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Union des catholiques des beaux-arts

L'Union des catholiques des beaux-arts est une association artistique française du XXe siècle conçue pour favoriser l'émergence et la production d'œuvres d'art sacré à la fois modernes et théoriquement accessibles à un large public. Cette organisation va rassembler un nombre important d'artistes.

Union des catholiques des beaux-arts
Histoire
Fondation

Historique

Fondé, en 1909, par l'architecte Pierre Regnault[1] cette association génèrera plusieurs ramifications, dont : L'Arche, fondée en 1917, par Valentine Reyre et Maurice Storez, puis les Ateliers d'art sacré fondés le , par Maurice Denis et George Desvallières ainsi que les Artisans de l'autel, fondés la même année dont l'orientation est plus orientée vers l'artisanat, puis l'Atelier de Nazareth en 1928 et Art et Louange en 1934.

Toutes ces associations visent à promouvoir l'art nouveau dans la décoration des églises de France tout en voulant restituer l'esprit des compagnons du Moyen Âge et mener une vie chrétienne selon leur idéal. Comme dans les autres ateliers d'art sacré, les membres tisseront ensemble des liens d'amitié solides. Un certain nombre de ses membres appartiennent également à une organisation similaire et travaillent indifféremment pour l'une ou pour l'autre.

Lors d'une réunion de l'association en 1920, Paul Tournon y fait la connaissance de sa future épouse, l'artiste peintre Élisabeth Branly, fille d'Édouard Branly[2].

Élisabeth Faure rencontre Marthe Flandrin en adhérant aux Catholiques des beaux-arts et ils décorent ensemble la salle de réunion de l’association, rue Madame, d’une fresque intitulée Le Seigneur est mon pasteur… (1930).

La Messe des Cendres

C'est en 1914 que Pierre Regnault, invite les membres de l'Union des catholiques des beaux-arts à une messe en mémoire des membres défunts. Adolphe Léon Willette répond à l'invitation et suggère : « Je voudrais une messe pour ceux qui vont mourir [à la guerre], Je voudrais que nous allions dans une vieille église de Paris, historique, par exemple à Saint-Germain-l'Auxerrois, le mercredi des Cendres[3]. » Cette première messe eut lieu dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, le mercredi , soit treize jours après son décès, avec lecture de la prière de Willette. Une dalle en pierre scellée dans le mur de l'église le y commémore l'événement. Elle fut bénite par le nonce apostolique Roncalli en présence du cardinal Maurice Feltin[4]. Lors de la célébration de la messe dite à l'occasion de cette cérémonie du souvenir, la prière de Willette fut dite par Louis Jouvet qui mourut peu de temps après. Cette messe des Cendres fut dès lors connue sous le nom de « Messe de Willette », jusqu'en 1998.

« Ave, Domine, morituri te salutant[5]
Ceux qui te saluent, Seigneur, avant de mourir sont ceux que tu as créés, à ton image, pour créer de l'art;
Ceux qui ont médité ton œuvre et rendu hommage à sa beauté!
Ce sont les simples d'esprit dédaigneux de l'or diabolique,
Ce sont les arrivistes qui aspirent Ă  la gloire d'ĂŞtre Ă  ta droite!...
Ceux-lĂ , Seigneur, te saluent avant de mourir!
Nous, les artistes dans l'arène ténébreuse, à la lueur des armes que tu nous a données devant les multitudes qui n'ont ni yeux ni oreilles, mais qui ont une bouche pour nous huer si nous succombons… pollice verso, nous te saluons, Seigneur avant de mourir. »

C'est par cette prière que Willette termine son discours prononcé lors de l'inauguration du monument sur la tombe de Villiers de l'Isle-Adam le [6].

Pierre Regnault, Ă  la suite du dĂ©cès de Willette, met en place cette messe suggĂ©rĂ©e quelques annĂ©es auparavant. Il obtient l'accord du curĂ© de Saint-Germain-l'Auxerrois pour que cette cĂ©rĂ©monie soit celle de la messe paroissiale de 9 heures ce . Elle est prĂ©sidĂ©e par Mgr Emmanuel Chaptal, en prĂ©sence de la veuve de Willette. Le Père Janvier dans son prĂŞche met en Ă©vidence les intentions et les buts recherchĂ©s par Willette : « Avertissement aux artistes glorieux, encouragement aux moins chanceux, rappel Ă  tous et spĂ©cialement Ă  ceux qui vont mourir dans l'annĂ©e, de la grande vanitĂ© des ambitions et des gloires qui passent Â»[7].

Les années 1950-1980

Cette messe des artistes le mercredi des Cendres connaît un tel succès que d'autres associations d'Union des catholiques des beaux-arts se créent en province. À partir de 1957; le Père Balm imposera peu à peu son empreinte sur cette cérémonie et le rapprochement avec la Société de Saint-Jean fera que ce prêtre installe l'aumônerie des artistes plasticiens élèves et professionnels dans les locaux des Ateliers d'art sacré. En 1966 c'est Monseigneur Jacques Delarue vicaire général qui impose les Cendres.

Vatican II et Mai 68, seront néfastes aux aumôneries des écoles et à cette tradition de la messe des Cendres qui est de moins en moins suivies par les élèves, et dont les responsables ne transmettent plus la prière de Willette. En 1979, c'est Monseigneur Daniel Pézeril, évêque de Paris qui cocélèbre la messe avec différents aumôniers. La tradition transmise par le Père Balm continua après sa mort, par les soins du Père Letteron, aumônier diocésain du spectacle et de l'Union catholique du théâtre et de la musique qui est rattaché à l'église Saint-Roch.

En 1997, des tensions entre le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois et les organisateurs de la messe de Willette firent que l'année suivante la cérémonie se fit en l'église Saint-Roch. Plusieurs centaines d'artistes participèrent à cette cérémonie faite à l'heure du déjeuner en signe de pénitence.

Membres notoires

AumĂ´niers

  • 1909, Père Marie-Albert Janvier (1860-1939), premier aumĂ´nier, c'est lui qui prĂŞche lors de la première « messe de Willette »
  • 1919, Père Paul Buffet (1864-1941), artiste peintre, il est ordonnĂ© prĂŞtre en 1916. Il devient l'aumĂ´nier de l'Union des Catholiques des beaux-arts, et de la SociĂ©tĂ© de Saint-Jean
  • 1950-1957, Père Émile Thivet (nĂ© et mort au XXe siècle), il est aidĂ© dans sa charge entre et par Jean-Marie Guillerm (1919-2010), dit Frère Godefroy, frère mineur ordonnĂ© en 1949
  • 1957-1995, Père Willem Balm (1915-1995), ordonnĂ© en 1939, aumĂ´nier des Catholiques des beaux-arts et vicaire de l'Ă©glise Saint-Germain-l'Auxerrois
  • 1995-1996, Père Roland Letteron (nĂ© en 1929), ordonnĂ© en 1971, aumĂ´nier diocĂ©sain des artistes du spectacle et de l'U.C.T.M.
  • 1996, Père Robert Jorens
  • 2006, Père Michel Brière (nĂ© en 1949), ordonnĂ© en 1981, en poste en 2014

Cath's Arts

Cath's Arts est le bulletin de l'Union des Catholiques des beaux-arts, créé en 1966 par le Père Willem Balm. Durant les années 1970 à 1980, le bulletin rappelle l'historique de cette messe et invite ses lecteurs à y participer.

Bibliographie

  • Paul-Louis Rinuy, « L'art et l'Église en France au XXe siècle, de Maurice Denis Ă  Jan Dibbets », in Revue Studiolo, 2-2003, AcadĂ©mie de France Ă  Rome, Somogy Ă©ditions d'art, Paris.
  • Père Jacques Benoist, LĂ©on Adolphe Willette dit Pierrot (1857-1926), sa religion et son souhait de 1914, la messe des Cendres pour les artistes dit « Messe de Willette » de 1926 Ă  1998
  • Emmanuel Breon, L'art des annĂ©es 30, Somogy, 1996
  • Collectif, L'art sacrĂ© au XXe siècle en France, Ă©ditions de L'Albaron, 1993.
  • FrĂ©dĂ©ric Debuyst, Le Renouveau de l'Art sacrĂ© de 1920 Ă  1962, Mame, 1991.
  • Joseph Pichard, L'aventure moderne de l'art sacrĂ©, Spes, 1966.
  • Yves Sjöberg, Mort et rĂ©surrection de l'Art sacrĂ©, Grasset, collection Église et temps prĂ©sent, 1957.
  • ValĂ©ry JobbĂ©-Duval, « Une rĂ©alisation originale de crĂ©ation collective par les Catholiques des Beaux-Arts: Sainte-CĂ©cile de Charonne, chapelle de secours, Paris, 1911-1913 Â», Revue d'Histoire de l’Église de France, 2009, vol. 95, p. 45-81

Notes et références

  1. L. Jourdain, « Revue d'Histoire de l’Église de France », dans Catholicisme, date ?
  2. Giorgio Pigafetta, Paul Tournon architecte 1881-1964, le modernisme sage, Ă©d. Mardaga, 2004
  3. Abbé Fromentin, Vingt-cinq ans de vie pastorale, 1928, p. 121-122.
  4. La Messe de Willette.
  5. « Haue imperator, morituri te salutant! Â» SuĂ©tone, Vie des douze CĂ©sars, Claude, 21 (Ses spectacles)
  6. https://marseille.catholique.fr/IMG/pdf/homelie_messe_des_artistes.pdf
  7. Abbé Fromentin, L'Ami du Clergé, 24 février 1966, no 8.
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