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À toute allure (film, 1982)

À toute allure est un tĂ©lĂ©film français rĂ©alisĂ© par Robert Kramer, sorti en 1982.

À toute allure

RĂ©alisation Robert Kramer
Scénario Robert Kramer
Martine Chicot
Acteurs principaux
Laure Duthilleul
William Chérino
Bernard Ballet
Manuelle Lidsky
Sociétés de production Institut national de l'audiovisuel
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Durée 61 minutes
PremiĂšre diffusion 1982

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Ce tĂ©lĂ©film de 61 minutes fait partie de la sĂ©rie TĂ©lĂ©vision de chambre produite entre 1981 et 1984 par l'Institut national de l'audiovisuel (INA) et diffusĂ©e sur TF1 d' Ă  [1]. À toute allure en est le second Ă©pisode. Bien que commanditĂ© par l'INA pour le petit Ă©cran, le film est prĂ©sentĂ© en compĂ©tition au Festival de Cannes 1982.

Synopsis

Deux jeunes adultes, Nelly (Laure Duthilleul) et Serge (William Cherino), se retrouvent rĂ©guliĂšrement Ă  La DĂ©fense pour pratiquer leur passion, le patin Ă  roulettes, sur la grande patinoire du centre commercial Les Quatre Temps, « Le Palace Â». Leur rĂȘve est de pouvoir obtenir une qualification pour le championnat annuel de roller-derby qui a lieu Ă  Chicago. Ils s'entraĂźnent sans relĂąche, mĂȘme si les tensions au sein du couple sont nombreuses. Pour pouvoir partir aux États-Unis, en plus d'ĂȘtre fin prĂȘts physiquement, il leur faut de l'argent. FĂ©lix (Bernard Ballet), un homme apparemment dĂ©sƓuvrĂ© qui erre dans le centre commercial et qui suit leur entraĂźnement, leur propose un marchĂ©. L'accepteront-ils ? Et quel stratagĂšme cache rĂ©ellement FĂ©lix sous sa proposition d'aide ?

Fiche technique

Distribution

  • Laure Duthilleul : Nelly
  • William Cherino : Serge
  • Bernard Ballet : FĂ©lix
  • Manuelle Lidsky : Manu
  • Pierre Hurel : l'enfant
  • Natacha Jeanneau : la mĂšre
  • Dominique Campana
  • Claire Squires
  • ValĂ©rie Coquerel
  • Tai : musiciens
  • Siow : musiciens
  • AndrĂ© S. Labarthe : lui-mĂȘme, narrateur prĂ©-gĂ©nĂ©rique
  • Robert Kramer : lui-mĂȘme, prĂ©-gĂ©nĂ©rique

Accueil

RĂ©ception critique Ă  Cannes

Le film, prĂ©sentĂ© en compĂ©tition officielle au Festival de Cannes en , est mal reçu. Marcel Martin Ă©crit dans La Revue du CinĂ©ma : « Seul objet de controverse sĂ©rieuse, la sĂ©lection française, axĂ©e sur la promotion de talents peu connus plus que sur la consĂ©cration de valeurs sĂ»res : initiative louable (peut-ĂȘtre la seule « retombĂ©e Â» visible de la politique du nouveau ministre), mais prĂ©senter ces films Ă  Cannes, oĂč tout jugement serein est impossible, Ă©quivalait Ă  les envoyer au massacre[12]. Â»

On reproche au film d'ĂȘtre trop clinquant, trop mode. Ses Ă©clairages sont jugĂ©s trop stylisĂ©s en raison de l'emploi abusif de diffĂ©rentes couleurs dans le mĂȘme plan. Certains y voient juste un exercice de style, esthĂ©tiquement rĂ©ussi certes, mais vain sur le plan thĂ©matique. D'autres le jugent comme une production tĂ©lĂ©visuelle au scĂ©nario extrĂȘmement mince et manquant particuliĂšrement de prestige pour avoir eu l'honneur de concourir en compĂ©tition Ă  Cannes.

Gilles Colpart Ă©crit dans La Revue du CinĂ©ma : « Ă€ toute allure n'est pas la grande Ɠuvre que l'on pouvait attendre de Robert Kramer depuis son installation en France[13]. Â»

Cependant, plus loin dans la mĂȘme critique, il reconnaĂźt des qualitĂ©s au film, en particulier l'utilisation optimale des ressources de l'unitĂ© de lieu imposĂ©e au rĂ©alisateur par la production et la façon dont Robert Kramer se tire des exigences d'Ă©criture de la sĂ©rie TĂ©lĂ©vision de chambre : « Ce dĂ©cor unique et clos, le « Palace Â» Ă  La DĂ©fense, aux portes de Paris, avec ses enchevĂȘtrements de glaces et de nĂ©ons, enferme les personnages dans un mythe, celui d'un mode de vie, celui d'une AmĂ©rique rĂȘvĂ©e comme un but. Ironie dĂ©sabusĂ©e qui n'est que logique de la part de Robert Kramer, cinĂ©aste anti-hollywoodien s'il en fut[13]... Â».

Dans Études de , Jean Collet retient le film dans la liste qu'il dresse des meilleurs films de Cannes, une quinzaine au total, tout en qualifiant l'ensemble de la sĂ©lection de « bon cru Â»[14].

De son cĂŽtĂ©, le biologiste et Ă©crivain Claude Gudin, dans L'HumanitĂ©, loue la performance de l'actrice principale : « [...] Laure Duthilleul, superbe comĂ©dienne sur patins Ă  roulettes[15]. Â»

Le directeur de la CinĂ©mathĂšque suisse, Freddy Buache, dĂ©crit le film comme « un effeuillage de petits dĂ©tails dans les bruits du monde[6]. Â»

Pour le journaliste Édouard Waintrop, de LibĂ©ration, Robert Kramer, cinĂ©aste issu du documentaire, « fait une intrusion dans la fiction pure avec [ce film], en 1982[16]. Â» Mais il qualifie aussi l'Ɠuvre de « petit film[16]. Â»

Diffusion à la télévision

Lors de la prĂ©sentation du film Ă  la tĂ©lĂ©vision un an plus tard, les esprits se sont calmĂ©s. Robert Kramer prĂ©sente alors lui-mĂȘme son film dans une courte introduction vidĂ©o (dont AndrĂ© S. Labarthe est le narrateur), ajoutĂ©e pour l'occasion[10] : « [C']est un film sur le roller-skating mais aussi sur le pouvoir de l'argent, sur ce qui se vend et s'achĂšte et sur la jeunesse un peu dĂ©sorientĂ©e des annĂ©es 1980[17]. Â»

Quand on fait remarquer au cinĂ©aste le rapprochement entre documentaire et fiction dans ce film en particulier, et dans son Ɠuvre en gĂ©nĂ©ral, il rĂ©pond : « Je vis trĂšs confortablement l’interface documentaire / fiction au cinĂ©ma, d’autant plus que tout ce que j’ai pensĂ© politiquement y a contribuĂ©[18]. Â»

Cet aspect documentaire fait que l'utilisation mĂ©morable du lieu unique de tournage est mise en avant, surtout lors de reprises ultĂ©rieures, comme au Forum des Images : « La patinoire de la galerie marchande des Quatre Temps Ă  La DĂ©fense (92) est ici remarquablement utilisĂ©e[19]. Â»

Controverse

La présence du film en compétition officielle au Festival de Cannes 1982 suscite une polémique pour deux raisons : sa durée de 61 minutes qui le définit plutÎt comme un moyen métrage et sa facture télévisuelle.

Dans La Revue du CinĂ©ma, le critique Jacques Chevallier Ă©crit : « Nous reviendrons sur le film de Kramer lors de sa sortie. Il mĂ©rite une analyse attentive, loin des polĂ©miques de la Croisette. Son caractĂšre un rien expĂ©rimental — la fiction travaillant le document dans une durĂ©e-rĂšgle du jeu imposĂ©e par le producteur, l'INA — le destinait Ă  une section parallĂšle plus qu'Ă  la sĂ©lection officielle[20]. »

Les journalistes et critiques reprochent aux sĂ©lectionneurs des trois films français en compĂ©tition d'avoir privilĂ©giĂ© l'expĂ©rimentation au dĂ©triment des « valeurs sĂ»res » (qu'aurait reprĂ©sentĂ© le choix des films de Claude Chabrol — Les FantĂŽmes du chapelier — ou d'Éric Rohmer — Le Beau Mariage —, non retenus)[21]. Les deux autres films reprĂ©sentant la France, des productions Ă  petits budgets, sont aussi trĂšs mal accueillis : Douce enquĂȘte sur la violence de GĂ©rard GuĂ©rin et Invitation au voyage de Peter Del Monte.

La Revue du CinĂ©ma dresse un bilan nĂ©gatif de la sĂ©lection : « La sĂ©lection française avait, cette annĂ©e, fait peau neuve. [...] Un vrai changement, qu'il faut saluer comme tel. Et un Ă©chec[20]. »

Dans la magazine PremiÚre, le rédacteur-en-chef Marc Esposito est l'un des éditorialistes les plus virulents à attaquer la sélection du film en compétition[21].

Autour du film

Les fictions de la sĂ©rie TĂ©lĂ©vision de chambre, dont À toute allure constitue le second Ă©pisode, sont rĂ©alisĂ©es suivant une contrainte commune : l'unitĂ© de lieu. Ce lieu unique, qui peut ĂȘtre extĂ©rieur ou intĂ©rieur, dans un espace ouvert ou fermĂ©, ne doit pas seulement servir de dĂ©cor, mais doit ĂȘtre partie intĂ©grante du drame[10]. Ici, la patinoire « Le Palace Â» du centre commercial Les Quatre Temps Ă  La DĂ©fense et les gens qui gravitent autour de ce lieu public sont le nƓud du drame[22].

Au total, 11 fictions sont réalisées dans cette série par des réalisateurs de cinéma[1] : Robert Kramer, André Téchiné, Benoßt Jacquot, Pierre Zucca, Chantal Akerman, Jean-Claude Brisseau, Arthur Joffé, Marie-Claude Treilhou, Pascal Kané, etc.[23]

À toute allure est l'un des trois films reprĂ©sentant la France en compĂ©tition au Festival de Cannes 1982. Sa sĂ©lection suscite une controverse[20] du fait de sa durĂ©e inhabituelle (61 minutes) pour un film en sĂ©lection officielle et parce qu'il est produit par l'Institut national de l'audiovisuel pour une sĂ©rie (TĂ©lĂ©vision de chambre) destinĂ©e Ă  la diffusion sur le petit Ă©cran. D'ailleurs le film n'est pas distribuĂ© commercialement en salles en raison de sa courte durĂ©e et est finalement diffusĂ© sur TF1 le [24].

Le film, tourné en 16 mm pour la télévision, est gonflé en 35 mm[25] pour sa projection au Palais des Festivals à Cannes, en .

À Paris, il fait l'objet d'une unique projection en salle, le [11], dans le cadre d'une prĂ©sentation post-festival de la sĂ©lection française Ă  l'UGC Forum Orient-Express[26].

Le film est présenté au Festival International du Film de Rotterdam en [3].

Le film est référencé dans Chambre 666 (1982), de Wim Wenders[27], tourné pendant le Festival de Cannes 1982.

Le film est commentĂ© dans Égale CinĂ©ma, Ă©mission de tĂ©lĂ©vision prĂ©sentĂ©e par AndrĂ© S. Labarthe, le , la veille sur sa diffusion sur TF1.

Des extraits du film sont montrĂ©s dans le documentaire City Empires (1998, 24 min), montage vidĂ©o de Robert Kramer oĂč sont repris des extraits de ses films Route One/USA, DieselÀ toute allure, Berlin 10/90, Sous le vent et Ghosts of Electricity, produit par le Centre Georges-Pompidou en , et prĂ©sentĂ© lors de la RĂ©trospective Robert Kramer au 19e Festival du film documentaire de Marseille ()[28].

Distinctions

Nominations

Autres sélections

Voir aussi

Notes et références

  1. INA, SĂ©rie "La TĂ©lĂ©vision de chambre" : Dossier de presse de la SĂ©rie ("A toute allure" de R. Kramer, "La Couleur de l'abĂźme" de P. KanĂ©, "Demain il fera beau" de G. Mousset, "Casting" de A. JoffĂ©, "Une villa aux environs de New-York" de B. Jacquot, "Une sale histoire de sardines" de M.-C. Treilhou, "Hughie" de F. Compain, "Sous le signe du poisson" de P. Yucca, "La Matiouette" de A. TĂ©chinĂ©, "L'Homme Ă  la valise" de C. Akerman), Brochure A4, collĂ©e, Éditeur : INA, Diffusion TF1, 06/09/83, Paris, Institut national de l'audiovisuel / InathĂšque, , 54 p.
  2. Site du Festival de Cannes
  3. (en) « A toute allure | IFFR », sur https://iffr.com, (consulté le )
  4. Luciano Barisone, Les Films d'ici : histoire de produire, Chantelouve, Effatta' Editrice, , 240 p. (ISBN 978-88-7402-145-1, lire en ligne), p. 108
  5. « YIDFF: Publications: YIDFF 2001 Official Catalog », sur www.yidff.jp (consulté le )
  6. Vingt-cinq ans de cinĂ©ma français, parcours croisĂ©s 1979-2003, de Freddy Buache, L'Âge d'homme, Lausanne, 2005, p. 384, (ISBN 2825118400)
  7. « Jean-Pierre Laforce », sur IMDb (consulté le )
  8. « Martine DURAND », sur www.coolisses.asso.fr (consulté le )
  9. Positif (1997) n° 431, p. 49
  10. Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « TĂ©lĂ©vision de chambre - E02 - A toute allure », sur Ina.fr, (consultĂ© le )
  11. « A toute allure, un film de 1982 », (consulté le )
  12. Marcel Martin, « Cannes 82 : Le 35e Festival », La Revue du CinĂ©ma, Image et Son N° 374,‎ , p. 33-38 (ISSN 0019-2635)
  13. Gilles Colpart, « Les couleurs de la mode... À toute allure », La Revue du CinĂ©ma, Image et Son N° 374,‎ , p. 51-52 (ISSN 0019-2635)
  14. Jean Collet, « Festival de Cannes 1982, un bon cru », Études, Revue de culture contemporaine, Tome 357/1,‎ , p. 71-79 (ISSN 0014-1941)
  15. Claude Gudin, « Ma rencontre avec Robert Kramer », L'HumanitĂ©,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  16. Édouard Waintrop, « Le dernier exil de Kramer. Le rĂ©alisateur de «Route One USA» s'est Ă©teint mercredi, Ă  l'Ăąge de 60 ans. », LibĂ©ration,‎ , p. 37-38 (ISSN 0335-1793, lire en ligne)
  17. « "A toute allure", un court métrage avec le roller-derby en toile de fond - Rollerenligne.com », sur www.rollerenligne.com (consulté le )
  18. « Propos de Robert Kramer - DĂ©rives autour du cinĂ©ma », DĂ©rives autour du cinĂ©ma,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  19. « A toute allure », sur collections.forumdesimages.fr (consulté le )
  20. Jacques Chevallier, « Français en lice », La Revue du CinĂ©ma, Image et Son n° 374,‎ , p. 43-45 (ISSN 0019-2635)
  21. Marc Esposito, « SpĂ©cial Cannes 82 : Tous les films du festival », PremiĂšre - Le Magazine du CinĂ©ma - n° 62, Mai 1982,‎ , p. 14-28 (ISSN 0399-3698)
  22. « Ciné-club : Robert Kramer (1939-1999), 23 films », sur cineclubdecaen.com, (consulté le )
  23. Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « TĂ©lĂ©vision de chambre - Pack VOD Ina.fr », sur Ina.fr (consultĂ© le )
  24. Archives nationales, « Culture : Institut national de l'audiovisuel (INA) (1944-2005) », RĂ©pertoire (20060123/1-20060123/151),‎ , p. 15 (lire en ligne)
  25. « Le gonflage 35mm - Quidam production », sur www.quidam.fr (consulté le )
  26. « Robert Kramer », sur cinebaseinternational.com, (consulté le )
  27. (en) Zach Hollwedel, « Watch: Wim Wenders’ Doc ‘Room 666’ With Steven Spielberg, Werner Herzog, Jean-Luc Godard & More | IndieWire », sur www.indiewire.com (consultĂ© le )
  28. Collectif, Catalogue du FID de Marseille, 2 au 7 juillet 2008, Marseille, FID Marseille, , 272 p. (lire en ligne), p. 111-127

Liens externes

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