Accueil🇫🇷Chercher

Zarah Leander

Zarah Leander, nĂ©e Sara Stina Hedberg le Ă  Karlstad (Suède) et morte le Ă  Stockholm (Suède), est une actrice et chanteuse suĂ©doise. Elle a incarnĂ© dans l'Allemagne nazie le personnage qu'avait refusĂ© Marlène Dietrich, celui de la femme sensuelle et fatale, contrepartie artistique de la « femme aryenne Â». PrĂ©tendant tout ignorer de la politique, elle fit une carrière lucrative au service de l’UFA.

Zarah Leander
Nom de naissance Sara Stina Hedberg
Naissance
Karlstad (Drapeau de la Suède Suède)
Décès
Stockholm (Drapeau de la Suède Suède)
Genre musical Opérette
Années actives 1930-1978
Labels UFA
Zarah Leander interviewée à son arrivée à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, en 1967 (Archives nationales des Pays-Bas).

Biographie

Elle débute en Suède dans des spectacles de cabaret et des opérettes. En 1931, elle joue à Stockholm aux côtés de Gösta Ekman dans La Veuve joyeuse (Die lustige Witwe) de Franz Lehár. Malgré la situation politique du moment, elle choisira de faire carrière en Europe.

Parfaitement germanophone, elle obtient en 1936 un contrat avec les studios de cinĂ©ma UFA Ă  Berlin (Allemagne). Elle devient alors l'Ă©gĂ©rie du cinĂ©ma allemand de la pĂ©riode nationale-socialiste, Ă  la demande de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande (« rĂ´le Â» prĂ©cĂ©demment refusĂ© par Marlène Dietrich, alors partie aux États-Unis). Elle interprète des « femmes fatales Â», malmenĂ©es par le destin. Elle rĂ©side alors avec les enfants d'un premier mariage dans une villa luxueuse des quartiers huppĂ©s de Berlin. Elle est victime d'un accident Ă  l'occasion du tournage d'un film en 1939[1] : l’explosion d'un sunlight lui provoque des brĂ»lures aux yeux qui la laissent dĂ©finitivement affligĂ©e de myopie[2].

Les thèmes de ses films pour la UFA n'abordent presque jamais la rĂ©alitĂ© du temps de guerre (sauf, et de façon très idĂ©alisĂ©e, son dernier film allemand, Die Grosse Liebe (Grand amour), qui narre de façon peu rĂ©aliste l'idylle entre une danseuse et un officier) et sont pour la plupart des films « en costumes Â» situĂ©s dans un dĂ©cor exotique ou un passĂ© idĂ©alisĂ©. Une bizarrerie est Ă  noter dans le film Le Grand Amour : Zarah Leander Ă©tant très grande et sculpturale, il fallut, pour tourner de façon crĂ©dible une scène oĂą elle chante au milieu d'une troupe de danseuses, utiliser pour figurer ces dernières des soldats d'Ă©lite de la SS Leibstandarte (dĂ©passant rĂ©glementairement les 1,80 m) dĂ»ment travestis avec des robes et le visage dissimulĂ© sous des boas de plumes. Dans la plupart de ses films, son partenaire masculin devait ĂŞtre « surĂ©levĂ© Â» par des talonnettes de 10 cm de haut[3].

En 1942, pressée par Goebbels de s'établir définitivement en Prusse-Orientale, elle prend ses distances avec le régime nazi[4]. N'ayant jamais adhéré au parti national-socialiste ni pris part aux manifestations officielles du régime, son but exclusif avoué était de servir le public[5] ; de plus, elle avait refusé la citoyenneté allemande. Les premiers bombardements de Berlin en 1943 détruisent partiellement sa villa[6] ; elle retourne alors en Suède.

Elle ne s'embarque cependant pas sans un viatique, ayant eu la prévoyance de se faire payer 53 % de ses cachets (au montant très élevé), non en Reischmarks (dévalués à 100 % après 1945), mais en couronnes suédoises, un arrangement que Goebbels, qui contrôlait en sous main la production cinématographique, devenait de plus en plus rétif à honorer. Cependant après son départ, ses films ne furent pas retirés de l'affiche : ils représentaient un capital trop précieux, à la fois en terme financiers mais aussi pour le moral des populations allemandes en raison de l'immense popularité de l'actrice[7].

Ce dĂ©part prĂ©cipitĂ© de l'Allemagne attise une polĂ©mique qui ne la quittera pas : certains la soupçonnent d'ĂŞtre une espionne Ă  la solde de l'URSS[8]. Après la Seconde Guerre mondiale (elle sera Ă©videmment interrogĂ©e sur cette « pĂ©riode allemande Â», sujette Ă  controverses), Zarah Leander apparaĂ®t dans divers films, Ă  la tĂ©lĂ©vision, dans des romans (La Place de l'Étoile de Patrick Modiano), dans des opĂ©rettes — ainsi, en 1960, dans Une Femme qui sait ce qu'elle veut (Eine Frau, die weiss, was sie will) d'Oscar Straus — et spectacles musicaux, et donne Ă©galement des concerts (y compris en Allemagne et en Autriche). Elle devint par la suite une icĂ´ne de la culture gay, en raison de la libertĂ© sexuelle qu'elle revendiquait dans les paroles de ses chansons[9].

Filmographie

Notes et références

  1. Cf. « La star Zarah Leander victime d'un accident de studio », Le Petit Parisien, no 22631,‎
  2. Cf. « Zarah Leander », sur tele.at - Das Fernsehprogramm Ihrer Zeitung
  3. souvenirs de l'acteur Wolfgang Preiss (2nd role masculin du film), « Zarah Leander: Le grand amour et quelques SS travestis », sur D'iberville blogspot.com
  4. (de) Christian Blees, « Zarah Leander für Fans und Kritiker », sur Deutschlanfunk,
  5. (de) Jutta Jacobi, Zarah Leander : Das Leben einer Diva, Hambourg, Hoffmann & Campe Verlag, 282 p..
  6. Guido Knopp, Hitler's women, Routledge (trad. de l'allemand), 2003, pp. 206-263 « Zarah Leander: The Songstress Â».
  7. « Saviez-vous que... », sur diberville.blogspot.com (consulté le )
  8. Documentaire L'Affaire Zarah Leander
  9. (en) Alice A. Kuzniar, The Queer German Cinema, Stanford University Press, , 314 p. (ISBN 978-0-8047-3995-5, lire en ligne)

Bibliographie

  • Isabelle Mity, Les actrices du IIIe Reich : splendeurs et misères des icĂ´nes du Hollywood nazi, Perrin, , 358 p. (ISBN 978-2262080563).

Annexes

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.