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Éducation prioritaire en France

L'éducation prioritaire en France est une politique menée depuis 1981, par le ministère de l'éducation nationale pour répondre au constat de la concentration de difficultés sociales qui ont des effets sur les résultats scolaires dans des écoles et collèges où les élèves de milieux populaires sont significativement plus nombreux que dans la moyenne des écoles et collèges de France. Ses objectifs d'égalité des chances et de réussite de tous ont peu varié dans le temps, en revanche sa conception et son pilotage ont connu une histoire peu linéaire[1].

Le collège Jacques Decour (REP+) du quartier de la Rabaterie, Saint-Pierre-des-Corps.

Comme le dit le site du ministère de l'éducation nationale : "La politique d’éducation prioritaire a pour objectif de corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire par un renforcement de l’action pédagogique et éducative dans les écoles et établissements des territoires qui rencontrent les plus grandes difficultés sociales"[2]. Ses principales orientations actuelles sont rassemblées dans un référentiel partagé par tous les réseaux d'éducation prioritaire[3].

Histoire de l’éducation prioritaire

Naissance du concept de démocratisation de la formation scolaire

Le but de l’école rĂ©publicaine[4], obligatoire et gratuite de Jules Ferry Ă©tait de mener tous les citoyens au niveau d'Ă©ducation nĂ©cessaire Ă  l'exercice normal de leurs responsabilitĂ©s dĂ©mocratiques, en leur enseignant sa fameuse trilogie : « Le français, la morale, le calcul Â». L'obligation scolaire s'applique Ă  partir de 6 ans, pour tous les enfants français ou Ă©trangers rĂ©sidant en France. En 1959, cette obligation a Ă©tĂ© prolongĂ©e jusqu'Ă  l'âge de 16 ans rĂ©volus. Dès la fin des annĂ©es 60 les travaux de Bourdieu et Passeron montrent dans la Reproduction les inĂ©galitĂ©s de destins scolaires. Le principal objectif du système Ă©ducatif est alors de rĂ©ussir la massification de l’école obligatoire puis l’allongement des durĂ©es des Ă©tudes et la massification du lycĂ©e afin d’élever le niveau de formation des jeunes compte tenu des besoins de qualifications qui s’élèvent dans la sociĂ©tĂ©. La mise en place du collège unique par la loi Haby doit contribuer Ă  cette Ă©lĂ©vation du niveau de formation des nouvelles gĂ©nĂ©rations.

Cette massification révèle davantage encore les inégalités des destins scolaires déjà repérées par Baudelot et Establet dès le début des années 70[5] en ce qui concerne l’organisation de l’école primaire en filières et ses effets. Ces travaux de sociologie ont ainsi montré l’importance de l’origine sociale des élèves, en insistant notamment sur le rôle joué par « l’environnement familial et social », et plus particulièrement par la situation socio économique des parents, sur la réussite scolaire. D’autres recherches montreront également comment inégalités sociales et disparités spatiales se conjuguent et se renforcent. On observe en outre à cette période d’une part une concentration de ces populations défavorisées dans certains quartiers, d’autre part que les populations immigrées qui rejoignent la France sont le plus souvent concentrées dans ces quartiers.

Cela amène des enseignants de l’école du port à Gennevilliers à rechercher des solutions à proposer aux autorités académiques pour pouvoir enseigner les élèves de ces écoles comme on enseigne les autres élèves. Alain Bourgarel enseignant puis directeur raconte les premières réflexions pour une éducation prioritaire en France[6]. Il observe notamment l’intérêt des EAZ (éducation action zones) en Grande-Bretagne[7].

Une nouvelle politique publique en 1981

Il faut attendre l’arrivĂ©e de la gauche au pouvoir en pour que le ministre Alain Savary, qui partage ce constat alarmant sur l’égalitĂ© des chances Ă  l’école, propose le dĂ©ploiement de cette nouvelle politique publique en France qui devra modifier significativement le fonctionnement du système Ă©ducatif. Elle sera lancĂ©e par une circulaire dès le mois de [8]. Elle est alors ainsi dĂ©finie : « Son but prioritaire est de contribuer Ă  corriger cette inĂ©galitĂ© par le renforcement sĂ©lectif de l’action Ă©ducative dans les zones et dans les milieux sociaux oĂą le taux d’échec scolaire est le plus Ă©levĂ©. La politique du Gouvernement consiste en effet Ă  subordonner l’augmentation des moyens Ă  leur rendement escomptĂ© en termes de dĂ©mocratisation de la formation scolaire. C’est cet objectif qui doit ĂŞtre central pour tous ceux qui sont chargĂ©s de la mettre en Ĺ“uvre Â»[9]. L’objectif de massification est dĂ©sormais complĂ©tĂ© d’un objectif de dĂ©mocratisation pour rĂ©duire le taux d’échec scolaire liĂ© aux situations sociales et Ă  leur concentration dans certaines « zones ». L’idĂ©e qui sous-tend cette politique est que « l’inĂ©galitĂ© de traitement doit rĂ©tablir l’égalitĂ©. »[10]

L’objectif de massification du système éducatif est désormais complété d’un objectif de démocratisation pour réduire le taux d’échec scolaire lié aux situations sociales et à leur concentration dans certaines « zones ». Dès la première circulaire apparaissent quatre caractéristiques qui ne quitteront pas cette politique jusqu'à aujourd'hui :

  • La dĂ©finition des zones en fonction d'indicateurs objectivĂ©s,
  • la construction d'une rĂ©ponse Ă©ducative adaptĂ©e localement rĂ©pondant Ă  un diagnostic et proposant des objectifs pĂ©dagogiques rĂ©alistes,
  • l'animation du travail en rĂ©seau et en partenariat par une Ă©quipe,
  • le renforcement des moyens d'action essentiellement en postes d'enseignants.

Nous sommes alors dans le premier âge de cette politique tel que le décrit Jean-Yves Rochex dans un article sur les trois âges des politiques d'éducation prioritaire en Europe[11]. D'autres circulaires vont compléter et préciser la circulaire de . Celle de [12] précise la notion de zone en proposant la terminologie de "zone prioritaire". Elle affine la conception des indicateurs à prendre en compte pour déterminer les zones en question (ceci est très détaillé dans les trois annexes de cette circulaire), elle précise ce qui est attendu de chacun des projets de zone. C'est la première fois que la notion de projet est introduite dans les attentes institutionnelles: le projet de zone prioritaire préfigurera le projet d'établissement (1985) et le projet d'école (1989). Cette circulaire précise également les modalités de l'animation et du suivi des projets de zones. L'accent est mis en particulier sur l'intérêt d'un travail entre les différents cycles d'enseignement et sur une logique d'animation non hiérarchique qui peinera à voir véritablement le jour ("l’initiative et la conduite des projets doivent appartenir aux personnes qui sont confrontées aux difficultés concrètes et quotidiennes que connaît la zone dans laquelle elles vivent ou travaillent").

Chaque zone doit adopter un projet éducatif propre en concertation avec les différents acteurs de la communauté éducative et les représentants des collectivités territoriales après une « étude préalable de l’ensemble des déficiences éducatives d’une zone et des facteurs positifs sur lesquels peut s’appuyer l’école », précise Alain Savary. En 1982 une nouvelle circulaire porte sur "Conception et mise en œuvre de projet dans les zones connaissant des difficultés scolaire et dans les établissements à la recherche d’une vie éducative nouvelle"[13]. La circulaire de complétera le dispositif par une demande de retour d'information vers le ministère[14].

Évolutions de la politique d'éducation prioritaire

L'histoire de la politique d'éducation prioritaire de 1983 à aujourd'hui est rythmée principalement par les alternances politiques : quand la gauche est au pouvoir la politique est relancée, (81-84 puis 90-92, 97-99) quand c'est la droite parlementaire, elle n'est pas particulièrement pilotée comme cela a pu être rappelé dans le rapport de diagnostic de la MAP - modernisation de l'action publique- ()[15]Les choses changent à partir de 2006 où un autre gouvernement s'inscrit dans le principe de cette politique publique pour la modifier en mettant en place les RAR (Réseaux ambition réussite) puis un autre gouvernement en 2011 met en place une autre déclinaison appelée ECLAIR (Écoles collèges lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite).

Au cours de cette histoire on assiste à deux mouvements complémentaires relativement à la carte de l'éducation prioritaire : d'une part un mouvement d'extension de la carte et donc du nombre d'élèves concernés par cette politique, d'autre part à un mouvement de concentration de moyens sur des zones plus particulièrement difficiles (RAR puis ECLAIR et enfin REP+ aujourd'hui). En outre tout au long de ces années, la politique d'éducation prioritaire sert clairement de poste avancé des politiques d'éducation en France. On a pu voir que le projet y trouve son origine, ce sera aussi le cas du contrat et des mesures relatives à la continuité entre l'école et le collège. C'est également le cas actuellement pour la réduction des effectifs dans les premières années de l'école élémentaire.

Chacune des grandes étapes de cette histoire est marquée par des rapports importants : rapport de Francine Best en 1992, rapport de Catherine Moisan et Jacky Simon en 1997, rapport de Anne Armand et Béatrice Gille en 2006, travaux des états généraux de la violence à l'école de 2010, travaux de la modernisation de l'action publique de 2013. Durant toute cette période de nombreux chercheurs produiront également une réflexion de fond sur la question de la réussite scolaire en milieu défavorisé. On peut citer par exemple Gérard Chauveau, Bernard Charlot et les équipes de recherche ESCOL et RESEIDA avec notamment Jean-Yves Rochex et Élisabeth Bautier.

Les années 1990-1992 : de la zone prioritaire à la zone d'éducation prioritaire

  • La circulaire du [16] introduit les notions de prĂ©vention et de formation de personnels en Zone d'Ă©ducation prioritaire.
  • La circulaire du souhaite renforcer la collaboration avec la politique de la ville et insiste sur la rĂ©ussite de tous les Ă©lèves.

Les années 1997-1999 : de la zone au réseau et du projet au contrat

  • Le rapport Moisan-Simon de 1997 insiste sur les objectifs pĂ©dagogiques et le pilotage. Il prĂ©conise comme solution aux problèmes des ZEP la stabilisation des Ă©quipes Ă©ducatives. Cependant, il constate que les primes ne suffisent pas pour cela. Il existe alors 563 zones.
  • En 1999, la politique des Zones d'Ă©ducation prioritaire est jugĂ©e insuffisante. 869 RĂ©seaux d’Éducation Prioritaire (REP) sont crĂ©Ă©s afin de lutter contre l’isolement des Zones d'Ă©ducation prioritaire qui, cependant, restent un noyau central du dispositif.

L'année 2006 : les réseaux ambition réussite

Une réforme a eu lieu à la rentrée 2006. En lieu et place des réseaux existants dans l’éducation prioritaire (ZEP et REP), ont été constitués les 254 réseaux ambition réussite (RAR)[17] et les autres réseaux dits « de réussite scolaire » (RRS). Ce plan de relance à l'éducation prioritaire s'articule en trois niveaux (ep1, ep2, ep3). Le but des RAR est de favoriser l'égalité des chances et l'articulation du projet entre l'école, la famille et les partenaires. La réforme accentue également le pilotage académique des ZEP, avec pour objectif de réduire le nombre d'établissements concernés afin de concentrer les moyens sur les collèges les plus en difficulté.

  • les Ă©tablissements EP1 : ils font partie des 249 rĂ©seaux « ambition rĂ©ussite », concentrent les plus grandes difficultĂ©s et disposent de moyens supplĂ©mentaires, c'est-Ă -dire 1 000 enseignants supplĂ©mentaires et 3 000 assistants pĂ©dagogiques[18] ;
  • les Ă©tablissements EP2 : ils se caractĂ©risent par une plus grande mixitĂ© sociale et continuent Ă  recevoir les mĂŞmes aides qu’auparavant ;
  • les Ă©tablissements EP3 : ils sortiront progressivement du dispositif dans un dĂ©lai de trois ans Ă  partir de la dĂ©cision si les conditions sont remplies. Les moyens seront adaptĂ©s en fonction du nombre d’élèves restant en difficultĂ©.

Les années 2010-2013 CLAIR puis ECLAIR

La conception de l'éducation prioritaire évolue en fonction d'orientations relatives à la prévention des violences. Le dispositif CLAIR est proposé en réponse à des besoins évoqués.

L’éducation prioritaire est alors composée de deux entités distinctes :

  • les rĂ©seaux ÉCLAIR qui concentrent un public issu majoritairement des catĂ©gories sociales scolairement dĂ©favorisĂ©es,
  • les RRS dans lesquels le public est gĂ©nĂ©ralement plus hĂ©tĂ©rogène.

Depuis la rentrée 2011, le programme « écoles, collèges, lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite » (ÉCLAIR) est devenu le « centre des politiques de l’éducation nationale en faveur de l’égalité des chances ». Expérimenté dans 105 établissements, relevant ou non de l’éducation prioritaire, à la rentrée 2010 (circulaire no 2010-096 du 7-7-2010), il a été étendu à la quasi-totalité des RAR à la rentrée 2011 (245 collèges en RAR sur 254 font partie du dispositif ÉCLAIR)[19].

Ă€ la rentrĂ©e 2012, le nombre des Ă©coles et Ă©tablissements inscrits dans le programme ÉCLAIR est de 2 096 (dont 951 maternelles et 1 145 Ă©lĂ©mentaires) 333 EPLE (dont 301 collèges, 14 lycĂ©es, 18 lycĂ©es professionnels) et 4 internats d’excellence. 782 collèges et environ 4 676 Ă©coles sont en RRS[20].

En 2013, le Ministère publiait les chiffres suivants[20] :

L'éducation prioritaire en nombre et pourcentage d'élèves
ÉtablissementÉcolesCollègesLycées
RRS690 152366 77115 556
ÉCLAIR351 135142 27621 652
Total1 041 287509 04737 208
Total des élèves scolarisés en %17,9 %19,6 %1,95 %

Les années 2013-2017 La refondation de l'éducation prioritaire

Le constat est établi que la politique d'éducation prioritaire n'est pas parvenue à réduire les écarts de résultats entre les écoles et collèges de l'éducation prioritaire et les autres écoles et collèges. Aussi faut il refonder la politique pour lui donner plus d'efficacité. Les ministres Vincent Peillon et George Pau-Langevin décident de confier une mission à une équipe dans le cadre de la modernisation de l'action publique (MAP). Celle ci doit leur faire des propositions pour la fin de l'année 2013 en vue d'une mise en œuvre d'une politique d'éducation prioritaire refondée à la rentrée 2015. Un premier rapport diagnostic paraît en juillet, il donne lieu, à l'automne, à des discussions au sein des équipes de l'éducation prioritaire lors d'assises interacadémiques qui permettent l'expression de toutes les parties prenantes. Celles ci alimentent un rapport final qui va orienter les décisions des ministres qui sont proposées en janvier 2014 accompagnées d'un référentiel pour l'éducation prioritaire qui rassemble les fruits de la recherche des travaux des inspections générales et des apports des acteurs de l'éducation prioritaire dans un ensemble de principes systémiques.

En 2014, Vincent Peillon révise la carte des ZEP avec de nouveaux réseaux (REP et REP +), comprenant chacun un collège et les écoles de son secteur sans traiter la question des lycées qui est reportée[21].

Du printemps 2016 à janvier 2017, plusieurs dizaines de lycées de ZEP organisent des jours de grève, ces établissements craignant de ne plus faire partie dans le futur de la carte de l’éducation prioritaire[22]. Najat Vallaud-Belkacem est contrainte de prolonger la « clause de sauvegarde » jusqu’en 2019 et promet une « dotation exceptionnelle » de 450 emplois à la rentrée 2017, des annonces jugées « précaires » et « dérisoires » par les collectifs enseignants[21].

De 2017 à 2020 : dédoublement des CP et fin de l'éducation prioritaire au lycée

Le ministre Jean-Michel Blanquer porte le programme présidentiel qui prévoyait le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les écoles de l'éducation prioritaire (REP et REP+) ainsi que l'augmentation de l'indemnité versée aux enseignants des écoles et collèges REP+.

En 2020, les lycées sont définitivement évincés de l'éducation prioritaire, avec la fin des mesures transitoires pour les établissements antérieurement classés ZEP et Eclair.

Objectifs

La réussite de tous

L’objectif majeur de l’éducation prioritaire est de promouvoir l’égalité des chances et la réussite de tous.

Il s'agit que tous les élèves parviennent en fin de scolarité obligatoire à acquérir le socle commun de connaissances, de compétences et de culture[23] qui se décline en cinq domaines:

1° les langages pour penser et communiquer : ce domaine vise l'apprentissage de la langue française, des langues étrangères et, le cas échéant, régionales, des langages scientifiques, des langages informatiques et des médias ainsi que des langages des arts et du corps ;

« 2° les méthodes et outils pour apprendre : ce domaine vise un enseignement explicite des moyens d'accès à l'information et à la documentation, des outils numériques, de la conduite de projets individuels et collectifs ainsi que de l'organisation des apprentissages ;

« 3° la formation de la personne et du citoyen : ce domaine vise un apprentissage de la vie en société, de l'action collective et de la citoyenneté, par une formation morale et civique respectueuse des choix personnels et des responsabilités individuelles ;

« 4° les systèmes naturels et les systèmes techniques : ce domaine est centré sur l'approche scientifique et technique de la Terre et de l'Univers ; il vise à développer la curiosité, le sens de l'observation, la capacité à résoudre des problèmes ;

« 5° les représentations du monde et l'activité humaine : ce domaine est consacré à la compréhension des sociétés dans le temps et dans l'espace, à l'interprétation de leurs productions culturelles et à la connaissance du monde social contemporain. »

Pour y parvenir les enseignants et les pilotes des réseaux d'éducation prioritaire sont invités à développer des perspectives indiquées dans un référentiel de l'éducation prioritaire[24] qui est le fruit d'un travail collaboratif qui a associé les inspections générales, la recherche et des enseignants.

Celui ci propose six principales orientations qui sont déclinées en 78 propositions concrètes :

  • Garantir l’acquisition du « Lire, Ă©crire, parler » et enseigner plus explicitement les compĂ©tences que l’école requiert pour assurer la maĂ®trise du socle commun
  • Conforter une Ă©cole bienveillante et exigeante
  • Mettre en place une Ă©cole qui coopère utilement avec les parents et les partenaires pour la rĂ©ussite scolaire
  • Favoriser le travail collectif de l’équipe Ă©ducative
  • Accueillir, accompagner, soutenir et former les personnels
  • Renforcer le pilotage et l’animation des rĂ©seaux

Les mesures qui accompagnent cet objectif

  • Orientation positive
  • AmĂ©liorer l’ambiance et la vie scolaire
  • ContinuitĂ© des apprentissages Ă©cole/collège
  • Renforcer le lien Ă©cole/famille
  • RĂ©duire les Ă©carts Ă  l’entrĂ©e en 6e et Ă  la rĂ©ussite au brevet : Il faut chercher Ă  rĂ©duire les Ă©carts de la proportion d’élèves entrant en 6e avec au moins un an de retard et l’écart de la rĂ©ussite au brevet.
  • RĂ©duire les Ă©carts entre les Ă©tablissements

Les moyens de l’éducation prioritaire

Les mesures Ă  mettre en place

Selon la circulaire du 30 mars 2006 intitulée Principes et modalités de la politique de l’éducation prioritaire, l’éducation prioritaire doit renforcer la structuration et le pilotage pédagogique dans les réseaux de l’éducation prioritaire ; et renforcer et accompagner les équipes pédagogiques dans les écoles et les collèges des réseaux « ambition réussite ». Aujourd’hui, il faut redonner aux zones d’éducation prioritaires les moyens d’exercer. Cela passe par plus de personnels d’éducation, d’orientation et d’assistantes sociales. À l’échelle nationale, il faut généraliser le travail en équipe, entre les différents intervenants scolaires et assurer un meilleur suivi individuel de l’élève. Améliorer la formation des enseignants semble également nécessaire.

À la rentrée 2007, les modalités de l’accompagnement et des aides ciblées sont inscrites dans le projet de l’établissement : des dispositifs de soutien méthodologique et/ou disciplinaire, tutorat, études surveillées ou accompagnées, colles…

Les moyens mis en Ĺ“uvre

Dans le dĂ©bat public, la prioritĂ© accordĂ©e aux ZEP se traduit principalement par des moyens supplĂ©mentaires et par des avantages statutaires pour les personnels affectĂ©s dans ces zones. MĂŞme si la politique de l’éducation prioritaire couvre un champ plus large, il importe cependant de mesurer la rĂ©alitĂ© de cette prioritĂ© dans l’attribution des moyens. Pour la mesurer, il faut distinguer, dans l'attribution des moyens, ce qui est liĂ© Ă  la taille de l'Ă©tablissement, Ă  la ruralitĂ© et Ă  des facteurs tels que la frĂ©quentation des internats et demi-pensions. Pour les emplois d'enseignants, la prioritĂ© se traduit par des classes moins chargĂ©es (Nicolas Sarkozy a promis de consacrer 1 milliard au soutien des ZEP en leur garantissant « des classes de 15 Ă©lèves »), et des postes supplĂ©mentaires pour l'animation pĂ©dagogique, les remplacements et les dĂ©charges de direction d'Ă©cole. Le surcoĂ»t peut ĂŞtre estimĂ© Ă  8 300 postes pour les Ă©coles et 3 600 pour les collèges. Les aides-Ă©ducateurs et les personnels sociaux et de santĂ© sont les deux autres prioritĂ©s significatives. Presque tous les collèges (98 %) et une majoritĂ© d’écoles (57 %) relevant de l’éducation prioritaire ont reçu une dotation en postes d’aides Ă©ducateurs. En 2007, les moyens ont Ă©tĂ© dispersĂ©s sur 15 Ă  20 % des Ă©tablissements scolaires. Autrement dit, on constate une augmentation des moyens.

Les différents dispositifs

  • Programmes PersonnalisĂ©s de RĂ©ussite Éducative (PPRE)[25]

Ils sont Ă©tendus au cycle d’approfondissement Ă  l’école et Ă  la 5e et 4e au collège. Ils sont prĂ©sentĂ©s comme l’outil permettant Ă  tous les Ă©lèves d’acquĂ©rir le socle commun de connaissances et de compĂ©tences surtout dans le domaine de la lecture[26]. Pour qu’ils soient plus efficaces, il faut de nouvelles façons de travailler, de nouvelles approches pĂ©dagogiques : un travail d’équipe qui permet un dĂ©cloisonnement des disciplines et modifie les pratiques des enseignants. De plus, ils nĂ©cessitent de concevoir des outils pĂ©dagogiques. Ce dispositif demande du temps pour les enseignants et aussi des moments de dialogue entre la famille et l’équipe pĂ©dagogique. Ils permettent Ă©galement de nouer un lien affectif avec les Ă©lèves. Les PPRE reprĂ©sentent 12 140 emplois. Cependant, les PPRE posent certains problèmes. On constate en effet un manque de moyens : problème de budget, formation des enseignants inadaptĂ©e, manque d’accompagnement pĂ©dagogique des enseignants et de temps, suppression de postes. Ajoutons Ă©galement que les PPRE sont souvent la reprise d’activitĂ©s qui existaient dĂ©jĂ  avant.

  • L’École après les cours

Elle consiste en un accompagnement éducatif de 16 à 18 heures et 4 jours par semaine. C’est un dispositif destiné à l’ensemble des collèges de l’éducation prioritaire qui met en place un temps d’aide aux devoirs et aux leçons, activités sportives, ouverture aux pratiques artistiques et culturelles. Participent à ce dispositif des enseignants volontaires, assistants d’éducation ou acteurs locaux ou associatifs

  • Les rĂ©seaux « ambition rĂ©ussite »

Les 249 réseaux « ambition réussite », mis en place depuis la rentrée 2006, ont pour objectif de répondre aux besoins scolaires de tous les élèves. Cela vise à permettre à ces élèves d’acquérir les connaissances et les compétences du socle commun dans le respect du principe de réussite pour tous. De même, les lycées labellisés « ambition réussite » doivent répondre aux besoins des collégiens issus des établissements de l’éducation prioritaire et des réseaux « ambition réussite ». De plus, l’orientation des élèves doit également être au cœur des projets de ces établissements : « il importe que ces élèves s’engagent autant qu’ailleurs dans des filières d’excellence. »

Évaluation et efficacité

Des évaluations sur la période 1982-1992 ont été mises en place dès 1980 pour lutter contre l’échec scolaire. L’effet de ces évaluations sur la réussite des collégiens entre 1982 et 1992 reste difficile à évaluer. Au cours de la décennie 90, des indicateurs successifs sont mis en place afin de comparer les résultats en ZEP et hors ZEP, d’identifier les facteurs de réussite des élèves, donnant lieu enfin à des évaluations plus poussées, en CE2 puis en 6ème. La note de service du demande « la mise en place de dispositifs de suivi et d’évaluation des résultats. »[27]Un guide méthodologique est alors mis à disposition des enseignants afin de faciliter cette évaluation. À partir de 1997, on s’intéresse plus à l’évaluation des ZEP entre elles et non plus en comparaison avec les autres zones scolaires. Depuis 2005, un nouveau contexte d’évaluation apparaît avec les indicateurs LOLF et la circulaire de relance de l’éducation prioritaire

Selon une étude de l'Insee portant sur la période 1982-1992, « la mise en place des zones d’éducation prioritaire n’a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves »[28]. Selon cette étude, les moyens supplémentaires profitent aux enseignants et non directement aux élèves. Conséquence de la persistance des problèmes, le nombre d'élèves dans les établissements de ZEP baisse, beaucoup de parents évitant ces collèges en contournant la carte scolaire quand ils le peuvent.

Les objectifs de l'éducation prioritaire n'ont pas réussi à combler de façon significative les écarts entre les élèves en éducation prioritaire et hors éducation prioritaire. Ainsi, selon l’Inspection Générale, en 2006 « les moyens supplémentaires importants - environ un milliard d’euros attribués à l’éducation prioritaire - n’ont pas réussi à augmenter sensiblement les performances des élèves.

À l'inverse, une étude menée par Thomas Piketty en 2004 concluait à un effet positif, du fait de la réduction des effectifs dans les classes, sur les inégalités scolaires en France[29].

Les difficultés rencontrées

  • En raison de leurs origines sociales, les familles ne sont pas Ă  mĂŞme de rĂ©pondre convenablement aux besoins de leurs enfants en matière d'Ă©ducation.
  • Les difficultĂ©s prĂ©sentes dès l'Ă©lĂ©mentaire et le prĂ©-Ă©lĂ©mentaire ne sont pas assez prises en compte alors que se creusent les inĂ©galitĂ©s dès la petite enfance.
  • Les enseignants ont du mal Ă  percevoir les capacitĂ©s rĂ©elles des Ă©lèves, de plus face Ă  la proportion d'Ă©lèves dĂ©favorisĂ©s dans les classes, les enseignants ont tendance Ă  ĂŞtre moins exigeants et donc Ă  diminuer leurs attentes.
  • Il est difficile pour les nouveaux enseignants d'exercer dans les ZEP, pourtant plus d'un nouvel enseignant sur cinq commence sa carrière dans l’AcadĂ©mie de CrĂ©teil. Le problème de stabilitĂ© des Ă©quipes Ă©ducatives fait qu'il est aussi difficile d'assurer un suivi pĂ©dagogique des Ă©lèves (près d'un enseignant sur deux aura quittĂ© l’AcadĂ©mie de CrĂ©teil dans les trois annĂ©es qui suivent son affectation).

Observatoires

Le Centre Alain Savary[30], créé en 1993 par le Ministère de l'Éducation nationale au sein de l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), avec l'Université Paris 8 et les partenaires de la politique de la ville, est un centre national de ressources sur les pratiques éducatives et sociales en « milieux difficiles », notamment en éducation prioritaire et en RAR.

L'Observatoire des zones prioritaires (OZP)[31] est une association créée en 1990 qui « a pour objectif de favoriser les échanges et la réflexion sur l’éducation prioritaire (RAR - ZEP - REP) et plus largement sur la lutte contre l’échec scolaire et l’exclusion dans les territoires de la politique de la Ville[32]. »

Notes et références

  1. « Repères historiques - Éducation prioritaire », sur reseau-canope.fr (consultĂ© le )
  2. « L'éducation prioritaire », sur education.gouv.fr, (consulté le )
  3. Référentiel de l'éducation prioritaire téléchargeable sur le site "Éducation prioritaire" du réseau CANOPE https://www.reseau-canope.fr/education-prioritaire/fileadmin/user_upload/user_upload/accueil/Referentiel_de_l_education_prioritaire.pdf
  4. Site de l'Éducation Nationale
  5. BAUDELOT (Christian), ESTABLET (Roger), L'école capitaliste en France, Paris, François Maspero, , 340 p. (ISBN 2-7071-0452-3, lire en ligne)
  6. « 30 ans de ZEP, une histoire à transmettre et à interroger », sur IFE Centre Alain Savary, (consulté le )
  7. EMIN, Jean-Claude, « Une autre politique de discrimination positive : la politique anglaise des Éducation Action Zones », Éducation & formations n°61,‎ , p. 33-38 (ISSN 0294-0868, lire en ligne)
  8. Circulaire EN no 81-238 du 1er juillet 1981 relative à la création des zones d'éducation prioritaire, BO no 27 du 9 juillet 1981.
  9. Circulaire n° 81-238 du 1er juillet 1981 B.O. n° 27 du 9 juillet 1981
  10. La Contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves, Rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation nationale, n° 2006-076, octobre 2006,
  11. « éducation prioritaire », sur esen.education.fr, ? (consulté le )
  12. Circulaire n° 81-536 du 28 décembre 1981, B.O. spécial n° 1 du 21 janvier 1982
  13. Circulaire n° 82-128 du 19 mars 1982, B.O. n° 13 du 1er avril 1982
  14. Suivi des projets dans les zones et les programmes d’éducation prioritaires, Circulaire n° 82-589 du 15 décembre 1982 B.O. n° 46 (23-12-82)
  15. Évaluation de la politique de l'éducation prioritaire Rapport de diagnostic17 juillet 2013 page 27
  16. Circulaire du 7 décembre 1992
  17. Circulaire EN n°2006-058 du 30 mars 2006 relative aux principes et aux modalités de la politique de l'éducation prioritaire, BO n°14 du 6 avril 2006.
  18. Site du ministère de l'éducation nationale http://www.education.gouv.fr/bo/2006/14/MENE0600995C.htm#top
  19. Repères et Références statistiques 2013 sur les enseignements, la formation et la recherche : RERS 2013 - Ministère de l'Éducation nationale, (ISBN 978-2-11-099382-3) p. 66 [PDF]
  20. Données clés - Éducation prioritaire, Ministère de l'Éducation nationale (voir archive)
  21. Les lycées de ZEP poursuivent la grève pour obtenir des moyens supplémentaires, Aurélie Collas, lemonde.fr, 4 janvier 2017
  22. Plusieurs dizaines de lycées de ZEP en grève, lemonde.fr, 16 novembre 2016
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  25. Programmes Personnalisés de Réussite Éducative (PPRE)
  26. NaĂŻl Ver, Adeline Paul et Farid Malki, Professeur des Ă©coles : droits, responsabilitĂ©s, carrière, Retz Éditions, 2014, 223 p.
  27. La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves, Rapport de l’Inspection Générale d’octobre 2006
  28. Roland Bénabou, Francis Kramarz et Corinne Prost, « Zones d’éducation prioritaire : quels moyens pour quels résultats ? : Une évaluation sur la période 1982-1992 », Économie et Statistique, no 380,‎ (ISSN 0336-1454, lire en ligne) [PDF]
  29. « Le Monde, 4 septembre 2004. », sur piketty.pse.ens.fr
  30. Centre Alain Savary
  31. Observatoire des zones prioritaires
  32. Qui sommes nous ? - Observatoire des zones prioritaires

Annexes

Bibliographie

  • Dominique Glasman, Des Zones d'Éducation Prioritaire aux RĂ©seaux d'Éducation Prioritaire. Pratiques et politiques, Éditions SEDRAP, Toulouse, 2000.

Articles connexes

Liens externes

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