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VĂ©ran de Cavaillon

Saint Véran est un saint de l'Église catholique. Originaire de Barjac[1] ou Lanuéjols[2] en Gévaudan, il fut évêque de Cavaillon au VIe siècle. Il est aussi connu sous le nom de Wrain[N 1] latinisé en Veranus ou Uranus par confusion du v et du u[3].

Saint VĂ©ran
Image illustrative de l’article Véran de Cavaillon
Son gisant en la cathédrale San Michele Arcangelo d'Albenga.
Saint, Ă©vĂŞque, sauroctone
Décès 589
Arles
Vénéré à Cavaillon (ancienne cathédrale Notre-Dame et Saint-Véran)
Albenga (cathédrale San Michele Arcangelo)
Vénéré par diocèse de Mende,
FĂŞte 19 octobre
Attributs Lc Coulobre (dragon) foulé aux pieds
Saint patron Fontaine-de-Vaucluse
Jargeau

Biographie

Sa vie

Les rares faits connus de son existence suffisent pourtant à dresser un rapide portrait. Contemporain de Grégoire de Tours, il fut ordonné prêtre en 540. Retiré dans son ermitage de Vaucluse, il entreprit un pèlerinage à Rome en passant par Embrun, Briançon, Ravenne, Milan, et en retournant par Albenga et Cassis. Sigebert Ier, qui afin de frayer un passage pour ses États vers la Méditerranée avait ouvert le couloir austrasien en Provence[4], le choisit comme évêque de Cavaillon[N 2] en 568 ainsi que nous l'apprend le « Manuscrit d'Orléans »[5]. Il siégea au second concile de Mâcon en 585 avec seize évêques provençaux[6]. L'année suivante, Frédégonde ayant fait assassiner Prétextat, l’archevêque de Rouen, au cours d’un office dominical, Véran, apostropha la reine pour lui reprocher ce meurtre. Ce qui lui valut d'être le parrain de Thierry II, fils de Childebert II. Le baptême eut lieu à Orléans, capitale de Gontran, roi de Bourgogne, en 587. Il trépassa à Arles de la peste deux ans après[N 3].

Ses miracles

Le Coulobre statufié à la porte de l'église de Saint-Véran.
Saint Véran sur le retable de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Contes.

C'est à Fontaine-de-Vaucluse qu'il fit son plus célèbre miracle en débarrassant la Sorgue d'un horrible drac ou dragon[7] que l'on nomme encore Coulobre[8]. Selon la légende, il chassa cette immonde bête dans les Alpes où elle s'en fut mourir. Le village de Saint-Véran aurait été son lieu de chute[9]. Il est à signaler qu'en remontant le sentier qui mène vers la source, on croise encore le « Traou dou Couloubre ».

Un autre miracle semble plus lié à des considérations matérialistes. Au XIIe siècle, Raymond IV de Toulouse, marquis de Provence, avant de partir chasser dans le Luberon, avait ordonné à Benoît, évêque de Cavaillon, de l'attendre pour l'office. Il ne le fit point et cela lui valut ce qu'il faut bien appeler un bon coup de pied au derrière. Le membre coupable du marquis ayant séché immédiatement, il dut partir clopin-clopant implorer saint Véran à Vaucluse. Pour son pardon, l'oracle du défunt ermite exigea toute une série de privilèges pour l'évêque Benoît dont la moitié du fief de Vaucluse. Raymond obtempéra et fut guéri ipso-facto.

Ses reliques

Sarcophage de saint VĂ©ran dans la crypte de l'Ă©glise Saint-VĂ©ran de Fontaine-de-Vaucluse.

Pétrarque nous apprend qu'il fut enterré à Vallis Clausa dans un temple petit, mais orné et solide que Véran avait consacré à la Vierge. Détruit pendant les Grandes invasions, il fut remplacé en 979 par le prieuré Notre-Dame et Saint-Véran dont l'actuelle église paroissiale de Fontaine-de-Vaucluse marque l'emplacement.

Au début du XIe siècle, une grande partie de ses reliques fut transportée dans l'Orléanais où, sous le nom de saint Vrain, il devint patron du chapitre de l'église collégiale de Jargeau, au diocèse d'Orléans.

Au XIVe siècle, on s'avisa que les restes de l'illustre prélat seraient mieux au cœur de son diocèse et, en 1321, Pons Augier de Lagnes, évêque de Cavaillon, fit transporter ses dernières reliques de Vaucluse à Cavaillon et les fit inhumer en la cathédrale. Au moment où elles allaient traverser la Sorgue, ô miracle, ses eaux s'ouvrirent pour laisser passer le cortège.

Le Morvelous

Le bas-relief des Taillades dut être sculpté dans le front de taille de la carrière vers cette époque. Cette étonnante sculpture représentant un évêque surmontant deux écussons, portant crosse et pectoral orné d'une croix, s'efface au cours du temps. Bien que les Tailladois aient donné à ce bas-relief le nom peu flatteur de Morvelous - entendez le Morveux - les spécialistes s'entendent pour reconnaître en lui saint Véran.

Les lieux associés

Notes et références

Notes

  1. Wrain est considéré comme un prénom d'origine burgonde.
  2. Et non de Chalon-sur-SaĂ´ne selon la confusion faite entre Caballionensis (Cavaillon) et Cabilonensis (Chalon-sur-SaĂ´ne).
  3. C’est le dernier évêque connu de Cavaillon pour le VIe siècle. Après lui, il n’y aura plus aucun prélat pendant 199 ans.

Références

  1. Grand livre des saints culte et iconographie en Occident, Jacques Baudoin, disponible sur (fr) Google Books
  2. Laissez-vous conter Mende & Lot en Gévaudan - ses hommes illustres ou à connaître, édité par le pays d'art et d'histoire de Mende & Lot en Gévaudan, p.6
  3. Forme nominale donnée par le Trésor de Chronologie.
  4. Sigebert régna entre 568 et 575. Pour l'ouverture du couloir austrasien en Provence, cf. E. H. Duprat, Le couloir austrasien du VIe siècle et la pénétration austrasienne (561-593), Mémoire de l'Institut historique de Provence, 1946.
  5. Manuscrit 319 de la Bibliothèque municipale d'Orléans, Vita Sancti Verani Cavallicensis episcopi.
  6. Odette Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Paris, CNRS - Cerf - Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, , 428 p. (ISBN 978-2-20403-191-2), p. 291 (pp. 161-167 dans la version en allemand).
  7. Guillaume Oudaer, avec la collaboration de Dominique Hollard, Bernard Sergent – Les Dragons. Mythes, rites et légendes (compte rendu), nouvellemythologiecomparee.hautetfort.com, 30 octobre 2019
  8. On y voit, avec juste raison, le symbole de sa lutte contre les anciens cultes. Le drac est en effet une divinité ligure des eaux tumultueuses et le coulobre doit son nom à deux racines celto-ligires : KAL : pierre et BRIGA : colline (Charles Rostaing). C'est la falaise dominant la fontaine où se trouve encore la Vache d'Or qui devait être le lieu d'un antique culte pastoral célébrant la force et la forme de l'eau et de la pierre.
  9. Chroniques-épiques, « La légende de Saint Véran et du Dragon », Histoires et patrimoine Alpin,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Histoire de la commune de Saint-VĂ©ran, Les Amis de Saint-VĂ©ran

Annexes

Bibliographie

  • Acta Sanctorum, octobre, VIII, 452.
  • GrĂ©goire de Tours, Histoire des Francs, Lib. III, cap. LX, De miraculis sancti Martini, Éd. Belles lettres, coll. « Classiques de l'Histoire », Paris, 1980 (ISBN 2251340378)
  • François Mathieu (chanoine), La vie admirable du bienheureux saint VĂ©ran, Ă©vĂŞque de Cavaillon et patron de la ville et du diocèse, Avignon, 1665.
  • AbbĂ© J.F. AndrĂ©, Histoire de Saint VĂ©ran, anachorète Ă  Vaucluse, Ă©vĂŞque de Cavaillon, ambassadeur du roi Gontran, Éd. Pringuet, Paris, 1858.
  • Gustave Bayle, Le dragon de saint VĂ©ran, Bulletin historique et archĂ©ologique de Vaucluse, 1881.
  • Lucette Besson, VĂ©ran de Cavaillon, le saint, la source et le dragon, Les Cahiers de L'AcadĂ©mie, n° 2, Beaumes-de-Venise, 1994.
  • Bernard Sergent, Les Dragons. Mythes, rites et lĂ©gendes, 2018, Fouesnant, Yoran Embanner, 400 p.

Article connexe

Liens externes

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