Ăglise Notre-Dame de Lestiac-sur-Garonne
L'église Notre-Dame est une église catholique située dans la commune de Lestiac-sur-Garonne, dans le département de la Gironde, en France[1].
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XIIe siĂšcle |
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Coordonnées |
44° 41âČ 38âł N, 0° 22âČ 30âł O |
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Localisation
L'Ă©glise se trouve au cĆur du village, dans le chemin de l'Ăglise parallĂšle Ă la route dĂ©partementale D10 (Langoiran et Bordeaux au nord-ouest, Cadillac au sud-est).
Historique
L'Ă©glise, construite sur un site gallo-roman, date du XIIe siĂšcle. L'Ă©difice actuel se compose d'une nef en berceau et d'un chĆur roman. La nef est encadrĂ©e de deux bas-cĂŽtĂ©s voĂ»tĂ©s d'ogives. Celui du nord est Ă©levĂ© au XVIe siĂšcle, l'autre est construit en 1850 par l'architecte Coureau. Le clocher-porche est Ă©levĂ© aussi vers 1850, sur les plans de l'architecte Paul Abadie.
Les sculptures romanes du chevet et du sanctuaire sont d'une qualité exceptionnelle. Elles sont décrites en détail ci-dessous.
Façade nord Façade ouest Portail
La nef
L'arc triomphal La nef
Les autels
Chapelle nord L'autel principal Chapelle sud
Les vitraux de l'abside
FenĂȘtre sud FenĂȘtre sud-est FenĂȘtre est FenĂȘtre nord-est FenĂȘtre nord
Les vitraux de la nef
Les vitraux, du XIXe siĂšcle, sont lâĆuvre du MaĂźtre-verrier bordelais Gustave Pierre Dagrant.
FenĂȘtre sud 1 FenĂȘtre sud 2 FenĂȘtre sud 3 FenĂȘtre nord 3 FenĂȘtre nord 2 FenĂȘtre nord 1
Le mobilier
Confessionnal Chaire
Une croix monumentale se dresse devant l'Ă©glise. Le croix en ferronnerie qui date de 1848, est dĂ©corĂ©e d'un SacrĂ©-CĆur et des instruments de la Passion a un hauteur de 4,3 mĂštres. Auparavant, elle se trouvait dans l'ancien cimetiĂšre, mais quand celui-ci fut dĂ©truit, la croix fut dĂ©placĂ©e.
Il y a Ă©galement une croix de mission qui se trouve Ă l'emplacement de l'ancien cimetiĂšre. La ferveur religieuse a Ă©tĂ© mise Ă mal lors de la RĂ©volution Française. Des croix de mission ont Ă©tĂ© plantĂ©es sur tout le territoire français au dĂ©but du XIXe siĂšcle. Chacune dâelles manifeste le passage dâun de ces missionnaires diocĂ©sains que lâon charge Ă lâĂ©poque de mener une nouvelle Ă©vangĂ©lisation des campagnes. Ici, la croix, rĂ©alisĂ©e en 1848, est sur un socle qui porte la date de 1837. Le croix en ferronnerie est dĂ©corĂ©e d'un SacrĂ©-CĆur et des instruments de la Passion.
Croix monumentale Croix de mission
L'Ă©glise est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1925 pour son abside et son chĆur[1].
Iconographie romane[2]
Les sculptures datent du début du XIIe siÚcle. Pour le programme principal : 14 chapiteaux au dedans (dont 7 historiés) et 16 chapiteaux à l'extérieur (dont 8 figurés). Le programme secondaire consiste d'une série de vingt-neuf modillons soutenant la corniche du chevet.
Comme pour les églises de Gabarnac et de Saint-Martin-de-Sescas, on ne trouve, parmi toutes les sculptures de l'église, aucune représentation symbolique, ni de la religion chrétienne, ni d'un récit biblique. Elles sont toutes profanes. Ici, les chapiteaux historiés du sanctuaire, réservé exclusivement au clergé, sont des mises en garde, symboliques ou explicites, contre l'incontinence sexuelle, comme à Beychac ou Saint-Sulpice.
L'extérieur
Le chevet est divisé en huit pans séparés par huit grandes colonnes surmontées de chapiteaux à corbeille en taille basse. Il est probable qu'une neuviÚme colonne a été détruite lors de la construction de bas-cÎté nord au XVIe siÚcle.
Dans chaque pan, on trouve, par alternance, soit une fenĂȘtre, soit une fenĂȘtre feinte. Les fenĂȘtres feintes ne sont pas dĂ©corĂ©es. La corniche est Ă©galement supportĂ©e par une sĂ©rie de modillons de qualitĂ© exceptionnelle.
Les chapiteaux de la corniche
Huit chapiteaux sculptés supportent la corniche du chevet. Les corbeilles de quatre d'entre eux ont reçu un décor végétal, les autres, un décor figuré.
On commence leur description à partir du bas-cÎté sud, en suivant la corniche jusqu'au bas-cÎté nord.
Les trois premiers chapiteaux du mur sud du chevet portent uniquement un décor végétal.
Chapiteau sud 4 : pignes de pin et oiseaux
Sept oiseaux s'agitent au-dessus de quatre feuilles d'acanthe. Six d'entre eux picorent des pommes de pin. Le septiÚme, au centre de la face principale, a les ailes éployées avec ses deux pattes posés au sol sur l'astragale.
Il serait erronĂ© de tenter des interprĂ©tations lapidaires, telles que : sept oiseaux = sept pĂ©chĂ©s capitaux ou oiseaux becquetant une pomme de pin = symbole de l'Eucharistie, comme certains guides ont fait. En effet, il n'y aucun symbole roman associĂ© avec les pĂ©chĂ©s capitaux sur la corbeille et le symbole aviaire de l'Eucharistie Ă©tait deux oiseaux buvant dans le mĂȘme calice.
Chapiteau nord 4 : homme entre deux fauves
Au centre, un homme est assis sur une chaise. Il est encadrĂ© par deux fauves (probablement des lions). L'homme, impassible, regarde droit devant et Ă©tend ses bras pour saisir, Ă mains nues, les langues qui pendent des gueules des bĂȘtes. Il est bien coiffĂ©, vĂȘtu d'une tunique Ă plis horizontaux et d'un cape agrafĂ©e sous le menton qu'il a rejetĂ©e en arriĂšre. Ă gauche de son fauteuil, on voit un quatre-feuilles.
Cette scÚne est une parodie de « Daniel dans la fosse aux lions » et s'appuie sur le dicton populaire de l'époque : « On n'attrape pas le loup par la langue », et s'adresse aux fidÚles ou pÚlerins de passage pour leur rappeler que le lion/loup n'est autre que Satan cherchant à dévorer celui qui tente le diable.
Chapiteau nord 3 : décor végétal et chapiteau nord 2 : Les musiciens
Seule la face principale est animĂ©e, les petits cĂŽtĂ©s sont couverts par une vĂ©gĂ©tation stylisĂ©e. Aux angles de la corbeille, se trouvent deux musiciens se faisant face. Celui de gauche a la jambe droite posĂ©e au sol et il se tient accoudĂ© sur son genou gauche pour souffler dans son olifant. Sa main droite tient un objet souple et recourbĂ© (un serpent ?). L'autre musicien est un percussionniste. Son genou droit est au sol et, avec l'index de sa main droite, il dĂ©signe l'olifant de son compagnon. Sa main gauche agite une grosse baguette de forme phallique, une mailloche, au-dessus d'un instrument striĂ© qui est probablement un tympanon. Ă l'aplomb du dĂ© central, au niveau de l'astragale, on voit une tĂȘte humaine.
Les musiciens, acrobates et historiens étaient des professions maudites par le clergé roman. La musique populaire était associée à la danse, à la promiscuité d'hommes et de femmes, à la consommation de l'alcool et à l'incitation au péché de la luxure.
Chapiteau nord 1 : couple nu dans la verdure
La totalitĂ© de ce chapiteau est tapissĂ©e de des lianes Ă©manant de trois plants distincts (un par face), Ă l'exception des angles oĂč sont agenouillĂ©s deux personnages tous nus, une femme Ă gauche et un homme Ă droite.
Le couple rĂ©unit toutes les caractĂ©ristiques des ĂȘtres condamnables : l'Ă©tat de nuditĂ©, la posture humiliante d'ĂȘtre Ă genou, la prĂ©hension des tiges (le jeu de mots latins caulis = tige, mais aussi caulis = pĂ©nis Ă©tait frĂ©quent dans les Ă©crits de l'Ă©poque). Il serait erronĂ© d'interprĂ©ter, comme certains guides, la scĂšne comme Ă©tant la chute d'Adam et Ăve car il manque les symboles, tels que le serpent, le fruit de l'Arbre de vie (une pigne de pin) et le Malum, fruit de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal, qui sont habituellement associĂ©s Ă ce rĂ©cit.
Les chapiteaux des fenĂȘtres du chevet
Trois des quatre fenĂȘtres du chevet ont des chapiteaux dĂ©corĂ©s. La quatriĂšme fenĂȘtre n'est pas romane et date probablement du XVIe siĂšcle. Ce qui Ă©tonnant est que les trois fenĂȘtres romanes ont une reprĂ©sentation d'un ĂȘtre bi-corporĂ©. Le bi-corporĂ© Ă tĂȘte unique est une chimĂšre de la mythologie des intellectuels des XIe et XIIe siĂšcles. Parmi ces crĂ©atures, le tĂ©ratologue de l'Ăšre romane a proposĂ© des lions, des dragons et l'homme lui-mĂȘme. Ici, c'est un lion et deux dragons bi-corporĂ©s qui sont prĂ©sentĂ©s.
FenĂȘtre nord :
Cette fenĂȘtre n'est pas d'origine romane. Il est probable qu'elle soit une reconstruction faite au moment de la mise en place du bas-cĂŽtĂ© nord de l'Ă©glise au XVIe siĂšcle.
FenĂȘtre nord-est :
La corbeille occidentale est dĂ©corĂ©e avec des feuilles d'acanthe et la corbeille orientale avec un dragon bi-corporĂ©. Une grosse tĂȘte poilue Ă criniĂšre, aux yeux globuleux et Ă la gueule bĂ©ante, rĂ©unit deux corps dont les ailes sont repliĂ©es vers le haut. Deux longues queues s'entrelacent dans l'axe ou elles dessinent une pince.
FenĂȘtre est :
Un autre dragon bi-corporĂ© est reprĂ©sentĂ© sur la corbeille occidentale. C'est une tĂȘte lisse et glabre, aux yeux peu saillants qui rĂ©unit les deux corps ; les ailes du premier plan s'Ă©lĂšvent et celles du fond s'abaissent pour se rejoindre au sol. Les deux queues s'enroulent chacune autour d'une patte.
Le chapiteau oriental est parvenu intact, avec son tailloir d'origine, orné d'entrelacs. Le sujet principal est un homme, au torse bombé, qui remplit presque tout l'espace. Il est agenouillé, les jambes écartées et pose ses mains sur ses cuisses. L'homme est habillé avec affectation et de façon asymétrique au niveau des cuisses. Deux fortes lianes lui entravent les deux coudes et deux autres lianes lui pressent les hanches. La figure de ce demi-acrobate entortillé dans les sarments est un stéréotype de la symbolique culpabilisante et nécessitant pénitence.
FenĂȘtre sud-est :
La corbeille occidentale porte un décor végétal.
Sur le corbeille orientale, deux corps de lion Ă©namourĂ©s sont Ă©troitement enlacĂ©s dans l'axe du chapiteau. Quelques feuillages remplissent l'arriĂšre-plan. Les deux tĂȘtes des lions sont rĂ©unies en une seule. La bĂȘte est un ĂȘtre bi-corporĂ©, ou un seul esprit dirige les deux corps. s Les bĂȘtes sont assis sur leur croupes. Les deux criniĂšres qui couvrent les deux encolures indique que ce sont deux mĂąles. Leurs pattes ont Ă©tĂ© allongĂ©es de maniĂšre Ă approprier une Ă©treinte qui est plus propre au genre humain qu'Ă la gent lĂ©onine. Les deux queues passent Ă l'intĂ©rieur des cuisses pour finir sur les cĂŽtĂ©s.
Les modillons [3]
On trouve vingt-neuf modillons autour du chevet. La sérié complÚte, dans l'ordre commençant au bas-cÎté nord et terminant au bas-cÎté sud, est illustrée ci-dessous. Il y a le mélange habituel de figures géométriques, de dessins abstraits, de figures humains et de symboles maléfiques.
Notons ici que les modillons 19 et 21, dans la série dénonçant la luxure, sont des remplacements du XIXe siÚcle. Par comparaison avec des séries semblables sur d'autres églises de l'Entre-deux-Mers on peut supposer que les originaux étaient un homme ithyphallique et une femme exhibant son sexe.
SirĂšne bi-caudale Porteur de tonnelet Porteur de poisson Porteur d'herminette Cracheur de rinceaux Ăne FĂ©lin Deux lapins Copulation Serpent Symbole vulvaire
L'intérieur
Il y a quatorze chapiteaux romans sculptés à l'intérieur de l'église, sept au nord et sept au sud. Ils seront décrits par paire, en commençant à l'arc triomphal et en allant vers le sanctuaire. La qualité des sculptures est supérieure à celle des sculptures extérieures et les tailloirs sont systématiquement ouvragés avec festons, entrelacs et palmettes. Les dessins ci-dessous sont de Léo Drouyn[4].
Les chapiteaux historiés sont tous des mises en garde, pour le clergé, de la tentation charnelle.
Les deux derniers chapiteaux de la série illustrent les deux volets principaux de l'incontinence sexuelle du clergé : le désir entre des hommes et le désir pour des femmes. Ce type d'illustration servait officiellement à dénoncer le nicolaïsme, que la Réforme grégorienne pourchassait sans relùche.
Arc triomphal
L'arc triomphal annonce et dĂ©limite l'enceinte du presbytĂ©rium : d'abord une travĂ©e de chĆur, Ă©clairĂ©e par deux baies latĂ©rales, puis le sanctuaire dont l'arcature souligne les trois fenĂȘtres de l'abside.
Chapiteau nord 1 : Une grosse corbeille à décor végétal : des entrelacs d'ogives circonscrivant des feuilles d'acanthe
Chapiteau sud 1 : Une grosse corbeille à décor végétal trÚs stylisé et des fruits sphériques.
Le chĆur
Chapiteau nord 2, deux lions en miroir : corbeille d'angle Ă deux faces sculptĂ©es, un lion par face, affrontĂ© Ă son congĂ©nĂšre. L'angle de symĂ©trie correspond Ă l'angle de la corbeille. Chaque bĂȘte est assise, la croupe Ă mĂȘme le sol et le corps vertical. Chaque lion a une patte arriĂšre relevĂ©e de telle sorte qu'il peut mordiller la patte. Les deux queues ont fusionnĂ© pour dessiner une spirale.
Chapiteau sud 2, un lion contournĂ© : en gĂ©nĂ©ral, le lion noble, rampant ou passant, Ă©tait une spĂ©cificitĂ© hĂ©raldique. Les lions de ces chapiteaux sont des anti-figures hĂ©raldiques : non dressĂ©s sur leurs pattes, tĂȘtes honteusement courbĂ©es, langues ne saillant de la gueule et les queues baissĂ©es au lieu d'ĂȘtre relevĂ©es.
Chapiteau nord 3 : Corbeille d'angle, à deux faces sculptés : une composition abstraite d'entrelacs de passementeries perlées et de ruban étoffés
Chapiteau sud 3 : feuillage mĂȘlĂ©s de pommes de pin.
Les reprĂ©sentations de pignes de pin sont lĂ©gion dans la rĂ©gion. Il y a un sens symbolique quand ils sont sur un chapiteau historiĂ© : Adam et Ăve au jardin d'Ăden ou quand ils sont picorĂ©s par deux oiseux (comme ici, sur le chapiteau nord 6). La pomme de pin reprĂ©sente le fruit dĂ©fendu et est un symbole Ă connotation nĂ©gative. Ici, il semble que les pommes de pin soient purement dĂ©coratives.
Le sanctuaire
Chapitre nord 4 : décor de passementeries forées d'une série de petits trous et de feuillages.
Chapitre sud 4 : groupe d'oiseaux
La corbeille est sculptĂ©e sur deux faces. on voit trois oiseaux posĂ©s au sol. Deux d'entre eux occupent le premier plan ; on voit uniquement la tĂȘte et le cou du troisiĂšme. Depuis l'angle supĂ©rieur mĂ©dian, sortent deux autres tĂȘtes, plutĂŽt reptilienne, qui mordent les cous des gros oiseaux.
La reprĂ©sentation des oiseaux qui se bloquent mutuellement le cou n'est pas rare â Ici-mĂȘme, elle a Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e sur le dixiĂšme modillon â. Il y avait vraisemblablement un sens nĂ©gatif Ă donner Ă ces images.
Chapiteau nord 5 : deux lions affrontés détournés
La corbeille est sculptĂ©e sur les trois faces. Deux lions mĂąles Ă queues sagittĂ©es dĂ©tournent la tĂȘte l'un de l'autre, tout en recrachant des tiges nervurĂ©es qui enlacent leurs feuilles terminales.
La combinaison de lions et de lianes était éminemment symbolique. Dans le monde clérical, le lion n'était rien d'autre que l'avatar du Diable (vester diabolus), le séducteur au masculin.
Chapiteau sud 5 : feuilles de céleri sommées de trois rangs de zigzags
Chapiteau nord 6 : sept oiseaux
On voit six oiseaux columbiformes disposés symétriquement par rapport à un septiÚme oiseau montré frontalement sur la face principale. à chacun des angles de la corbeille, on voit une pomme de pin appendue au-dessus d'une feuille carénée, picorée par deux oiseaux. Deux autres oiseaux, en arriÚre-plan, attendent leur tour. L'oiseau axial (malheureusement trÚs dégradé) n'est pas perché comme les autres, mais en plein vol, ailes déployées, écartant les autres à coup de serres.
Chapiteau sud 6 : des entrelacs d'ogives perlées circonscrivant des acanthes
Chapiteau nord 7 : la SirĂšne
La face principale de la corbeille est dominĂ©e par une sirĂšne en majestĂ©. Elle est nue jusqu'Ă sa ceinture torsadĂ©e et maintient sa double queue Ă©cartĂ©e Ă l'aide de ses mains. Sur ses flancs, deux hommes agenouillĂ©s portent en gloire la tentatrice avec beaucoup d'empressement, car le manteau agrafĂ© de l'un des hommes vole dans les airs. Il s'agit d'une parodie des anges en vol portant la mandorle d'un saint, d'une Vierge ou d'un martyr. La sirĂšne tient, au-dessus du banc des prĂȘtres, l'ensemble de la nef sous son regard. Cette mise en scĂšne cherche Ă ridiculiser ces hommes que les appas fĂ©minins rĂ©duisent Ă la servitude.
Chapiteau sud 7 : le tentateur chauve
Cette sculpture est l'équivalent masculin du chapiteau de la SirÚne. Pour résumer la scÚne sur la corbeille, plantée au sein des saints de l'église, Léo Drouyn écrivit, vers 1850 :
Au milieu, un diable nu sans sexe, écartant démesurément les jambes, au bout desquelles sont des griffes qui saisissent les parties sexuelles de deux personnages à genoux, placés à sa droite et à sa gauche. Pour l'époque, c'était d'une objectivité exceptionnelle.
On peut prĂ©ciser la description en suivant Christian Bougoux[2] : Le diable, avec un rictus de satisfaction, serre la corde qu'il utilise pour entraver les deux hommes agenouillĂ©s. Il n'y a pas de libĂ©ration pour les victimes, car les autres extrĂ©mitĂ©s des cordages sont attachĂ©es Ă deux troncs verticaux. Les prisonniers sont bien vĂȘtus, celui de gauche est moustachu Ă la chevelure bouclĂ©e, celui de droite est un jeune homme glabre avec une raie au milieu. Chacun est Ă genoux sur l'astragale, tentant de se libĂ©rer des entraves. SimultanĂ©ment le tentateur, avec ses pieds griffus, chatouille le sexe de ses proies. dont l'une est saisie d'une Ă©rection spectaculaire.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă l'architecture :
- Ressources relatives Ă la religion :
- L'église Notre-Dame sur le site du tourisme en Aquitaine, consulté le .
Références
- « Inscription de l'église Notre-Dame », notice no PA00083593, base Mérimée, ministÚre français de la Culture, consulté le 30 août 2012.
- Christian Bougoux, L'imagerie romane de l'Entre-deux-Mers : l'iconographie raisonnée de tous les édifices romans de l'Entre-deux-Mers, Bordeaux, Bellus éd., , 828 p. (ISBN 978-2-9503805-4-9 (édité erroné))
- Christian Bougoux, Petite grammaire de l'obscÚne : églises du duché d'Aquitaine, XIe/XIIe siÚcles, Bordeaux, Bellus éd., , 233 p. (ISBN 2-9503805-1-4)
- Fonds LĂ©o Drouyn des Archives Municipales de Bordeaux, tome 46, p. 512-519