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Zhang Zhung

Dans les sources historiques et les lĂ©gendes tibĂ©taines mĂ©diĂ©vales, Zhang Zhung, Shang Shoung ou Shang Shung (tibĂ©tain : àœžàœ„àŒ‹àœžàœŽàœ„àŒ‹, Wylie : zhang zhung, THL : shyangshyung) est le nom d’un royaume occupant l’actuel prĂ©fecture de Ngari, Ă  l'Ouest de la RĂ©gion autonome du Tibet, en RĂ©publique populaire de Chine, qui a Ă©tĂ© conquis militairement par l’Empire du Tibet (629 – 877) au VIIe siĂšcle, sous le rĂšgne de Songtsen Gampo. Il est appelĂ© Yangtong (çŸŠćŒ) ou Xiangxiong (è±Ąé›„) dans les sources chinoises. La tradition de la religion chamanique Bonpo prĂ©tend que c’est de lĂ  que vint le Bön Yungdrung, prĂ©curseur du bouddhisme tibĂ©tain aprĂšs syncrĂ©tisme avec le bouddhisme. Dans la longue histoire des rivalitĂ©s entre les religions bonpo et bouddhiste, le royaume occupe la place symbolique de l’« autre Tibet », opposĂ© Ă  l’empire tibĂ©tain.

Zhang Zhung
(bo) àœžàœ„àŒ‹àœžàœŽàœ„àŒ‹

-500–625

Informations générales
Capitale Kyunglung (en)
Langue(s) Zhang-Zhung
Religion bön
Histoire et événements
-500 création
625 ConquĂȘte militaire par Songtsen Gampo

Entités suivantes :

Thangka Bön décrivant le mont Kailash, centre spirituel du Zhang Zhung

En raison d’obstacles gĂ©ographiques, culturels et politiques, l’exploration archĂ©ologique du Tibet occidental a dĂ©marrĂ© timidement il y a moins de vingt ans. Ses dĂ©couvertes prometteuses ont encouragĂ© l’AcadĂ©mie des sciences sociales du Tibet Ă  s’associer aux recherches depuis quelques annĂ©es.

Sources tibétaines

Selon les Annales du lac Manasarovar, le Zhang Zhung comprenait 18 royaumes, probablement des chefferies, centrĂ©s autour du mont Kailash, et occupait une vaste superficie comprise entre le Ladakh, Jalandhara au Punjab, le Mustang, le Tibet central, la bordure nord du plateau de Changthang et Shanshan (Loulan) dans le dĂ©sert du Taklamakan. D’autres sources mentionnent trois rĂ©gions : interne (Phug-pa), mĂ©diane (Bar-ba) et externe (sGo-ba), la derniĂšre s’étendant de Gilgit Ă  l’ouest aux environs du lac Namtso Ă  l’est, et du Khotan au nord Ă  Mukthinath (Mustang) au sud.

La capitale, Khyunglung NgĂŒlkhar, « Palais d’argent de la vallĂ©e de Garuda », pourrait correspondre aux ruines dĂ©couvertes dans le village de Khyunglung au sud-ouest du Kailash, dans la vallĂ©e du Sutlej (District de Kinnaur, État d'Himachal Pradesh en Inde). Cette vallĂ©e est d’ailleurs nommĂ©e Shambhala (« Terre de bonheur » mythique du bouddhisme tantrique) dans certains textes bön. Le fort de Chugtso Dropo, sur les rives du lac sacrĂ© Dangra, aurait Ă©tĂ© sa principale construction militaire.

Les griefs de la sƓur du roi Songtsen Gampo contre son mari, roi du Zhang Zhung, auraient servi de prĂ©texte Ă  son annexion par le Tibet en 645.

Archéologie

L’environnement actuel du Tibet occidental froid et aride, peu peuplĂ©, a longtemps fait douter qu’il ait pu s’y dĂ©velopper une culture capable d’influencer les rĂ©gions voisines. NĂ©anmoins, les analyses de pollen et de cernes indiquent qu’il rĂ©gnait sur l’ensemble du plateau tibĂ©tain avant 1500 av. J.-C. des conditions climatiques assez favorables, qui se seraient progressivement dĂ©gradĂ©es jusqu’à le rendre difficilement habitable Ă  la fin du premier millĂ©naire de l’ùre chrĂ©tienne, Ă©poque Ă  laquelle on assiste Ă  la montĂ©e des royaumes des vallĂ©es du sud.

L’exploration du plateau du Changthang, entreprise Ă  partir du dĂ©but des annĂ©es 1990 par John Belleza, a permis de repĂ©rer plus de 500 sites remontant Ă  l’ñge du fer. L’ensemble prĂ©sente une nette parentĂ© avec les cultures d’Asie centrale. Ils comprennent :

  • des ruines de forts ou citadelles situĂ©es sur les hauteurs ; la menace principale devait ĂȘtre des populations scythes ;
  • des tombes parfois rassemblĂ©es en grand nombre (jusqu’à une dizaine de milliers) marquĂ©es par des pierres dressĂ©es ; certaines, de 60 m. de cĂŽtĂ©, abritent probablement des chefs ou des prĂȘtres. En raison de considĂ©rations Ă  la fois religieuses et administratives, aucune n’a encore Ă©tĂ© fouillĂ©e, mais des projets sont Ă  l’étude en collaboration avec l’acadĂ©mie des sciences sociales du Tibet.
  • des constructions de pierre composĂ©es de piĂšces sans fenĂȘtre aux murs arrondis et plafonds encorbellĂ©s, situĂ©es sur les flancs des vallĂ©es reculĂ©es, probablement lieux de culte ;
  • plus de 100 sites de pictogrammes ou pĂ©troglyphes souvent situĂ©s Ă  proximitĂ© des tombes ou des ruines. Ils reprĂ©sentent surtout des animaux, avec une forte proportion de yacks et de chevaux, et des chasseurs armĂ©s d’arcs ; certaines figures pourraient ĂȘtre des divinitĂ©s ou des chamans.

Langue

Quelques documents du XIe siĂšcle, comme le mdzod phugs (abhidhamma bonpo), se prĂ©sentent comme des textes bilingues zhang-zhung/tibĂ©tain ; certains termes viennent du kinnaur. NĂ©anmoins, des linguistes ont fait remarquer l’absence de marqueurs sĂ©mantiques et ont proposĂ© qu’il s’agirait d’une reconstitution artificielle destinĂ©e Ă  confĂ©rer Ă  ces textes un cachet d’authenticitĂ©.

Il existe une Ă©criture zhang-zhung dont des auteurs tibĂ©tains, comme Namkhai Norbu RinpochĂ©, affirment qu’elle est Ă  l’origine de l’écriture tibĂ©taine[1]. Aucun exemplaire n’en a nĂ©anmoins Ă©tĂ© dĂ©couvert.

Il existe actuellement un dialecte zhang-zhung, langue de la famille himalayenne du tibĂ©to-birman, parlĂ© par quelque 2000 locuteurs vivant dans la vallĂ©e de Sutlej. NĂ©anmoins, il n’est pas prouvĂ© qu’il soit l’hĂ©ritier de l’ancienne langue principale du royaume de Zhang Zhung.

Berceau du Yungdrung

Selon la tradition bonpo, l’« enseignement parfait » du dzogchen se transmit tout d’abord au Zhang Zhung, comme en tĂ©moigne le nom de son texte principal, Tradition orale du Zhang Zhung (Zhang-zhung Nyan-gyud). Le Bön se prĂ©sentant comme une tradition similaire et parallĂšle au bouddhisme, remontant Ă  un maĂźtre plus ancien que le Bouddha, une hypothĂšse propose que cette religion aurait commencĂ© d’exercer son influence tout d’abord au Tibet occidental, depuis la Perse.

Les prĂȘtres du Zhang Zhung auraient portĂ©, comme les rois, des coiffes Ă  cornes et des turbans de soie blanche, et des manteaux de peaux de fauves. Dans certains textes, le souverain est nommĂ© « merveilleuse prĂ©sence lumineuse » ; il Ă©tait peut-ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une incarnation divine.

Notes et références

  1. Namkhai Norbu Rinpoché, Les origines de la culture et de la civilisation tibétaines, in Tibet, l'envers du décor Olizane, 1993, (ISBN 2880861160)

Bibliographie

  • (en) Art of Tibetan Rock Paintings, Sichuan People's Publishing House,
  • Seigbert Hummel On Zhang-zhung Ă©ditĂ© et traduit par Guido Vogliotti ; 2000 Dharamsala (ISBN 81-86470-24-7)
  • Charles Ramble, V.C Dunham, Geshe G.Jinpa, photos de Thomas L.Kelly Sacred Landscape and Pilgrimage in Tibet In Search of the Lost Kingdom of Bon [+ DVD] Abbeville Press, 2005 (ISBN 0789208563)
  • (en) John Vincent Bellezza, The Dawn of Tibet : The Ancient Civilization on the Roof of the World, London, United Kingdom, Rowman & Littlefield Lanham, , 349 p. (ISBN 978-1-4422-3461-1), (ISBN 978-1-4422-3462-8) (electronic) : sujet Zhang Zhung
  • (en) John Vincent Bellezza, Zhang Zhung : Foundations of Civilization in Tibet : A Historical and Ethnoarchaeological Study of the Monuments, Rock Art, Texts and Oral Tradition of the Ancient Tibetan Upland, Austrian Academy of Sciences Press, , 842 p. (ISBN 978-3700160465)
  • Institute of Archaeology, CASS and Cultural Relics Conservation Institute of Tibet Autonomous Region, « Gurugyam and Chuvthag Cemeteries in Ngari Prefecture, Tibet », Chinese Archaeology, vol. 16, no 1,‎ , p. 27–48 (ISSN 2160-5025, e-ISSN 2160-5068, DOI 10.1515/char-2016-0003)
  • (zh) Kaogu xuebao è€ƒć€ć­ŠĂè‰ź, « è„żè—é˜ż 里朰ćŒșéłŽć°”ćŽżæ•…ćŠ‚ç”Čæœšćą“ćœ° 2012 ćčŽć‘掘抄摊 (The excavation of the Gurugyam Cemetery in Gar County, Ngari Preiecture, Tibet Autonomous Region in 2012) », Acta archaeologica Sinica, Institute of Archaeology, CASS and Cultural Relics Conservation Institute of Tibet Autonomous Region, no 4,‎ , p. 563-587 (www.cnki.com.cn/Article/CJFDTotal-KAGU201507005.htm)
  • Institute of Archaeology, CASS, Cultural Relics Conservation Institute of Tibet Autonomous Region, « Gurugyam and Chuvthag Cemeteries in Ngari Prefecture, Tibet », Chinese Archaeology, Walter de Gruyter, no 16,‎ , p. 27-48 (DOI 10.1515/char-2016-0003, lire en ligne)

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Voir aussi

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