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Xi Kang

Xi Kang, ou Ji Kang (chinois 攇ćș·), nĂ© en 223, mort en 262, est un poĂšte, musicien et penseur chinois de l'Ă©poque des Trois Royaumes.

Xi Kang
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Xi Kang jouant du qin. Illustration de la dynastie Ming.
Alias
Ji Kang
Naissance
DĂ©cĂšs
Activité principale
poĂšte, musicien
Auteur
Langue d’écriture chinois

Compléments

Xi Kang est la figure centrale du groupe des Sept Sages de la forĂȘt de bambous (ç«čæž—äžƒèłą). Haut dignitaire, le plus grand poĂšte et le philosophe le plus cĂ©lĂšbre de son temps. AprĂšs la fin de l'empire unifiĂ© des Han, il est l'un des premiers poĂštes Ă  manifester l'intĂ©rĂȘt grandissant pour le taoĂŻsme (mouvement connu sous le nom de nĂ©otaoĂŻsme). Musicien, Xi Kang a aussi Ă©crit un traitĂ© sur la musique (qin fu çŽèłŠ).

Xi Kang, qui a rĂ©digĂ© des Ɠuvres parmi les plus marquantes de la logique et de la dialectique chinoise mĂ©diĂ©vale, s'est consacrĂ© surtout Ă  la rĂ©flexion sur les moyens d'atteindre l'immortalitĂ© selon l'angle taoĂŻste, qui peut ĂȘtre atteinte par des rĂ©flexions sur la nature du dao, ou encore la pratique d'une musique libĂ©rant l'esprit des Ă©motions et contraintes extĂ©rieures[1].

Étant liĂ© maritalement avec le clan royal au pouvoir des Wei, il refusa un poste proposĂ© par Sima Zhao[2] transmis par son ancien ami Shan Tao (le doyen du groupe des « Sept Sages de la forĂȘt de bambous »). Son refus coĂŻncida avec une lettre restĂ©e fameuse dans laquelle il annonçait Ă  Shan Tao leur rupture dĂ©finitive. Il fut exĂ©cutĂ© sur ordre de Sima Zhao, mais joua de la cithare (qin) jusqu'au dernier instant[3].

L'année suivante, en 263, Sima Zhao envahissait le royaume de Shu-Han et recevait, peu de temps aprÚs, la soumission de l'« Empereur » Liu Shan.

Fragments d'un poĂšme


« Le monde vulgaire s'éveille difficilement;
Il ne s'arrĂȘte jamais dans sa poursuite des choses matĂ©rielles.
Mais l'homme parfait regarde au loin;
Il retourne Ă  la nature.
(...)
Car le corps est à estimer, le vain nom à mépriser.
La gloire et le déshonneur n'existent pas.
L'important est de laisser aller sa volonté
Et de libĂ©rer son cƓur sans repentirs. »[4]

ÉlĂ©ments biographiques

Il est nĂ© dans une famille riche et puissante[5], Ă©troitement liĂ©e Ă  la famille impĂ©riale. Son pĂšre est mort alors que Xi Kang n'Ă©tait qu'un bĂ©bĂ©, il a donc Ă©tĂ© Ă©levĂ© par sa mĂšre et son grand frĂšre qui l'ont un peu laissĂ© faire ce qu'il voulait pendant l'enfance. Il a laissĂ© quelques mots sur son enfance : il aurait suivi ses penchants naturels : une inaction considĂ©rable. Mais cela ressemble beaucoup Ă  une apologie taoĂŻste de sa vie, rĂ©trospectivement cohĂ©rente depuis son point d'arrivĂ©e Ă  l'Ăąge mĂ»r. Ayant vĂ©cu dans une famille de lettrĂ©s confucianistes il a eu tous les livres canoniques autour de lui et en a profitĂ© pour les lire et les connaĂźtre parfaitement, trĂšs tĂŽt. Son frĂšre nous apprend qu’il Ă©tait un gĂ©nie dĂšs l’enfance et qu’il a tout appris tout seul, sans maĂźtre.

La maison ancestrale se trouvait au Nord-Ouest de l’Anhui, dans un des centres de la rĂ©volte des Turbans Jaunes. Il est donc trĂšs probable qu’il ait eu aussi une bonne connaissance du taoĂŻsme populaire qui animait cette rĂ©volte et qui avait eu une influence profonde dans le pays. Mais, par ailleurs, le taoĂŻsme avait de nouveau la faveur des lettrĂ©s depuis environ un siĂšcle. Ce fut la rencontre de ces deux faits qui aiguillĂšrent l’autre part de ses Ă©tudes.

Jeune adulte il parviendra au mandarinat du septiĂšme degrĂ© (tchong-san ta-fou) avec la nĂ©cessitĂ© de devenir fonctionnaire actif comme son pĂšre et ses parents. Son frĂšre sera « bachelier » (sieou-ts’ai) et aura un poste nĂ©anmoins Ă©levĂ©, mais avec un sens des responsabilitĂ©s et des traditions tout Ă  fait confucianistes, ce qui lui fera accepter de partir Ă  la guerre quand on le lui commandera. Xi Kang, prĂ©parĂ© Ă  une vie contemplative et amoureux de la vie, ne se soumettrait pas aux traditions.

AprĂšs qu’il a Ă©pousĂ© une princesse impĂ©riale peu avant 248 [6] il reçoit un poste honorifique et un traitement en consĂ©quence qui lui permettra de vivre sans travailler. Il rĂšgne alors dans le pays de Wei, comme dans toute la Chine, une extrĂȘme confusion et vivre Ă  la cour ou s’engager au service de tel ou tel risque fort de conduire rapidement Ă  une mort certaine. Il dĂ©mĂ©nage alors au Nord de la capitale Luoyang dans le district de Shanyang (actuelle province du Henan). Et c’est dans cette demeure qu’il se retire avec ses amis. Ce sera le lieu des « causeries pures » qui les rendront cĂ©lĂšbres. C’est aussi le lieu de ses recherches taoĂŻstes de Longue Vie[7], et il s’y livra de plus en plus intensĂ©ment.

Il y jouait du qin, cette cithare qu’il avait choisi parce qu’elle Ă©tait « la plus apte Ă  [le] calmer ». Dans son traitĂ© sur le ‘’qin’’ il dĂ©veloppe certaines idĂ©es[8] en rupture radicale avec le confucianisme : « La musique n’a ni joie ni tristesse ! ». Il faut la considĂ©rer en elle-mĂȘme. Et si elle a pour principe sa qualitĂ©, bonne ou mauvaise, elle n’a aucune relation avec la joie ou la tristesse. D’autre part puisque l’on trouve des traditions musicales diffĂ©rentes dans les diffĂ©rentes rĂ©gions, et que l’on peut ainsi se mĂ©prendre en trouvant joyeuse une musique de cĂ©lĂ©bration funĂšbre, il faut accepter la variabilitĂ© de la musique et ne pas la juger selon des critĂšres « moraux » prĂ©tendument universels (confucĂ©ens). La musique n’a rien Ă  voir avec les questions de moralitĂ© (Confucius critiquait pour cette raison la musique de Yu Chouen). Si Xi Kang apprĂ©cie tant la musique c’est parce que, pour lui, elle n’est pas en relation avec les Ă©motions[9] au contraire « elle est Ă  mĂȘme de libĂ©rer l’homme de ses Ă©motions et de le mettre dans un Ă©tat de calme qui convient Ă  la mĂ©ditation mystique ».

Le refus de « servir » l'État et de telles pensĂ©es, exprimĂ©es par Ă©crit et diffusĂ©es, tout cela Ă©tait punissable par la peine capitale. Et des accusations explicites furent rĂ©digĂ©es en ce sens par les confucianistes[10].

Son attitude et ses convictions, explicites dans ses Ă©crits conservĂ©s, nous permettent de comprendre ce qui Ă©tait en marche dans la culture de ce IIIe siĂšcle, et comment les milieux lettrĂ©s Ă©taient prĂȘts Ă  s'engager dans une expĂ©rience religieuse fervente comme ce fut le cas Ă  grande Ă©chelle avec le bouddhisme, qui se manifesta en Chine en gagnant en visibilitĂ© dans toute la population dĂšs le dĂ©but du IVe et ce jusqu'au IXe siĂšcle.

Traduction

  • [Extrait] Xi Kang, Lettre de refus Ă  Shan Juyuan, dans Jacques Pimpaneau, Anthologie de la littĂ©rature chinoise classique, Philippe Picquier, 2004
  • Éloge de l'anarchie par deux excentriques chinois. PolĂ©miques du troisiĂšme siĂšcle traduites et prĂ©sentĂ©es par Jean Levi, Éditions de l'EncyclopĂ©die des nuisances, Paris, 2004

Références

  1. D. Holzman dans LĂ©vy (dir.) 2000, p. 132-133
  2. Sima Zhao appartient au clan des Sima, futurs Jin de l'Ouest. Il semble ĂȘtre alors Grand StratĂšge de l'Empire dans le « royaume » de Wei. Le seigneur de guerre qui possĂ©dait le pouvoir sur ce territoire s'Ă©tant arrogĂ© le titre d'Empereur.
  3. Danielle et Vadime Elisseeff, La civilisation de la Chine classique, Arthaud 1981 (premiĂšre Ă©dition 1979). Page 218.
  4. Cette citation est extraite du poÚme traduit intégralement dans : Danielle et Vadime Elisseeff, La civilisation de la Chine classique, Arthaud 1981 (premiÚre édition 1979). Page 218.
  5. Holzman 1957, p. 11 et suivantes
  6. Holzman 1957, p. 15 et suivantes
  7. On ne trouve aucune allusion directe, par contre, aux Immortels taoĂŻstes dans son Ɠuvre Ă©crite.
  8. Holzman 1957, p. 70
  9. Holzman 1957, p. 71. Citations entre guillemets.
  10. Danielle et Vadime Elisseeff, La Civilisation de la Chine classique, Arthaud, 1981 (premiĂšre Ă©dition 1979), page 218.

Bibliographie

  • Robert van Gulik, Hsi K'ang and his Poetical Essay on the Lute, Tokyo, Sophia University Press, 1941 ; Tokyo and Rutland, Tuttle, 1969.
  • Donald Holzman, La vie et la pensĂ©e de Hi K'ang (223-262 AP. J.-C.), Leiden, E. J. Brill pour the Harvard-Yenching Institute,
    thĂšse de doctorat arrĂȘtĂ©e en 1952
  • AndrĂ© LĂ©vy, Dictionnaire de littĂ©rature chinoise, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », (1re Ă©d. 1994)

Liens externes

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