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Édouard Belin

Édouard Belin, né le à Vesoul (Haute-Saône) et mort le à Territet (Canton de Vaud, Suisse), est un ingénieur français, inventeur du bélinographe, système de transmission à distance des photographies en usage dans la presse des années 1930 à son remplacement par la transmission de fichiers numériques cinquante ans plus tard.

Édouard Belin
Édouard Belin dans les années 1950.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  86 ans)
Territet
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Collège Gérôme (baccalauréat) (jusqu'en )
Faculté de droit de Dijon (d) (à partir de )
École royale et impériale des arts graphiques de Vienne (en) (-)
Activités
Ĺ’uvres principales
signature d'Édouard Belin
Signature

La société Édouard Belin, installée à Rueil-Malmaison, a produit des appareillages techniques et de laboratoire.

Biographie

La maison natale d'Édouard Belin à Vesoul.

Édouard Belin naît et grandit au 27 rue du Breuil à Vesoul, préfecture de la Haute-Saône. Son père est magistrat ; sa famille le destine à une carrière juridique, mais il s'intéresse à la mécanique et aux techniques de l'image. Il étudie au Lycée Impérial de Vesoul jusqu'au baccalauréat, en 1894. La même année, à l'âge de 18 ans, il fait breveter un appareil photographique, l’opisthénographe, qui permet de prendre des photographies à l'insu de sujets placés sur sa droite et ainsi « de portraiturer de gracieuses jeunes filles, à la sortie de la messe par exemple, sans les effaroucher et sans alarmer leurs mamans ». Licencié en droit à Dijon et en 1897, il part étudier jusqu'en 1899 à l'École impériale et royale des Arts graphiques (de) de Vienne (Autriche), la plus ancienne école d'État qui enseigne la photographie depuis 1888[1].

De retour en France, il perfectionne ses connaissances en photographie auprès de photographes de renom. À Vesoul, il poursuit avec son frère Marcel des recherches sur la transmission instantanée des images. En 1900, il publie son Manuel pratique de photographie au charbon. Dans un mémoire de 1902, Le problème de la transmission à distance des images réelles en un temps négligeable et par voies purement physiques : le télégraphoscope[2], il indique que dès , à la suite de la présentation du cinématographe Lumière, il envisage la télévision, grâce à un système couplant un cinématographe enregistreur et un cinématographe projeteur.

Il se marie en 1905 et devient administrateur délégué des Imprimeries Réunies à Nancy.

Invention du bélinographe

Édouard Belin dans son laboratoire en 1920.

Il mène ses recherches dans une cave de l'immeuble oĂą se trouve le siège de la SociĂ©tĂ© française de photographie. Il convainc les services tĂ©lĂ©graphiques de mettre Ă  sa disposition pendant la nuit leurs lignes reliant Paris, Lyon, Bordeaux, soit un circuit de 1 717 km. En 1907, il construit le « bĂ©linographe », un instrument capable de transmettre des images photographiques Ă  distance par l'Ă©lectricitĂ©. Cet appareil utilise pour l'analyse le procĂ©dĂ© de l'AmĂ©ricain Noah Steiner Amstutz, basĂ© sur un tirage photographique spĂ©cial, et pour la synchronisation celui de l'Allemand Arthur Korn, son concurrent en Europe. En 1913, il met au point un bĂ©linographe portatif, dĂ©signĂ© sous le nom de "valise Belin" Ă  l'usage des reporters et dès 1914, une photo du PrĂ©sident PoincarĂ© inaugurant la Foire-Exposition de Lyon est transmise par « bĂ©linogramme » sur une liaison tĂ©lĂ©phonique. Cette photo sera publiĂ©e par un quotidien parisien en avril 1914.

On réalise un tirage photographique particulier, sur lequel les parties sombres sont légèrement en relief. On place cette épreuve sur un cylindre qui tourne. Un palpeur mu par une vis sans fin la parcourt, ligne après ligne, et agit sur un rhéostat pour convertir le relief en tension électrique. Ce signal électrique peut se transmettre sur le réseau téléphonique. Dans le récepteur une source lumineuse d'intensité modulée par le signal, se déplaçant sur une vis sans fin, impressionne une ligne hélicoïdale sur un papier photographique qui tourne sur un cylindre. Si l'on parvient à synchroniser les mouvements de l'émetteur et du récepteur, le système reproduit l'image.

Son procédé traverse l'Atlantique et le , une transmission est réalisée avec succès aux États-Unis.

Il perfectionne son procédé en 1921. L'appareil utilise désormais une cellule photoélectrique, et peut transmettre à partir d'un négatif photographique ou d'un tirage normal. Il transforme le signal en modulation de fréquence d'une sous-porteuse, de façon qu'il soit capable de transmettre les images par ondes radio. Le fac-similé d'un texte manuscrit d'Aristide Briand est envoyé le 5 août 1921 de la ville d'Annapolis jusqu'à l'usine Belin de Rueil-Malmaison.

Quelques années plus tard, Belin réalise une liaison par son procédé entre les villes de Pékin et Shenyang (appelée alors Mukden).

Belin a Ă©galement mis au point une horloge parlante.

Les Établissements Édouard-Belin

Les Établissements Édouard-Belin, installés à Rueil-Malmaison en 1911[3] au no 296, avenue Napoléon-Bonaparte, fabriquent des appareils destinés à l'industrie.

Les Établissements Édouard-Belin construisent, en 1923, la pompe à vide de Fernand Holweck, qui permet la réalisation de tubes électroniques de forte puissance en conservant le vide intérieur malgré la sublimation du métal des électrodes[4]. La collaboration avec Holweck se poursuivra pour les expériences de télévision.

En 1925, la société Édouard Belin dépose la marque Télétype premières photos en demi-teinte transmises par T.S.F.

En 1926-1927, Édouard Belin travaille à un système de télévision mécanique à miroirs[5]. Il réalise avec Holweck une expérience, basée sur une roue à miroirs de type "roue de Weiller" afin de vérifier la capacité de l'œil à recevoir des images diffusées à très haute vitesse. Par la suite, il propose un dispositif appelé « bélinoscope », uniquement récepteur, destiné à imprimer des images qui seraient diffusées par radio en même temps et pour accompagner les programmes : cette expérience est soutenue par l'Association française de télévision jusqu'en 1932.

En 1936, la société dépose des brevets, en collaboration avec Holweck, pour une horloge à diapason et un chronographe à cylindre[6]. Ces instruments permettent une référence temporelle stable, utilisée à l'époque en télécommunications et en astronomie[7]. En 1950, la société remplacera, comme les autres, ses horloges à diapason par des horloges à quartz[8].

La société Édouard Belin a été absorbée par Schlumberger au début des années 1960.

Édouard Belin a été président de la Société.

Le 4 mars 1963, à la veille de son 87ème anniversaire, Édouard Belin décède en Suisse, à Territet (Canton de Vaux)

Hommages

Lauréat de l'Académie des Sciences, de l'Académie des Sciences morales et politiques, grand prix de la Société des Ingénieurs civils de France, en 1951 Édouard Belin est nommé Grand Officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur et Citoyen d'honneur de la Ville de Vesoul[9].

Le nom d'Édouard Belin a été donné :

Ă  des institutions
  • un lycĂ©e de Vesoul[10] ;
  • un rĂ©seau de tĂ©lĂ©communications haut-dĂ©bit universitaire, mis en place en Franche-ComtĂ© et pilotĂ© par le Conseil rĂ©gional[11] - [12].
  • un institut international des systèmes d'information de santĂ© et de tĂ©lĂ©mĂ©decine, localisĂ© en Franche-ComtĂ©[13]
Ă  des voies publiques

La Poste française a émis un timbre à son effigie le [14].

Publications

  • Manuel pratique de photographie au charbon, Gauthier-Villars, Paris, 1900, 90 p.
  • PrĂ©cis de photographie gĂ©nĂ©rale, Ă  l'usage des amateurs et des professionnels. Tome 1, GĂ©nĂ©ralitĂ©s. OpĂ©rations photographiques, Gauthier-Villars, Paris, 1905, 242 p.
  • PrĂ©cis de photographie gĂ©nĂ©rale Ă  l'usage des amateurs et des professionnels. Tome II, Applications scientifiques et industrielles, Gauthier-Villars, Paris, 1905, 242 p.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Auffray (prĂ©f. Étienne Wolff), Édouard Belin : le père de la tĂ©lĂ©vision, Paris, Les clefs du monde, , 135 p.
  • Robert Soulard, « Édouard Belin et la tĂ©lĂ©vision », Revue de l'histoire des sciences, vol. 18, no 3,‎ , p. 265-281 (lire en ligne)
  • Maurice Coussement, Édouard Belin, un inventeur mĂ©connu, 153 p., sept. 2013,prĂ©face de Dominique Balon, proviseur du lycĂ©e Édouard Belin de Vesoul
  • Maurice Coussement, Édouard Belin, un vĂ©sulien hors du commun 290 p., , prĂ©face d'Alain ChrĂ©tien, maire de Vesoul.
  • Bibliographie dĂ©taillĂ©e sur Edouard Belin et ses travaux (sur le site Histoire de la tĂ©lĂ©vision Ă©ditĂ© par AndrĂ© Lange)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Soulard 1965.
  2. Conservé au Centre de documentation d'histoire des techniques, Conservatoire national des Arts et Métiers (Soulard 1965, p. 267)
  3. « Horloges Belin » (consulté le )
  4. « Holweck Fernand » (consulté le ).
  5. Eugène Aisberg, dans la revue La Télévision, Paris, Étienne Chiron éditeur, novembre 1928.
  6. « Brevets Auteurs » (consulté le ).
  7. « Inventaire général du patrimoine culturel », sur culture.gouv.fr ; « 2 horloges à quartz Belin », sur patrimoine.franche-comte.fr.
  8. S. Savelieff, « Instruments nouveaux - Les horloges à quartz et à diapason », Bulletin géodésique, vol. 20, no 1,‎ , p. 230-245 (présentation en ligne).
  9. « Citoyen d'honneur de la Ville de Vesoul » [archive du ], sur http://www.alainchretien.net/ (consulté le ).
  10. Lycée Édouard Belin de Vesoul « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive).
  11. Carte des réseaux de collecte régionaux de RENATER
  12. Liste des projets - Région Franche-Comté « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive).
  13. www.institut-edouard-belin.org « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive)
  14. « Timbre : 1972 Édouard BELIN 1876-1963 ÉMETTEUR RÉCEPTEUR »
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