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Éfaté du Sud

L’éfaté du Sud est une langue austronésienne parlée dans le centre du Vanuatu, sur la côte méridionale de l’île d’Éfaté. Il appartient à la branche océanienne des langues austronésiennes.

Éfaté du Sud
Pays Vanuatu
Région Éfaté
Nombre de locuteurs 6 000[1]
Classification par famille
Codes de langue
IETF erk
ISO 639-3 erk

Prononciation et écriture

L’éfaté du Sud s’écrit avec une variante de l’alphabet latin complété de diacritiques. Les graphèmes sont indiqués ci-dessous avec la prononciation correspondante[a 1].

Voyelles

Les voyelles ont de nombreux allophones, selon les sons environnants[a 2] :

  • /e/ se prononce [e] avant une autre voyelle et [ɛ] ailleurs ;
  • /i/ se prononce :
    • [ə] ou [ɨ] dans une syllabe non accentuée et au contact d’une vélaire,
    • [j] après un a, en début de syllabe suivi d’une voyelle (napiau, « houle » : [ˈnap.jau]) et entre une consonne et deux voyelles,
    • [i] ailleurs ;
  • /o/ se prononce [ɔ] avant r, [ʊ] après une voyelle et [o] ailleurs ;
  • /u/ se prononce :
    • [ʊ] dans une syllabe non accentuée,
    • [w] après un a, en début de syllabe suivi d’une voyelle et entre une consonne et deux voyelles (twei, « il y a longtemps » : [twei]),
    • [u] ailleurs.

Consonnes

/k͡p/ est parfois prononcé [kp], c’est-à-dire k puis p au lieu des deux en même temps, et parfois seulement [p] ou [k][a 3]. De même, /ŋ͡m/ peut être prononcé [ŋm] ou simplement [m][a 4].

Phonologie

Les syllabes en éfaté du Sud sont complexes et peuvent commencer par des groupes de consonnes inhabituels, comme dans les mots ntm̃at (« paix ») ou fnau (« prêcher »). Elles peuvent contenir jusqu’à deux voyelles[a 5].

L’accent tonique tombe le plus souvent sur la première syllabe, mais sur la deuxième syllabe dans les mots qui commencent par l’article na-[a 6].

Grammaire

Numéraux

L’éfaté du Sud utilise un système en base 10.

Numéraux en éfaté du Sud
CardinauxOrdinaux
1iskei1erpei
2inru, nran, nru2ekaru
3itol3ekatol
4ipat4ekafat
5ilim5ekalim
6ilates6eklates
7ilaru7eklaru
8ilatol8eklatol
9ilfot9ekilfot
10ralim iskei
100tifli iskei
1 000p̃on iskei
1 000 000p̃onti iskei

Les numéraux entre 10 et 99 sont formés avec ralim suivi du chiffre des dizaines, du mot atmat et des unités : par exemple, 23 se dit ralim inru atmat itol, littéralement « dix deux et trois ».

Cependant, de nos jours, on compte le plus souvent en bichelamar et les locuteurs, surtout les plus jeunes, ne connaissent pas toujours les nombres élevés en éfaté du Sud[a 7].

Pronoms personnels

Les pronoms personnels n’ont pas de distinction de genre, mais l’éfaté du Sud fait la différence entre le « nous » exclusif et inclusif. Il y a aussi une distinction de nombre : singulier, pluriel et, dans certains cas, duel.

Les pronoms personnels existent sous une forme indépendante et une forme liée, ces derniers étant attachés au verbe.

Pronoms indépendants

Il y a deux formes de pronoms indépendants : les pronoms focaux peuvent servir de sujet et d’objet, les pronoms obliques servent de bénéfactifs et de possessifs. Ces derniers sont issus du pronom focal avec la préposition nig (« de »)[a 8].

Pronoms indépendants en éfaté du Sud
PersonnePronom focalPronom oblique
1re sg. kineu, neu(nig)neu
2e sg. ag(ne)gag
3e sg. ga(ne)ga
1re incl. pl. akit(ne)gakit
1re excl. pl. komam(nig)mam
2e pl. akam(ne)gamus
3e pl. gar(ne)gar

Possession

Il existe en éfaté du Sud deux manières d’indiquer la possession[a 9] :

  • certains noms sont directement suivis d’un suffixe possessif ;
  • d’autres noms doivent être suivis d’un pronom possessif.

Le type de construction utilisée dépend du nom employé.

Possession directe

Il existe environ 124 mots qui admettent la possession directe. Ce sont des mots qui désignent principalement des parties du corps (ntawot, « os »), des relations familiales (p̃al, « frère ») ou des concepts associés à un objet ou une personne (nagi, « nom »).

Quand le possesseur doit être exprimé par un pronom, le nom possédé prend alors un suffixe possessif : nar-u-n (« sa main »), namt-e-r (« leurs yeux »).

Suffixes possessifs[a 10]
PersonneSingulierPluriel
1reInclusive -kit
Exclusive -k-mam, -mom, -m
2e -m-mus
3e -n-r

Quand le possesseur est exprimé par un nom, celui-ci suit le nom possédé sans suffixe : rait-o-m (« ta mère ») mais rait tesa (« la mère de l’enfant »).

Contrairement à d’autres langues telles que le mwotlap où les noms à possession directe sont obligatoirement possédés, en éfaté du Sud, ils peuvent apparaître sans possesseur : dans nra-n (« son sang »), le suffixe possessif indique que le sang est toujours dans le corps de son possesseur, mais dans nra (sans suffixe), le sang est en dehors du corps[a 11].

Possession indirecte

La grande majorité des noms emploient une syntaxe différente pour indiquer la possession. Quand le possesseur est humain et exprimé par un pronom, celui-ci est indiqué par un pronom personnel oblique : nam̃olien neu (« ma vie »). Quand il est exprimé par un nom, on utilise la préposition ni, traduite par « de » : plisman ni natkon (« le policier du village »).

Les inanimés sont incompatibles avec les pronoms personnels : pour traduire « son » quand le possesseur n’est pas humain, on emploie knen au lieu d’un pronom[a 12].

Exemples

Quelques mots en éfaté du Sud[2]
MotTraduction
terreemeromen
cielnmalfa
eaunai
feunkap
hommenanwei
femmenmatu
mangerpam
boiremin
grandlep
petitrik
nuitp̃og
jouraliat

Notes et références

  1. p. 46
  2. pp 54–55
  3. pp. 49–50
  4. p. 51
  5. pp. 57–59
  6. pp. 65–66
  7. p. 76–78
  8. pp. 103–106
  9. p. 127
  10. p. 105
  11. p. 129–132
  12. p. 127–129
  • Autres sources et notes

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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