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Qingtan

Le Qingtan (枅談) ou pure conversation, activitĂ© de dĂ©bats philosophiques ou de joutes oratoires, est un Ă©lĂ©ment de la culture aristocratique chinoise du IIIe au VIe siĂšcle, dont les principales figures sont les Sept Sages de la forĂȘt de bambous.

Ruan Ji, l’un des reprĂ©sentants du style de vie non conventionnel de la culture du qingtan

Devant l’instabilitĂ© politique, les intrigues de cour et la violence des rĂ©pressions exercĂ©es par les empereurs Cao Wei et Jin Ă  l’égard de leurs opposants, de nombreux jeunes membres de l’aristocratie se dĂ©tournĂšrent de la politique et mĂȘme de l’écriture philosophique, pour consacrer leur talent Ă  des joutes oratoires codifiĂ©es appelĂ©es qingtan, « pure conversation » ; leurs thĂšmes Ă©vitaient en effet la situation politique, tout d’abord par prudence, puis aussi comme preuve de dĂ©tachement. Durant les dĂ©bats, Ă  l’issue desquels les participants s’évaluaient mutuellement, ceux-ci devaient montrer une attitude Ă©lĂ©gante et un ton dĂ©tachĂ© et s'abstenir de gestes trop larges ; ils pouvaient nĂ©anmoins appuyer leurs dires des mouvements d'un chasse-mouche.

La « pure conversation » continue sous une forme altĂ©rĂ©e la tradition du qingyi [1] De la fin des Han et du yuedanping [2] des Trois Royaumes, discussions sur les mĂ©rites et dĂ©mĂ©rites des fonctionnaires et candidats aux postes officiels, alliĂ©e au xuantan [3], discussion sur des sujets philosophiques en majoritĂ© taoĂŻstes. Ces dĂ©bats, dont on attribue l’invention Ă  He Yan, ont sans doute contribuĂ© Ă  la formation de sa pensĂ©e et de celle de Wang Bi.

MalgrĂ© la « puretĂ© » de ses thĂšmes, le qingtan, aux sĂ©ances duquel les hauts fonctionnaires ne sont pas conviĂ©s, excite l’hostilitĂ© de certains ministres. La peine de mort fut mĂȘme proposĂ©e en 232 pour ses participants par Dong Zhao[4] ; Cao Rui se contenta de dissoudre les trois principaux cercles existant. Alliant au qingtan un mode de vie hĂ©doniste, individualiste et non conventionnel, ses adeptes furent dĂšs lors qualifiĂ©s de « futiles et prĂ©tentieux », ce qui n’empĂȘcha pas le mouvement de faire rage dans l’aristocratie jusqu’au dĂ©but des Dynasties du Nord et du Sud. Le qingtan avait alors perdu sa sincĂ©ritĂ© contestataire pour devint un mode de vie dĂ©sordonnĂ© Ă  l’excĂšs.

Les figures les plus cĂ©lĂšbres sont les membres du groupe des sept sages du bosquet de bambous : Ruan Ji[5], Xi Kang[6], Shan Tao[7], Wang Rong[8], Xiang Xiu[9], Ruan Xian[10] et Liu Ling[11]. Le groupe tirait son nom de l’habitude qu’ils auraient eu de se rĂ©unir prĂšs d’un « bosquet de bambous Â» pour discuter, composer des poĂšmes et jouer de la musique, parfois en buvant et dans une tenue nĂ©gligĂ©e, liĂ©e entre autres Ă  l’emploi d’un fortifiant qui procurait une sensation de chaleur, mis Ă  la mode par He Yan de constitution fragile. AprĂšs l’exĂ©cution de Ruan Ji et de Xi Kang, Shan Tao, Wang Rong et Xiang Xiu s’assagirent quelque peu et se rapprochĂšrent du pouvoir, alors que Ruan Xian et Liu Ling continuĂšrent de plus belle. L’attitude des adeptes de cette culture, dĂ©libĂ©rĂ©ment sans Ă©gard pour les conventions sociales et individualiste, a Ă©tĂ© accentuĂ©e par les historiens qui n’ont pas manquĂ© de broder Ă  leur sujet, rapportant de nombreuses anecdotes bien connues de la petite histoire chinoise. Ainsi les diffĂ©rentes insolences de Xi Kang Ă  l’égard des grands de la cour, son dĂ©tachement au moment de son exĂ©cution oĂč il joue un morceau de luth, la passion sensuelle de Xun Can pour sa femme et sa tentative de la refroidir en couchant son corps contre le sien lorsqu’elle fut prise d’une fiĂšvre fatale, entre autres exemples.

Références et notes

  1. 枅談
  2. 月旊評
  3. 玄談
  4. è‘Łæ˜­
  5. é˜źç±
  6. 攇ćș·
  7. ć±±æż€
  8. 王戎
  9. 搑秀
  10. 阼撾
  11. ćŠ‰äŒ¶

Liens externes

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