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VĂ©lodrome d'Hiver

Le VĂ©lodrome d’Hiver (ou vĂ©lodrome d’hiver de Paris) est un stade parisien Ă©rigĂ© en 1909 et dĂ©truit en 1959. On l'appelait familièrement le « VĂ©l’ d’Hiv’ »[alpha 1]. Il Ă©tait situĂ© rue NĂ©laton, dans le 15e arrondissement. Il est connu pour avoir Ă©tĂ© en 1942 le théâtre de la rafle du VĂ©l’ d’Hiv’.

VĂ©lodrome d'Hiver
Généralités
Noms précédents
Palais des Sports de Grenelle
Surnom
Vél’ d’Hiv’
Adresse
Rue NĂ©laton
Paris, Drapeau de la France France
Construction et ouverture
Ouverture
1909
RĂ©novation
DĂ©molition
1959
Équipement
Capacité
17 000
Localisation
Coordonnées
48° 51′ 14″ N, 2° 17′ 20″ E
Localisation sur la carte de France
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Localisation sur la carte d’Île-de-France
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Localisation sur la carte de Paris et la petite couronne
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Localisation sur la carte du 15e arrondissement de Paris
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Histoire

Du début du siècle à la Seconde Guerre mondiale

L'inauguration du VĂ©lodrome d'Hiver (1910).
Le Patin d'Or, course de patinage Ă  roulettes courue au VĂ©lodrome d'Hiver, en 1911.

Au début du XXe siècle, la compétition cycliste devient un spectacle de masse prisé par la population ouvrière des villes. La construction des vélodromes participe à cette vogue. Dès 1902, Henri Desgrange demande à l'architecte Gaston Lambert d'aménager la Galerie des Machines, vestige de l'exposition universelle de 1889 situé dans le quartier de Grenelle, pour y créer une piste de compétition cycliste. Inauguré le , le vélodrome connaît rapidement un grand succès populaire. Mais en 1909, la ville annonce la destruction de la Galerie des Machines afin de libérer la perspective vers le Champ de Mars.

Desgrange dĂ©cide alors d'Ă©difier tout Ă  cĂ´tĂ©, Ă  l'angle du boulevard de Grenelle et de la rue NĂ©laton, un nouveau temple du vĂ©lo. Ce futur « Palais des Sports » a pour architectes MM. Lambert et Durand, qui l'intitulent le « temple des sports du boulevard de Grenelle ». Dans le nouveau « VĂ©l’ d’Hiv’ » construit en charpente mĂ©tallique qui voit alors le jour, 17 000 spectateurs assis sur des gradins de briques et de bĂ©ton, peuvent observer les coureurs qui parcourent une piste en bois de sapin ovale, avec virages relevĂ©s de 250 mètres de dĂ©veloppement autour d'une vaste pelouse centrale. La salle est Ă©clairĂ©e par une immense verrière zĂ©nithale et plus de mille ampoules. Le meeting d'ouverture eut lieu le dimanche 13 .

De nombreuses manifestations animèrent cet équipement même pendant la Première Guerre mondiale (le champion Louis Darragon s'y tua en avril 1918 lors d'une course derrière moto). La fameuse course cycliste dite des « Six jours de Paris », créée en 1913, par Bob Desmarets[alpha 2], à l'exemple d'une course américaine équivalente, connut son heure de gloire dans l'entre-deux-guerres, et devint vite le sommet de la saison cycliste. En 1926 commença l'élection de la « Reine des Six jours », chargée de donner le départ de la course ; les Reines étaient choisies dans le milieu des artistes populaires à la mode : Édith Piaf, Yvette Horner, La Houppa, furent ainsi Reines des Six jours. L'animation se répandait alors de jour comme de nuit jusque dans les rues du quartier.

En 1931[4], l'édifice est rénové par l'américain Jeff Dickson (également programmateur de la salle Wagram) et devient le « Palais des Sports de Grenelle »[5]. En effet, avec sa compagnie, la Jeff Dickson International Sports, il organise en plus des traditionnels matchs de boxe et course de vélos, d'autres compétitions sportives dans l'enceinte[6] : tennis, basket-ball mais également hockey et patinage sur glace (grâce à un équipement adéquat permettant la réalisation d'une patinoire). C'est le début des « années folles » du hockey sur glace[4].

En 1936, le VĂ©lodrome accueille les championnats du monde de patinage artistique.

La rafle du VĂ©lodrome d'Hiver

Plaque commémorative de la rafle de 1942, à l’ancien emplacement du vélodrome.
Le meeting du 11 avril 1943.

Ă€ partir des 16 et , sont dĂ©tenus au VĂ©lodrome d'Hiver plusieurs jours, dans des conditions très prĂ©caires, une partie — 8 160 personnes : 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes — des 13 152 Juifs (4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes), victimes de la rafle du VĂ©l’ d’Hiv’[7], avant leur transfert vers des camps de transit (notamment Drancy)[8], puis leur dĂ©portation vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

Le 11 avril 1943 s'y tient un meeting du Front révolutionnaire national, lors duquel des membres de la Milice révolutionnaire nationale prêtent serment.

Après-guerre et destruction

L'après-guerre y voit l'organisation de tournois de boxe (avec, entre autres, Marcel Cerdan et Sugar Ray Robinson), d'Ă©preuves Ă©questres, de dĂ©filĂ©s de mode et mĂŞme de courses de taureaux (Ă  Paris, la dernière corrida a justement lieu au VĂ©lodrome d'Hiver le ), une messe y a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e par l'archevĂŞque de Paris, une charge de cavalerie y a Ă©tĂ© organisĂ©e (spahis contre garde rĂ©publicaine), des spectacles « Far West », un dĂ©filĂ© de mĂ©haris, etc. ont agrĂ©mentĂ© le lieu[9]. Le , des Ă©lus d'outre-mer y tiennent un meeting portant sur le thème « L'Union française en pĂ©ril Â». FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny pour le RDA (Rassemblement dĂ©mocratique africain), AimĂ© CĂ©saire pour le PCF ou encore Lamine Gueye pour la SFIO y interviennent[10]. Des championnats de patinage artistique s'y dĂ©roulent en 1949, 1952, 1956 et 1958, et la revue sur glace Holiday on Ice s'y produit de 1950 Ă  1958, avant d'inaugurer le nouveau palais des sports de Paris, porte de Versailles, en 1960. Au mois d', le VĂ©lodrome d'Hiver accueille un centre de rĂ©tention de Français musulmans d'AlgĂ©rie (FMA) sur ordre du prĂ©fet de Police de Paris rĂ©cemment promu, Maurice Papon[11] - [12].

Le vélodrome est détruit en 1959. Un site du ministère de l'Intérieur, le « site Nélaton » (du nom de la rue)[alpha 3], occupe ensuite l'ancien emplacement du Vélodrome d'Hiver.

Notes et références

Notes

  1. Selon la graphie conseillĂ©e par le typographe Lacroux : Orthotypographie, section I. « Usages de l’apostrophe », exemple du « Bat’ d’Af’ » pour le « Bataillon d’Afrique » ; dans l'Ă©dition Ă©lectronique de l'ouvrage du mĂŞme auteur, p. 182. La typographie adoptĂ©e par Le Petit Larousse, Ă©dition 2008 et l’EncyclopĂ©die Larousse (« VĂ©l’d’Hiv »)[1] ainsi que celles d’autres ouvrages ou journaux serait donc fautive au regard de cette recommandation. Le fronton du bâtiment portait quant Ă  lui l'inscription « VÉL’ D’HIV », Ă©crite en capitales d’imprimerie[2] - [3].
  2. Directeur du Vélodrome d'Hiver et père de Sophie Desmarets.
  3. Siège historique de la direction de la Surveillance du territoire au 7, rue Nélaton, jusqu'à son déménagement à Levallois-Perret en 2007.

Références

  1. « Rafle du Vél’d’Hiv (16-17 juillet 1942) », sur larousse.fr, Encyclopédie Larousse (consulté le ).
  2. « La rafle du Vél'd'Hiv commémorée à Drancy : une cérémonie a eu lieu à la cité de la Muette pour le 70e anniversaire de la rafle », Le Point, (consulté le ).
  3. « Photographie de l'entrée du Vél'd'Hiv' à l'angle du boulevard de Grenelle et rue Nélaton », sur Flickr (consulté le ).
  4. Tristan Alric, Un siècle de hockey en France, éditions FFHG, 2008, p. 21.
  5. Tristan Alric, op. cit., p. 23.
  6. Tristan Alric, op. cit., p. 22.
  7. Éric Conan et Henry Rousso (nouvelle édition revue, corrigée et augmentée), Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », , 2e éd. (1re éd. Fayard, 1994), 513 p. (ISBN 978-2-07-032900-7).
  8. (en) David Cesarani, Eichmann - His Life and Crimes, Vintage, p. 143.
  9. Affiche de la dernière corrida parisienne (site spécialisé de l'association La Querencia de Paris).
  10. Alain Ruscio, « Dien Bien Phu, 14-Juillet du Sud : article de juillet 2004 », Manière de voir, no 118,‎ , p. 74-77.
  11. Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris, Paris, Seuil, , p. 52-53.
  12. Ina.fr, « vérification d'identité des Algériens au Vél’ d’Hiv’ ».

Bibliographie

  • Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris, Paris, Seuil, 1991.
  • SĂ©bastien Penuisic, sous la direction de Luc Capdevila, Les Six jours au VĂ©l’ d’Hiv’ (1913-1939) : un sport-spectacle-Ă©vènement parisien, mĂ©moire de maĂ®trise en histoire, universitĂ© Rennes 2, 2001, 230 p.
  • Dominique Grandfils, Au Temps du VĂ©l’ d’Hiv’, Gremese, 2014.

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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