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Zvi Koretz

Zvi Koretz, parfois orthographié Tzevi Koretz, né le et décédé le , fut le grand-rabbin de l'importante communauté juive de Salonique en GrÚce de 1933 à 1943, avant de mourir en déportation, en .

Zvi Koretz
Fonction
Grand-rabbin
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  61 ans)
Tröbitz
Nom dans la langue maternelle
ΣέÎČη ΚόρΔτς
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Arieh Koretz (d)
Autres informations
Lieu de détention

Biographie

Né à Rzeszów, en Galicie (Empire d'Autriche-Hongrie), il fit des études au Séminaire rabbinique Hildesheimer de Berlin et obtint un doctorat en philosophie ainsi qu'en langages sémitiques[1].

Grand-rabbin de Salonique

La communautĂ© de Salonique, historiquement de tradition sĂ©farade, fit appel Ă  ce rabbin ashkĂ©naze en 1933 pour des raisons non explicitĂ©es mais vraisemblablement pour donner une nouvelle impulsion Ă  la communautĂ©[1]. Il entreprit d'apprendre le judĂ©o-espagnol, la langue des juifs de Salonique, et entama des rĂ©formes dans l'organisation politique de la communautĂ©. La premiĂšre chose qu’entreprit Koretz fut de prendre le contrĂŽle de la trĂ©sorerie et de dĂ©terminer son salaire[2]. Il parvint Ă  tisser des liens Ă©troits avec la famille royale grecque puis avec le dictateur IoĂĄnnis MetaxĂĄs[1]. NĂ©anmoins il fut trĂšs vite vivement critiquĂ© dans la presse juive locale pour son arrogance et son train de vie dispendieux[1]. En 1938, son mandat arrive Ă  son terme et la communautĂ© ne souhaite pas le renouveler. Cependant le gouverneur gĂ©nĂ©ral de Salonique, M. Kirimis, ministre sous la dictature Metaxas signifia clairement au Conseil Communal que Zvi Koretz avait le support et la confiance du gouvernement et demanda que son terme soit renouvelĂ©[3], ce qui fut fait.

AprĂšs l'invasion allemande de la GrĂšce il fut arrĂȘtĂ© Ă  AthĂšnes le Ă  la sortie d'une rĂ©union des dirigeants de la communautĂ© juive pour avoir protestĂ© contre la destruction d'une Ă©glise de Thessalonique Ă  la suite des bombardements nazis. Il fut alors internĂ© prĂšs de Vienne dans des conditions restĂ©es mystĂ©rieuses[1]. Neuf mois plus tard il revint Ă  Salonique retrouvant son poste de grand rabbin de la communautĂ©. Au cours du printemps 1942, il fut emprisonnĂ© Ă  la suite de dĂ©saccords avec le prĂ©sident du conseil juif (Judenrat) infĂ©odĂ© aux nazis, Saby Saltiel[4] qui lui reprochait de saper son autoritĂ©[2]. Il fut ensuite libĂ©rĂ© en , malgrĂ© l’opposition de Saby Saltiel et intĂ©grĂ© au Conseil Communal[2], sur la demande de l'industriel MĂŒller afin de prendre part aux nĂ©gociations concernant le remplacement des travailleurs forcĂ©s juifs employĂ©s par sa firme par des ouvriers grecs salariĂ©s[4]. Il parvint avec les autres membres du comitĂ© crĂ©Ă© pour l'occasion Ă  obtenir un accord avec les nazis concernant le paiement d'une rançon pour faire libĂ©rer ces travailleurs et Ɠuvra Ă  la rĂ©union de cette somme par la communautĂ© juive de Thessalonique comme d'AthĂšnes[4].

RÎle dans la déportation des Juifs de Salonique

En décembre 1942 il devint président du conseil juif en remplacement de Saby Saltiel, jugé inefficace et incompétent par la Gestapo, cumulant ainsi les titre de grand-rabbin et de président de la communauté[4]. Le poste avait été préalablement proposé à Gabriel Safarana et Yomtov Yacoel qui tous deux refusÚrent[2]. Il fut alors une courroie de transmission essentielle entre le commandement nazi et la communauté. Sa nomination se traduisit par une amélioration substantielle de la gestion communautaire[4].

Alois Brunner et Dieter Wisliceny les officiers nazis chargĂ©s de mener Ă  bien la dĂ©portation des Juifs de Salonique arrivĂ©s en fĂ©vrier 1943 s'appuyĂšrent sur son pouvoir pour assurer la correcte application de leurs directives visant Ă  regrouper puis Ă  expĂ©dier les Juifs en Pologne exigeant qu'il leur rĂ©dige un rapport deux fois par semaine[4]. Il a Ă©tĂ© trĂšs vivement reprochĂ© Ă  Koretz d'avoir exĂ©cutĂ© leurs ordres aveuglĂ©ment et avec cĂ©lĂ©ritĂ© sans avoir cherchĂ© Ă  Ă©viter la dĂ©portation de sa communautĂ© comme ce fut le cas du rabbin BarzilaĂŻ Ă  AthĂšnes qui par exemple n’établit jamais de liste des juifs. Il Ɠuvra pour la mise en place des lois raciales Ă  Salonique en y ajoutant sa touche personnelle par le communiquĂ© « Nous demandons aux membres de notre communautĂ© d’obĂ©ir strictement et sans dĂ©lai Ă  ces ordres »[2]. Pour ce faire il envoya les enfants juifs effectuer le recensement de la communautĂ© qui devait ĂȘtre effectuĂ© avant le [5]. Koretz rassura jusqu'au dernier moment les Juifs sur leur sort. De plus il envoya des Ă©missaires dans les communautĂ©s de MacĂ©doine et de Thrace leur demandant d’obĂ©ir aux Nazis[2]. Le il publia l’appel suivant « Nous appelons tous nos coreligionnaires Ă  maintenir calme et auto-discipline. Nous leur demandons de ne pas paniquer ou croire les rumeurs qui sont sans fondements. Tout le monde doit continuer son travail et avoir confiance dans les leaders de la communautĂ© » [6].

Le , il assurait que la grande communautĂ© juive de Cracovie, ignorant qu’elle n’existait plus, prendrait soin d’eux et que tout le monde trouverait un travail en fonction de ses qualitĂ©s et prĂ©fĂ©rences[6]. Le lendemain matin partait le premier convoi de 2 800 hommes, femmes et enfants par wagon de bĂ©tail vers Auschwitz[7]. Koretz y assistait[2], Le Ghetto du Baron Hirsch avait Ă©tĂ© vidĂ©[6]. Lors de son homĂ©lie dans une synagogue de Salonique le , jour du deuxiĂšme convoi, il leur signifia que tous seraient dĂ©portĂ©s appelant les riches Ă  rester solidaires des pauvres dont la rumeur prĂ©tendait qu'ils seraient les seuls Ă  partir. Il dut sortir sous les huĂ©es ne devant son salut qu'Ă  la protection de la police juive[8]. Koretz informa alors le prĂ©sident de la communautĂ© de BĂ©roia que trois des transports Ă©taient arrivĂ©s Ă  Cracovie oĂč la communautĂ© prenait soin des nouveaux arrivants[2]. Le , Koretz envoya un tĂ©lĂ©gramme au chef de la police de Katerini lui demandant qu'il arrĂȘte tous les juifs pour les envoyer Ă  Salonique[6].

Koretz tenta de nĂ©gocier le retour des Juifs des camps et leur affectation Ă  des travaux forcĂ©s en GrĂšce ce qui lui valut d'ĂȘtre incarcĂ©rĂ© par les autoritĂ©s nazies[4]. Il fut dĂ©portĂ© en en compagnie de sa famille et de 74 autres notables de la communautĂ© ainsi que de 367 Juifs de nationalitĂ© espagnole au camp de concentration de Bergen-Belsen oĂč il passa le reste de la guerre dans de relatives bonnes conditions[1]. Il s’agissait du dernier convoi, les autres Ă©tant partis soit vers Auschwitz soit vers Treblinka. Il mourut du typhus peu aprĂšs la libĂ©ration du camp 1945 dans une gare alors qu'il s'Ă©loignait du camp avec sa famille[1].

En 1946 s’ouvrait le procĂšs des collaborateurs de Salonique oĂč ses adjoints furent condamnĂ©s Ă  mort et exĂ©cutĂ©s.

Notes et références

  1. Minna Rozen, Jews and Greeks Remember Their Past: The Political Career of Tzevi Koretz (193343), Jewish Social Studies - Volume 12, Numéro 1, Fall 2005 (New Series), pp. 111-166
  2. Moshe Faraggi "History of Four Jewish Communities of Greece During the Nazi Holocaust Period"
  3. Cecil Roth « The last days of Jewish Salonika » Commentaire 1950
  4. Rena Molho, La politique de l'Allemagne contre les juifs de GrÚce : l'extermination de la communauté juive de Salonique (1941-1944), revue d'histoire de la Shoah édité par le Centre de Documentation Juive Contemporaine, Paris, 2006; n° 185, p. 355-378.
  5. Yaacov Jack Handeli « De la tour blanche aux portes d’Auschwitz » 2001
  6. Michael Matsas « The illusion of safety » 1997) p.45 - 53 - 63
  7. Steven Bowman « The agony of Greek Jews 1940-1945 » 2007 p67
  8. Mark Mazower, Salonica city of ghosts, p.403.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (de) Biographie succincte et photo de Zvi Koretz
  • (fr) ConfĂ©rence de Jean Carasso, Fondateur de la Lettre SĂ©pharade sur le rĂŽle de Zvi Koretz dans les dĂ©portations.

Bibliographie

Le Rabbin de Salonique, par MichÚle Kahn, une biographie romancée de Zvi Koretz, éditions du Rocher, 2010.

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