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Viticulture en SuĂšde

La viticulture en SuĂšde est marginale dans l'Ă©conomie du pays ; elle couvrait une douzaine d'hectares et produisait, en 2006, 5 617 litres de vin, dont 3 632 litres en rouge et de 1 985 litres en blanc. D'une culture expĂ©rimentale, la vigne, classĂ©e en zone viticole A par l'Union europĂ©enne, est passĂ©e dans des domaines commerciaux en particulier dans le Gotland et l'Öland. La plus grande concentration de vignobles se trouve en Scanie[1].

Histoire

Blossa Glögg (vin chaud, marque Blossa)
Vin chaud et cognac (21°)

Ce fut en 1050 que commença l'Ă©vangĂ©lisation de la SuĂšde, avec Anschaire, missionnaire venu de Hambourg. Cette christianisation imposa la prĂ©sence de petits vignobles monastiques, mĂȘme si le climat suĂ©dois ne favorisait pas la culture viticole[2].

Au cours du Moyen Âge, et grĂące Ă  la dĂ©couverte de l'alambic, ce pays cĂ©rĂ©alier put distiller massivement ses grains et produire de l'alcool. Ce qui n'empĂȘcha point que s'installĂąt une tradition du vin chaud. Le roi de SuĂšde Gustav Vasa, grand amateur se le faisait prĂ©parer avec un vin du Rhin, du sucre, du miel et des Ă©pices[2].

À partir de 1600, cette boisson aristocratique devint populaire et prit le nom de Glögg (vin chauffĂ©). Le roi Adolf Fredrik tenta de mettre un frein Ă  sa consommation. Mais en 1766, il autorisa chaque foyer Ă  produire son propre alcool. Cette mesure fit qu'au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, la consommation d'alcool pur par an et par personne atteignit 45 litres[2].

Emil Norlander, compositeur de chansons, journaliste, écrivain et éditeur de revues, achetant son vin chaud, Noël 1916
Ivan Bratt, photographié en 1915
Systembolaget à VÀxjö, en 1916

Au cours du XIXe siĂšcle, il y eut plusieurs tentatives gouvernementales pour essayer d'interdire la production d'alcool domestique. Ce fut Ă  cette Ă©poque que l'on vit se crĂ©er les ligues anti-alcooliques, en rĂ©action Ă  la consommation d’alcool excessive. Ce mouvement, fort de 350 000 militants, exigea une prohibition totale[2].

Ivan Bratt (de), docteur en mĂ©decine et conseiller municipal de Stockholm, Ă©labora un compromis en plaçant la vente d'alcool sous le contrĂŽle de l’État. Le systĂšme Bratt prĂ©voyait Ă©galement un rationnement Ă  terme. Pour faire face Ă  cette restriction, des bars ouvrirent d'abord Ă  Göteborg, puis dans d'autres villes. En 1870, il fut crĂ©Ă© le Systembolaget qui attribuait Ă  l'État bĂ©nĂ©fices et taxes sur la vente de toutes les boissons alcoolisĂ©es[2].

DĂšs les annĂ©es 1890, la tradition du vin chaud s'amplifia lors de la pĂ©riode de NoĂ«l. Chaque marchand de vin proposait sa propre version qu’il vendait dans des bouteilles aux Ă©tiquettes ludiques pour prĂ©parer son propre vin chaud[2].

À la fin de la Seconde Guerre mondiale le systĂšme de Bratt fut aboli. Le gouvernement suĂ©dois pour freiner la consommation taxa les boissons alcoolisĂ©es. Mais ce fut l'adhĂ©sion de la SuĂšde Ă  l'Union europĂ©enne qui changea la donne, en 1995. Au nom du principe de libre circulation des marchandises, le monopole Systembolaget contrĂŽlant Ă  la fois l’import, l’export, la production et la vente au dĂ©tail, fut battu en brĂšche[2].

File d'attente devant le Systembolaget de Hultsfred en juin 2006

Il ne put garder que le contrÎle de la vente au détail. Ce qui ouvrit le marché à des importateurs qui offrirent une large gamme de vins de qualité au Systembolaget et aux restaurants. Le vin fut dÚs lors perçu différemment en SuÚde[2].

Insignes des quatre grades des MunskÀnkarna

Une Ă©volution qu'avait anticipĂ©e les MunskĂ€nkarna, organisation fondĂ©e Ă  Stockholm en 1958 et qui rĂ©unit lors de ses chapitres les passionnĂ©s de vin[3]. Depuis 2000, elle s'est Ă©tendue Ă  la Finlande oĂč a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e la Suomen MunskĂ€nkarnan en langue finnoise[4], puis en 2002, une en langue suĂ©doise dĂ©nommĂ©e Svenska MunskĂ€nkarna[5].

Situation géographique

Climat

Le sud de la SuĂšde jouit d'un climat semi-continental ou climat tempĂ©rĂ© froid (Dfb selon la classification de Köppen). Les hivers y sont relativement froids mais de courte durĂ©e et les tempĂ©ratures ne sont que trĂšs rarement excessivement basses (la tempĂ©rature la plus froide enregistrĂ©e est de −22 °C) et rĂ©guliĂšrement positives. Les Ă©tĂ©s sont relativement doux mais peuvent parfois ĂȘtre chauds (la tempĂ©rature la plus Ă©levĂ©e enregistrĂ©e est de 32 °C. Il pleut rĂ©guliĂšrement et toute l'annĂ©e, en cela le climat de Malmö tient plus du climat ocĂ©anique que continental. NĂ©anmoins, le printemps est gĂ©nĂ©ralement plus sec que l'automne qui est la saison la plus pluvieuse.

Relevé météorologique de Malmö
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
TempĂ©rature minimale moyenne (°C) −2 −2 −1 1 6 10 12 12 8 5 2 −1 4
TempĂ©rature moyenne (°C) 0 −1 2 5 11 14 16 16 12 8 4 1 7
Température maximale moyenne (°C) 1 1 4 8 15 18 20 20 15 11 6 3 10
Précipitations (mm) 69 38 58 36 41 58 69 74 71 79 69 74 701
Source : Le climat à Malmö (en °C et mm, moyennes mensuelles)Weatherbase: Historical Weather for Malmo, Sweden - Travel, Vacation and Reference Information

Vignoble

Présentation

Propriété viticole à Arild

Le vignoble est cantonnĂ© sur la cĂŽte sud, sur l'ile de Gotland, entre le 58e et le 57e parallĂšle, sur celle d'Öland, du 57,40 au 56,45} de latitude nord. Certaines vignes se rencontrent encore prĂšs du 59e parallĂšle[2].

Encépagement

Les variétés de raisin sont adaptées aux climats froids comme le Vidal, un cépage d'origine française résultat du croisement de vitis vinifera et de vitis riparia. ParticuliÚrement bien adapté au climat rigoureux, il est utilisé tant pour les vins de table, les vins blancs secs ou mousseux, les vendanges tardives ou les vins de glace. Mais certains vignobles utilisent des cépages qualitatifs tels que le Chardonnay, le Merlot ou le Cabernet Franc[2].

Cépages autorisés en SuÚde[6]

CĂ©pages blancs

CĂ©pages rouges

Méthodes culturales et réglementaires

Dans le cadre de l'union européenne, l'annexe III, point 1 c, du rÚglement n° 1493/1999 prévoit que les vignes de la SuÚde font partie de la zone viticole A. Ce qui l'autorise à produire des vins de table avec indication géographique[2].

Le phylloxéra ne pouvant survivre aux rigueur de l'hiver, les vignes sont franches de pied et comme les attaques du mildiou et de l'oïdium sont inexistantes, elles sont menées en culture biologique[2].

Vinification et Ă©levage

Vin de glace élaboré à base du cépage Vidal, vignoble de Blaxsta
Vignoble de Kullabygdens. Vin de table rouge Ă  base de Solaris

Comme le jour dure plus longtemps en SuÚde pendant la période végétative, les raisins sont exposés à plus de lumiÚre que la moyenne européenne. Cette particularité leur permet de murir complÚtement. La présence d'un taux de sucre important dans les baies des différents cépages donne des vins équilibrés en dépit des contraintes climatiques[2].

Terroir et vins

Le climat nordique n'étant pas favorable à l'obtention de grands crus, le vignoble produit des vins de table. Dans cette catégorie, les blancs offrent un bon équilibre entre sucre et acidité. La palette de leurs arÎmes s'étale des fleurs fraßches aux fruits mûrs avec des notes d'amandes et de vanille[2].

Certains producteurs Ă©laborent du vin de glace Ă  base du cĂ©page vidal. Cette variĂ©tĂ© rĂ©coltĂ©e Ă  pleine maturitĂ©, donne un vin gras et savoureux. Ses arĂŽmes caractĂ©ristiques sont le chĂšvrefeuille, la pĂȘche, la noisette et la poire. Ces vins ont Ă©tĂ© distinguĂ©s lors des concours internationaux, Ă  Londres en 2003, 2005 et 2007 ainsi qu'au Challenge du vin Ă  Bordeaux en 2005[2].

Structure des exploitations

Si la viticulture suĂ©doise possĂšde entre cinquante et cent vignobles qui produisent du vin familialement, seuls cinq domaines se sont lancĂ©s dans la commercialisation de leurs vins. Sont proposĂ©s sur le marchĂ©, depuis 1985, les mousseux d'Åkessons Ă©laborĂ©s Ă  base de cĂ©pages français. Les vins du domaine de Gutevin, sur l’üle de Gotland, qui sont commercialisĂ©s depuis 1997 ; ceux du domaine de Wannborga sur l’üle d’Öland, ainsi que les vins de Kullabygdens et du vignoble de Blaxsta[2].

Commercialisation

En 2006, la SuĂšde a mis sur le marchĂ© 92 000 bouteilles, pour une superficie dĂ©clarĂ©e de 12,5 hectares. Ces vins ne sont gĂ©nĂ©ralement vendus qu'Ă  la propriĂ©tĂ©[2].

Notes et références

Voir aussi

Lien externe

  • Anne-Françoise Hivert, « En SuĂšde, le vin doucement mais sĂ»rement », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne AccĂšs payant).
  • Anne-Françoise Hivert, « Le rĂ©chauffement climatique a transformĂ© la SuĂšde en terre viticole », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne AccĂšs payant).
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