Église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Sousse
L'église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Sousse, située dans la ville de Sousse en Tunisie, est une église catholique construite en 1867 avant l'instauration du protectorat français. Désacralisée en 1964, elle est détruite quelques années plus tard.
Église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Sousse | |
Église Notre-Dame vers 1922. | |
Présentation | |
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Culte | Catholicisme |
Début de la construction | 1865 |
Fin des travaux | 1867 |
Date de désacralisation | 1964 |
Géographie | |
Pays | Tunisie |
Gouvernorat | Sousse |
Ville | Sousse |
Coordonnées | 35° 49′ 40″ nord, 10° 38′ 22″ est |
Premiers édifices
L'installation de négociants européens et la présence d'esclaves chrétiens capturés à l'époque de la course sont à l'origine des premiers lieux de culte chrétien dans la ville. Des moines capucins viennent alors de Tunis pour célébrer les offices lors des grandes fêtes religieuses chrétiennes. Faute d'habitation permanente, ils sont hébergés par le consul de France ou celui de Sardaigne, qui mettent à leur disposition une pièce du consulat pour y donner la messe[1].
En 1836, le Saint-Siège obtient de Moustapha Bey l'autorisation de créer la paroisse de Sousse relevant de Tunis. La population chrétienne est alors estimée à 400 personnes. L'année suivante, à la demande du consul de France, Ahmed Ier Bey autorise la location à titre perpétuel d'une maison pour un loyer de 150 piastres à condition de réparer ce qui devait l'être. Une chapelle y est installée et bénie le 28 juillet 1839. Les prêtres qui la desservent logent dans une maison d'habitation louée à proximité.
L'arrivée du père Agostino da Reggio, le 26 octobre 1856, est un tournant dans la vie de la communauté chrétienne de Sousse. Dès son arrivée dans une ville décimée par une épidémie de choléra, il entreprend la construction de la chapelle Saint-Joseph dans ce qui était alors le cimetière catholique de la ville. Cette église reste en activité jusqu'à l'indépendance de la Tunisie en 1956[2].
Construction de l'église Notre-Dame
En 1862, le père Agostino obtient de Sadok Bey l'autorisation d'ouvrir une école dans une maison arabe de la médina. En 1865, le souverain donne son accord pour l'érection d'une église en ce lieu. Toute la communauté chrétienne participe aux travaux dirigés par Amédée Gandolphe et Laurent Mifsud. Dès les premiers coups de pelle, les terrassiers tombent sur une nécropole punique qui rappelle l'ancienneté de l'occupation du lieu. En mémoire de cette trouvaille, une inscription latine, Supra phenicum holocosta sedeo, est ajoutée à l'intérieur et au-dessus de l'entrée de l'édifice. Enfin, le 15 juin 1867, la nouvelle église consacrée à l'Immaculée Conception est bénie par Monseigneur Fidèle Sutter.
Située dans l'actuelle rue de l'Église, à proximité de la Grande Mosquée de Sousse, elle est par la suite renommée en église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception et reste le principal lieu de culte chrétien jusqu'à la construction de l'église Saint-Félix[2].
Construction de l'église Saint-Félix
L'instauration du protectorat français en 1881 est à l'origine d'une forte augmentation de la population chrétienne de la ville avec l'arrivée de nombreux Maltais et Italiens. L'église Notre-Dame est vite trop petite. La communauté italienne en profite pour bâtir une chapelle déjà dédiée à saint Félix dans le quartier italien de Capace Grande.
Dès 1908, une souscription est ouverte pour l'érection d'un nouveau lieu de culte chrétien[3]. En 1909, une pétition signée par 2 000 personnes est envoyée à la résidence générale de France à Tunis pour demander le soutien des autorités du protectorat. L'autorisation de construire une nouvelle église sur un terrain offert par un particulier est enfin accordée, avant d'être annulée alors que les travaux ont déjà commencé[4].
Faute d'autorisation pour un nouvel édifice, on agrandit en 1910 l'église Notre-Dame malgré l'exiguïté de l'emplacement. On construit une sacristie et un clocher de 34 mètres de haut dans lequel on installe deux cloches provenant de la cathédrale provisoire de Tunis : Dorothée qui pèse 1 105 kg et Joséphine qui en fait 784, toutes les deux fondues à Lyon et baptisées par le cardinal Charles Lavigerie. Le 22 octobre 1911, la cérémonie de bénédiction de l'édifice rénové est également l'occasion de bénir la première pierre de la future église Saint-Félix dont la construction est enfin autorisée[5].
Prenant acte du prochain achèvement du nouveau lieu de culte, la paroisse de Sousse est divisée en deux entre cette dernière et l'église Notre-Dame à partir du 12 décembre 1915, chacune des deux nouvelles paroisses disposant de son propre prélat[6]. L'affluence à l'église Notre-Dame ne diminue pas pour autant et l'édifice doit être remis à neuf en 1923. Cependant, même avec ce nouveau bâtiment, il n'y a pas assez de place pour tous les paroissiens. C'est ce que note le journal La Tunisie catholique en 1925 à l'occasion des fêtes de Pâques en estimant à 500-600 fidèles l'affluence quotidienne à Saint-Félix pendant que Notre-Dame en rassemble 500 autres[7]. Seule la procession annuelle qui a lieu à travers la ville lors de la Fête-Dieu permet de rassembler tout le monde, toutes croyances confondues[8].
Période de la guerre
La campagne de Tunisie débute en . L'importance de la ville en fait un objectif prioritaire pour les bombardements des avions anglais et américains. Les premières bombes américaines tombent sur la ville le 10 décembre mais c'est le bombardement du 12 mars 1943 qui fait le plus de dégâts. L'église Notre-Dame est touchée de plein fouet par plusieurs projectiles qui éclatent dans le chœur. Les deux abbés présents ce jour-là sont sauvés de justesse. Cela n'empêche pas les offices de reprendre dès la fin des combats. Après de lourds travaux de réparations, l'église Notre-Dame est rouverte au culte le 2 mars 1950, lors d'une cérémonie présidée par le cardinal Roncalli, alors nonce apostolique en France et futur pape Jean XXIII[9].
Indépendance de la Tunisie
Les manifestations nationalistes ont une conséquence directe sur l'affluence dans les églises ; Notre-Dame située dans la médina est désertée car on y craint les agressions. Par ailleurs, les dons des fidèles s'en ressentent. Lorsque Saint-Félix recueille 43 750 francs en 1952, Notre-Dame n'en recueille que 6 700.
L'avenir s'annonce sombre pour la communauté chrétienne et les départs se succèdent. En 1958, on estime que la moitié des familles chrétiennes sont parties. Le Bulletin paroissial, qui avait informé les chrétiens tout au long du protectorat, cesse de paraître la même année faute d'abonnés[10].
Le modus vivendi signé entre le gouvernement tunisien et le Vatican le 10 juillet 1964 en prend acte. L'église Notre-Dame est cédée au gouvernement tunisien avec l'assurance qu'elle ne sera utilisée qu'à des fins d'intérêt public compatibles avec son ancienne destination[11].
L'église Notre-Dame est détruite dans les années 1980[12].
Prélats responsables de la paroisse
- Gianbattista d'Agnona (1836-?) ;
- Agostino da Reggio (1856-1882) ;
- Raffaela da Malta (1882-?) ;
- Auguste-Fernand Leynaud (1901-1916) ;
- Abbé Talis (1916-1922) ;
- Abbé Jean (1922-?) ;
- Abbé Labbe (?-?).
Notes et références
- François Dornier (préf. Fouad Twal), La Vie des catholiques en Tunisie au fil des ans, Tunis, Imprimerie Finzi, , 643 p., p. 261.
- Dornier 2000, p. 262.
- Dornier 2000, p. 263.
- Dornier 2000, p. 264.
- Dornier 2000, p. 265.
- Dornier 2000, p. 267.
- Dornier 2000, p. 268.
- Dornier 2000, p. 269.
- Dornier 2000, p. 270.
- Dornier 2000, p. 271.
- « Modus vivendi entre le Saint Siège et la République tunisienne » [PDF], sur iuscangreg.it (consulté le ).
- Christian Attard, « L'Église Notre-Dame », sur sousse1881-1956.com (consulté le ).