Wiktor Stoczkowski
Wiktor Stoczkowski est chercheur au laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris, où il donne, depuis 1997, un séminaire consacré à l’anthropologie des savoirs occidentaux[1].
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Formation et fonctions actuelles
Il a étudié l'archéologie préhistorique et l'ethnologie à l'Université de Varsovie. Il a obtenu son doctorat de l'École des hautes études en sciences sociales de Paris en 1991. Après son doctorat, il s'installe définitivement en France. Dans les années 1992-1997, il a été chargé de cours à l'Université de Lille.
Il travaille actuellement au Laboratoire d'Anthropologie Sociale de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales[1], où il dirige le Groupe de recherches sur les savoirs[2] : ce groupe rassemble des historiens et sociologues des sciences ainsi que des anthropologues traitant des formes contemporaines de savoir dans la culture des sociétés occidentales.
Travaux
Dans les livres Anthropologie naïve, anthropologie savante (1994) et Aux origines de l'humanité (1996), Wiktor Stoczkowski propose une reconstruction des fondements mythiques et philosophiques des concepts scientifiques d'origine humaine. Il mène également des analyses ethnologiques des visions générales du monde qui se cachent derrière les théories des sciences sociales. Dans le livre Des Hommes, des dieux et des extraterrestres. Ethnologie d'une croyance moderne (1999), il analysé le mécanisme de formation (et le mécanisme de leur critique) des théories contemporaines sur l'origine extraterrestre de la civilisation humaine et les croyances sur les extraterrestres[3].
Ses travaux actuels portent sur l’analyse ethnologique des conceptions auxquelles notre propre culture accorde le statut de savoirs : cette vaste catégorie englobe non seulement les connaissances scientifiques, mais aussi les conceptions que l’on croit, à tort, scientifiques, ou celles – dites alternatives – que l’on oppose parfois au savoir scientifique. Stoczkowski étudie aujourd'hui les croyances portées comme savoirs. Il s’emploie à montrer que ces idées se combinent pour former des constructions conceptuelles plus complexes, qui aboutissent à de véritables visions du monde, dont l’adoption, ou le rejet, par divers groupes sociaux correspond à des écarts différentiels dans les modes de penser et d’agir, relevant ainsi de la diversité culturelle qui divise, de l’intérieur, nos sociétés.
Son ouvrage La science sociale comme vision du monde. Émile Durkheim et le mirage du salut (2019) a été critiqué par le politiste Philippe Corcuff comme exprimant des « inadéquations, » à propos de l’œuvre de Durkheim comme des « sciences sociales contemporaines »[4]. Recensé par Matthieu Béra et Christophe Lemardelé, deux spécialistes de l'oeuvre durkheimienne, l'ouvrage est tenu pour être tout entier fondé par un virulent portrait à charge que formule Stoczkowski à l'égard de Durkheim. Très lointain des normes de la discussion scientifique, l'auteur insiste longuement sur la judéité de Durkheim qui aurait ainsi "produit un christianisme « altéré »[5]". Stoczkowki conclut que "la doctrine nazie, le communisme, se rejoignent tous les deux dans leur façon similaire, d’allure étrangement durkheimienne, de concevoir l’individu et ses rapports à la société" (p. 463).
Wiktor Stoczkowski est membre de l'Observatoire du décolonialisme[6], collectif informel d'enseignants-chercheurs renommé Observatoire des idéologies identitaires, association qui se positionne contre le décolonialisme et les idées woke[7], organe réputé par certains de ses anciens membres proche du zemmourisme[8].
Il est contributeur occasionnel Ă L'Obs, Le Monde, Le Figaro, The Conversation, et Desk Russie.
Principales publications
- 1994 : Anthropologie naïve, anthropologie savante. De l'origine de l'homme, de l'imagination et des idées reçues, Paris, CNRS Éditions
- 1996 : Aux origines de l'humanité. Anthologie, Paris, Pocket
- 1997 : « The painter and prehistoric people. A hypothesis on canvas », The Cultural Life of Images, éd. B. Molyneaux, Londres, Routledge, pp. 249-262.
- 1999 : Des hommes, des dieux et des extraterrestres. Ethnologie d’une croyance moderne, Paris, Flammarion (ISBN 2-08-067211-8).
- 2002 : Explaining Human Origins. Myth, Imagination and Conjecture, Cambridge, Cambridge University Press
- 2008 : Anthropologies rédemptrices. Le monde selon Lévi-Strauss, Paris, Hermann
- 2008 : « How to benefit from received ideas? », Histories of archaeology. A reader in the history of archaeology, dir. par Tim Murray & Chris Evans, Oxford, Oxford University Press, pp. 346-359.
- 2019 : La science sociale comme vision du monde. Émile Durkheim et le mirage du salut, Paris, Gallimard (ISBN 978-2-07012-845-7)
- 2022 : À la recherche d'une autre Genèse - Anthropologie de l' « irrationnel » , Paris, éditions La Découverte, 448 pages (ISBN 978-2-34807-367-0)
Notes et références
- « Wiktor Stoczkowski », sur las.ehess.fr (consulté le )
- Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, « Wiktor Stoczkowski », sur EHESS, (consulté le )
- « Les Extra-terrestres en archéologie », sur La Menace Théoriste, (consulté le )
- Philippe Corcuff, « De la fragilité heuristique des sciences sociales face aux certitudes dénonciatrices de Wiktor Stoczowski », Lectures,‎ (lire en ligne)
- Matthieu Béra et Christophe Lemardelé, « La science sociale de Durkheim selon Stoczkowski », L'Année sociologique, vol. Vol. 72, no 2,‎ , e1–e16 (ISSN 0066-2399, DOI 10.3917/anso.222.e0001, lire en ligne, consulté le )
- « Appel de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires signé par 76 universitaires », sur Observatoire du décolonialisme, (consulté le )
- « L'Observatoire du décolonialisme : faux think tank, vrai média d'opinion - Par Loris Guémart | Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net, (consulté le )
- « La « théorie décoloniale » ou l’invention d’un ennemi commun », sur Politis.fr, 20220121 12:45 (consulté le )