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Vellaves

Peuple Gaulois du Massif Central, dans l'actuelle Haute-Loire en Auvergne

Les Vellaves
Description de cette image, également commentée ci-après
Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César. Tableau de Lionel Royer (1899), Défaite de l'union des peuples Gaulois face à l'empire Romain.
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Les Vellauni ou Vellaune, en latin Vellavi ou Vellavii, en français Vellaves, formaient un peuple gaulois, dont le territoire se situait en Gaule Celtique, au Sud-Est du Massif central, et correspond à l'ancienne province du Velay[1]

Ils ont été les premiers Gaulois à accepter de se fédérer autour de Vercingétorix, dans le cadre d'une révolte contre les forces romaines de Jules César.

Étymologies

Leur nom signifierait « montagnards », ou « ceux qui dominent » (*uelna-mon, chef[2]), ou « ceux d'en haut » dominateurs, orgueilleux, « les meilleurs » (*wer-lo[3])[4] et que Jules César qualifie de « batailleurs ». Ils font partie de la Confédération des Arvernes (« Velauni qui sub imperio Arvernorum esse consueverant » écrit César), mais on retrouve des traces de cette tribu ou peuple :

- dans l'ancienne province du Velay, aujourd'hui intégré dans le département de la Haute-Loire ;
en Bourgogne, autour de la vallée de la Saône, et dans l'Orléanais (oppidum de Vellaunodunum, puis en latin Fano Martis : Montargis) ;
– parmi les Celto-Ligures des Alpes : Briançonnet (06), Saint-Vallier (06) et l'Esteron[5]. Ils sont un des peuples mentionnés sur le Trophée des Alpes (VELAVNI).
– en Slovaquie.

Peut-être sont-ils apparentés aux Catuvellauni[6] (Catu-vellauni : « les Chefs-de-bataille »[7]) ?

Hypothèses ethnologiques et influences[8]

N'ayant laissé aucune trace écrite, il est difficile de connaître l'origine, l'histoire, le cheminement, la répartition de ce peuple. On ne peut qu'émettre des hypothèses sur leur lointain passé, et il n'est pas rare de voir des "spécialistes" se contredire à ce sujet. Ainsi, certains les rapprochent des Ligures, d'autres affirment qu'il ne faut pas confondre ces deux peuples.

Comme tous les peuples européens, les Vellauni sont sans doute formés de l'intégration de gens d'origines variées (peuplades préhistoriques peut-être, peuples indo-européens celtes et germains…), mêlant les apports culturels de chacun, sans doute gardant une certaine proportionnalité avec le nombre d'individus intégrés à la population autochtone.

Avant et pendant l'Antiquité, le terme vellave ou vellaune recouvre cependant une large zone géographique :

« Si nous remontons jusqu'à l'époque ligure, les Vellaunes sont alors une des peuplades primitives de la ‘Gaule' ; ils occupent encore, à l'époque du géographe grec Ptolémée, le territoire limité au nord par le Forez et le Lyonnais, à l'est par l'Helvie, au sud par le Languedoc et la région d'Auch, englobant ainsi les pagi des Cadurques, des Rutènes et des Gabales. À l'ouest, ils se confondent avec les ArvernesStrabon parle des Vellaunes, qui à l'origine ne formait qu'un seul peuple avec les Arvernes : 'Velauni, qui olim Arvernis adscibebantur'. Entre le Lyonnais, qui faisait alors partie du peuple ségusiave, et l'Hélvie, qui suivait la fortune des Allobroges, les Vellaunes peuplaient encore la région d'Argental, le Valentinois, le Royans, le Vercors, l'Oisans, la Tarentaise. Une de ces peuplades des Alpes a également gardé le nom de Vellauni[9]>. »

L'origine ligure des Vellaunes et leur extension territoriale sont encore attestées par « la persistance des noms ligures dans le pays : ‘la toponymie des noms de lieu, écrit Gimon, tend de plus en plus à prouver que la plupart de nos localités, sources, rivières et montagnes portent des noms à radicaux ligures[10][10]… .' » « La région où les radicaux ligures sont particulièrement abondants s'étend des Alpes-Maritimes et du Var (pays des Vellaunes) jusqu'aux Hautes-Alpes, à la Drôme, au Velay, au Languedoc[11]… »

Déchelette et Gimon insiste sur les différences culturelles de ces régions ligures par rapport à celles du reste de la Gaule : « le mode de sépulture n'est pas le même, l'industrie diffère totalement, l'art se rapproche de l'art italien ou sicilien et se différencie nettement de l'art celte. »

Les arverno-vellaunes seraient donc un groupe ligure différencié des sicules (siciliens et apuliens) et des elésyques (Provence et Languedoc), et eux-mêmes « subdivisés en arvernes, vellaves, rutènes, gabales, cadurques, valentinois »[12].

« Si les Arvernes, Rutènes, Gabales, Cadurques, Vellaves et Séguso-Vellaves, et les Vélaunes alpins firent partie à l'époque ligure du même peuple arverno-vellaunes, il y avait longtemps, lorsque César envahit la Gaule, que chacun de ces peuples formait un pagus bien distinct »[13] quoique liés devant le danger en une « Confédération arverne ».

Après la défaite du roi Bituit, régnant en Arvernie, contre les romains lors de la "Bataille du confluent", la « confédération des Arvernes fut réduite à ses éléments de la rive droite du Rhône et comprit encore les Cadurques, Ruthènes, Gabales, Arvernes et Vellaves »[14]. À l'époque romaine, « la population … était presque entièrement ligure ou gauloise, l'élément romain y étant resté insignifiant »[15].

« Quant à l'apport barbare (des grandes invasions), francs, burgondes, alamans, on peut le considérer comme à peu près nul en Velay (Grégoire de Tours et Fustel, II, 455)[15] », mais pas totalement :

Après celle du IIIe siècle, les Vandales font une seconde irruption en Velay en 406, commandés par leur roi Crocus, et « renforcés de Suèves, d'Alains et de Burgondes. Une bande de ces derniers resta, semble-t-il, dans le pays. Elle a laissé son nom à Vergongeon, qui est nommé en 1220 ‘villa de Burgondione' et que nos paysans appellent encore en patois Bourgoundzu ; elle l'a laissé également à Vergonges, Vergongeac » et à quelques familles[16] tel « Raymond Burgondion, sergent d'armes du Puy en 1373 (Monicat, les grandes compagnies en Velay, p132) ou Jean et Jacques Bourgonhon en 1562 (Terrier de Saint Didier)[17] ».

Puis en 532, les fils de Clovis envahissent l'Auvergne et le Velay. Bien que « l'invasion franque, qui dans le Nord eut une influence plus profonde, n'en eut aucune dans nos régions, ainsi que le constate Jullian, citant Grégoire de Tours et ses contemporains »[15], cependant « ils séjournèrent quelque temps en Velay et en Brivadois » et y laissent quelques prénoms francs qui « sont devenus, plus tard, noms de famille (Adalbert, Adalard et surtout Baldo). L'étude de l'origine des noms de lieu vellaves permet même de se demander si les francs saliens, en se fixant sur notre sol, n'amenèrent pas avec eux d'autres barbares. Nous trouvons en effet, près d'Yssingeaux, un bourg d'Amavis, dont le nom nous vient des Chamaves, peuple franc différent des saliens[18]. »

Albert Boudon signale encore une influence vasconne :

En 613, Clotaire II reconstitue le royaume franc de Clovis que se partageaient son père et ses oncles. Puis il cède à l'un de ses fils cadets, Caribert II, l'Aquitaine, vite étendue pour recouvrir le Toulousain, l'Angoumois, le Périgord, le Quercy, le Rouergue, le Gévaudan, l'Auvergne et le Velay.

Eudes, petit-fils de Caribert II d'après la charte d'Alaon (un faux du XVIIe siècle) et duc d'Aquitaine selon la branche aînée des mérovingiens mais roi d'Aquitaine pour son peuple, Hunold fils d'Eude, Waïfre fils d'Hunold, ne cessent, grâce à la fidélité des populations de leur province, de défendre l'Aquitaine contre la double poussée des Wisigoths puis des Sarrasins au Sud, et au Nord des mérovingiens, bientôt remplacée dans leur désir d'expansion par la nouvelle dynastie régnante, les carolingiens.
Est-ce à la suite de l'alliance des Vascons et des Aquitains dans leur combat contre les Wisigoths et les carolingiens ? ou par les conquêtes de leur roi Yon ? ou par simple commerce que des Vascons s'établirent en Velay ? Toujours est-il qu'ils « laissèrent quelques noms de familles (Bayon et Touron, que l'on retrouve à la fois au Pays Basque et à Saint Didier-la-Séauve et Monistrol, Charre à Saint-Clément et Borrée, Charret à Saint-Pal-de-Chalencon) et de plus rares noms de terroir (Garay) [19] ».

Chef-lieu

Avant qu'elle ne soit transférée au Puy-en-Velay, qui constitue de tous temps la ville autour de laquelle s'articule le pays vellave, la capitale des Vellaves est RO-ESSION, Ruessio ou Revessio (signifiant « bien située » ou « très froide » selon les sources ; Saint-Paulien). Ruessio est mentionnée dans la Géographie de Ptolémée et sur la table de Peutinger (Revessione), appelée Ruessium, Civitas Vellavorum puis Civitas Vetula (Vieille Cité) par les Romains. La veuve de l'empereur romain Dèce (+ 251), Étruscille, s'est peut-être établie à Ruessium.
La ville prend le nom de Saint-Paulien au début du VIe siècle en l'honneur de Paulianus (fêté le ), dernier évêque de la cité (IVe siècle).
Puis l'évêché est transféré au Puy-en-Velay (Anicium ou Podium Aniciense, qui prend à son tour le nom de Civitas Vellavorum). Le premier évêque, envoyé par l'évêque de Clermont, est saint Evodius ou Evode ou Vosy ou Vouzy (d'une famille consulaire d'Auvergne), qui assiste au concile de Valence en 374 ; en 1711 on découvre un reliquaire d'époque carolingienne sur lequel était écrit : « Hic requiescit corpus sancti Euodii primi ecclesiae Aniciensis praesulis ».

La commune est nommée Vélaune de pluviôse an II à germinal an III, c'est-à-dire de à (Roger Maurin).

Noms de formation comparable

Un pays de Bretagne le Goëlo (et plus particulièrement la commune de Lanvollon) est le territoire (« Vellavensis pagus ») de la tribu des Vellavii qui fait partie de la confédération des Osismiens.

Un Mercure gallo-romain, vénéré dans l'Isère, a pour nom Vellaunus.

Sources et références

  1. (fr) « Vellaves », sur arbre-celtique.com (consulté en )
  2. Delamarre, Xavier, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, , 311 p., p. 109-110.
  3. (en) John T. Koch, Celtic culture: a historical encyclopedia, vol. 1, p. 357.
  4. [Lacroix 20073] Jacques Lacroix, Les noms d'origine gauloise : la Gaule des Dieux, Errance, , 286 p. (présentation en ligne).
  5. [Bretaudeau 1996] Georges Bretaudeau, Les Enceintes des Alpes-Maritimes, Institut de préhistoire et d'archéologie Alpes-Méditerranée, , 589 p. (ISBN 978-2-9508373-1-8).
  6. [Durand 1876] Vincent Durand, « De la véritable situation du Tractus Rodunensis & Alaudorum mentionné dans la Notice des dignités de l'Empire », Recueil de mémoires et documents sur le Forez, t. 3, , p. 158-173 (lire en ligne [sur gallica], consulté en ).
  7. [Delamarre 2019] Xavier Delamarre, Une Généalogie des mots, Errance, , 231 p. (ISBN 978-2-87772-634-4), p. 22.
  8. Histoire du Velay de Albert Boudon-Lashermes, tome sur « les vigueries carolingiennes dans le diocèse du Puy » (les pages se réfèrent à l'édition de 1930 chez Thouars (Deux-Sèvres), imprimerie Nouvelle
  9. Boudon-Lashermes 1930, p. 53.
  10. Boudon-Lashermes 1930, p. 54.
  11. Boudon-Lashermes 1930, p. 55.
  12. Boudon-Lashermes 1930, p. 56.
  13. Boudon-Lashermes 1930, p. 76.
  14. Boudon-Lashermes 1930, p. 67.
  15. Boudon-Lashermes 1930, p. 80.
  16. Boudon-Lashermes 1930, p. 97.
  17. Boudon-Lashermes 1930, p. 97, note 6.
  18. Boudon-Lashermes 1930, p. 109-110.
  19. Longnon, II, 331. Cité dans Boudon-Lashermes 1930, p. 114.

Bibliographie

  • [Baret 2022] Florian Baret, Origines de la ville dans le Massif Central. Les agglomérations antiques, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, coll. « Villes et Territoires », (ISBN 978-2-86906-804-9)
  • [Rémy 1995] Bernard Rémy, Inscriptions latines d'Aquitaine.– Vellaves, Paris, de Boccard, , 54 ill., 162.
  • [Boudon-Lashermes 1930] Albert Boudon-Lashermes, Histoire du Velay, Les vigueries carolingiennes dans le diocèse du Puy, Thouars (Deux-Sèvres), imprimerie Nouvelle, , sur _ _ _.
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