Yaraví
Le yaraví (du quechua Harawi ou Yarawek, "chant [d'amour] triste") est une forme musicale issue des indiens Quechuas du Pérou[1]. À l'origine, le yaraví est un « Chant d'Amour » en langue quechua, un chant traditionnel proche d'une complainte mélancolique[2]. On relève l'existence du Yaraví dès la période Inca. Il était chanté pour accompagner une sorte de ronde appelée cachua[3]. On peut le retrouver en Bolivie, en Équateur et en Argentine[4].
Ce genre a été interprété pour transmettre des sentiments et des concepts religieux, romantiques ou épiques. Il est actuellement menacé d'extinction et sa performance a accepté la diversité des instruments de musique indigènes ou importés[5].
Les mélodies et les rythmes de l'époque avant la Conquête étaient interdits par les Espagnols. Ça a été le cas du Yaraví : outre la volonté de négation de cet élément de la culture locale, la mélancolie de cette musique poussant certains indigènes au suicide a conduit l'Église catholique à l'interdire[6].
A contrario, d'autres Européens à la conquête du Nouveau Monde ont adapté cette musique populaire avec des paroles de l'Évangile afin de « christianiser » les autochtones, la plainte du yaravi se prêtant particulièrement à la forme de la prière.
Cette forme musicale a aussi été employée par un poète péruvien révolutionnaire du nom de Mariano Melgar (es) (1791-1815), pour mettre en musique ses propres vers, en les adaptant aux mélodies populaires. Le poète français Valery Larbaud a intitulé l'un de ses poèmes Yaraví.
Le style du yaravi se reconnait à plusieurs aspects : variations du rythme en fin de phrase (ralentissement de la voix), traitement particulier de la guitare (en particulier pour le yaravi ecuatoriano : guitare rythmique et guitare mélodique sautillante que l'on retrouve dans le pasillo et autres styles équatoriens), la tonalité descendante et les voix suspendues en fin de phrase. Certains de ces aspects se retrouvent aussi dans la Cueca Chilienne mais sont absents de la cueca argentine. Parfois enfin, guitares et voix alternent comme dans les repentistas cubaines, mais sans changement de rythme. On note aussi le Yaraví arequipeño au Pérou.
La forme du yaravi originel est parfois utilisé en introduction d'un morceau, à la quéna par exemple. C'est l'instrument du yaravi originel, les instruments à cordes n'étant apparus qu'après l'arrivée des colonisateurs. Le musicien fait alors "pleurer" son instrument, donnant ainsi une tonalité triste et prenante, par exemple l'introduction d' El condor pasa" dans ses versions originales sud-américaines, celle du Gloria de la Misa Criolla d'Ariel Ramirez (Yaravi / carnavalito), au charango.
Le rythme de la Loa est né du yaraví lorsqu'il était utilisé par les missionnaires espagnols à des fins d'évangélisation. Le loa est une expression poétique et musicale qui ne survit actuellement que dans les chants qui, dans les jours précédant la fête de la Vierge de Guadalupe, sont chantés dans la ville de Sucre[5].
Interprètes
- duo Benítez-Valencia (équateur)
- Arsenio Aguirre
- Los Hermanos Azpilcueta
- Atahualpa Yupanqui - Nieve Viento y Sol (yaravi peruano)
- Los Fronterizos 1967 Gloria Misa Criolla (Yaravi-Carnavalito)
Notes et références
- « Notas para una biograf�a del yarav� », sur sisbib.unmsm.edu.pe (consulté le )
- « Yaravi (chant d'Amérique du Sud) », sur www.musicologie.org (consulté le )
- (es) « cachua – El diccionario de los castellanos del Perú. Rumbo al Bicentenario. » (consulté le )
- Last Night in Orient- LNO ©, « Le chant Yaraví », sur Last Night in Orient (consulté le )
- (es) « Música de Charcas, herencia de Colonia », sur Correo del Sur (consulté le )
- « Los Andes y su m�sica », sur hispanoteca.eu (consulté le )