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Xénélasie

La xénélasie (en grec ancien ξενηλασία / xenēlasia) est une pratique spartiate consistant à expulser de manière régulière les étrangers de son territoire. Elle ne semble pas avoir été beaucoup imitée par les autres Grecs.

Le terme se décompose en ξένος, « étranger, hôte » et ἐλαύνω, « conduire, diriger ». Il s'emploie le plus souvent au pluriel. Il a également un sens métaphorique, par lequel il se rapproche de la xénophobie. Ainsi, selon Strabon, « Ératosthène prétend que la xénélasie, c'est-à-dire la proscription de l'étranger, était une coutume commune à tous les peuples barbares[1]. » De même, Diodore de Sicile décrit l'Exode des Juifs hors d'Égypte comme une xénélasie, c'est-à-dire un bannissement[2].

L'institution spartiate est décrite par une scholie à Thucydide comme « l'acte de mettre dehors les étrangers »[3]. Hésychios d'Alexandrie, un lexicographe du VIe siècle apr. J.-C., fournit deux définitions : « le fait de ne pas autoriser des étrangers à se mélanger[4] » et « frapper les étrangers qui sont mis dehors » (ou « les étrangers mis dehors sont frappés »)[5]. De même, une glose au lexique de Photius indique : « les Lacédémoniens avaient pour coutume d'expulser les étrangers avec des coups[6] ».

Thucydide explique la pratique par la volonté de Sparte de protéger le secret défense : il fait dire à Périclès qu'Athènes « est ouverte à tous, et il n'arrive jamais que, par des expulsions d'étrangers (xenēlasiai), nous interdisions à quiconque une étude ou un spectacle qui, en n'étant pas caché, puisse être vu d'un ennemi et lui être utile[7]. » Pour Xénophon, la démarche spartiate va plus loin : « jadis on bannissait les étrangers et on défendait aux citoyens de voyager hors de leur pays, de peur qu’ils ne fussent infectés des vices de l’étranger[8] ». Il fait remonter l'usage à Lycurgue, de même que l'interdiction des « arts superflus » et l'usage d'une monnaie de fer.

Bibliographie

Notes

  1. Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XVII, 1, 19.
  2. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XL, 3, 4 = Hécatée d'Abdère, FGrH 264 F 6.
  3. Scholie à Thucydide, I, 144, 2.
  4. Hésychios, Lexique, au mot ξενηλασία.
  5. Hésychios, Lexique, au mot ξενηλατοῦνται.
  6. Photius, ξ 208 Porson.
  7. Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], II, 39, 1. Extrait de la traduction de Jacqueline de Romilly.
  8. Xénophon, République des Lacédémoniens (lire en ligne), XIV, 4.
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