Édouard Duseigneur
Édouard Duseigneur[n 1], né le à Lyon 6e[2] et mort le à Saint-Didier-au-Mont-d'Or, est un général de brigade aérienne, membre du comité directeur de la Cagoule.
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Édouard Arthur Ernest Duseigneur |
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Hélène de Jouvenel (d) |
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général de brigade aérienne |
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Biographie
Carrière militaire
Fils de Maurice Duseigneur (1851-1925), agent de change à Lyon, et d'Hélène Piaget[3], petit-fils de Paul Duseigneur, issu d'une famille de négociants protestants et neveu d'un officier, Édouard Ernest Duseigneur, qui a achevé sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel (d'artillerie)[4], Édouard Duseigneur suit des études secondaires au lycée Ampère de Lyon. Il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr comme major d'entrée et fait partie de la 88e promotion (1903-1905)[5] - [6].
Il Ă©pouse en 1907 Antoinette Trapp (1889-1963), de Reims, issue Ă©galement d'une famille protestante[7].
Mobilisé dans la cavalerie en 1914, il devient pilote de chasse en 1915. Capitaine, il commande à partir de à l'escadrille N 57[8] puis de cette date à 1918 le groupe de combat 11, l'escadre de chasse no 2 en enfin la 2e brigade aérienne[9]. Deux fois blessé, titulaire de la croix de guerre, neuf fois cité, il est chevalier de la Légion d'honneur en 1915, puis promu officier en [10]. Chef d'escadron, en convalescence après la guerre, il est affecté à l'inspection technique de l'aéronautique en 1919 puis au 5e bureau de la direction de l'aéronautique, et ensuite en 1920 au 31e régiment d'aviation, comme adjoint au chef de corps[11].
Affecté en 1924 dans l'état-major de l'inspecteur général de l'aéronautique[12], promu lieutenant-colonel en [13], puis colonel en 1928[14], commandant du 11e régiment à Metz, il est affecté au cabinet du premier ministre de l'Air Laurent Eynac en [15]. Il est chef adjoint en [16] puis chef en [17] de son cabinet militaire, il est promu commandeur de la Légion d'honneur en 1929[18].
L'une de ses filles, Hélène, épouse Bertrand de Jouvenel. Il commande en 1931 l'école militaire d'application de l'Armée de l'air, à Versailles[19]. Promu général de brigade le [20], détaché au Centre des hautes études militaires en 1934, il est nommé en commandant de la 22e brigade aérienne, à Chartres[21]. À sa demande, il quitte le service actif fin [22]. Il passe un temps dans le secteur privé, travaillant pour la firme aéronautique Amiot[23].
Président de l'UCAD et membre de la Cagoule
Le périodique des socialistes Le Populaire le dénonce comme Croix-de-feu en 1936, alors qu'il commande la 22e brigade à Chartres[24]. Selon le duc Joseph Pozzo di Borgo, futur vice-président de l'UCAD, qui est alors l'un des chefs des Croix-de-feu, Duseigneur voulait quitter l'armée en 1935 et adhérer aux Croix-de-feu du colonel François de La Rocque. Pozzo di Borgo, qui servit sous les ordres de Duseigneur en 1918, l'en dissuada[25].
Après la victoire du Front populaire et devant la crainte d'un coup d'État communiste, il est encore en relation avec Pozzo di Borgo, qui a rompu avec La Rocque à l'été 1936 pour fonder un groupe dissident des Croix-de-feu[26]. Il s'exprime sur la lutte contre le communisme dans le périodique de droite Choc du colonel Maurice Guillaume[27] et sert de « témoin de moralité » au duc Pozzo di Borgo lors des procès qui opposent ce dernier au colonel de La Rocque en 1937[28].
Il fonde et préside une association anticommuniste, déclarée à la préfecture de la Seine en , l'Union des comités d’action défensive (UCAD). Elle fédère des groupements tels le Centre d'information et de coopération, le Centre d'études nationales et les Comités de rassemblement antisoviétiques (CRAS) fondés par des anciens francistes en , notamment Roger Vauquelin et Robert Jurquet de La Salle, que Duseigneur aurait rencontré au cercle parisien du Grand Pavois. Jurquet de la Salle est un cofondateur de ce cercle et le secrétaire de l'UCAD ; il est en relation avec Deloncle[27] - [29] - [30] - [31].
Il est en contact avec le chef de la Cagoule, Eugène Deloncle. Tous deux se seraient rencontrés vers juin ou et seraient allés ensemble en Italie, pour rencontrer Mussolini, qu'ils n'auraient pas vu cependant, et en Espagne [32] - [33]. Dans ses mémoires, le commandant Loustaunau-Lacau évoque sa rencontre avec Duseigneur, qu'il date du mois de . C'est Pétain, « que l'agitation subversive ne laisse pas indifférent », qui l'aurait envoyé rencontrer le général. Loustaunau-Lacau commente ainsi sa rencontre : « Je viens de tomber sur la Cagoule et j'ai l'impression très nette, bien qu'il s'en défende, que Duseigneur est dominé par un caractère supérieur au sien. (...) Cette visite confirme les renseignements qui m'étaient venus d'un peu partout : une dissidence de l'Action française s'arme pour faire face à un putsch communiste »[34].
Soupçonné d'appartenir à la Cagoule, il est arrêté le avec les autres dirigeants de ce groupe clandestin[20]. L'UCAD aurait été le paravent légal de cette organisation d'extrême droite et Duseigneur aurait fait partie du comité directeur de la Cagoule[35]. Le vice-président de l'UCAD, Pozzo di Borgo, est également arrêté, comme plus tard le secrétaire général de l'UCAD, Jurquet de La Salle[36], et le secrétaire du général.
Son honorabilité, et celle de Pozzo di Borgo, sont défendues par des journaux comme Le Jour de Léon Bailby, qui publie des articles en sa faveur[37] et, en décembre, une pétition de personnalités dénonçant « le scandale d'anciens combattants , détenus politiques, soumis au régime des malfaiteurs ». Elle est signée par des généraux (Robert Altmayer, Charles Brécard, de Bellaigne, Blaviez, de Cugnac, Clément-Grandcourt, Jobert, Koechlin-Schwartz, Henri Mordacq, Henri Albert Niessel, Peltiet, Sainte-Claire-Deville, Sütterlin, Ruillier, de Tavernost, de Vaulgrenant, Wimpffen, de Réals, Lavigne-Delville, Férand, Portalis, Fromheim, Boëlle, Estève, Vincent, de Montarby, Armengeaud, Roger, Pallu, Bulot), des amiraux (Jean Lacaze, de Carné, Hallier), des officiers, des dirigeants d'associations d'anciens combattants (Edmond Bloch, Prosper Josse, Georges Lebecq, de l'UNC), des écrivains anciens combattants (Paul Chack, Roland Dorgelès, François Duhourcau, Binet-Valmer, Claude Farrère), des Académiciens (Henry Bordeaux, Joseph de Pesquidoux), des hommes politiques (Désiré Ferry, Gaston Le Provost de Launay, Charles Trochu, les députés Pierre Taittinger, Fernand Wiedemann-Goiran, Charles des Isnards, Édouard Moncelle), des anciens combattants décorés, des anciens cadres et membres des Croix de Feu [38]. Ces officiers en retraite et ces personnalités, souvent marquées à droite et à l'extrême droite, se retrouvent dans un « Comité de défense des patriotes emprisonnés », formé fin , qui prend sa défense et celle de Pozzo di Borgo en raison de leur passé d'ancien combattant. Il engrange des signatures de personnalités et tente de tenir un meeting au Vélodrome d'Hiver, mais cette réunion est interdite devant la menace d'une contre-manifestation[39].
Défendu notamment par l'avocat et député Xavier Vallat, malade et affaibli, Duseigneur est transféré dans une maison de santé en février 1938 puis mis en liberté provisoire en juin, mais il est alors inculpé de complot contre la sûreté de l'État[40].
Il meurt le , après avoir repris du service dans l'aviation à la suite de la déclaration de guerre à l'Allemagne en septembre 1939 ; ses obsèques sont célébrées au temple protestant de l'Étoile à Paris[41]. Sa sépulture se trouve au cimetière Notre-Dame de Versailles.
DĂ©corations
- Commandeur de la LĂ©gion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918 (neuf citations)
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- André Encrevé, « Paul Duseigneur », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t. 2, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-8462-1288-5), p. 368-369
- Jacques Nobécourt, Le Colonel de La Rocque (1885-1946) : Ou les pièges du nationalisme chrétien, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », , 1194 p. (ISBN 978-2-35512-027-5), p. 110
Notes et références
Notes
- Il est souvent prénommé Edmond dans des ouvrages historiques[1]. C'est une erreur, recopiée de livre en livre sans vérification.
Références
- Pierre Milza, Fascisme français: passé et présent, Flammarion, 1987, p. 157, Philippe Bourdrel, Les Cagoulards dans la guerre, Albin Michel, 2009, Gérard Chauvy, Le drame de l'armée française. Du Front populaire à Vichy, Pygmalion, 2010, Élisabeth Du Réau, Édouard Daladier: (1884-1970), Fayard, 1993, Robert Soucy, Fascismes français ? 1933-1939. Mouvements antidémocratiques, Autrement, 2004, Collectif, Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours: Le vrai visage du capitalisme français, La Découverte, 2014, Dominique Venner, Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2000, etc.
- Archives municipales de Lyon, 6e arrondissement, année 1882, acte de naissance no 1084, cote 2E1313
- André Encrevé, « Arthur Édouard Ernest Duseigneur », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t. 2, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-8462-1288-5), p. 368-369
- Dossier de la LĂ©gion d'honneur d'E. E. Duseigneur dans la base LĂ©onore
- Le Figaro, 18/9/1903, Revue du cercle militaire, 26 septembre 1903, Journal officiel, 4 juillet 1902, Ibid., 19 juin 1903, saint-cyr.org: 1903-1905-88e-promotion-de-la-tour-d-auvergne., Annuaire de la Saint-Cyrienne
- pasteur André Maillet (pasteur), La vallée de la Drôme: histoire de Saillans, Silvestre, 1893, p. 269 (présentation de la famille Duseigneur), Jules Villain, La France moderne, II- Drôme et Ardèche, 1909
- L’Indépendant rémois, 3 mai 1903, La Patrie, 21 septembre 1907, Who's who, 1997 (notice du fils du général), aiolfi.com, Dossier Duseigneur. L'une de ses filles, Hélène, épousera Bertrand de Jouvenel.
- L'aérophile, 1-15 décembre 1916. Cf. le site albindenis.free.f: l'escadrille MS 57 N57 Spa57
- Franks, Norman; Frank W. Bailey, Over the Front: A Complete Record of the Fighter Aces and Units of the United States and French Air Services, 1914-1918, Grub Street, 1992, Les Ailes, 11 juillet 1929
- Journal officiel, 5 décembre 1918, Ibid., 2 octobre 1918, Les Ailes, 11 juillet 1929
- Journal officiel, 10/10/1919, Ibid., 25 décembre 1920
- Ibid., 26/31924
- Ibid., 25/12/1925
- L'AĂ©rophile, 1-15 avril 1928
- Le Petit Parisien, 21 mars 1928, Journal officiel, 10 novembre 1928
- Journal officiel, 16 janvier 1929
- L'Ouest-Éclair, 28 mai 1930
- Les Ailes, 11 juillet 1929
- Les Ailes, 29 octobre 1931
- L'Ouest-Éclair, 26 novembre 1937
- Journal officiel, 8 mai 1935
- Ibid., 31 mai 1936
- L'Ouest-Éclair, 26 novembre 1937, Le Populaire, 17 mai 1936, Les Ailes, 14 mai 1936
- Le Populaire, 17 mai 1936
- Jacques Nobécourt, op. cit., p. 549
- Jacques Nobécourt, op. cit., p. 532
- Jacques Nobécourt, op. cit., p. 546
- Le Populaire, 27 octobre 1937
- Jean-Claude Valla, La Cagoule, 1936-1937, Librairie nationale, 2000, p. 47
- Recueil des actes administratifs de la préfecture du département de la Seine (UCAD), Ibid., (CRAS)
- Le Jour, , "Les comités de rassemblement antisoviétiques", Le Journal, 29 juillet 1936, Le Temps, 6 février 1936,
- Nobécourt, op. cit., p. 545. Deloncle affirme dans une brochure postérieure qu'il a fondé l'UCAD avec son ami Duseigneur : E. Deloncle, Les Idées et l'action, imprimerie artistique moderne, 1941, p. 10
- Le Matin, 17 décembre 1938, , L'Ouest-Éclair, 22 janvier 1938
- Georges Loustaunau-Lacau, Mémoires d'un Français rebelle, Robert Laffont, 1948, p. 112
- Jacques Nobécourt, op. cit., p. 545
- Le Matin, 4 décembre 1938, Le Temps, 26 février 1938
- Georges Lebecq, « Hommage à un ancien combattant et à un chef », Le Jour, 27 novembre 1937, Jean Fraissinet, « Hommage à mon chef d'autrefois et à mon compagnon d'armes » , Ibid., 5 décembre 1937
- Le Jour, 4, 6, 7, 9, 10, 13, 18, 19, 21 décembre 1937 : en ligne sur Retronews
- Le Figaro, 31 décembre 1937, Journal des débats, 2 janvier 1938, L'Action française, 4 décembre 1937,Ibid., 9 janvier 1938,Le Temps, 15 janvier 1938, Ibid., 16 janvier 1938
- Le Populaire, 25 juin 1938, Le Matin, 25 juin 1938, Cherbourg-Éclair, 7 juillet 1939
- L'Ouest-Éclair, 4 mars 1940, L'Aérophile, mars 1940, Les Ailes, 14 mars 1940, Journal des débats, 8 mars 1940, Le Temps, 4 mars 1940, Le Figaro, 5 mars 1940