Uritrottoir
Un uritrottoir est un urinoir public écologique (famille des toilettes sèches) destiné aux hommes et aux femmes équipées d'un « pisse-debout » .
Cet équipement sanitaire est destiné à lutter contre les incivilités urinaires en ville.
Dispositif
Il s'agit d'un urinoir, disposé sur la voie publique, comportant un bac inférieur (polyéthylène ou aluminium) contenant de la matière sèche (paille, sciure, broyat, copeaux de bois), ce qui permet d'éviter la production d'odeurs d'ammoniac (ammoniac produit par l'urine au contact de l'oxygène de l'air). Le mélange obtenu est un fumier, qui pourra être composté sur une plateforme de compostage.
Écologique, le procédé permet, après un an environ, une réutilisation du compost sous forme d'amendement.
Le dispositif permet aussi la récupération des urines par pompage. Le stockage des urines peut être réalisé dans un réservoir intermédiaire, installé à proximité de la zone de collecte, pour optimiser la logistique. Collectées par un camion-pompe, les urines peuvent aussi être nitrifiées (procédé qui permet de produire un engrais naturel concentré en réduisant le volume des urines, tout en conservant l'azote et le phosphore utiles aux plantes - fertilisant du type Aurin[1]).
L'agriculture conventionnelle est actuellement dépendante des engrais de synthèse, tels que l'ammonitrate (à base de nitrate d'ammonium). Des dispositifs sélectifs de collecte des urines préfigurent une nouvelle filière circulaire de production d'engrais.
L'expérimentation actuelle de collecte des urines publiques avec l'uritrottoir concerne l'horticulture ornementale (pépinières municipales ou privées).
Il existe différents modèles qui permettent de respecter la pudeur en s'adaptant au contexte dans lequel il est installé : grands paravents (modele XL), modèle d'angle (Corner), modèle étroit (Bock)
À Paris sur l'Île Saint-Louis, en , le choix par les services techniques de la mairie de Paris d'installer un modèle Pinte, sans concertation, le long du quai d'Anjou, sur un linéaire, sans recoins, a fait l'objet d'une polémique car l'intimité de l'utilisateur n'était pas assez préservée. Il est important de noter que le choix du modèle, le lieu d'installation, l'interaction et l'écoute des conseils des riverains, doivent faire l'objet d'un soin tout particulier.
Le réservoir de l'uritrottoir est surmonté d'une jardinière fleurie, pour faciliter son intégration dans l'espace public, pour dissimuler, par la végétation, autant que possible, l'utilisateur de la vue depuis les éventuelles fenêtres et renforcer son image de dispositif écologique.
L'uritrottoir peut être doté d'une sonde connectée, qui permet à l'exploitant de connaître, en temps réel, le niveau de remplissage du réservoir. Cette sonde transmet l'information à un serveur-calculateur doté d'une interface de supervision accessible par le web. Cette interface permet à son utilisateur (collectivité, exploitant privé..) de gérer l'ensemble de la flotte des Uritrottoirs et de pouvoir anticiper-optimiser la logistique pour procéder au vidage, au meilleur moment, (85%-95%) c'est-à -dire avant qu'ils ne débordent et suffisamment pleins pour que le geste de vidage soit efficient. L'interface transmet des sms et des emails d'alerte, selon la côte d'alerte prédéfinie, et propose, quotidiennement, une carte optimisée des parcours de vidage pour l'opérateur chargé de la vidange.
Implantation
L'implantation d'uritrottoirs, dans une ville, nécessite une concertation avec les riverains :
- SĂ©lection des rues les plus malodorantes de la ville
- Expérimentation-observation de quelques mois
- Recherche d’un consensus (implantation à l'endroit des flaques d'urine, à l’abri des regards)
- Possibilité de déplacer le dispositif, si nécessaire (boîte fixée au sol ; pas de travaux lourds)
- Constater la disparition des odeurs et des flaques d'urine
- Consensus pour conserver l'emplacement, ou déplacement
Les uritrottoirs sont expérimentés à Nantes (8 dispositifs) et à Locminé. En 2018, cinq uritrottoirs sont installés à Paris[2] ; les deux premiers ont été installés, pour la SNCF, en , à Paris-Gare-de-Lyon.
Fabrication
Les uritrottoirs sont fabriqués en France à Saint-Nazaire. Les créateurs de l'uritrottoir sont Victor Massip et Laurent Lebot, designers industriels, écoconcepteurs, spécialistes des nudges, fondateurs de l'agence de design industriel Faltazi, basée à Nantes [3], membre du RAE, réseau d'assainissement écologique http://www.rae-intestinale.fr
Les Uritrottoirs sont les grands frères des Uritonnoirs[4] (urinoir-entonnoirs fixès sur des bottes de paille et utilisés principalement en festival et en fond de jardin).
Critiques
Pourtant, il existe des urinoirs féminins. En Occident, on apprend généralement aux femmes à s’asseoir ou à s’accroupir pour uriner. Par suite, beaucoup d’entre elles ignorent la façon de diriger leur jet d’urine qui leur permettrait de faire pipi debout et d’utiliser un urinoir masculin ; elles peuvent avoir recours à un ustensile, l'urinette ou pisse-debout. Sinon, différents types d’urinoirs féminins ont été conçus pour lesquels l’utilisatrice n’a pas besoin de diriger le jet urinaire. Une femme peut utiliser ce type d’urinoir en position semi-accroupie, dos vers le mur, sans avoir besoin de diriger le jet d'urine.
L'homme doit s'assurer que son pénis ne sera pas visible avant d'utiliser l'uritrottoir, faute de quoi l’infraction d’exhibition sexuelle, réprimée par le code pénal [Note 1] serait constituée.
Le système n’est pas encore au point sur l'écologie, la collecte peut être réalisé avec une voiture thermique avec une remorque citerne et le pompage avec un groupe électrogène.
Notes et références
Notes
- L’article 222-32 CP dispose que l’exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.