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Voie verte

Une voie verte est une voie de communication autonome rĂ©servĂ©e aux dĂ©placements non motorisĂ©s, tels que les piĂ©tons et les vĂ©los. Les voies vertes sont dĂ©veloppĂ©es dans un souci d’amĂ©nagement intĂ©grĂ© valorisant l’environnement, le patrimoine, la qualitĂ© de vie et la convivialitĂ©. En Europe, elles sont organisĂ©es depuis octobre 1997 dans le cadre du rĂ©seau vert EuropĂ©en[1] - [2], afin notamment de coordonner et rĂ©glementer des usages souvent interdits dans certains pays ou concurrencĂ©s par des pratiques motorisĂ©es[3].

Une voie verte entre ChĂȘne-Bourg (GenĂšve, Suisse) et Ambilly (Haute-Savoie, France).

Contexte

À cet Ă©gard, les chemins de halage, anciens chemins ruraux, voies ferrĂ©es dĂ©saffectĂ©es sont des supports privilĂ©giĂ©s de dĂ©veloppement des voies vertes[4]. Si elles sont gĂ©rĂ©es adĂ©quatement (gestion diffĂ©rentiĂ©e et restauratoire, et sans pesticides des abords, qui peuvent alors Ă©ventuellement jouer un rĂŽle dans la trame verte et bleue locale), les voies vertes sont un des Ă©lĂ©ments des politiques de dĂ©veloppement durable des territoires concernĂ©s.

Pour les anglophones, le mot greenway dĂ©signe les voies vertes, mais aussi de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rique, « une route qui est bonne d'un point de vue environnemental » (Turner, 1995[5] ou – en Angleterre selon un sondage citĂ© par Turner en 2006 – « un espace linĂ©aire contenant des Ă©lĂ©ments planifiĂ©s, conçus et gĂ©rĂ©s Ă  des fins multiples, y compris Ă©cologiques, rĂ©crĂ©atives, culturelles, esthĂ©tiques et autres compatibles avec le concept d'utilisation durable des terres ») ou un large Ă©ventail de stratĂ©gies de planification paysagĂšre et urbaine incluant plus ou moins une prĂ©occupation environnementale associĂ©e Ă  une infrastructure de dĂ©placement [6] - [7], dont les abords ont souvent pris une valeur particuliĂšre[8] et parfois associĂ©s Ă  la notion de corridor biologique en Europe[9].

Histoire et Ă©volution

Des annĂ©es 1975 Ă  1995, les voies vertes se sont fortement multipliĂ©es dans les paysages urbanisĂ©s des pays dits dĂ©veloppĂ©s[10]. À titre d'exemple plus de 500 communautĂ©s Ă©taient en train d'en construire en 1995, rien qu'en AmĂ©rique du Nord. Elles rĂ©pondent Ă  de nouveaux besoins humains mĂȘme si elles prolongent aussi une partie des fonctions des chemins ruraux sĂ©culaires. Plus que de simples Ă©quipements ou amĂ©nagements paysagers, elles visent de plus en plus Ă  aussi fournir un contrepoint Ă  la perte de paysage naturel dans un contexte d'urbanisation croissante et d'industrialisation de l'agriculture. Avec les temps qui changeaient, la notion de chemins verts ou corridors verts a Ă©voluĂ© pour rĂ©pondre aux nouveaux besoins et dĂ©fis[10].
Trois Ă©tapes distinctes (ou « gĂ©nĂ©rations ») de voie verte peuvent ĂȘtre identifiĂ©es en tant que forme du paysage urbain et pĂ©riurbain :

  1. Une premiÚre génération a été celle des voies boisées, bordées de talus enherbés et fleuris ou des chemins de promenades ancestraux[10], complémentaires des réseaux routiers ;
  2. Des sentiers rĂ©crĂ©atifs et de dĂ©couverte, ou de dĂ©placement hors des zones de trafic routier, donnant accĂšs aux riviĂšres, ruisseaux, crĂȘtes, et au tissu urbain, aux jardins ouvriers, etc. ont suivi. En gĂ©nĂ©ral, l'automobile en Ă©tait exclue[10] (Voies rĂ©servĂ©es) ;
  3. La derniÚre génération est souvent plus multifonctionnelle, plutÎt réservée aux déplacements doux et aux loisirs ainsi parfois qu'à l'embellissement du paysage, tout en cherchant à répondre à certains besoins vitaux de la faune, flore (et parfois fonge, avec conservation de bois mort). Des fossés, noues, zones inondables peuvent aussi jouer un rÎle dans la gestion de l'eau et des crues (en milieu urbain ou rural). Les bords de chemins sont conçus et gérés pour pouvoir jouer le rÎle de corridor biologique avec une éventuelle zone tampon. Tout comme les bandes enherbées ou d'autres types de zone tampon, certaines voies vertes contribuent aussi à améliorer la qualité des eaux (avec par exemple des fossés et noues à vocation de lagunage naturel). Elles fournissent aussi des ressources pour l'éducation en plein air, la découverte et l'interprétation des paysages. Les aménageurs doivent alors s'inscrire dans des approches pluridisciplinaires et anciennement parfois opposées comme le génie civil, l'architecture et l'écologie du paysage, la gestion différenciée ou l'écologie des milieux humides[10]. En France la dénomination de voies vertes tend à se superposer à celle des voies vertes du réseau véloroute et voies vertes[11]

État du rĂ©seau

Drapeau de la Belgique Belgique

En Belgique, un rĂ©seau de 2 200 km de voies vertes Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©fini en 2003, dont 900 km Ă©taient amĂ©nagĂ©s[12].

En Région wallonne, elles forment le réseau RAVeL.

En Flandre, il y a un rĂ©seau de chemins de halage, sentiers ferroviaires et autres pistes cyclables indĂ©pendantes. La plupart est intĂ©grĂ©e dans les rĂ©seaux cyclables Ă  nƓuds numĂ©rotĂ©s des provinces, ou fait partie des LF-routes (nĂ©erlandais: lange-afstandsfietsroute, vĂ©loroute touristique de longue distance) ou du rĂ©seau des cyclostrades (nĂ©erlandais: fietssnelweg, voies vertes utilitaires et directes entre et autour les villes).

Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas

Aux Pays-Bas, la situation et les terminologies sont comparables à la Flandre, avec la différence qu'il y a peu de sentiers ferroviaires, et beaucoup d'autres pistes cyclables indépendantes.

Voies vertes et véloroutes en France, ouvertes ou en projet en 2011

Drapeau de la France France

En France, un décret du a introduit les voies vertes dans le Code de la Route : les voies vertes sont définies comme des routes « exclusivement réservées à la circulation des véhicules non motorisés, des piétons et des cavaliers[13] ».

Drapeau de la Suisse Suisse

En Suisse, il existe notamment une voie verte transfrontaliÚre de GenÚve à Annemasse[14]. Une voie verte traversant Lausanne (le long des voies de chemin de fer) est réalisée en 2018[15].

Caractéristiques et avantages

Elles sont aménagées le plus souvent sur d'anciennes lignes ferroviaires[16], sur des chemins de halage[17], des routes fermées à la circulation automobile, des itinéraires culturels (chaussées romaines, routes de pÚlerinage). Elles présentent certaines caractéristiques :

  1. Facilité d'accÚs : leurs pentes, faibles ou nulles, permettent leur utilisation par tous les types d'usagers, y compris les personnes à mobilité réduite[17] ;
  2. Sécurité grùce à leur séparation physique par rapport aux voies carrossables et à l'aménagement approprié des croisements ;
  3. Continuité des tracés avec des solutions alternatives en cas d'obstacle ;
  4. Respect de l'environnement le long des voies et invitation pour les usagers Ă  le respecter.

Les voies vertes sont aussi des services, localisĂ©s dans d'anciens Ă©quipements, Ă©galement prĂ©servĂ©s, tels que les anciennes gares de chemin de fer et les maisons d'Ă©clusier. Ces services peuvent ĂȘtre de diffĂ©rents types : logement, musĂ©es, location de vĂ©lo, hĂ©bergement de cavaliers, maisons de quartier, etc. Ils s'adressent aussi bien aux usagers locaux qu'aux touristes. Les voies vertes font l'objet d'informations (Ă©dition de cartes, de brochures, etc.) sur l'itinĂ©raire lui-mĂȘme et sur les sites situĂ©s Ă  proximitĂ©. Plusieurs dizaines de kilomĂštres de l'ancienne ligne du littoral des chemins de fer de Provence ont par exemple Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s en piste cyclable entre Toulon et Pramousquier (commune du Lavandou).

Cet exemple illustre la principale critique Ă  l'Ă©gard des voies vertes, Ă  savoir le fait qu'elles contribuent parfois Ă  dĂ©classer et donc condamner dĂ©finitivement des voies ferrĂ©es pouvant potentiellement ĂȘtre rouvertes dans un but de collectivisation et de dĂ©carbonation des dĂ©placements en milieu pĂ©riurbain ou rural, au lieu de reprendre de la place sur les routes. Cette mise en concurrence de deux modes complĂ©mentaires dans une Ăšre de transition Ă©nergĂ©tique induisant une dĂ©carbonation croissante des dĂ©placements peut donc constituer un comble[18].

Photographies

Notes et références

  1. MinistĂšre de la transition Ă©cologique et solidaire, « Circulaire du 31 mai 2001 relative Ă  la mise en Ɠuvre du schĂ©ma national de vĂ©loroutes et voies vertes. - Élaboration des volets rĂ©gionaux », Bulletin du ministĂšre, nos 001-6: Annonce N°21,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. Site de l'Association Européenne des voies vertes
  3. Cartographie des chemins accessibles et constats d'infractions pour suivre à vtt la parade des bateaux lors des "Voiles de la Liberté" de Rouen à l'Estuaire de la Seine; CRCommerceIndustrie, DRJeunesses-Sports, PlanÚteVtt, CNAvironRouen; Ports/Préfet 1989/1994.
  4. DĂ©claration de Lille, 12 septembre 2000.
  5. Turner citĂ© par lui-mĂȘme in TURNER T., 2006, Greenway planning in Britain: recent work and future plans, vol. 76, no. 1-4, pp.240-251 (RĂ©sumĂ©)
  6. Jack Ahern (Department of Landscape Architecture and Regional Planning, University of Massachusetts), Greenways as a planning strategy ; Landscape and Urban Planning Volume 33, Issues 1-3, October 1995, Pages 131-155 Greenways doi:10.1016/0169-2046(95)02039-V (Résumé)
  7. - FÁBOS J.G., 1995, Introduction and overview: the greenway movement, uses and potentials of greenways, Landscape and Urban Planning, vol. 33, no. 1-3, pp.1-13.
  8. Hobden D.W., Laughton G.E. et Morgan K.E., 2004, Green space borders, a tangible benefit ? Evidence from four neighbourhoods in Surrey, British Columbia, 1980-2001, Land Use Policy, vol. 21, no. 2, pp.129-138
  9. Jongman R.H.G., KĂŒlvik M. et Kristiansen I., 2004, European ecological networks and greenways, Landscape and Urban Planning, vol. 68, no. 2-3, pp.305-319.
  10. Robert M. Searns, The evolution of greenways as an adaptive urban landscape ; Landscape and Urban Planning Volume 33, Issues 1-3, October 1995, Pages 65-80 Greenways doi:10.1016/0169-2046(94)02014-7 online 23 February 2000.
  11. Qu'est-ce qu'une voie verte ? Fiche illustrée (Comité départemental de cyclotourisme FFCT de la Sarthe)
  12. Source : 4e Conférence européenne sur les Voies vertes au Palais des CongrÚs de LiÚge, en Belgique.
  13. Décret n° 2004-998 du 16 septembre 2004 relatif aux voies vertes et modifiant le code de la route.
  14. Marie-Pierre Genecand, « À GenĂšve, la Voie verte vire-t-elle dĂ©jĂ  au noir ? », Le temps, 16 octobre 2018 (page consultĂ©e le 16 octobre 2018).
  15. Laurent Antonoff, « Les cyclistes se la coulent verte le long des voies CFF », 24 heures, 20 juin 2018 (page consultée le 16 octobre 2018).
  16. Antoine Beyer, « Grandeur, décadence et possible renouveau du réseau ferroviaire secondaire français », sur Géoconfluences,
  17. Anne Hecker, « VĂ©loroutes et voies vertes : supports, ou objets touristiques ? », Cahiers de gĂ©ographie, EDYTEM, no Transport et tourisme,‎ , p. 199-208 (lire en ligne).
  18. https://esprit.presse.fr/actualites/diane-delaurens/des-velos-et-des-trains-42262

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Bonduelle, La France des voies vertes : cyclistes, rollers, randonneurs, Éd. Ouest-France, Rennes, 2003, 141 p. (ISBN 2-7373-3131-5)
  • France Ă  vĂ©lo, France des voies vertes : les clefs de la rĂ©ussite, ODIT France, Paris, 2006, 104 p. (ISBN 2-915215-26-X)
  • Guide de bonnes pratiques des voies vertes en Europe : exemples de rĂ©alisations urbaines et pĂ©riurbaines, Association europĂ©enne des voies vertes, Commission europĂ©enne, Direction gĂ©nĂ©rale de l'environnement, Bruxelles, 2000
  • Nicolas Mercat, Voies vertes : frĂ©quentation et impact : panorama de l'offre, AFIT, Paris, 2003, 93 p. (ISBN 2-910388-94-8)
  • Guide co-rĂ©digĂ© par les ministĂšres français de l'environnement, de l'Ă©quipement, des sports : « Fiche "choix techniques" »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), vĂ©loroutes et voies vertes, 2000, 90 pages, « lien brisĂ© »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  • Cahier des charges “SchĂ©ma national des vĂ©loroutes et voies vertes”, ministĂšre de l’AmĂ©nagement du territoire et de l’environnement, ministĂšre de l’Équipement, des transports et du logement, ministĂšre de la Jeunesse et des sports ; secrĂ©tariat d’État au Tourisme - "
  • “Pistes cyclables - conception des structures” LCPC - Certu, 1986, 50 pages
  • “Recommandations pour les amĂ©nagements cyclables”, Certu, , 108 pages
  • Fiches vĂ©loroutes et voies vertes 1 “Les relais vĂ©lo” et 2 “TraversĂ©es d’agglomĂ©ration”, MEDD, Paris, octobre et
  • Mission nationale VĂ©loroutes et voies vertes - MN3V, VĂ©loroutes voies vertes l’avenir est aux circulations douces
  • RĂ©seau vert europĂ©en, actes du colloque de Lille,
  • Agence française de l’ingĂ©nierie touristique (Afit) 2003, Voies vertes: frĂ©quentation et impact, www.afit-tourisme.fr
  • Brigitte Le Brethon, Propositions pour encourager le dĂ©veloppement de la bicyclette en France, , La Documentation française

Articles connexes

Liens externes

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