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Vincent Moulia

Germain Moulia dit Vincent Moulia, né le à Nassiet (Landes) et mort le à Orthez, est un soldat français de la Première Guerre mondiale. Décoré et plusieurs fois blessé au combat, il est condamné à mort pour l'exemple pour la mutinerie au sein du 18e régiment d'infanterie de ligne en 1917 à Villers-sur-Fère. Il réussit à s'évader avant son exécution. Seul poilu à avoir réussi à s'évader après une condamnation à mort pour mutinerie[1] - [2], il se réfugie dans les Landes puis en Espagne. Amnistié en 1933, il ne rentrera en France qu'en 1936.

Vincent Moulia
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  96 ans)
Orthez
Nom de naissance
Germain Moulia
Nationalité
Activité
Autres informations
Conflit
Distinction

Biographie

Né le à Nassiet, un village des Landes, Germain (Vincent) Moulia a été mobilisé à Pau au 18e RI en 1914. Il a été blessé deux fois. Il a reçu la Croix de guerre en mai 1916 à Verdun et il est promu caporal.

En 1917, il prend part les 4 et aux combats pour la prise de Craonne lors de la bataille du Chemin des Dames. Vingt officiers et 824 hommes du 18e sont tués. Moulia est proposé pour une citation. Le régiment part alors en repos dans le Tardenois, à Villers-sur-Fère. Le , jour de la Pentecôte, il fait chaud et on boit beaucoup. Les esprits s'échauffent à la nouvelle que le 18e doit remonter en ligne à la place d'un autre régiment. Des troubles graves se produisent, on tire des coups de fusil en l'air, on défile avec tambour et clairon, on lance une grenade, on chante l'Internationale, on gifle un sous-lieutenant. Tout finit par rentrer dans l'ordre le lendemain soir.

Douze soldats sont pourtant traduits devant le conseil de guerre qui se tient Ă  Maizy (Aisne) le . Cinq condamnations Ă  mort sont prononcĂ©es contre le caporal Moulia et les soldats Cordonnier, Didier[3], Canel[4] et Lasplacettes[5]. Le caporal Crouau[6], citĂ© au dĂ©part, n'a pu ĂŞtre mis en cause. MalgrĂ© ses Ă©tats de service antĂ©rieurs, Moulia est reconnu comme les autres « coupable d'avoir participĂ© comme instigateur Ă  une rĂ©volte commise sous les armes Â», aggravĂ© du fait qu'il Ă©tait gradĂ©.

Durant la nuit qui précède l'exécution, interné avec les autres condamnés dans une réserve à betteraves[7] d'une ferme de Maizy, Moulia profite des suites d'un bombardement pour s'enfuir[8]. Il gagne Paris[5] puis descend sur son village natal de Nassiet où il se cache jusqu'en mai 1918. Sur le point d'être dénoncé, il passe alors en Espagne où sa fiancée le rejoint. Ils s'installent alors à San Sebastián, dans le Pays basque[5]. Il y passera 18 ans, n'en partant qu'en 1936 avec la guerre civile. Il prend alors un bateau à Bilbao pour rejoindre Bordeaux. Bien qu'amnistié depuis la loi du , il est arrêté et passe trois jours au fort du Hâ[5] avant de pouvoir rejoindre Nassiet.

En 1934, Le Crapouillot dans un numĂ©ro spĂ©cial sur les mutineries de la Grande Guerre, parle de Vincent Moulia[7]. Son nom est mentionnĂ© après la Seconde Guerre mondiale dans des ouvrages sur les mutineries de 1917 mais quelques fois de façon erronĂ©e. Ainsi en 1965, deux historiens indiquent qu'il a Ă©tĂ© fusillĂ©[7]. Le journaliste AndrĂ© Curculosse rĂ©unit les souvenirs de Vincent Moulia en 1968[7]. En 1978, paraĂ®t Vincent Moulia, les pelotons du gĂ©nĂ©ral PĂ©tain de Pierre Durand. L'annĂ©e suivante, mis en contact par AndrĂ© Curculosse, Alain Decaux se rend Ă  Nassiet en pour rencontrer Moulia. Il y Ă©coute aussi une bande enregistrĂ©e de plus d'une heure que son gendre lui avait fait enregistrer sur son rĂ©cit en 1970. Quelques jours plus tard, Decaux raconte son histoire dans son Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e Alain Decaux raconte et demande « Qui rendra sa Croix de guerre au caporal Moulia[7] ? ». Dès le , Michel Rocard, alors dĂ©putĂ© des Yvelines, pose une question Ă©crite au ministre de la DĂ©fense[9]. La rĂ©ponse est publiĂ©e au Journal officiel le [9]. Elle prĂ©cise que « l'instruction du dossier de M. Vincent Moulia fait apparaĂ®tre que l'intĂ©ressĂ© n'a juridiquement perdu ni son grade de caporal ni le droit au port de la Croix de guerre 1914-1918 »[9]. Le , Ă  Nassiet, il reçoit Ă  nouveau la Croix de guerre des mains d'un ancien combattant de 14-18[10].

En 1955, grâce à la pugnacité des anciens de son régiment, sa carte d'ancien combattant lui sera délivrée, mais son carnet militaire et ses décorations ne lui seront pas rendus.

Vincent Moulia meurt le [11], à 96 ans ; il est enterré à Orthez.

Il a longtemps eu le sentiment de trahison de la part de l'État français mais son honneur lui a finalement été rendu.

Notes et références

  1. Jean-Claude Raspiengeas, « Vincent Moulia, pour l’exemple » [html], sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).
  2. Agence France-Presse, « Le poilu Vincent Moulia, fugitif après une condamnation à mort en 1917 » [php], sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  3. Frédéric Mathieu, 14-18, les fusillés, Malakoff, Editions Sébirot, , 905 p. (ISBN 978-2-9532726-4-2), p. 322.
  4. Frédéric Mathieu 2013, p. 237,238,239.
  5. Jean-Claude Flament, 14-18 Etions-nous bien défendus?, Société des écrivains, (ISBN 978-2-342-02045-8, lire en ligne), p. 226 et 227.
  6. Ce nom attesté est écrit Cronau dans Pierre Durand.
  7. Alain Decaux Raconte : Vincent Moulia sur le site de l'INA.
  8. Des quatre autres condamnés, trois seront fusillés le lendemain de l'évasion de Moulia, Cordonnier sera gracié.
  9. Alain Decaux, C'Ă©tait le XXe siècle, t. 1, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 644), (1re Ă©d. 1996), 784 p., 19 cm (ISBN 978-2-262-06106-7 et 2-262-06106-8, OCLC 953091975, BNF 45067443, prĂ©sentation en ligne) [lire en ligne (page consultĂ©e le 24 juillet 2016)].
  10. « Sujet : L'histoire du caporal Vincent Moulia », sur pages14-18.mesdiscussions.net, 18 novembre 2007.
  11. Archives départementales des Landes, commune de Nassiet, année 1888, acte de naissance no 8, avec mention marginale de décès

Bibliographie

  • Pierre Durand, Vincent Moulia, les pelotons du gĂ©nĂ©ral PĂ©tain, Ramsay, (OCLC 609425639).
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