Accueil🇫🇷Chercher

Valérie D'Acremont

Valérie D'Acremont ou d'Acremont ou D'Acremont Genton (née à Nantes en 1971) est une médecin et épidémiologiste suisse et française, spécialiste en infectiologie et médecine tropicale, professeure à l'Université de Lausanne et militante pour le climat.

Valérie D'Acremont
Autres informations
A travaillé pour
Institut tropical et de santé publique suisse (depuis )
Unisanté (d) (depuis )
Organisation mondiale de la santé (-)
Ifakara Health Institute (en) (-)
Centre hospitalier universitaire vaudois (-)
Université de Lausanne (-)
Site web
Distinction
Prix Pfizer ()

Enfance et Ă©tudes

Valérie D’Acremont est née à Nantes d’un père français et d’une mère néerlandaise, elle grandit à Saint-Nazaire[1]. Valérie D’Acremont dit être issue d’une tradition « humaniste catholique » héritée d’un grand-père directeur des Ateliers et chantiers de Normandie à Rouen[Note 1], qui aurait eu « des valeurs proches des ouvriers, inhabituelles pour l’époque ». Valérie D’Acremont a neuf ans quand sa famille s’installe en Suisse, à Blonay, son père quittant les Chantiers navals pour travailler aux Ateliers mécaniques de Vevey[2] - [1].

Elle fait ses études à Lausanne au gymnase du Bugnon, puis à l'Université de Lausanne où elle obtient un diplôme de médecin en 1995, spécialisée en médecine générale puis en maladies infectieuses[3].

Carrière professionnelle

Valérie D’Acremont est nommée cheffe de clinique à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne en 2003. Elle est responsable ad interim du système de santé pour les requérants d’asile dans le canton de Vaud en 2004-2005[3].

Elle obtient en 2006 un master de médecine tropicale à Londres, et se spécialise dans les maladies infectieuses. Elle travaille de 2006 à 2009 comme chercheuse et épidémiologiste à l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) à Bâle, vit durant trois ans en Tanzanie, et obtient le titre de spécialiste en « médecine tropicale et des voyages » en 2009[3].

ValĂ©rie D’Acremont dĂ©marre en 2006 un doctorat en Ă©pidĂ©miologie Ă  Dar es Salaam en Tanzanie[2]. Son doctorat obtenu en 2010 porte sur le diagnostique de la malaria en Tanzanie. Elle devient cheffe de groupe de recherche au Swiss TPH Ă  Bâle et responsable adjointe du Centre de vaccination et mĂ©decine des voyages Ă  Lausanne. De 2010 Ă  2013, elle travaille aussi pour l’OMS (manuel opĂ©rationnel inter-agences sur le diagnostic de la malaria, organisation d’un examen global des donnĂ©es scientifiques et des pratiques avec des spĂ©cialistes de 27 institutions). En 2014 elle devient mĂ©decin adjointe Ă  la Policlinique mĂ©dicale universitaire de Lausanne[3].

Ses recherches ont contribuĂ© Ă  amĂ©liorer la prise en charge de patients vivant dans ou venant de pays Ă  ressources limitĂ©es. Elle a utilisĂ© et fait connaĂ®tre largement des algorithmes d’aide Ă  la dĂ©cision clinique permettant de rĂ©duire fortement l’utilisation d’antibiotiques (et donc l’extension de l’antibiorĂ©sistance), tout en veillant Ă  l’impact de ces mĂ©thodes sur l’environnement et la cybersĂ©curitĂ©. En Tanzanie, des tests rapides pour la malaria ont conduit Ă  une Ă©norme diminution de l’administration d’antipaludiques. Puis un guide clinique interactif sur tablette Ă  permis de « rĂ©duire de 95% Ă  11% la prescription d’antibiotiques chez les enfants et contribuĂ©, en parallèle, Ă  amĂ©liorer leur guĂ©rison ». Les rĂ©sultats impressionnent et intĂ©ressent la Fondation Bill-et-Melinda-Gates (qui octroie 2,8 millions de francs pour 2017-2019), puis la Fondation Botnar (en) de Bâle (7 millions pour 2019-2023)[2].

Ses recherches visent d’une part à améliorer les compétences cliniques des soignants qui utilisent ces algorithmes, d'autre part à utiliser les données cliniques fournies par les tablettes pour permettre une surveillance en temps réel des maladies, afin d’agir rapidement en cas de flambée épidémique[3].

Elle est professeure associée à l’Université de Lausanne dès 2017, professeure ordinaire dès 2022, et responsable du secteur « Santé globale et environnementale » au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté). Dans ce cadre elle soutient la délégation de compétence aux soignants non médecins et développe des stratégies de dépistage communautaire (p.e. concernant les Latino-américains confrontés à la maladie de Chagas)[3].

Elle met sur pied en 2021 dans le contexte du COVID la plateforme CoronaCheck qui, sur la base des symptômes et de l’état de santé, permet à chaque personne d’évaluer son risque de développer la maladie. Traduit en dix langues, cet outil est consulté par un million de personnes à travers le monde en quelques mois[1].

En janvier 2023, un colloque d’Unisanté revient sur les thèses ayant entouré l’épidémie de COVID. Les experts ont confirmé des éléments considérés jusque-là comme « complotistes » et ils ont critiqué une couverture médiatique trop « anxiogène ». Valérie D’Acremont a traité de l’espérance de vie, elle a « rappelé que le Covid n’est qu’une petite partie d’un ensemble de maladies affectant la santé, parfois plus gravement. (…) le tabagisme, par exemple, a un impact quatre fois supérieur au Covid sur la mortalité, et ce chaque année »[4].

Publications

Collaborations

SĂ©lection arbitraire de quelques articles parmi un grand nombre de collaborations scientifiques.

  • (en) « Scoping future outbreaks : a scoping review on the outbreak prediction of the WHO Blueprint list of priority diseases », BMJ global health, Londres, vol. 6, no 9,‎ , p. 1-13 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « Performance of Health Workers Using an Electronic Algorithm for the Management of Childhood Illness in Tanzania : A Pilot Implementation Study », The American journal of tropical medicine and hygiene, vol. 96, no 1,‎ , p. 249-257 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Blaise Genton et ValĂ©rie D’Acremont, « Standby emergency treatment of malaria in travellers (SBET) : So Be Eager to Test », Journal of travel medicine, Oxford University Press, vol. 24, no 5,‎ , p. 1-2 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « Beyond Malaria : Causes of Fever in Outpatient Tanzanian Children », New England Journal of Medecine, vol. 370,‎ , p. 809-817 (lire en ligne, consultĂ© le ) – Pfizer Research Prize 2015
  • (en) « Reduction of anti-malarial consumption after rapid diagnostic tests implementation in Dar es Salaam sous-titre= a before-after and cluster randomized controlled study », Malaria journal, vol. 10, no 1,‎ , p. 1-15 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • « Tests diagnostiques rapides (TDR) : la panacĂ©e pour le praticien ? », Revue mĂ©dicale suisse,‎
  • (en) « Malaria Chemoprophylaxis : What Do the Travelers Choose, and How Does Pretravel Consultation Influence Their Final Decision », The American journal of tropical medicine and hygiene, vol. 77, no 6,‎ , p. 1010-1014

Engagements

Engagée avec Greenpeace dès 2015, elle est aussi membre du groupe de soignants «Engagés pour la santé » (pour un système de santé équitable et respectueux de l’environnement)[5].

Face au dĂ©fi posĂ© par le changement climatique, ValĂ©rie D’Acremont s’engage dans le mouvement Extinction Rebellion et participe Ă  plusieurs actions de dĂ©sobĂ©issance civile[1]. Le , un sit-in bloque la rue Centrale Ă  Lausanne pour alerter la population Ă  l’urgence climatique. ValĂ©rie D’Acremont et son mari Blaise Genton font partie de la dizaine de personnes arrĂŞtĂ©es puis condamnĂ©es par la justice en fĂ©vrier, puis Ă  nouveau en appel en septembre 2022[6] - [7]. Elle est co-fondatrice du groupe « Doctors4XR » (Doctors for Extinction Rebellion) qui a lancĂ© un Appel international signĂ© par plus de 1 000 professionnels de la santĂ©. Lors d’une manifestation le Ă  Genève, l’Appel a Ă©tĂ© lu par ValĂ©rie D’Acremont et remis au directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus[5] - [8].

À la suite du premier procès de l'action Extinction Rebellion à Lausanne, Valérie D’Acremont publie un article dans la Revue médicale suisse, intitulé M’engager pour le climat, parce que c’est un devoir[9]. Extraits : « On est donc entrés dans l’ère des pandémies » ; « Les médias de chez nous qui m’interviewent sur le Covid-19 refusent systématiquement mes propositions de plutôt parler du problème global des effets du climat et de la biodiversité sur la santé. Même mes phrases explicatives sur les causes-racines de cette pandémie sont coupées après coup dans les articles ».

En 2021, ValĂ©rie D’Acremont est Ă©lue au conseil communal lausannois, avec Les Verts. Ayant Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©e pendant le COVID, elle est très bien Ă©lue, en quatrième position chez les Verts avec 8 090 voix. Entre autres thèmes, elle veut promouvoir les assemblĂ©es citoyennes et poser la question du choix du système de santĂ©, qui devrait dĂ©velopper la prĂ©vention et la santĂ© publique[1].

La Marche Bleue.

Avec trois autres personnalités féminines suisses (Irène Wettstein, Julia Steinberger, Bastienne Joerchel), Valérie D’Acremont organise en 2023 une « Marche Bleue » pour le climat, de Genève à Berne, réunissant plusieurs centaines de personnes durant trois semaines[5] - [10]. Elle affirme : « Faire du changement climatique un problème purement politique est une grave erreur. Il s’agit de faits, pas d’opinions, comme voudraient le faire croire les climatosceptiques »[11].

« Parfois, je me demande quel est le sens de mon métier, au vu de la catastrophe climatique en cours. On a tendance à continuer à foncer tête baissée dans notre routine quotidienne. Marcher, c’est prendre le temps de s’arrêter et de réfléchir »[5]

Famille

Valérie D’Acremont est mariée deux fois, en second avec le médecin et professeur de médecine tropicale Blaise Genton. Elle a trois enfants (elle est enceinte du troisième au moment de débuter son travail de doctorat à Dar es Salaam en 2006 les aînés sont pris en charge par son mari et son ex-mari durant les premiers mois)[2]. En 2021, elle vit à Lausanne dans une famille recomposée comprenant six enfants[1].

Distinctions

En 2020, le Geneva Health Forum (GHF) remet le « Grand Jet d’Or de Genève » à Valérie D’Acremont pour ses contributions exceptionnelles à l’amélioration de la santé mondiale (le GHF a été créé en 2006 par les Hôpitaux universitaires de Genève et la Faculté de médecine de l’Université de Genève)[12].

Le Prix Pfizer de la recherche lui est attribué en 2015 pour son article « Beyond Malaria — Causes of Fever in Outpatient Tanzanian Children » paru dans le New England Journal of Medecine en 2014[13].

Elle reçoit en 2014 le Prix d’excellence en recherche clinique de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne.

Références et notes

  1. Aïna Skjellaug, « Valérie D’Acremont a attrapé le virus politique », Le Temps, héros de la crise : portraits,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Sylvie Logean, « Valérie D’Acremont, des algorithmes à la médecine tropicale », Le Temps, portraits,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Valérie D’Acremont », UNIL > Faculté de biologie et de médecine > professeurs, sur www.unil.ch, (consulté le ).
  4. Martin Bernard, « Des experts d’Unisanté battent en brèche plusieurs idées reçues sur le Covid », Bon pour la tête, actuel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Sophie Dupont, « Attention à la marche! : Quatre femmes lancent une marche de Genève à Berne pour relever le défi du changement climatique », Le Courrier,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. ATS, « Des médecins et militants climatiques condamnés à Lausanne », 24 Heures,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Pauline Rumpf, « «C’est absurde d’être au tribunal pour avoir fait mon devoir de médecin» », 20 minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Aline Andrey, « Extinction Rebellion soutenu par le directeur de l’OMS », L’événement syndical, Unia, no 23,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. M’engager pour le climat, RMS, 2022.
  10. Valentine Renevey, « 80 marcheuses se sont jetées à l'eau au Pont de Saint-Jean », Frapp, droit des femmes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Dominique Hartmann, « Marcher pour (se) réinventer », Le Courrier,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Rapport annuel 2020 », Unisanté, (consulté le ).
  13. (en) « Valérie D'Acremont is awarded with the Pfizer Research Prize 2015 », News, sur www.swisstph.ch, Swiss TPH, (consulté le ).
Notes
  1. L'article du Temps de 2019 affirme que le grand-père de Valérie D’Acremont aurait dirigé les « Chantiers navals de l’Atlantique » situés à Saint-Nazaire, cependant un certain Jean-Noël d’Acremont (JNdA) en devient le directeur en 1983 puis PDG en 1994, après avoir gravi tous les échelons. Un autre article affirme que le père de ce JNdA était directeur des Ateliers et chantiers de Normandie à Rouen (L’Usine nouvelle, 14 avril 1994). Selon JNdA, les Chantiers de Normandie avaient fermé à la suite de l’arrêt des subventions de l’État (avant 1959) (École de Paris, exposé de JNdA, 5 décembre 2001). Au vu des patronymes, Jean-Noël serait un oncle de Valérie.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.