XIXe siècle, furent installées dans le chœur les stalles en bois provenant de l'abbaye de Salival et datant de 1691.
La chapelle Notre-Dame-de-Lorette, chapelle funéraire des ducs de Lorraine, est accolée au niveau du chœur. L'édifice fut construit de 1609 à 1612, avec un style baroque italien avec une étonnante coupole en trompe-l'œil.
Cette chapelle, créée par la volonté de Charles III de Lorraine, renferme les dépouilles et les cénotaphes de tous les ducs de Lorraine, aïeux de la famille de Habsbourg-Lorraine et de ce fait, le seul duc de Lorraine à ne pas y être inhumé est François-Étienne de Lorraine qui, devenu empereur du Saint-Empire, fut inhumé en la nécropole des Habsbourg à Vienne (Autriche).
Tombeaux des ducs de Lorraine
Tombeau de René II de Lorraine et gisant de Philippe de Gueldre
Dans la nef, à proximité du chœur se trouve le tombeau du duc René II, caractérisé par un monumental enfeu polychrome Renaissance dû à l'architecte Jacques Vauthier et exécuté en 1511[5]. La polychromie a été reprise au XIXe siècle.
Parmi les gisants situés dans la première partie de la nef (tous rapportés ultérieurement), celui de l'épouse de René II, Philippe de Gueldre (originellement à Pont-à -Mousson), est remarquable par la performance sculpturale sous le ciseau de Ligier Richier ainsi que par le traitement de la pierre calcaire de Meuse lui conférant l'aspect du marbre.
Autres tombeaux
On peut également remarquer les gisants de Henri III de Vaudémont, d'Antoine de Vaudémont et de Marie d'Harcourt (1398-1476), ainsi que le tombeau du cardinal Charles de Vaudémont par Florent Drouin .
Une belle statuette de facture romane dite Le retour du croisé (XIIe siècle) est présumée comme étant le tombeau de Gérard Ier de Vaudémont et d'Huderige de Dagsbourg (ou de Hugues Ier de Vaudémont et Aigeline de Bourgogne), la femme enserrant son mari de retour après une longue absence de plus d'une dizaine d'années.
Le graveur Jacques Callot et le peintre Jean Le Clerc sont inhumés dans le cloître attenant à l'église.
- Le duc René II de Lorraine.
- Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont et Marguerite d'Egmont.
- ses fils le cardinal Charles de Vaudémont ainsi que Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur.
- François-Camille de Lorraine.
- Antoine de Lorraine et Renée de Bourbon-Montpensier.
- François Ier de Lorraine et Christine de Danemark.
- Charles III de Lorraine et Claude de France.
- Anne de Lorraine et Claude de Lorraine, filles de Charles III.
- la duchesse Nicole de Lorraine et Charles IV de Lorraine.
- Henri, marquis de Hattonchâtel.
- François II de Lorraine et Christine de Salm.
- le cardinal puis duc Nicolas-François de Lorraine et Claude-Françoise de Lorraine.
- le duc Charles V de Lorraine.
- son fils François de Lorraine, abbé de Stavelot ainsi que le cœur de Joseph de Lorraine, général dans l'armée impériale, mort en 1705.
- Le duc Léopold Ier de Lorraine et son épouse Élisabeth-Charlotte d'Orléans.
- leurs enfants morts jeunes : Léopold, duc de Bar, mort en 1700 ; Élisabeth-Charlotte de Lorraine, morte en 1711 ; Louise-Christine de Lorraine, morte en 1701 ; Gabrielle-Charlotte de Lorraine, morte en 1711 ; Louis de Lorraine, mort en 1711 ; Josèphe-Gabrielle de Lorraine, morte en 1709 ; Léopold-Clément, prince héréditaire de Lorraine, mort en 1723 ; Éléonore, morte en 1710, ainsi que leur dernière fille morte en 1715.
- leur fille Anne-Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont, morte en 1773.
- le cœur de Charles-Alexandre de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas.
En 1743, sont transférées les dépouilles inhumées en la collégiale Saint-Georges de Nancy :
- Jean Ier, duc de Lorraine.
- Nicolas d'Anjou, duc de Lorraine.
- Charles II, duc de Lorraine.
- Marguerite de Wittelsbach.
- Marie de Bourbon, duchesse de Lorraine.
- Henri II, duc de Lorraine (posé sur le cercueil son cœur et ses entrailles).
- Marguerite de Gonzague (posé sur le cercueil son cœur et ses entrailles).
- entrailles de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
En 1762, sont déposés les dépouilles inhumées en la collégiale de Vaudémont :
- Henri III de Vaudémont.
- Isabelle de Lorraine.
- Antoine de Vaudémont.
- cœur de Marie d'Harcourt.
En 1722, sont déposés les cœurs déposés en l'église des Noviciats de Nancy :
- cœur de Charles de Lorraine (1567-1607), évêque de Strasbourg et de Metz, mort en 1607.
- cœur de Charles III, duc de Lorraine.
- cœur d'Antoinette de Lorraine, duchesse de Juliers.
- Dorothée de Lorraine, duchesse de Brunswick.
- cœur de Charles V, duc de Lorraine.
- cœur de Léopold-Clément de Lorraine.
- cœur de Léopold Ier, duc de Lorraine.
Princes et princesses de Lorraine transférés après la révolution dans la crypte :
Depuis la chartreuse de Bosserville :
- Charles IV, duc de Lorraine.
- Charles-Henri de Lorraine, prince de Commercy.
- Anne-Élisabeth de Lorraine.
- cœur de Charles IV.
- cœur de Charles-Henri de Lorraine.
- cœur de Anne-Élisabeth de Lorraine.
Depuis l'Ă©glise Saint-LĂ©opold :
- Gérard Ier, comte de Vaudémont.
Depuis l'Ă©glise des Minimes :
- cœur de Henri de Lorraine, marquis de Hattonchâtel.
Depuis l'abbaye de Royaumont :
Depuis l'Ă©glise Notre-Dame de Nancy :
- cœur de François II, duc de Lorraine.
- cœur de Christine de Salm.
- cœur de Marie le Veneur, comtesse de Salm.
Depuis l'église du couvent des Capucins de Varangéville :
- Éric de Lorraine, évêque de Verdun.
- Henri de Lorraine, comte de Chaligny et marquis de Mouy.
- François de Lorraine-Chaligny, 90e évêque de Verdun.
Depuis l'abbaye de Beaupré :
- Raoul, duc de Lorraine.
- Ferry IV, duc de Lorraine.
- Le cœur de Ferry de Lorraine, évêque d'Orléans.
- Ferry III, duc de Lorraine.
- Thiébaud II, duc de Lorraine.
Depuis l'abbaye de Clairlieu :
- Mathieu II, duc de Lorraine.
- Judith-Berthe de Hohenstaufen.
- Mathieu, fils de Mathieu II.
Depuis abbaye de Royaumont (J.S.A.L. 1856) :
- Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, mort en 1601
- Louis de Lorraine, comte de Brionne.
- François-Armand de Lorraine, abbé de Royaumont.
L'Ă©glise et les Habsbourg-Lorraine
L'église des Cordeliers entretient de longue date des liens particuliers à la maison de Habsbourg-Lorraine. Dès les années 1760, l'empereur d'Autriche s'inquiète des tombeaux de ses ancêtres et fait faire divers travaux de marbrerie. Il fait également dire des messes. Marie-Antoinette, née princesse d'Autriche, fit une halte dans la chapelle de ses ancêtres avant de rejoindre son futur époux Louis XVI.
À la Révolution, les tombeaux sont profanés et les cercueils éventrés. Toutefois, les fossoyeurs prennent soin, en ensevelissant les os au cimetière de Boudonville, de les mettre à part. Sous la Restauration, Louis XVIII et François Ier d'Autriche s'émeuvent du triste état de la chapelle ronde. Celle-ci est restaurée et les dépouilles ducales solennellement réinstallées le . La cérémonie expiatoire a lieu sous la direction de Nicolas-Charles de Vincent, noble lorrain et ancien ambassadeur d'Autriche, et de Charles de Forbin-Janson, évêque de Nancy[7]. D'autres dépôts mortuaires ont lieu par la suite. L'empereur d'Autriche crée une fondation en 1826 instituant un aumônier chargé de dire quotidiennement la messe, et d'assurer un service funèbre solennel en novembre à la mémoire de ses ancêtres. Ce service est assuré sans discontinuité jusqu'en 1914.
En 1867, François-Joseph Ier, empereur d'Autriche, vient également se recueillir sur le tombeau de ses ancêtres.
Après la Première Guerre mondiale, un groupe de Lorrains, guidé par le maréchal Lyautey remet en place la messe solennelle à la mémoire des ducs et princes de Lorraine et de Bar. Cet office, assuré de manière pérenne depuis 1934, a lieu à l'automne, généralement fin octobre. Il est organisé par la Société d'histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain. La messe est célébrée par le curé de la paroisse Saint-Epvre, dont dépend l'église des Cordeliers. Elle est parfois présidée par l'évêque de Nancy et de Toul.
C'est également dans la chapelle des Cordeliers que fut célébré le , le mariage d'Otto de Habsbourg-Lorraine et de Regina de Saxe-Meiningen, ils y célébrèrent également leurs noces d'or le . Le , une messe de requiem y a été dite à la mémoire de l'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine par l'Oratoire Saint-Philippe Néri qui dessert la paroisse Saint-Epvre dont dépend l'église des Cordeliers. Quelque 350 personnes y ont participé.
Galerie
- Anges instruments de la Passion.
Entrée de la chapelle funéraire Blason du duc Antoine de Lorraine surplombant le porche de l'église Vue intérieure de la
chapelle funéraireVue intérieure de l'édifice Retable de la
chapelle Saint-Fiacre
Notes et références
- « L’église des Cordeliers NANCY, CAPITALE DES DUCS DE LORRAINE », sur musee-lorrain.nancy.fr (consulté le )
- Cédric Andriot, Les biens des Franciscains de Nancy, Nancy II, Mémoire de Maîtrise,
- Notice no PA00106105, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Hérold Michel. Les vitraux disparus de l'église des Cordeliers de Nancy. In: Bulletin Monumental, tome 142, n°2, année 1984. pp. 159-172. DOI : https://doi.org/10.3406/bulmo.1984.6353
- Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Champagne et Lorraine page 49.
- Couvent des Cordeliers de Nancy, Tombes et sépultures dans les cimetières et autres lieux
- Marie-France Jacops, Le baron de Vincent (1757-1834), officier et diplomate au service de l'Autriche, et la terre de Bioncourt en Lorraine, p. 296.
Annexes
Bibliographie
Par ordre chronologique de publication :
- Abbé Pierre-Étienne Guillaume, « Cordeliers et Chapelle ducale de Nancy », dans Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, tome 2, 1851, p. 65-339 (lire en ligne)
- Pierre Marot, « Nancy. Église des Cordeliers », dans Congrès archéologique de France. 96e session. Nancy et Verdun. 1933, Société française d'archéologie, Paris, 1934, p. 24-35
- Michel Hérold, « Les vitraux disparus de l'église des Cordeliers de Nancy », dans Bulletin Monumental, 1984, tome 142, no 2, p. 159-172 (lire en ligne)
- Pierre Colas, « Meurthe-et-Moselle. Nancy, mise au jour de peintures murales du XVIe siècle à l'église des Cordeliers », dans Bulletin Monumental, 1988, tome 146, no 2, p. 127-130 (lire en ligne)
- Marie-Claire Burnand, « Nancy. La chapelle des Cordeliers », dans Lorraine gothique, Picard éditeur, Paris, 1989, p. 252-256, (ISBN 2-7084-0385-0)
- Sylvain Bertoldi, « Nancy, église des Cordeliers », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 99-107, (ISBN 978-2-901837-32-9)
- Francine Roze, « Nancy, la chapelle ducale de l'église des Cordeliers », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 109-114, (ISBN 978-2-901837-32-9)
- « l’église des Cordeliers », sur stanislasurbietorbi.com (consulté le )
- Etienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet, « L'église des Cordeliers. Le sanctuaire des ducs de Lorraine à Nancy », Société d'histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, 2022.
Liens externes
- Ressource relative Ă l'architecture :
- L'Ă©glise des Cordeliers sur le site de l'Office de tourisme de Nancy