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Vert-Bois

Le quartier du Vert-Bois est un quartier important de la ville de Saint-Dizier, sous-préfecture du département de la Haute-Marne, et ville la plus peuplée de celui-ci.

Vert-Bois
Vert-Bois
Vue sur un immeuble HLM dans le quartier du Vert-Bois.
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Grand Est
DĂ©partement Haute-Marne
Ville Saint-Dizier
Code postal 52100
DĂ©mographie
Population 7 470 hab. (2013 [1])
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 38′ 31″ nord, 4° 59′ 14″ est
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : France
Voir sur la carte administrative de France
Vert-Bois

    Le Vert-Bois est un grand ensemble construit entre 1950 et 1970, dans lequel rĂ©sident un peu plus de 7 000 personnes, ce qui reprĂ©sente environ un tiers de la population de la commune (33 % en 2013), et aujourd'hui classĂ© quartier prioritaire.

    Sa superficie est de 160 hectares. Les habitants de ce quartier s'appellent de façon officieuse les vert-boisiens et vert-boisiennes.

    Rappels historiques sur les grands ensembles

    On définit généralement les grands ensembles comme des ensembles de logements collectifs, souvent en nombre important (plusieurs centaines à plusieurs milliers de logements), construits entre le milieu des années 1950 et le milieu des années 1970, marqués par un urbanisme de barres et de tours inspiré des préceptes de l'architecture moderne.

    Ces grands ensembles, dont plusieurs centaines ont été construits en France, ont permis un large accès au confort moderne (eau courante chaude et froide, chauffage central, équipements sanitaires, ascenseur…) pour les ouvriers des banlieues ouvrières, les habitants des habitats insalubres, les rapatriés d’Algérie et la main-d’œuvre des grandes industries[2].

    Ils se retrouvent fréquemment en crise sociale profonde à partir des années 1980, et sont, en France, l'une des raisons de la mise en place de ce qu'on appelle la politique de la ville.

    Ils sont généralement inspirés des préceptes de l'architecture moderne et se veulent une application directe de la Charte d'Athènes, publiée en 1943 par Le Corbusier[3].

    Contexte ayant abouti à la création du Vert-Bois

    • Ă€ la suite de la Seconde Guerre mondiale, le besoin de logements en Champagne-Ardenne est rĂ©el. L'invasion de 1940, l'Occupation, la LibĂ©ration, les combats qui ont eu lieu en Ă  proximitĂ© de ce qu'allait devenir le Lac du Der, ont entraĂ®nĂ© un grand nombre de destructions d'habitations. Il s'agit de reloger les familles qui n'ont plus de toit et de trouver une main d'Ĺ“uvre ouvrière amenuisĂ©e par la guerre[4].
    • La vie Ă©conomique de la rĂ©gion de Saint-Dizier dĂ©pend essentiellement de la mĂ©tallurgie, de la fonderie, de l'assemblage des aciers composĂ©s. Le bassin d'emploi, d'un rayon de 40 km autour de Saint-Dizier, englobe de nombreuses communes qui vivent du travail du fer et de la fonte (Bar-le-Duc, Joinville, Vitry-le-François, etc). La construction de nouveaux logements rĂ©pond Ă  la nĂ©cessitĂ© de loger tous les salariĂ©s des usines environnantes.
    • Dès 1956, et surtout Ă  partir de 1962, l'afflux de rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie incite les pouvoirs publics Ă  prĂ©voir leur relogement, mĂŞme temporaire.
    • Si de nombreux harkis ont subi un sort funèbre lors de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie, certains ont Ă©tĂ© accueillis Ă  la hâte en France. Le quartier du Vert-Bois, en 1965, Ă©tait le deuxième[5] plus grand espace de logements de Harkis en France après le "quartier des 4000" Ă  La Courneuve.
    • L'extension d'une base aĂ©rienne stratĂ©gique a aussi jouĂ© un rĂ´le dans la dĂ©cision de construire ce quartier. Le "Vert-Bois militaire", ainsi qu'il est appelĂ©, couvrait une surface particulière et notable du quartier.

    Construction du Vert-Bois : un urbanisme conçu comme rationnel et humain

    L'inauguration du quartier, alors appelĂ© « Saint-Dizier-le-Neuf », se dĂ©roule en 1953 et est menĂ© par Maurice Lemaire, Ministre de la Reconstruction [6]. Sur les plans des architectes, la totalitĂ© de la construction durera plus de 15 ans, le maĂ®tre de l'ouvrage Ă©tant l'OPHLM de la Haute-Marne. Il a Ă©tĂ© « portĂ© Â» par Edgard Pisani, alors prĂ©fet de la Haute-Marne, futur ministre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle et de François Mitterrand.

    En 1966, selon le dĂ©compte de la prĂ©fecture, le quartier du Vert-Bois (ou « CitĂ© du Vert-Bois Â») comptait 6 000 habitants, dont 3 200 d'origine mĂ©tropolitaine, 1 500 Nord-Africains et 1 300 rapatriĂ©s d'Afrique du nord.

    Rangées le long d'avenues rectilignes, les hautes tours du quartier du Vert-Bois montrent un urbanisme qui peut sembler froid, mais qui reste intéressant, dans la ligne des idées de Le Corbusier, post École de Weimar / Bauhaus, perspectives claires et précises. Ces immeubles coexisteront avec un certain nombre de propriétés individuelles, témoignant d'une mixité sociale qui, toutefois aura tendance à disparaître. Pendant que les premières constructions seront au fil du temps habitées par des familles modestes (type Lopofa - Logements Populaires et Familiaux), les tours et barres qui seront érigées plus tard accueilleront jusque dans les années 1980 des classes plus aisées. Un immeuble sera même la propriété de l'Éducation Nationale et proposera ainsi ses logements aux enseignants. Ainsi, tout le temps qu'existeront les deux collèges du quartier, ces derniers accueilleront une population variée, loin de l'image caricaturale de "ghetto" entretenue à l'extérieur. Il est à noter que, construit à deux kilomètres du centre-ville, le quartier est tenu à l'écart du reste de la cité bragarde.

    Initialement l'habitat ainsi proposé représentait un immense progrès face aux normes en vigueur et au manque cruel de logements auquel l'époque était confrontée (salles de bain dans chaque appartement, cuisine équipée, chambres séparées, personnel chargé de l'entretien des parties communes, lumière, espaces verts, aménagements urbains toujours fleuris, fontaines, allées piétonnes dallées, ce que montrent les photos ou films d'époque). Le réseau social, par ailleurs, a toujours été dense et solide: MJC, plus tard un centre social, piscine (détruite en 2004), activités sportives, troupes scoutes, autour des églises Sainte-Thérèse et des Ailes, les Éclaireurs de France, le Parti Socialiste y aura même son local. En outre, le quartier jouit de nombreux points de commerces de proximité répartis sur trois zones: la Cornée Renard , le "Petit Centre" et le "Centre" ainsi appelés par les locaux. Ce dernier a notamment vu l'ouverture d'un Novéco (filiale Monoprix) dans les années 1970, des boutiques de vêtements (dont "Rémy" - aujourd'hui au centre-ville - et considéré comme un établissement relativement chic), un Bazar ("Le Bazar du Chevreuil"), un bar ("La Choppe") etc.

    Au fil des annĂ©es, Ă  l'image de l'ensemble de la ville, la population du quartier s'est rĂ©duite, mais sans doute de façon plus importante. En effet, les fermetures du collège Louis Pergaud (dĂ©truit en 2007) puis de l'Ă©cole Brossolette (dĂ©truite en 2012), la destruction progressive de nombreux immeubles hors d'âge et/ou dĂ©peuplĂ©s (voir ci-dessous) tĂ©moignent de ce phĂ©nomène. La construction de nouveaux logements sociaux dits « Ă  taille humaine Â» hors du quartier et de la ville accompagne cet exode.

    Mais l'important déclin industriel de la ville et l'absence d'une véritable structure d'enseignement post-baccalauréat a précipité la chute des effectifs de population. Logeant la part la plus importante de la population ouvrière, le Vert-Bois a fortement et durablement subi ce déclin d'habitants.

    Les immeubles du quartier portent les noms de départements, de montagnes ou de fleuves français, ainsi que de noms tirés de la mythologie ou de personnalité qui ont marqué l'histoire (même si les habitants les plus anciens les appellent toujours par leurs chiffres originels). Face à l'effondrement démographique du quartier, la destruction des immeubles s'est accélérée depuis les années 2010. En voici la liste :

    • Achille
    • Agora (anciennement ILM Central) dĂ©truit en 2016
    • AlizĂ© (anciennement 73)
    • Ain (dĂ©truit)
    • Allier (dĂ©truit)
    • Alpes (anciennement no 42 bis) dĂ©truit en 2005
    • Andes (anciennement no 60) dĂ©truit en 2007
    • Andelle
    • Antilles (Anciennement no 2)
    • Ardennes
    • Armor
    • Atalante
    • Aujon
    • Bise (anciennement no 74)
    • Blaise
    • Bruxenelle
    • Canaries
    • Comores
    • Cap Vert
    • CĂ©rès (Anciennement no 9) dĂ©truit en 2017
    • Creuse
    • Dampierre
    • Diane
    • Dordogne (Anciennement no 36) dĂ©truit en 2003-2004
    • Hector
    • HĂ©ronne
    • Electre
    • Erdre
    • Esterel
    • Eure
    • Fidji (Anciennement no 1) dĂ©truit en 2021
    • Forum (rebaptisĂ© Villa Verde)
    • Garonne
    • Gentiane (anciennement no 36 ter) dĂ©truit en 2019
    • Gers (dĂ©truit en 2008)
    • Gironde (anciennement no 36 bis) dĂ©truit en 2003-2004
    • Indre
    • Jason
    • Junon
    • Jura (anciennement 62 dĂ©truit)
    • Liez
    • Loire (dĂ©truit)
    • LoyautĂ©
    • Maldives (anciennement no 7)
    • Meuse (anciennement no 12)
    • Minerve (dĂ©truit)
    • Miquelon (dĂ©truit en 2021)
    • Mistral
    • Mousson (anciennement no 72) dĂ©truit en 2012
    • Morvan
    • Oise (anciennement no 24) dĂ©truit en 2018
    • Oreste
    • Orne
    • PosĂ©idon
    • PyrĂ©nĂ©es (anciennement no 42) dĂ©truit en 2005
    • RĂ©union (dĂ©truit en 2021)
    • Rhin (dĂ©truit en 2010)
    • RhĂ´ne (dĂ©truit en 2010)
    • Reynel
    • Samoa (dĂ©truit en 2021)
    • Salomon (Anciennement no 45) dĂ©truit en 2018
    • Sartor (dĂ©truit en 1995)
    • Sarthe (dĂ©truit en 2008)
    • Simoun (dĂ©truit en 2012)
    • Somme (Anciennement no 27) dĂ©truit en 2019
    • Suize (dĂ©truit en 2004)
    • Samoa (dĂ©truit en 2021)
    • Tarn
    • Tramontagne
    • La tour Bucil (inaugurĂ©e par Edgar Pisani en 1959 et dĂ©truite en 2009)
    • Le Vert-Bois militaire (ensemble d'immeubles Ă  l'origine rĂ©servĂ©s aux militaires de la Base 113) barres dĂ©truites en 2007-2008
    • Victor Hugo
    • Vienne
    • Vingeanne
    • Vivarais
    • Voire
    • Vulcain (anciennement no 75) dĂ©truit en 2021

    Crise et Ă©volution

    À l'instar d'autres villes du nord-est de la France, la ville de Saint-Dizier, comme le bassin dans lequel elle se trouve, a subi les différentes périodes de démantèlement industriel. D'abord les hauts-fourneaux, le textile (c'est à Saint-Dizier que l'ancienne Bonneterie Devanlay, délocalisée en Tunisie en 2000, produisait les polos Lacoste), puis l'industrie. La « Haute-Marne, qui possède un des derniers tronçons ferroviaires non électrifiés de France »[7] finit d'être enclavée. Le Vert-Bois a évolué en même temps que ces effondrements, les reflétant d'autant qu'il comptait nombre des acteurs concernés[8].

    Aujourd'hui la mixité n'est plus ce qu'elle fut. Les commerces d'hier se sont fermés les uns après les autres. D'autres leur ont succédé, continuant d'offrir aux habitants un service de proximité, essentiellement en produits alimentaires. Reste l'incontournable et très prisé "Marché de Vert-Bois", institution dominicale depuis des décennies qui draine même une clientèle extérieure à la ville.

    Mauvaise réputation et heurts de 2007

    La mauvaise réputation qui colle à l'image du quartier depuis toujours a entretenu bien des fantasmes au cours du temps. Mais en 2007, une poignée d'individus a donné du grain à moudre à ses détracteurs. En effet, de violents heurts et d'importantes dégradations (dont l'incendie du rez-de-chaussée de la MJC) ont eu lieu. Alors classé en zone urbaine sensible, le Vert-Bois connaissait pour l'unique fois de son histoire des événements alors observés seulement dans les grands ensembles de la banlieue parisienne[9].

    « Mutation Â» du Vert-Bois aux XXe et XIXe siècles

    Depuis une quinzaine d'années, la municipalité de Saint-Dizier revendique sa volonté d'insérer le quartier du Vert-Bois au reste de la ville. La fin de la coupure routière (les deux anciens ponts de la RN 4 ont été détruits) restant symbolique.

    Ajoutée à la baisse de la population, la vétusté des habitations a accéléré la destruction de nombreux immeubles. De nouvelles habitations du parc HLM s'étendent désormais sur cinq autres communes (Bettancourt- la-Ferrée, Chancenay, Humbécourt, Valcourt et Brousseval). Cela en plus de celles qui ont déjà vu le jour hors du quartier, notamment depuis que L'Effort Rémois (devenu depuis Plurial Novilia) est devenu le deuxième bailleur de logements sociaux avec l'OPH[10]. L'accès à la location sociale déconcentrée demeure une véritable occasion de se rapprocher, voire d'intégrer le cœur de la ville. Dans le même temps, cela a pour effet de concentrer dans le quartier une population très homogène pour laquelle ce mouvement n'est pas possible. Ce constat vaut surtout pour les emplacements du Vert-Bois des premières constructions, puisque de récents locaux d'habitation ont été réalisés, outre « Les Terrasses » en lieu et place de l'ancienne tour Bucil, aux frontières du quartier.

    Quelques événements

    Si en sa qualité de quartier populaire péri-urbain le Vert-Bois n'a pas pu profiter d'une offre de spectacles comparable à celle du reste de la ville, quelques événements ont cependant marqué ses habitants :

    • vingt ans avant le concert bragard du , Johnny Hallyday se produit au Vert-Bois, sous chapiteau, Ă  l'endroit nommĂ© "Le Foirail" (place comprise aujourd'hui entre le LycĂ©e Saint-ExupĂ©ry et la "Maison de l'Orme DorĂ©"). Ce concert a lieu le et prĂ©sente le groupe Ange en première partie. Ce mĂŞme Foirail qui sera durant des dĂ©cennies le lieu d'accueil de grands cirques ;
    • durant la "FĂŞte de la Jeunesse" de la mĂŞme annĂ©e, la MJC du Vert-Bois rĂ©ussit Ă  inviter en son sein le trio de rappeurs belges Benny B, alors au faĂ®te de leur popularitĂ© ;
    • le , l'Ă©tape Charleville-MĂ©zières / Saint-Dizier du Tour de France[11] voit arriver les coureurs au bout de la rue LĂ©on Blum, aussi mĂ©connaissable que la rue Jean Camus remplie d'innombrables vĂ©hicules de toutes sortes. Laurent Fignon, Raymond Poulidor, Bernard Hinault, Laurent Jalabert sont notamment prĂ©sents.

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

    Bibliographie

    • Danièle Barbier et Marc Barbier, Saint-Dizier et ses environs, JouĂ©-lès-Tours, A. Sutton, , 127 p. (ISBN 2-84253-429-8).
    • RĂ©gis Pierret, Les filles et fils de harkis : entre double rejet et triple appartenance, Paris, l'Harmattan, , 303 p. (ISBN 978-2-296-06758-5, lire en ligne).

    Notes et références

    1. Population du quartier du Vert-Bois, sig.ville.gouv.fr, consulté le .
    2. « Les Grands Ensembles », C'est la faute à Le Corbusier,‎ (lire en ligne, consulté le )
    3. « Le Corbusier, inspirateur des grands ensembles… et des écoquartiers français ? », Modes de vivre,‎ (lire en ligne, consulté le )
    4. « Le duel : lac du Der ou lac d’Orient », lest-eclair.fr,‎ publié le 09/08/2018 (lire en ligne, consulté le )
    5. Pierret 2008.
    6. (en-US) « Saint-Dizier dans les actualités françaises 1953 Maurice Lemaire ministre de la reconstruction inaugure Saint-Dizier le neuf - vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le )
    7. « Reportage. À l’écoute d’une crise sociale «  à bas bruit  » », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
    8. Dans le cadre de l'Ă©lectrification Est-Paris, les 18 km de Saint-Dizier Ă  Blesme - HaussignĂ©mont ont Ă©tĂ© Ă©lectrifiĂ©s le 27 septembre 1961, soit moins d'un an avant le tronçon de Château-Thierry Ă  Paris
    9. « Tout savoir sur les incidents au Vert-Bois », 20minutes.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
    10. « Quartier du Vert Bois - Saint-Dizier (52100) »
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